LHistorien Achille Mbembe Est nègre une large catégorie - TopicsExpress



          

LHistorien Achille Mbembe Est nègre une large catégorie de lhumanité quon pourrait qualifier de subalterne. Une humanité pour laquelle la grande tragédie, cest de ne même plus pouvoir être exploitée. Alors quau XIXe siècle, la pensée de lémancipation reposait sur lidée de la sortie de laliénation, la réalité qui simpose aujourdhui est celle de la quête de lauto-aliénation. Les pauvres cherchent à se vendre là où, autrefois, ils étaient vendus. (...) LEurope est aujourdhui déclassée dans un monde devenu multipolaire. Elle est saisie du rêve funeste dune communauté sans étrangers, lequel ne peut exister sans profond désir dapartheid. Elle veut fermer ses frontières, elle reconstruit des murs, des enceintes censées la protéger. Ce repli est précisément la conséquence du déclassement de lEurope. Au rêve de suprématie qui la habitée pendant des millénaires est en train de se substituer un projet de rejet des étrangers, considéré comme le moyen de la protéger contre son déclin. Mais cest une illusion. Car les sociétés européennes ne seront plus jamais homogènes. Ce sont des sociétés qui vont se diversifier inévitablement. Rien narrêtera les flux migratoires. A moins que lEurope se renie et procède à des enfermements arbitraires, abroge certains droits fondamentaux quau prix de catastrophes. Evidemment, ce ne serait pas la première fois dans lhistoire que lEurope se risque au pire. Cest dailleurs ce possible historique que réactive lextrême droite en plein essor. Lévi-Strauss pensait que le racisme ne pourrait jamais être totalement éradiqué, car il fait partie des processus de linconscient. Au fond cest peut être effectivement une sorte de pathologie, de délire lié au besoin constant de différenciation de bouc émissaire. En fait, on constate surtout que la fiction continue daltérer la vision du réel. Cette fiction de linvasion de gens qui ne sauront jamais sintégrer conduit souvent à une inflation de lois qui en réalité ne sappliquent quà une minorité, comme ce fut le cas pour la burqa. Au fond, ces déclarations révèlent un certain dérangement mental, comme si la présence détrangers faisait perdre la raison. Est-ce que ce sont les derniers salves darrière-gardde face à une diversité inéluctable ? jai tendance à le croire. Mais on passera forcément par une phase obscure, ténébreuse, avant darriver à imposer un nouvel humanisme. Or, face à ce repli, une nouvelle conscience du monde émerge aussi peu à peu. Ce nest pas un hasard si elle se dessine à lâge du risque climatique. Elle commence à suggérer lidée dun monde comme seul bien commun et dune nouvelle éthique pour laquelle les droits fondamentaux ne seraient pas rattachés à une nationalité. Ce que Kant explorait déjà dans son projet de paix perpétuelle. On pourrait dailleurs commencer par revendiquer le droit de séjour temporaire pour tout être humain où quil le souhaite. Il est en tout cas, essentiel de formuler un contre imaginaire qui soppose à cet imaginaire dément dune société sans étranger (...) On pourrait apprendre beaucoup de choses de lAfrique, de sa capacité dadaptation, de circulation transfrontière, et même de son esprit commerçant qui nest pas forcément capitaliste
Posted on: Thu, 07 Nov 2013 14:30:28 +0000

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