Les rebelles du M23 ont annoncé mardi 5 novembre la fin de - TopicsExpress



          

Les rebelles du M23 ont annoncé mardi 5 novembre la fin de leur mouvement après la victoire militaire de l ’armée congolaise . Thierry Vircoulon , d International Crisis Group (ICG ), analyse les nouveaux changements intervenus dans la région au terme de 18 mois de conflit. Le M23 , c est fini . La rébellion a annoncé ce mardi matin mettre un terme à son mouvement , après avoir été chassée par l armée congolaise de ses dernières positions militaires . Les rebelles du M23 occupaient depuis plus d un an , 700 km 2 de territoire au Nord - Kivu et sétaient emparés brièvement de la ville de Goma fin 2012 . Thierry Vircoulon, responsable du programme Afrique centrale d International Crisis Group (ICG) décrypte pour nous le dénouement de cette crise . - Afrikarabia : Quelles sont les raisons de la défaite du M23 ? - Thierry Vircoulon : La débâcle du M23 est le résultat de plusieurs facteurs. Le premier, se sont les sanctions économiques contre le Rwanda ( accusé de soutenir la rébellion , ndrl ). Il y a ensuite les pressions diplomatiques et l isolement de Kigali. Troisième facteur : la formation d un binôme tactique efficace entre la Brigade d intervention de l ONU et l armée congolaise. Enfin , la défaite du M23 signe également l échec politique de cette rébellion. Le M23, qui sest présenté comme un mouvement politico- militaire, a été profondément rejeté par la population congolaise du Nord -Kivu . Cela sanctionne tous ces mouvements armés qui n ont pas d assises populaires. - Afrikarabia : Les relations diplomatiques ont également évolué pendant ce conflit ? - Thierry Vircoulon : Il y a eu ce que l on pourrait appeler un alignement des planètes francophones et anglophones sur le dossier rwandais. En clair , il y avait le couple France -Belgique d un côté et le couple Grande-Bretagne -Etats unis de l autre. On sait que depuis le génocide de 1994 , les points de vue étaient différents sur la région . Aujourdhui , tout le monde se retrouve pour dire que cette politique de contrôle indirect et d interférence de Kigali au Congo, ne peut plus durer. - Afrikarabia : Sur le plan militaire, cette nouvelle combinaison entre les casques bleus de la Monusco et larmée congolaise est une première ? - Thierry Vircoulon : C est en effet une nouvelle forme de peacekeeping . Ce travail en quasi symbiose entre la Monsuco et les FARDC a clairement permis de renverser le rapport de force sur le terrain . Il y a eu un réel travail de planification militaire . L étau s est d abord resserré autour du M23, dans les environs de Goma , fin juillet et ensuite, à partir du mois d août , l offensive a été portée en territoire rebelle vers le Nord . Cela témoigne d une coordination tactique très étroite entre l ONU et l armée congolaise. - Afrikarabia : L armée congolaise a -t -elle changé ? - Thierry Vircoulon : Les FARDC connaissent une forme de renaissance . On se rappelle de l état de l armée, l année dernière au moment de la prise de Goma par les rebelles : débâcle, pillages, viols , corruption.. . Pendant les offensives de ces derniers jours , au contraire, le comportement des militaires a été , de ce que nous savons, tout à fait professionnel. C est une rupture. - Afrikarabia : Pourquoi une telle transformation de l armée congolaise ? - Thierry Vircoulon : C est d abord le fruit d une volonté au plus haut niveau de lEtat de gagner militairement . Ensuite, il y a eu un changement de commandement. Le général Gabriel Amisi, qui commandait les forces armées dans lEst du pays , a été suspendu et éloigné à Kinshasa . La corruption semble avoir également été stoppée dans ces unités, qui soudainement se sont trouvées approvisionnées, nourries et payées . Malgré toutes ces années de sur - place dans la réforme de l armée, ce n était donc pas si difficile que cela ! A partir du moment où le chef de l Etat veut remettre de l ordre dans certaines unités de l armée, c est possible ! La question est maintenant de savoir si ce modèle peut s étendre au sein des autres unités de l armée congolaise. - Afrikarabia : Un nouveau scénario est donc en train de s écrire dans la région ? - Thierry Vircoulon : Il y a une nouvelle donne sur le plan de la politique régionale : la mise en place de l accord d Addis- Abeba. Cet accord implique la non -interférence des pays voisins au Congo. Une ligne rouge a été clairement fixée pour le Rwanda et l Ouganda. Pour le moment, Kigali a décidé de lâcher le M23 . Mais à moyen terme, on peut se demander si cette position va durer. Il y a ensuite une nouvelle donne militaire , avec la présence de la Brigade d intervention de l ONU . La question maintenant est de savoir : après le M23 , vers quel autre groupe armé va se tourner cette Brigade ? Les FDLR vraisemblablement. Ce binôme tactique Monusco- FARDC sera- t- il aussi efficace contre les autres groupes armés, que contre le M23 ? Le M23 avait une configuration militaire très conventionnelle. Les autres groupes armés ( FDLR , ADF-Nalu , LRA.. . ) agissent sur un mode de guérilla difficile à combattre . - Afrikarabia : Comment faire pour transformer cette victoire militaire en victoire politique et installer une paix durable ? - Thierry Vircoulon : La solution politique, c est laccord d Addis-Abeba de février 2013 : non- ingérence des voisins , envoie d une force internationale pour neutraliser les groupes armés et nécessité de faire des réformes pour le gouvernement congolais. Cet agenda est en train d être mis en oeuvre . Première mise en oeuvre : défaite du M23 . Deuxième mise en oeuvre : la tenue de concertations nationales à Kinshasa . Et troisièmement : le fait que Kigali cesse de soutenir des mouvements armés de l autre côté de la frontière. Le règlement politique du problème, ce n était pas un accord de plus entre un groupe armé et le gouvernement congolais à Kampala , mais la mise en oeuvre de cet accord d Addis -Abeba . - Afrikarabia : C est une victoire politique pour le président Joseph Kabila ? - Thierry Vircoulon : Tout à fait . La crise du M 23 avait été un choc politique pour le régime congolais. La prise de Goma par les rebelles avait été une humiliation totale , doublée d un fort mécontentement des populations du Nord - Kivu. Pour redorer son blason , Kinshasa n avait pas d autre choix que d en finir militairement avec le M23 . Opposition et majorité étaient unanimes pour une solution militaire contre ce mouvement armé qui était considéré comme un appendice de Kigali. Avec la débâcle des rebelles, les masques sont tombés : les politiques du M23 se sont enfuis à Kampala , tandis que les militaires se sont enfuis au Rwanda. C est ce que l on peut appeler la division du travail .
Posted on: Thu, 07 Nov 2013 09:20:16 +0000

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