PARTIE 2 FLOTTE DE WALKER À la hauteur du Cap-Breton, « - TopicsExpress



          

PARTIE 2 FLOTTE DE WALKER À la hauteur du Cap-Breton, « l’Edgar », sur lequel était hissé le pavillon amiral, fut rejoint par le « Chester » qui mit à son bord le capitaine Paradis. Ce dernier commandait le « Neptune » de La Rochelle, petit navire de 120 tonneaux, armé de 10 canons, portant 70 hommes, dont 30 destinés, à la garnison de Québec. Il avait amariné quelques jours auparavant par le Capitaine Matthews (vieux loup de mer, qui avait fait 2 naufrages dans le Golfe et en était rendu à son 4e voyage au Canada), le Capitaine Paradis connaissait son St-Laurent par cœur, et décidément le ciel semblait se ranger du côté de l’amiral, en jetant sur sa route pareille pilote. Une récompense de 500 pistoles (soit 250 Louis) dont 100 pistoles d’arrhes, fut promise au Capitaine Paradis, s’il voulait se faire le lamaneur de la flotte; une fois rendu à Québec, le prix du « Neptune » devait lui être payé en entier, et sa vieillesse mise à l’abri du besoin. Pendant tous ces pourparlers, un temps précieux se perdait. La frégate le « Chester » venait de briser son étambot, il fallut le réparer. Plus de 16 pieds de la fausse quille de « l’Humber » ayant été emportée, on ne put songer de l’abattre en carène, et 2 plongeurs furent chargés de l’examiner et de faire rapport. La frégate le « Sapphire » était expédiée à Annapolis avec 2 compagnies de miliciens. Sur la demande du gouverneur de la Nouvelle-Angleterre, ces troupes étaient destinées à relever l’infanterie de marine; mais sir Charles Hobby, gouverneur de cette dernière ville, gardait le tout en homme prudent, et malgré des ordres formels, ne laissait pas échapper cette belle occasion de renforcer sa garnison. Soldats et matelots désertaient par escouades, et ce bel amour de la vie au grand air était devenue tellement épidémique, qu’un soir, à bord du transport la Reine Anne 6 soldats, parmi lesquels le maître cantonnier et le maître d’équipage commandé par le 2e lieutenant, mettaient une chaloupe à la mer s’enfuyait à force de rames. L’assemblée du Massachusetts, effrayée des proportions que prenait ce sauve-qui-peut général, avait, il est vrai, promulgué une loi sévère contre les déserteurs; mais le gouverneur Dudley semblait à tout instant vouloir entraver les projets de Walker. L’amiral essaya alors la diplomatie. Un jour, le 9 juillet, il transmit à la flotte de déployer les voiles du petit hunier, pour faire croire aux autorités qu’il commençait l’appareillage, et aiguillonner ainsi le patriotisme des Bostonnais. Cette manœuvre les laissa aussi froid que le reste, et à bout de patience, Walker finit par écrire vertement au gouverneur Dudley, et part lui dire que le peuple de la Nouvelle-Angleterre vivait comme au temps où il n’y avait pas de roi en Israël, chacun se conduisait à sa guise et faisant du patriotisme et de la grandeur nationale une question secondaire à ses intérêts. À partir de ce moment, les rapports entre ces 2 personnages devinrent de plus en plus aigres. -Je suis d’avis, et tous les officiers de la marine et du corps de débarquement partagent mon opinion, écrivait de nouveau l’amiral au gouverneur, au lieu d’aider et de hâter le départ de la flotte, l’a entravé autant que possible. Comment pourrez-vous vous défendre contre aussi grand nombre de témoins et contre des faits aussi évidents? Lorsque le parlement anglais fera une enquête sur votre conduite, et qu’il lui sera démontré le peu d’aide que vous avez donné à la partie navale de cette expédition, il y aura alors un tellière d’indignation, que la Nouvelle-Angleterre pourrait fort bien se repentir de son inaction. Lorsqu’avec la protection de Dieu je suis arrivé ici, j’espérais que les instructions royales auraient été suivies à la lettre, que les transports et les pataches de cette colonie auraient été armés et approvisionnée de suite, que mes cadres auraient été complétés, et que chacun aurait fait preuve de patriotisme en me permettant de reprendre la mer au plus tôt. Le contraire est arrivé, rien n’est prêt : mes hommes m’abandonnent, et avec mes seuls déserteurs j’aurais pu équiper vos transports. Jamais toute l’astuce du gouvernement de la Nouvelle-Angleterre ne pourra faire croire à la Reine et à son conseil que la colonie n’eut pu me donner 400 matelots. Mon séjour sera court ici avec la bénédiction de Dieu, j’espère mettre à la