Des avis (positifs comme négatifs) sur cet extrait de mon roman - TopicsExpress



          

Des avis (positifs comme négatifs) sur cet extrait de mon roman "Micéllion" disponible ici-bas ? Prologue L’aube se levait, éclatante comme mille feux. Le Grand Roi Oriclon sortit de sa tente, vêtu d’un unique pagne noué autour de sa taille, et s’étira. Derrière lui, deux soldats montaient la garde, immobiles. Il apprécia quelques instants, les yeux fermés, la fine brise venant d’est sur son visage gagné par les rides, le vent se perdant dans sa longue chevelure blonde et sa barbe. À presque cinquante-trois ans, Oriclon était toujours aussi fort que dans ses souvenirs les plus lointains, sa grande taille et sa forte ossature le rendaient plus imposant que jamais. Mais ses yeux commençaient à perdre de leur acuité, et cela le gênait profondément ; bientôt, il serait complètement aveugle. Juste au-dessus de lui, dans le ciel azuré, un groupe de vautours s’étaient rassemblés et planaient à présent en rond, en un cercle conscrit ; ils cherchaient de la nourriture. « Un festin de roi ! Pas vrai ? » leur lança Oriclon. Les charognards lui répondirent par une série de gloussements et de sifflements. « Mon seigneur ! » salua Kodès. Son ami et aide de camp marchait à sa rencontre, gravissait péniblement l’étroit sentier caillouteux qui les séparait. Arrivé à hauteur de son roi, il retira son heaume à cimier vert de coupe transversale qu’il plaça sous son bras. « Eh bien, mon ami. Quelles nouvelles ? s’enquit Oriclon. – L’armée sémnide marche vers nous. Elle sera à l’angle du golfe dans moins de deux heures. » L’aide de camp passa une main distraite dans ses cheveux tressés. Sa barbe sombre – bien que d’une longueur acceptable – était plus courte que celle d’Oriclon. Les lourds rayons du soleil levant faisaient étinceler sa cuirasse d’argent. « Et combien de temps faut-il pour nous y rendre et prendre position ? – Avec notre infanterie ? Pas moins d’une heure, sire. Si ce n’est plus. » Le Grand Roi réfléchit un moment, puis décréta en lui tapotant affectueusement l’épaule avant de le contourner : « Très bien, Kodès. Très bien. » Il marcha jusqu’au bord du sentier, là où il avait vue sur l’immense plaine encore verdoyante qui s’étalait sous ses yeux. Kodès le rejoignit bientôt, sa longue cape verte flottant derrière lui. « Vous aussi, mon roi, vous pensez que… ? – Que quinze mille hommes ne suffiront pas à anéantir les troupes ennemies ? » le coupa sèchement Oriclon. Kodès acquiesça. – Peut-être, peut-être pas. Seuls les dieux décideront de l’issue finale de cette bataille. Les deux hommes restèrent un moment silencieux, laissant leur regard dériver sur la plaine. En contrebas, quinze mille soldats se préparaient au combat. Parmi eux, ne se trouvaient pas moins de huit mille fantassins légers, cinq cents cavaliers et environ deux mille archers Phynnéssois mercenaires. Tous les autres, – c’est-à-dire les quelques cinq mille hommes restants – n’étaient que de simples recrues inexpérimentées, enrôlées ici et là dans les villages voisins. Certains n’étaient même pas des soldats de métier. Mais Oriclon s’en moquait. Après tout, n’avait-il pas déjà remporté bon nombre de batailles avec de piètres armées que celle-ci ? Pourtant, aujourd’hui c’était différent. Car ça n’était pas vingt, trente ou même cinquante mille hommes qu’il allait avoir face à lui, mais bien plus de cent mille guerriers sémnides aux dires des récents rapports de ses éclaireurs. Par chance, il n’avait pas eu vent d’une quelconque Garde des Loups mysandraine. C’était déjà cela. Car ces guerriers n’étaient pas humains, disait-on. Ils jetaient l’effroi dans le cœur des hommes et leur fidélité envers celui qui se proclamait l’égal des dieux, le tout-puissant Xénathon, était à toute épreuve. De plus, ils possédaient un moral d’acier et une condition physique hors du commun. Plusieurs soldats s’entrainaient au maniement du glaive entre les innombrables tentes qui parsemaient la plaine, tandis que d’autres jouaient aux dés, assis par terre, s’efforçant de faire passer la tension du combat tout proche. D’autres encore s’étaient vautrés à l’écart, avachis en demi-cercle à l’ombre d’une tente, et se passaient