A bientôt 84 ans, le Médiateur de la République Albert - TopicsExpress



          

A bientôt 84 ans, le Médiateur de la République Albert Tévoèdjrè, désormais Frère Melchior a pris la décision de se retirer de la vie publique et se consacrer à la méditation avec Dieu et à la prière. Cet effacement qui interviendra dans 100 jours est l’objet du périple qu’il a entrepris et qu’il l’a conduit au cabinet du Président de l’Assemblée nationale ce mercredi 03 juillet 2013. Aux sorties de cette audience avec Mathurin Nago, voici ce que Frère Melchior a déclaré. DECLARATION DE PRESSE DU PROFESSEUR ALBERT TEVOEDJRE, MEDIATEUR DE LA REPUBLIQUE AU TERME DE SON AUDIENCE AVEC LE PROFESSEUR MATHURIN NAGO, PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE Palais des gouverneurs, Porto-Novo, mercredi 3 juillet 2013. Le 23 mai dernier, au Palais de l’Unesco à Paris, les successeurs de l’Abbé Pierre, fondateur d’Emmaüs, m’ont fait la généreuse surprise de me proposer pour l’attribution du passeport de citoyenneté universelle. J’ai saisi cette opportunité pour annoncer mon retrait de la vie politique pour compter du 30 septembre prochain, en accord avec le Chef de l’Etat. A mon âge (bientôt 84 ans), je fais désormais partie des anciens qui doivent s’engager autrement pour le service du bien commun. J’ai choisi de le faire, le temps que Dieu m’en donnera encore la force, dans le cadre de l’approfondissement des valeurs spirituelles et de solidarité humaine. La décision de quitter mes fonctions de Médiateur de la République, un an avant le terme prescrit, a été mûrement réfléchie. Je constate en effet globalement que depuis l’avènement du renouveau démocratique, nos Institutions publiques existent et fonctionnent. Je constate aussi qu’en dépit de la conjoncture économique actuelle, notre pays, le Bénin, dispose de nombreux atouts pour tirer profit des opportunités qu’offre la mondialisation, à condition de prendre conscience une fois pour toutes des immenses potentialités que lui offre sa situation géographique, notamment sa proximité avec le Nigéria. Cela dit, ce qui reste fondamentalement à édifier ou à consolider pour sortir le Bénin de ses difficultés, c’est la conscience en action. Quelques exemples édifiants, tirés de l’actualité récente, ont achevé de me convaincre à ce propos. 1- Le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et ses services ont dénoncé, il y a quelques semaines, des fraudes au Baccalauréat dont seraient coupables des élèves, avec la complicité de leurs parents et de certains enseignants indélicats ; 2- Une situation similaire est à déplorer au niveau des récents concours de recrutement des agents de la fonction publique. Or, l’enseignant que j’ai été sait qu’on ne règle pas un problème de compétence par des arrangements…L’avenir de notre pays passera par la qualité de la formation dispensée à nos enfants où qu’ils se trouvent sur le territoire national, l’installation d’écoles là où il y a des déficits et le renforcement des capacités des enseignants ; enfin, 3- Le dimanche 30 juin 2013, un grave accident de la circulation a endeuillé Porto-Novo du fait de la mauvaise conduite et du non-respect des normes de sécurité et de circulation routière. Des déclarations faites sur les médias par le Maire de cette Ville à la suite de cet accident, il ressort que ce dernier a eu beaucoup de difficultés à mobiliser de façon spontanée la solidarité en vue de limiter les conséquences et le coût humain de ce drame. Je pourrais citer beaucoup d’autres exemples où nos pratiques et nos comportements sont en contradiction avec la devise de notre pays. C’est partout en Afrique, et au Bénin en particulier que le regard le plus complaisant ne peut que constater et déplorer que nous ne bénéficierons d’aucune chance de développement digne de ce nom, si triomphe l’argent scientifiquement et systématiquement pillé, sacralisé, écraseur de toute conscience…! Nul progrès permis si, délibérément, se trouve propagé sans vergogne le mépris de l’intelligence, de la découverte, du travail et de l’émulation ; si règnent le refus de l’audace et une sorte de médiocrité recherchée par système mafieux d’incompétence volontairement et sciemment promue. Tout ceci devrait interpeller chaque citoyen à quelque niveau qu’il se trouve. Les leaders d’opinion et les responsables religieux sont attendus en urgence sur ces comportements qui n’élèvent pas le pays et travailler, de façon pédagogique, à remuer la conscience de ce peuple et de ses élites, à bousculer nos pensées pour nous aider à faire collectivement émerger un autre chemin sans lequel il n’y aura pas d’ »aube nouvelle ». C’est dans cette perspective que je souhaite m’inscrire désormais. On ne fait pas la politique pour être remercié. On la fait par conviction, par engagement pour servir les autres et par amour pour son pays. Il peut arriver aussi qu’on commette des erreurs…Le plus important, c’est de les