El Watan, du 24/07/2013 Benhalla Mahieddine Pleure, ô pays bien - TopicsExpress



          

El Watan, du 24/07/2013 Benhalla Mahieddine Pleure, ô pays bien aimé ! J’ai en mémoire les lendemains heureux de l’année 1962. Les défilés improvisés que les jeunes et moins jeunes organisaient, un sentiment de joie indescriptible, d’espoir de lendemains meilleurs nourrissaient notre quotidien. Mais certains faits liés à cet événement jetaient déjà un premier voile sombre sur ce qu’allait être cet avenir rose, tant attendu ! Ceux qui ont vécu ces moments s’en souviennent certainement. Je n’ose pas narrer certains comportements indignes qui se déroulaient sous mes yeux d’adolescent durant ce carrousel de camions, pleins de monde, passagers mixtes, de tous âge, où les refrains répétés à tue tête (Allah yarham chouhadha) cinglaient mes tympans, et faisaient retourner nos martyrs dans leur tombe. Entre autres faits d’armes vécus aussi, celui du mariage des plus belles filles de la cité avec tous ceux qui étaient flanqués de leur tenue, neuve au demeurant (faites avec moi le rapprochement !), les 19 Marsistes, comme les rares rescapés, convolaient en justes noces, le repos du guerrier en somme ! Quant aux biens des pieds-noirs, vacants pour la plupart, ils étaient interdits de transaction, mais ils ont été vite accaparés par ceux qui en ont décidé l’interdit. Il y avait, dit-on, des pied-noirs chassés manu militari et sous la menace, malgré le fait qu’ils soient natifs d’Algérie et qu’ils n’étaient point des nantis. Cela est une autre question. C’est à la vue de ces images qui dépassent l’entendement que mon défunt beau-père, par exemple, plia le drapeau en quatre et le rangea définitivement jusqu’a sa mort. La vision de ces dépassements l’a tellement bouleversé, qu’il s’est replié sur lui-même et refusa toute collaboration, malgré les multiples offres des khaoua, qu’il exècre tout particulièrement depuis cette date. Il n’est pas le seul malheureusement. Le désir du «koursi» aidant, des frères d’armes s’entretuaient, alors que le slogan, «7 ans de guerre barakat», parvenait du peuple meurtri et s’entendait dans les coins et recoins de la Wilaya III. Fini «el oukhoua», l’attirance du pouvoir prima sur toute autre considération. La force ayant prévalu, un pouvoir autoritaire s’installa. Les uns chassent les autres, la course au fauteuil est lancée à tous les niveaux de responsabilités. Certains cherchaient à nationaliser de simples boutiques et hammams, et juraient de dégraisser la bourgeoisie qui n’existait en fait que dans leur esprit. L’article 120 du parti entra en jeu et fit le vide tout autour. Il n’y avait, en fait, qu’un seul discours et «les dominos et le jeu, comme on dit, étaient fermés». Tapi dans l’ombre et entraîné dans la discipline et le secret, le suivant sonna le glas. Il siffla la fin du match, veut réajuster, d’après le groupe de partisans, la direction à prendre. Les luttes au sommet avaient fait rage entres ces frères d’armes. Après l’assassinat des Abane, Krim, Benboulaïd, Khider, Chabani, est venu le tour de Boudiaf et de milliers d’innocents, toujours pour le «koursi». Il y en avait même qui ont enfourché le cheval de la religion pour y accéder, et bonjours les dégâts! L’argent étant le nerf de la guerre, il fallait faire main basse sur cette manne, dont le Bon Dieu nous avait pourvu. Aux assassinats politiques a succédé la dilapidation organisée du patrimoine, ajoutée à la passivité active d’une grande partie de notre peuple qui, d’un stylo, du non-respect des horaires de travail, qui d’un bien vacant acquis au dinar symbolique grâce à des lois scélérates votées sur mesure, tout le monde a participé à la grande bouffe. Cela ne suffit point, pourquoi pas des résidences d’Etat, Moretti et Club des Pins ? Il y avait bien évidemment un habillage quasi-démocratique en place, des institutions font semblant d’exister. On trouve certes des députés grassement payés au même titre que des sénateurs avec même un tiers présidentiel, du personnel recyclé à profusion. Car le cheminement le plus indiqué est le suivant : ministre et DRS et autres bureaucrates versés après services rendus comme sénateurs et députés, ensuite vers la voie royale d’ambassadeurs ou autres. Des semblants de débats qui ne trompent personne. Mais aussi des institutions tout azimut qui, toutes, travaillent en réalité pour le centre et les électrons qui y gravitent. Le «peuple» de son côté plonge dans une léthargie totale : à qui s’exhiberait avec la dernière marque de voiture, la caste des intouchables se contente de football, de chique, de bagarres inter-quartiers, de vols et d’agressions. Et c’est ainsi, que dame corruption s’est faufilée partout, dans des sociétés nationales. En vérité des sociétés de papa, dans les administrations qui sont devenues, au fil du temps, une véritable source de maladies chroniques. Vous allez me dire qu’il y a la rente pétrolière qui couvre tout et que tant des centaines de bateaux de bananes approvisionnent tous les coins reculés du pays, Al hamdoullah ! Pourquoi ne médite-t-on pas les cas de la Grèce et d’autres pays européens ? Et les contes coraniques, puisque on prétend être musulmans, a quoi servent-ils ? Le plus significatif d’entre eux, qui me vient à l’esprit, est celui de Sidna Youcef qui fut appelé de sa prison pour expliquer le rêve du pharaon relatif «aux sept vaches grasses mangées par sept autres chétives, les 7 épis verts et d’autres secs. Le rêve annonçait, en fait, 7 années de sécheresse auxquelles il fallait y faire face, grâce à la bonne gouvernance. Alors «barakat» de ce gaspillage généralisé, «barakat» de ces bateaux de bananes, de kiwi et autres fruits exotiques. Chaque dinar doit avoir sa traçabilité, sa contrepartie en produits. Cessez ces importations tout azimut pour faire dans le temps et surtout faire plaisir aux pays étrangers. A tous ces responsables «basta» de vos trains de vie princiers. Quand je me rappelle que j’utilisais mon tacot personnel pour le travail, le seul véhicule de service, en notre possession, était laissé à l’équipe d’astreinte et au service de sécurité pour faire face à toute urgence. Le complexe tournait en fait 24h/24 et 363j/365. Combien de fois ai-je dû aller chercher des électromécaniciens à des kilomètres à la ronde à toute heure de la nuit, avec mon propre véhicule devenu, pour la circonstance, un bien de l’entreprise. Si c’était à refaire, je le referai sans aucun doute ! Je suis écœuré par le laisser-aller, le gaspillage des richesses du pays, le train de vie de l’Etat qui agresse, de ces ministres, walis, chefs de daïras, députés et autres sénateurs qui doivent donner l’exemple de l’humilité, de la simplicité, faire «don de soi», de ces écarts exorbitants de salaire, arme fatale qui va détruire ce qui reste de justice sociale. Il faut un audit exhaustif de notre pays, instituer un contrat de performance pour tout détenteur de pouvoir, de la tête à la base de la pyramide, et sauver ce qui peut être sauvé. Les exemples. Dans notre histoire, les exemples ne manquent pas d’hommes et de femmes intègres qui peuvent participer à ces grands chantiers, dont le premier résiderait dans la moralisation de la vie socio-économique et l’instauration d’un Etat de droit avec l’indépendance totale de la justice. «Des hommes ont tenu leurs promesses vis-à-vis de Dieu. Certains ne sont plus de ce monde, d’autres sont dans l’attente, mais n’ont point changé.» Sadaka Allah Al Adhim. B. M.
Posted on: Thu, 25 Jul 2013 18:18:55 +0000

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