CES MORTS DE LA CRISE IVOIRIENNE DONT PERSONNE NE PARLE 25 août - TopicsExpress



          

CES MORTS DE LA CRISE IVOIRIENNE DONT PERSONNE NE PARLE 25 août 2013, 13:17 Notre pays la Côte d’Ivoire a connu bien des épisodes dramatiques dans la jeune histoire de son existence. Il y a eu d’abord l’ère Houphouët-Boigny, avec les tueries dans le Sanwi avec les évènements d’Aboisso (1959-1961), les tueries dans le Guébié (1970) , en passant par les différents «complots» imaginaires (1960-1962) . L’ouverture démocratique, obtenue sous la pression de la rue en 1990, n’a pas mis fin aux violences politiques. En témoignent les barbaries des militaires commandés alors par un certain Guéi Robert en mai 1991 à la cité universitaire de Yopougon, les événements du 18 février 1992 qui ont vu l’arrestation de plusieurs responsables de l’opposition avec leur tête un certain Laurent Gbagbo. Suit l’épisode du Président Henri Konan Bédié qui, après avoir achevé dans le doute et l’incertitude le mandat de feu le Président Houphouet, est élu en octobre 1995 au cours d’un scrutin organisé sur fond de contestations et de violences, avec le boycott actif, et pour un mandat qui n’ira pas à son terme, avec le putsch militaire du Général Guéi en décembre 1999 . Difficile et périlleux épisode militaire avec son lot d’exactions de toutes sortes, qui a abouti en 2000 à des élections générales qui se sont déroulées dans le sang et la douleur. Le Président Laurent Gbagbo n’a pas échappé au signe indien. En effet, confronté dès la première année de son mandat à une rébellion armée, suscitée par des commanditaires clairement identifiés aujourd’hui, son passage à la tête de la Côte d’Ivoire a connu des drames qui ont atteint leur point culminant avec ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la crise postélectorale ou la guerre de la France contre la Côte d’Ivoire. Le point commun de tous ces épisodes, c’est qu’aucune enquête sérieuse n’a été effectuée pour en connaître l’ampleur et le bilan réels ; si bien que nous ne savons pas par exemple quel est le bilan en termes de pertes en vies humaines des événements d’Aboisso ou du Guébié, encore moins le bilan matériel. C’est encore le cas aujourd’hui, après le désastre causé par l’ambition démesurée et meurtrière de Monsieur Alassane Dramane Ouattara pour le pouvoir d’Etat. Mais nous devons mettre fin à ce cycle infer - nal, en faisant un bilan détaillé, impartial et vérifiable de ce qui s’est réellement passé. Plus qu’un devoir de mémoire, c’est un devoir d’intelligence, c’est-à-dire la rupture d’avec les idées reçues, la pensée correcte et la conformité. Car c’est bien la faillite de l’intelligence des dirigeants et des «intellectuels» à abandonner la conduite de l’intérêt de leurs communautés au profit de puissances étrangères qui a plongé la Côte d’Ivoire et l’Afrique dans cette macabre série sans fin . Cela est indispensable pour que la nécessaire réconciliation à laquelle tous les Ivoiriens aspirent soit une réalité et quelle ait une véritable signification. Dans ce billet donc, nous nous attarderons essentiellement sur les préjudices subis par nos universités durant la crise que vient de vivre notre pays. Les universités comme victimes expiatoires du pouvoir Ouattara L’acharnement de Monsieur Alassane Ouattara sur le monde de l’Education en général et celui de l’Université en particulier ne date pas d’aujourd’hui. En effet, alors qu’il était Premier Ministre de Feu Félix Houphouët-Boigny (1990-1993), c’est bien son gouvernement qui est à l’origine de la loi de réforme du statut général de la fonction publique, ainsi que du décret subséquent qui a institué le salaire à «double vitesse» dans le monde de l’Education, le décret n°91-818 portant révision des échelles de traitement des corps du personnel enseignant et des corps du personnel de la recherche recrutés à compter l’année scolaire 1991-1992. Selon les termes de ce décret, tous les enseignants (dans les trois ordres) recrutés à compter d’octobre 1991, touchaient, pour les mêmes charges et les mêmes qualifications que leurs devanciers, la moitié du solde de ceux- ci. Une mesure totalement inique et même anticonstitutionnelle. Fort heureusement, l’abrogation de ce décret a été l’un des premiers actes forts du gouvernement du Président Laurent Gbagbo. Mais la crise née de l’élection présidentielle a fini de nous convaincre que Monsieur Alassane Dramane Ouattara a bel bien planifié le génocide intellectuel en Côte d’Ivoire pour installer son système. La destruction des structures universitaires L’Université de Bouaké a été, dès le lendemain de la tentative du coup d’Etat du 19 septembre 2002, agressée par la rébellion armée ; ses locaux ont été attaqués et détruits, ses enseignants et tous les personnels contraints d’abandonner la ville de Bouaké. Elle avait été alors délocalisée sur plusieurs sites à Abidjan. Les Universités d’Abobo-Adjamé et de Cocody vont subir