La séduction perverse ne comporte aucune affectivité, car le - TopicsExpress



          

La séduction perverse ne comporte aucune affectivité, car le principe même du fonctionnement pervers est d’éviter tout affect. Le but est de ne pas avoir de surprise. Les pervers ne s’intéressent pas aux émotions complexes des autres. Ils sont imperméables à l’autre et à sa différence, sauf s’ils ont le sentiment que cette différence peut les déranger. C’est le déni total de l’identité de l’autre, dont l’attitude et les pensées doivent être conformes à l’image qu’ils se font du monde. La force des pervers est leur insensibilité. Ils ne connaissent aucun scrupule d’ordre moral. Ils ne souffrent pas. Ils attaquent en toute impunité car même si, en retour, les partenaires utilisent des défenses perverses, ils ont été choisis pour n’atteindre jamais à la virtuosité qui les protégerait. Les pervers peuvent se passionner pour une personne, une activité ou une idée, mais ces flambées restent très superficielles. Ils ignorent les véritables sentiments, en particulier les sentiments de tristesse ou de deuil. Les déceptions entraînent chez eux de la colère ou du ressentiment avec un désir de revanche. Cela explique la rage destructrice qui s’empare d’eux lors des séparations. Quand un pervers perçoit une blessure narcissique (défaite, rejet), il ressent un désir illimité d’obtenir une revanche. Ce n’est pas, comme chez un individu coléreux, une réaction passagère et brouillonne, c’est une rancune inflexible à laquelle le pervers applique toutes ses capacités de raisonnement. Les pervers, tout comme les paranoïaques, maintiennent une distance affective suffisante pour ne pas s’engager vraiment. L’efficacité de leurs attaques tient au fait que la victime ou l’observateur extérieur n’imaginent pas qu’on puisse être à ce point dépourvu de sollicitude ou de compassion devant la souffrance de l’autre. Le partenaire n’existe pas en tant que personne mais en tant que support d’une qualité que les pervers essaient de s’approprier. Les pervers se nourrissent de l’énergie de ceux qui subissent leur charme. Ils tentent de s’approprier le narcissisme gratifiant de l’autre en envahissant son territoire psychique. Le problème du pervers narcissique est de remédier à son vide. Pour ne pas avoir à affronter ce vide (ce qui serait sa guérison), le Narcisse se projette dans son contraire. Il devient pervers au sens premier du terme : il se détourne de son vide (alors que le non pervers affronte ce vide). D’où son amour et sa haine pour une personnalité maternelle, la figure la plus explicite de la vie interne. Le Narcisse a besoin de la chair et de la substance de l’autre pour se remplir. Mais il est incapable de se nourrir de cette substance charnelle, car il ne dispose même pas d’un début de substance qui lui permettrait d’accueillir, d’accrocher et de faire sienne la substance de l’autre. Cette substance devient son dangereux ennemi, parce qu’elle le révèle vide à lui-même. Les pervers narcissiques ressentent une envie très intense à l’égard de ceux qui semblent posséder les choses qu’ils n’ont pas ou qui simplement tirent plaisir de leur vie. L’appropriation peut être sociale, par exemple séduire un partenaire qui vous introduit dans un milieu social que l’on envie : haute bourgeoisie, milieu intellectuel ou artistique… Le bénéfice de cette opération est de posséder un partenaire qui permet d’accéder au pouvoir. Ils s’attaquent ensuite à l’estime de soi, à la confiance en soi chez l’autre, pour augmenter leur propre valeur. Ils s’approprient le narcissisme de l’autre. Pour des raisons qui tiennent à leur histoire dans les premiers stades de la vie, les pervers n’ont pas pu se réaliser. Ils observent avec envie que d’autres individus ont ce qu’il faut pour se réaliser. Passant à côté d’eux-mêmes, ils essaient de détruire le bonheur qui passe près d’eux. Prisonniers de la rigidité de leurs défenses, ils tentent de détruire la liberté. Ne pouvant jouir pleinement de leur corps, ils essaient d’empêcher la jouissance du corps des autres, même chez leurs propres enfants. Etant incapables d’aimer, ils essaient de détruire par cynisme la simplicité d’une relation naturelle. Pour s’accepter, les pervers narcissiques doivent triompher et détruire quelqu’un d’autre en se sentant supérieurs. Ils jouissent de la souffrance des autres. Pour s’affirmer, ils doivent détruire.
Posted on: Fri, 16 Aug 2013 18:59:19 +0000

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