Démographie et développement Les démographes sont unanimes : - TopicsExpress



          

Démographie et développement Les démographes sont unanimes : rien ne semble devoir arrêter la folle croissance de la population africaine avant plusieurs déèennies. D’après le dernier rapport du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), rendu public en décembre 2002, le continent abrite aujourd’hui quelque 832 millions d’habitants, contre un pu plus cje 812 millions un an 1j.jaliparavant. Une augmentation de près de 20 millions de personnes qui équivaut au taux d’accroissement le plus élevé de la planète : 2,3%, 1,3% pour l’Asie et 1,4% pour l’Amérique latine. Et cette croissance n’est pas près de se ralentir: selon le Fnuap, le continent comptera 2 milliards d’habitants en 2050- 2,5 fois plus qu’en ce début de XXIe siècle. Cette évolution exponentielle masque cependant de profondes différences régionales. e La démographie africaine n’est plus aussi uniftrme qu’il y a une génération. Jusque dans les années quatre-vingts, l’ensemble des pays affichait des taux de fécondité record de 6 à 8 enfants par femme. Certains ont depuis connu de profonds bouleversements démographiques, caractérisés par une chute brutale de leur natalité. Ainsi les pays de la frange méditerranéenne qui, en moins d’une génération, ont vu leurs taux de fécondité divisés par deux ou trois. En tête 45 de ceux-ci: la Tunisie, qui est devenue le premier Etat d’Afrique continentale où le nombre moyen d’enfants par femme (2,1 en 2002, contre 2,55 en 2000) permet tout juste d’assurer, à long terme, le renouvellement des générations. Viennent ensuite l’Algérie et l’Egypte, dont les taux de fécondité sont tombés à 2,8 enfants par femme en 2002, puis le Maroc et la Libye (ec un peu plus de 3 enfants par femme). A l’autre bout du continent, deux pays connaissent ne O évolution similaire: l’Afrique du Sud (2,85 enfants par femme) et surtout Maurice, seul pays africain à être descendu en dessous du seuil de renouvellement des générations (1,9 enfant par’ femme). A l’inverse, le reste du continent — soit quelque quarante cinq Etats situés au sud du Sahara — affiche toujours la plus forte croissance démographique au monde. Le taux de fécondité y dépasse parfois 7 enfants par femme. Résultat: la population totale de ces pays devrait tripler d’ici à cinquante ans, pour passer de 640 millions à 1,8 milliard d’habitants. Avôc des taux d’accroissement naturel atteignant parfois 4%, certains pays comme la République Démocratique du Congo, l’Ouganda ou la Somalie devraient même voir leur population quadrupler pendant cette période. Les pays africains à démographie «assagie» ont un point commun: ils se classent parmi les plus développés du continent. Si les femmes mauriciennes et tunisiennes font aujourd’hui moins d’enfants, c’est parce qu’elles sont mieux soignées et surtout mieux éduquées. Grâce à une politique sociale volontariste, Tunis et Port-Louis entrent progressivement dans le «cercle vertueux» du développement économique caractérisé par une hausse de la consommation, des investissements et de l’épargne. À petits pas, ils suivent l’exemple des nations de l’Asie de l’Est — Corée du Sud, Taiwan et Singapour — en tête où la baisse de la natalité a joué un rôle primordial dans le succès économique. Dans ces pays où le taux de fécondité a été divisé par trois depuis les années soixante, l’augmentation de la proportion des actifs au sein de la population — qualifiée de «dividende démographique» par les experts — a contribué à diminuer les charges sociales liées aux retraites, mais surtout à l’éducation, et ainsi à augmenter la consommation. Et donc la croissance économique. A l’opposé, les pays africains à démographie «galopante» ne parviennent pas à enclencher une dynamique de développement. L’épargne et les investissements y sont encore pratiquement inexistants, et la (maigre) consommation se limite aux besoins de base. Une situation qui perdurera tant que l’analphabétisme continuera de faire des ravages et que — conséquence de- cette ignorance — t-uti1isation de moyens de contraception restera marginale (le taux de prévalence des contraceptifs est de 8% en Angola ou au Tchad, contre 75% en Tunisie). En Afrique comme ailleurs, le développement commence toujours par une généralisation de l’éducation des hommes — et — surtout des femmes. Tariq ZEMMOURI, J.A. /L ‘INTELLIGENT, n° 2193 du 19 au 25 janvier 2003.
Posted on: Mon, 12 Aug 2013 12:08:17 +0000

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