le même sort, respectivement dans les mois de mars et avril 2011. L’Université d’Abobo-Adjamé a été la première à être vio - lemment attaquée dans le courant du mois de mars 2011 ; tout y a été détruit à coup d’obus et de roquettes. Elle était d’ailleurs, pendant la dernière crise, une des bases de l’armée de Monsieur Ouattara, appuyée par les soldats de l’ONUCI et ceux des forces françaises. Les premières cibles de ces actes de destruction étaient curieusement le ser - vice de la scolarité et le service informatique, comme si l’on voulait volontairement effacer la mémoire de l’institution, à l’instar de ce qui s’est passé au niveau national où dans la plupart des régions, les soldats de Messieurs Soro Guillaume et Ouattara ont détruit les préfectures et sous-préfectures avec toutes les archives. L’Université de Cocody a été également le théâtre de la barbarie des forces de Monsieur Ouattara. En effet, les dozos, et autres ex-prisonniers - toujours avec l’appui des mêmes soutiens - ont bombardé à coup d’obus les résidences des étudiants qu’ils considéraient comme le fief des miliciens de Gbagbo, faisant de nombreuses victimes qu’il faudra un jour ou l’autre comptabiliser. Les amphithéâtres, les salles de cours, les laboratoires de recherche, l’administration (la présidence en tête), les bureaux des enseignants et des chercheurs… ont été éventrés, saccagés, pillés. Les résidences universitaires, ont été pillées, décoiffées, détruites, des chambres ont même été incendiées avec leurs occupants. Ces attaques et destructions commanditées et perpétrées par ceux qui se réclament de l’héritage d’Houphouët, le premier bâtisseur de la Côte d’Ivoire, contre ce qui constitue pourtant un héritage essentiel de leur mentor traduisent bien, de la part de leurs commanditaires, une réelle volonté de déconstruction sociale comme le dit bien le SYNARES dans l’une de ses déclarations. Et pour abonder toujours dans le sens du SYNARES, la fermeture prolongée des universités de Côte d’Ivoire qui est une première du genre est venue pour confirmer la volonté d’une planification de la destruction de l’élite intellectuelle considérée comme gênante. Le limogeage des présidents élus des universités Au mois de février 2012, le gouvernement de Monsieur Ouattara a procédé à la nomination de certaines personnalités en qualité de présidents des universités de Cocody, d’Abobo-Adjamé devenues depuis, par la seule volonté de l’homme fort d’Abidjan, et contre les usages, respectivement université Félix Houphouët Boigny et université Nadjui Abrougoua. L’université de Bouaké, ou dorénavant université Alassane Ouattara semble, pour le moment, ne pas être concernée par cette mesure, ceci expliquant cela. Ainsi les professeurs Bakayoko Ly Ramata et Tano Yao ont subtilisé, par le biais de ces nominations, les fauteuils du Professeur N’gbo Aké Gilbert-Marie, élu à ce poste en mai 2010, à la tête de l’Université de Cocody, déporté alors, à la prison de Boundiali, et celui du Professeur Gourène Germain, élu dans la même période à la présidence de l’Université d’Abobo-Adjamé. Et pourtant, ces présidents avaient été élus à la tête de ces institutions conformément aux dispositions de la loi n° 95-696 du 7 septembre 1995 relative à l’enseignement et ses décrets d’application, résultat de la bataille de haute lutte menée et gagnée par les enseignants et chercheurs regroupés au sein du Syndicat National de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (SYNARES). En effet, à travers cette lutte, les enseignants et les chercheurs refusaient dorénavant la nomination par le gouvernement à la tête des universités, de personnalités à la solde du pouvoir étatique, dont les actions n’étaient pas toujours en phase avec les intérêts des établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Ils avaient donc proposé et obtenu, en accord avec le gouvernement, de désigner eux-mêmes, par voie d’élections, les dirigeants des universités. En décidant de nommer aujourd’hui les présidents des universités, le gouvernement remet gravement en cause le principe de leur élection et par conséquent la loi l’instituant de façon arbitraire et autoritaire, nous ramenant ainsi à l’ère du parti unique. Des morts dont on ne parle pas On nous répète à souhait, le nombre de morts issus de la guerre de Monsieur Ouattara que ses protecteurs ont imposée à la Côte d’Ivoire pour s’emparer du fauteuil présidentiel (…). On entend souvent parler de trois mille morts (3000), sans jamais préciser qui étaient ces morts et comment cette macabre comptabilité a été réalisée. Et s’il y avait plus de 3000 morts, et ce n’est pas la force Licorne et l’ONUCI qui nous contrediront. En effet, des témoignages dignes de foi rapportent que la colonne de près de 80 chars français et onu - siens partis depuis le siège de la force française au 43ème Bataillon d’Infanterie de la Marine à Port-Bouet au Sud d’Abidjan, pour faire le siège de la