de mains en mains une amphore d’un excellent vin mythrien. Un peu plus haut sur la crête, parqués dans un enclos de fortune, les cinq cents chevaux de la cavalerie hennissaient ou paissaient les quelques rares touffes d’herbes encore restantes que la sécheresse avait épargnées. Les deux amis se détournèrent finalement. « Kodès. Rassemble les troupes. – À vos ordres ! » L’aide de camp remit son heaume en place et s’éloigna rapidement. Oriclon, quant à lui, retourna sous sa tente, souleva au passage la fine tenture de cuir lamellée qui en couvrait l’entrée. À l’intérieur, une vague odeur de sueur régnait ; ou bien n’était-ce que le renfermé ? Des peaux de bêtes tannées avaient été suspendues un peu partout pour empêcher que les rayons du soleil ne s’insinuent, plongeant ainsi l’endroit dans une semi-pénombre permanente. Il dut plisser les yeux pour que ceux-ci s’habituent plus rapidement à la faible luminosité ambiante. Au centre de la tente, une simple paillasse avait été entreposée là, occupée par une jeune femme au teint basané et à l’abondante chevelure noire, encore endormie sous les couvertures. Oriclon lui jeta un regard plein de tendresse ; dans ses bras dormait un nouveau-né, l’air paisible et la mine revêche. Micéllion. Lorsque le Grand Roi Mythrien avait consulté les oracles du temple de Rinthes, ils lui avaient prédit qu’un jeune mâle – moitié Mythrien, moitié Sémnide – naîtrait de l’union d’un père aux cheveux d’or et d’une mère aux yeux céladons pour unifier ces deux peuples, ce, en les régissant en une seule et même nation. Oriclon se dirigea vers le fond de la tente où se tenait un mannequin de paille recouvert d’une impeccable cuirasse d’argent, de cnémides et bracelets de force tous aussi beaux, et d’un casque de métal gris surmonté d’un superbe cimier en crins de cheval, de couleur verte. À son pied de maintien reposait un imposant bouclier de forme circulaire, dont le blason représentait la gueule rugissante d’un lion de face sur fond de flammes jaunes-orangées, presque rougeâtres. Se trouvaient également un glaive rangé dans son fourreau de cuir et une longue lance en bois de frêne. Il s’équipa et s’arma, puis s’apprêta à partir. Mais la douce voix de Shauna l’interpella : « N’y vas pas ! » Oriclon se retourna. Et il put lire de la crainte mêlée à ce qui semblait être de la tristesse dans les yeux embués de Shauna. Lorsqu’elle parla de nouveau, ce fut avec un certain accent oriental. « Xénathon te tuera s’il apprend que tu m’as épousée. » En effet. Lorsqu’il avait libéré le petit village côtier de Médisos l’an passé – c’était là que Xénathon gardait prisonnières ses plus belles femmes, afin qu’elles y vivent cloîtrées et recluses, et que la décrépitude et la mort viennent les prendre – il avait tout de suite été subjugué par la beauté charnelle de cette femme, esclave d’une vie qu’elle n’avait pas choisie. À cet instant, elle allait entrer dans sa deuxième année d’isolement. Depuis, Oriclon en avait fait la reine de Rinthes ainsi que de tout le royaume Mythrien. Sa reine. « Je ne le crains pas, rétorqua-t-il avant de tourner les talons. – Attends ! » Shauna avait crié malgré elle. « Reste, dit-elle simplement. » Oriclon hésita un instant puis vint finalement s’asseoir auprès d’elle. Il défit son casque qu’il déposa sur le lit à côté de lui et se pencha en avant pour mieux pouvoir contempler son fils et héritier. « N’est-il pas magnifique ? » souffla-t-il. Shauna sourit. Des larmes lui coulaient le long des joues. « Un jour, lorsque le moment pour lui sera venu, il prendra la place qu’est la sienne sur le trône de Rinthes et unira enfin nos deux peuples. C’est son Destin. – Et la paix règnera alors, » renchérit Shauna. Ils restèrent ainsi, un long moment, à observer leur fils dormir. Mais les dieux sont cruels, surtout lorsqu’il s’agit du temps compté ; cet instant d’intimité privilégié fut donc troublé par l’arrivée inopinée de Kodès. « Mon roi ? » appela-t-il depuis l’extérieur de la tente, brisant le silence. Le visage anguleux de l’aide de camp apparut à l’entrée. « Nous sommes prêts à partir. Nous n’attendons plus que vous. »
Posted on: Sun, 18 Aug 2013 20:55:21 +0000

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