Non, Willy Bal ne nous a pas vraiment quittés « Mon - TopicsExpress



          

Non, Willy Bal ne nous a pas vraiment quittés « Mon beau-père, Willy Bal (….) est décédé sereinement dans sa maison natale, ce dimanche matin, à l’âge de 97 ans. C’est un peu l’issue que nous souhaitions pour lui, au terme d’une très longue vie, vouée notamment à la culture, à la littérature et à l’action wallonnes » C’est en ces termes que Jean Germain, linguistique réputé lui aussi, et également fin connaisseur de la langue wallonne, a annoncé le décès de ce très, très grand monsieur. D’autres que nous, avec plus de verve et de compétence, retraceront l’existence de ce sage, universitaire de haut vol, membre de l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique et en citeront les innombrables ouvrages, en français comme en wallon. Pour notre part, nous voudrions, en toute modestie, tracer un portrait de l’homme de cœur qu’il nous a été donné de fréquenter assidûment du temps de l’activité de l’asbl « Coqs d’Aousse » dans les années 80-90. La « sérénité » de son décès, comme le souligne Jean Germain, ne nous surprend aucunement. Tel que nous l’avons connu, sa physionomie et son allure toute entière donnaient la mesure d’une saine souriante philosophie de la vie. D’une grande bonté sans fadeur, il marquait son discours d’une exceptionnelle tolérance en même temps qu’il mettait toute sa conviction dans la défense de ses choix, notamment en matière linguistique. Avec une tendresse infinie pour les femmes et les hommes de sa terre, revendiquant d’ailleurs ses origines paysannes. Ses écrits étaient – et restent, bien sûr- un feu d’artifice de la langue de son village, dans ses finesses de vocabulaire et ses richesses grammaticales. Ce Monsieur dont la renommée était internationale, avait plaisir à employer les expressions populaires, ne dédaignant pas les audaces gaillardes dont les Wallons et les Wallonnes émaillent tellement volontiers leurs échanges verbaux. Mais ce qui nous a tout particulièrement marqués, c’était sa vision réellement humaniste des langues humaines. Certaines paroles sont toujours restées gravées dans notre mémoire, par leur élévation d’esprit : « Il n’y a pas de « grandes » et « petites » langues. Dès qu’une communauté humaine a construit, de siècles en siècles, un mode de communication cohérent, c’est son génie propre qu’il véhicule, qu’il s’agisse d’une tribu africaine, d’un peuple de quelques milliers d’individus du Grand Nord sibérien ou de l’immense Chine. Elles ont droit au même respect et leur étude permet d’y découvrir une richesse culturelle propre à leur histoire. Sans qu’il soit question de les ficher sur les échelons d’une sorte d’échelle de valeurs basée sur le nombre de locuteurs». Willy Bal ne se bornait pas seulement à batailler pour la défense et la reconnaissance de langues comme le wallon. Durant son séjour en Afrique, il se plut à porter son attention sur les cultures des différentes ethnies qu’il approchait ainsi que sur l’histoire de ce continent pour lequel il avouait sa fascination. Et, dans nos conversations à bâtons rompus, dans sa cuisine le plus souvent, il nous faisait part de similitudes de comportement observées entre ces peuples d’Afrique et sa Wallonie. D’une extrême simplicité, chaleureux dans son regard et ses propos, un demi-sourire quelque peu amusé au coin des lèvres, maniant l’humour avec autant de virtuosité que ses exposés de linguiste, passionné pour l’affirmation des beautés de notre langue wallonne, voilà le souvenir que nous conserverons de Willy Bal. Comme ce sera le cas également pour tout qui l’a approché et a été conquis d’emblée par la noblesse naturelle de ce personnage hors du commun. « Vivre en Wallonie » ASBL Cet article peut être repris dans son intégralité ou en partie, à condition d’en citer la source. Votre avis, vos critiques, vos commentaires nous intéressent. Vous pouvez nous adresser ceux-ci à : [email protected]
Posted on: Tue, 03 Sep 2013 09:05:42 +0000

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