résidence officielle du président Gbagbo, qu’on a appelée pompeusement bunker, n’a pas fait dans le détail. En effet, sur leur passage, les soldats français, aidés de leurs supplétifs de l’ONUCI, aspergeaient sur près de 10 kms de trajet, des mil - liers de jeunes massés pour faire un bouclier humain à leur champion Laurent Gbagbo, d’un curieux liquide qui, dès qu’il touchait la peau, provoquait la mort presque instantanément. (…) Les corps sans vie de ces jeunes aux mains nues, combien y en avaient-ils réellement ? Monsieur Alassane Ouattara et ses commanditaires devront répondre un jour ou l’autre à cette question. D’ailleurs, ces crimes-là, le procureur Koffi Simplice les a confirmés lorsqu’il a visité la prison de Bouna à l’issue de notre première audition, au mois de juin 2011. En effet, il nous racontait qu’il y avait de nombreux corps dans la cour de la résidence du Président Gbagbo lors de sa visite des lieux après l’arrestation du 11 avril. Les corbillards, disait-il, ont dû faire beaucoup de voyages pour ramasser les dépouilles. Que dire des centaines d’étudiants tombés sous les obus que l’armée française et l’ONUCI ont lancés entre le 30 mars et le 11 avril 2011 sur le campus universitaire de Cocody, supposé être le fief des «miliciens de Gbagbo». Je me souviens encore de la conversation téléphonique que j’ai eue avec l’un de mes étudiants qui me disait : «Vieux père, nous sommes morts, l’armée française est en train de lancer des obus sur nous, je vais me chercher». Après, j’ai essayé en vain de le rappeler ; depuis, je n’ai plus eu aucune nouvelle de lui. Un autre étudiant, en médecine, m’a rapporté des scènes d’horreur où les soldats de Ouattara poursuivaient les resca - pés de la tuerie du campus de Cocody (…). Au Centre Universitaire de Cocody, sous les yeux du personnel soignant, un étudiant qui aidait à soigner lesdits blessés a été enlevé et n’a échappé à une exécution que grâce à l’intervention diligente de la section OMS Côte d’Ivoire, pour le compte de laquelle il se trouvait au CHU. Aujourd’hui, nous attendons la comptabilité de ces étudiants disparus. La guerre de Ouattara n’a pas encore livré tous ses secrets. Attendons pour voir, parce que l’arbre de la communication médiatique, à la limite du cynisme, ne cachera pas indéfiniment cette forêt de massacres (…). La réhabilitation des universités : que cache- t-elle réellement ? Après plus d’un an et demi de travaux, qui ont coûté 110 milliards de francs CFA, soit 167 millions d’euros aux contribuables ivoiriens, contre 60 milliards de francs CFA, soit environ 91 millions d’euros, annoncés initialement, les universités publiques de Côte d’Ivoire ont été officiellement ré-ouvertes le 03 septembre 2012 après près de deux ans de ferme - ture, une première du genre dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Malgré tout le battage médiatique qui a été fait autour de cet évènement, la gabegie financière qui prévalait était d’une telle ampleur que les travaux effectués n’ont pas été à la hauteur des attentes des usagers et des partenaires de l’institution universitaire. En effet, ce fût des amphithéâtres et des salles de travaux dirigés et des salles de travaux pratiques (qui existaient avant l’avènement de Ouattara au pouvoir) non équipés qui furent livrés. Le ministre Bacongo a été forte - ment soupçonné de détournement de deniers publics, même s’il s’en défend timidement et sans convaincre. Mais l’objet de notre propos ici c’est de nous interroger sur la précipitation suspecte avec laquelle se sont engagés ces travaux. En effet, comme nous l’avons signalé plus haut, l’université de Cocody à l’instar de celle d’Abobo-Adjamé a été bombardée par des obus de l’ONUCI et ceux de la Force Licorne. Des hommes et des femmes, pour l’essentiel des étudiants ont péri ou sont portés dispa - rus, sous le nez et la barbe des organisations de défense des droits de l’homme. Et contre toute logique, aucune enquête préalable n’a été diligentée avant d’entamer ces fameux travaux de réhabilitation. Que cherchait-on à effacer ou à cacher ? J’ai entendu dire que le gouvernement de Monsieur Ouattara avait demandé l’exhumation des corps des vic - times de la crise postélectorale. Il faudra donc «aller jusqu’au bout» des exhumations de corps, en allant le faire aussi sur les cam - pus et les résidences universitaires, dans les villages et villes de l’ouest de la Côte d’Ivoire, dans le village d’Anonkoua Kouté, etc.. Oui, les corps il y en a à exhumer, et cela prendra le temps que ça va prendre (…). BALOU BI Toto Jérôme Enseignant-Chercheur, Ancien Secrétaire Général de l’Université de Cocody, Ancien Président du Réseau Africain des Secrétaires Généraux des Universités Francophones (RASGUF) , Ancien Prisonnier du goulag de Monsieur Alassane Ouattara à Bouna (In le Nouveau courrier du 24 Aout 2013)
Posted on: Sun, 25 Aug 2013 23:48:24 +0000

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