reconnaître, proférer en conscience au moment opportun le « NON » salutaire, se relever, tirer les leçons qui s’imposent et avancer. Au moment où je m’apprête à quitter la scène politique, je voudrais que les Béninois gardent en mémoire certaines initiatives ou certains acquis importants pour lesquels nous nous sommes battus et qui nous tiennent à cœur. Je pense notamment au rapport général de la Conférence des forces vives de la Nation de février 1990, base de nos engagements démocratiques, fondement de notre dignité restaurée et de la reconquête de notre liberté de conscience, d’option politique, du choix de nos dirigeants sur la base de notre volonté et non par discipline grégaire. Je pense aussi au minimum social commun, garantissant pour tous l’essentiel que peut exiger un homme ou une femme digne de ce nom. Je pense à la nécessite de la prise en compte de la langue anglaise pratiquée au Nigeria dans notre système éducatif à travers son introduction chez nous dès l’enseignement primaire Je pense évidemment à la Fondation Cardinal Bernardin Gantin, initiative majeure portant l’ambition des prix internationalement reconnus qui signalent un pays à l’estime du monde et en fait un point de ralliement pour des causes d’humanité montante. J’insiste spécialement auprès de tous nos dirigeants et de tout notre Peuple pour une juste perception de cette richesse commune que vient de magnifier l’Institution à Rome d’une Chaire Cardinal Bernardin Gantin au sein de l’Université pontificale Saint Jean de Latran, prolongeant le respect inspiré à tous par un compatriote de renom. Je pense enfin à l’Institution du Médiateur de la République que nous avons eu le privilège de lancer au Bénin avec l’appui du Chef de l’Etat et de l’Assemblée Nationale toute entière. Ma requête ardente et fervente est que ces acquis soient préservés et valorisés. Je les confie à la fraternité, à l’intelligence et à l’audace des Béninois. Je souhaite également confier aux Béninois l’effort de construire le mieux-vivre ensemble dans le respect des légitimes diversités humaines. Dans le contexte géopolitique actuel de notre sous-région, j’appelle les adeptes des différentes religions, en particulier ceux des cultes traditionnels, les musulmans et les chrétiens, à vivre un dialogue authentique sur la base des valeurs partagées et des causes communes à défendre. Que chaque Béninois reconnaisse l’autre dans sa différence du moment où l’on est d’accord sur l’essentiel. C’est sur la base de ces principes et valeurs que j’ai récemment pris l’initiative d’entreprendre une série de rencontres auprès de certains hauts responsables de notre pays avant mon retrait de la vie politique. Je n’ai pu rencontrer physiquement tous ceux que j’avais à l’esprit ; le calendrier, la disponibilité de chacun ainsi que mes propres obligations n’étant pas toujours faciles à harmoniser. Mais les contacts se poursuivent dans la bonne foi et la sincérité. Ils aboutiront. Notre pays en a le plus grand besoin. Déjà, je remercie les personnalités à qui j’ai pu expliquer directement ma démarche et mes espérances. Ainsi, j’ai rencontré respectivement: - le Président Emile Derlin Zinsou qui a généreusement offert la postface de mon dernier ouvrage Par-Delà toutes frontières ; - le Président Mathieu Kérékou qui m’a accueilli et accepté le message que je lui ai porté; - le Président Nicéphore Dieudonné Soglo avec qui j’ai eu un long entretien ; - le Président Boni Yayi que j’ai remercié pour avoir bien voulu dépêcher à Paris le 23 mai dernier le Professeur François Abiola en vue de prendre part à la cérémonie de remise du passeport de citoyenneté universelle ; - le Président Bruno Amoussou avec qui j’ai échangé sur les priorités africaines d’aujourd’hui et que j’ai remercié pour son ouverture d’esprit ; - le Président Mathurin Nago que je viens de quitter et que j’ai tenu à féliciter d’être au carrefour de la souveraineté nationale qui s’exprime au Parlement. J’ai tenu à lui redire que le Médiateur de la République est le meilleur allié de tous les députés, rappelant au passage que ces derniers peuvent se saisir des plaintes que formulent nos concitoyens par le biais du Médiateur de la République pour interpeller le gouvernement. J’ai ainsi présenté à tous les fondements du nouveau parcours que je souhaite entreprendre, avec mon épouse, sous le nom de « Frère Melchior ». Il se situera au sein de la Société des Missions Africaines dont nous sommes désormais « membres honoraires » à la suite de notre très cher et très vénéré Cardinal Bernardin Gantin et se concentrera sur des sujets de priorité spirituelle, ceux relatifs notamment au dialogue interreligieux (islamo-chrétien en particulier), à la sauvegarde et à la promotion de la famille ainsi qu’aux valeurs d’effort et de renoncement qu’exige tout vrai développement personnel et social.
Posted on: Fri, 05 Jul 2013 09:31:27 +0000

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