voile demain ou lundi au plus tard, et tout ce qui peut arriver de malheur, je le mets sur le compte du gouvernement de la Nouvelle-Angleterre. Liberavi abimam meam. –En date de « l’Edgar », le 21 juillet 1711. Enfin, la prise du « Neptune », convoyé à 100 lieues et plus du large de Finistère par une flotte sous le commandement de Duguay-Trouin, vint ajouter aux transes de l’amiral, et en date du 27 juillet il transmettait au gouverneur une liste des vaisseaux ennemis, tous en lui écrivant : » Je vous donne avis que dans les cas où je quitterais cette rade en aussi mauvaises conditions, et que j’irais me heurter à Monsieur Duguay, comme cela est tout probable, s’il se propose de venir ici, je mets sur le compte de la colonie tous les accidents qui pourrait m’arriver par le manque de matelots. Voici la liste exacte de la flotte de Walker: Vaisseau Amiral : « l’Edgar» 70 canons, le« Windsor» 60 c., le« Montague » 60 c., le «Swiftsure» 70 c., le« Sunderland» 60 c., le «Monmouth» 70 c., le «Dunkirk» 60 c., l’«Humber »80 c., le «Devonshire » 80 c. Vaisseaux de transports: « Recovery», «Delight», «Eagle», «Fortune», «Reward», «Success Pink», «Willing Mind», «Rose», «Life», «Happy Union», «Queen Anne», «Resolution», «Marlborough», « Samuel», «Pheasant», «Three Martins», «Smyrna Merchant», «Globe», « Samuel», «Colchester», «Nathanael & Elizabeth», «Samuel & Anne», «George», «Isabella Anne Catherine», «Blenheim», «Chatham», «Blessing», «Rebecca», «Two Sherrifs» , «Sarah», «Rebecca Anne Blessing»,« Prince»,« Eugene», « Dolphin», « Mary», « Herbin Galleyl», «Friend’s increase », «Anna», «Jeremie & Thomas», «Les Barbades», «Anchor & Hope», «Adventure», «Content», «Jean & Marie», «Speedwell», « Elizabeth», le «Basibé », «La Grenade», «Goodwill», «Jean&Hannah», «Marguerite», «Dispatch», «Four Friends», «Françis», «Henriette», «L’Antilope», « Hannah & Elizabeth», «Friends Adventure», « Rebecca», « Marthe & Annah», «Jeanne», « L’Unité», et le «Newcastle». «L’Enterprise» de 40 canons, le «Saphire» de 40 c., le «Kingston» de 60 c., le« Léopard» de 54 canons et le «Chester» de 54 canons, ainsi qu’une prise, le« triton», rejoignirent l’amiral dans le Golfe. Quant au« Léostoff» et au «Feversham», frégates de 36 canons, personne n’en entendit plus parler. Pour être justes envers le prisonnier de Walker, les documents et les mémoires du temps ne mentionnent pas s’il accepta ou refusa. La seule chose qui soit parvenue jusqu’à nous, c’est que Paradis au dire même de l’amiral ne se gêna nullement pour lui faire un sombre tableau des misères et des intempéries qui l’attendaient dans la Nouvelle-France. Ces avis concordaient avec ce que le premier lieutenant du « Neptune » expédié à Boston à bord de la prise du «Chester» avait déjà assuré à l’Amiral: « Si vous vous aventurez dans le St-Laurent, lui disait-il, avec pareille flotte, vous y perdrez tous vos vaisseaux. » Sur le moment, Walker crut que ces paroles n’étaient qu’une ruse de la part d’un français qui voulait sauver son pays de l’invasion, mais bientôt l’idée d’être obligé d’endurer peut-être les rigueurs d’un hiver canadien se prit à hanter continuellement le cerveau de l’Amiral, et plus tard ce cauchemar lui faisait écrire une de ses meilleures pages. Mais en ce moment tout entier à ce que lui disait Paradis, et se rappelant en même temps la conversation du lieutenant du « Neptune » , Walker devint soucieux, et la brise venant à tourner grand frais, il prit la résolution de se mettre à l’abri dans le havre de Gaspé. Un navire français de la Biscaye était là, en train de se charger de poissons pour l’Europe. On s’en empara; et comme le lendemain, il fallait faire d’inutiles efforts pour le touer au large, l’ordre fut donné de la saborder, de mettre le feu aux habitations du bassin, de détruire les provisions qu’on y trouverait, et de faire prisonnier tous ceux qu’on rencontrerait, pendant que le « Saphire » et le « Léopard » iraient brûler Bonaventure, qui ne furent sauvés que par un calme plat. Amère dérision des choses humaines. Qui aurait dit en ce moment au chevalier Sir Walker Contre-amiral de l’escadre blanche, que ce méchant lougre coulé à fond et cette dizaine de baraques réduites en cendre seraient les seuls souvenirs que sa formidable armada laisserait aux flots oublieux du St-Laurent, l’aurait-il cru?
Posted on: Mon, 02 Dec 2013 00:00:44 +0000

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