Une excellente analyse M. Louback Hanfare qui revient sur le - TopicsExpress



          

Une excellente analyse M. Louback Hanfare qui revient sur le scrutin et le poker menteur du pouvoir en place. Le mercredi soir précédant le jour des élections, au terme des treize journées consacrées à la campagne, le président de la république, dans son allocution radiotélévisée, a clairement affirmé son refus de travailler avec une majorité parlementaire issue de l’opposition. Il a ajouté qu’il n’attendait pas cette opposition et que de toute manière il a prévu pour l’opposition pas plus que 20% de sièges. Ses propos ne pouvaient être plus clairs ; il ne peut admettre qu’une majorité à lui et rien d’autre. Ce soir vous étiez nombreux à vous demander surement le pourquoi des élections législatives, la raison pour laquelle le président ne déciderait pas lui-même la liste des gens qui siégeraient à l’Assemblée Nationale. Ce soir là , c’est un président surpris par l’ampleur des meetings de l’ opposition qui par cette intervention malencontreuse est venu défier le peuple. Il a rappelé qu’il restait maitre du pouvoir et qu’il ne considérerait pas toute autre décision de la part du peuple. Ceux d’entre nous , surement pas les moins naïfs, qui pensaient encore vivre dans une république où le peuple élit son président et sa représentation nationale, ont été sérieusement assommés. L’anxiété du président est compréhensible; la majorité non UMP serait élue pour la mise en œuvre d’une autre politique. Mais ailleurs dans les démocraties authentiques, les gens sont convaincus que les différentes politiques concourent pour le même intérêt , le bien-être de la nation. Aux Etats Unis, en France, pour ne citer que ces deux pays, les présidents ont cohabité avec des majorités parlementaires ; ils ont cogéré le pays avec des adversaires politiques en harmonie avec les verdicts de leurs peuples. Dans le cas de Djibouti, l’assemblée ne peut pas chasser le président, tout comme le président ne peut pas renvoyer les parlementaires. La déclaration du président contient quelque chose de pathétique qui va empêcher radicalement la poursuite des élections régulières et transparentes. L’administration, les forces de la sécurité, la magistrature, bref les forces de l’Etat ont été conviées à sortir de leur neutralité pour remédier aux échecs des équipes de campagne de l’UMP. Tous les moyens de l’Etat ont été mobilisés pour favoriser l’UMP et enfoncer l’opposition. Ainsi l’USN n’a pas obtenu la communication des listes électorales en dépit de l’intervention du conseil constitutionnel. Les ordonnances ont été délivrées sur intervention sous les manteaux aux seuls partisans de l’UMP. Les forces de l’ordre ont harcelé les responsables de l’USN durant toute la journée du vote afin de les déconcentrer ; certains d’entre eux ont été arrêtés plusieurs fois sans aucun motif sérieux, puis libérés sans la moindre explication. Dans toutes les régions de l’intérieur les délégués de l’USN et du CDU ont été chassés de bureaux de votes par les forces de l’ordre qui se sont livrées à des actes de bourrages des urnes. A Djibouti ville en raison de la présence des observateurs, à l’exception du collège de Fukuzawa , de Balbala 7 et de l’école du quartier 5 où les délégués de l’opposition ont été momentanément écartés, les membres des forces de sécurité ont accompli des votes multiples dans les différents centres de la capitale à l’aide des ordres de missions établis par la hiérarchie. Inéluctablement les mascarades électorales qui ont eu lieu dans les régions intérieures ont donné lieu à des scores fleuves en faveur de l’UMP. Des scores qui ne reflètent pas les foules de milliers de gens qui ont participé aux meetings de l’USN. A Djibouti ville, malgré les votes irréguliers de plusieurs milliers , l’UMP n’a pas été en mesure de rattraper son énorme retard avec un USN qui le devançait encore de 10298 voix après les dépouillements publics des urnes. La victoire de l’USN est sans appel ; l’USN gagne 55,81% , l’UMP totalise 41,55% et le CDU obtient 2,64% des voix. Au quartier général de l’UMP, la douleur est intense et rapidement les responsables et les rares partisans du groupement désertent le lieu. Une équipe nombreuse des journalistes de la RTD s’est rendue au quartier de l’USN pour immortaliser ce moment exceptionnel de joie . Certains très hauts responsables de l’Etat ont commencé à congratuler des dirigeants de l’USN qu’ils ont croisés dans les couloirs du ministère de l’intérieur. Malheureusement ces résultats sortis des urnes, et connus de tous, ont été tripatouillés au ministère de l’intérieur. Tard dans la nuit, aux environs de deux heures du matin, la RTD commence à égrener les résultats de 124 bureaux de vote de la ville de Djibouti. Les résultats de quarante et un d’entre eux ont été changés. Dans dix neuf bureaux de vote, les fraudeurs ont inversé les scores en attribuant les chiffres de l’USN à l’UMP et vice versa. Dans quinze autres bureaux les scores de l’UMP ont été tout simplement majorés. Enfin dans les sept bureaux restant , les suffrages de l’USN ont été réduits tandis que les nombres des voix en faveur de l’UMP ont été augmentés. Au petit matin, à 5heures, les journalistes de la RTD interrompent leurs annonces et cèdent l’antenne au ministre de l’intérieur. A la grande stupeur de tout le monde, le ministre de l’intérieur prononce le résultat de cette grande escroquerie en accordant la victoire de Djibouti ville à l’UMP avec 49,39% de voix contre 47,61% de voix en faveur de l’USN et crédite de 2,98% de voix au CDU. Depuis une semaine s’est écoulée et le ministre de l’intérieur n’a pas publié encore les résultats par bureaux de vote pour justifier ce mensonge d’Etat et les présenter au conseil constitutionnel pour vérification. Cette énorme escroquerie électorale qui dans la mémoire collective des consultations nationales n’a rien de comparable dans sa maladresse a provoqué la colère des Djiboutiens et des Djiboutiennes . De grandes manifestations pacifiques pour protester contre cette immense fraude électorale se déroulent depuis une semaine dans le pays mais le régime réprime férocement pour disperser les manifestants. Trois dignitaires religieux respectés de tous sont inculpés depuis mais une centaine de personnes croupit illégalement dans les geôles des commissariats de police, de la gendarmerie et dans les locaux du sinistre camp de Nagad.
Posted on: Sat, 17 Aug 2013 14:22:56 +0000

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