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lun, 28 oct 2013, 03:41 Posté Par Guineenews Dossiers, La Une, News 18 11913 Dossier – La «malédiction» des fraudes électorales en Guinée : l’ère coloniale (1ère partie) Le bien mal acquis ne profite pas, et le processus électoral depuis la période coloniale illustre parfaitement ce dicton. Nous vous livrons une analyse puisant dans le travail d’historiens guinéens et étrangers pour retracer l’origine de la culture de la fraude électorale en Guinée et son impact sur l’évolution politique du pays. Durant la période précoloniale, le territoire qui deviendra plus tard la Guinée était constitué de petits Etats, de royaumes et de principautés. Le scrutin de masse était inconnu et le pouvoir se gagnait par la force ou par des arrangements entre les élites aristocratiques ou religieuses. C’est à la fin de l’année 1870, que les Français envahiront le territoire pour le coloniser graduellement. Le 17 décembre 1891, ils créent par décret royal la colonie autonome qui sera appelée « Guinée Française » en remplacement de la colonie des « Rivières du Sud » gérée à partir du Sénégal voisin. Les Guinéens n’auront aucune voix dans l’avenir de leur territoire. Le pouvoir suprême était détenu par un gouverneur de colonie. Noël Ballay leur est imposé comme le premier gouverneur de la colonie. La conquête coloniale se poursuit non sans résistance jusquà la défaite des souverains des Etats incorporés dans la colonie. En 1891, Dinah Salifou de la Basse Guinée est déporté au Sénégal ; l’Almamy du Fouta est vaincu à la bataille de Porédaka en 1895 ; Samory Touré est vaincu et arrêté en 1898 ; Alpha Yaya s’incline en 1905 ; le résistant de la forêt Nzegbela Togba Pivi est arrêté et meurt en 1908 ; le Wali de Gomba (Kindia) tombe en 1911. Le début de l’émancipation est marqué par des élections transparentes Les Guinéens étant privés de leur droit à l’auto-détermination, c’est le pouvoir colonial qui nommait des auxiliaires indigènes pour servir de lien entre l’administration et les populations. C’est la deuxième guerre mondiale qui offrira l’occasion aux Guinéens de recouvrir graduellement le droit à l’émancipation politique. La France au bord d’une défaite cuisante sera occupée par l’Allemagne et elle devra faire appel à des renforts à partir des colonies pour mener sa guerre de libération. Comme cadeau, la France promet l’émancipation politique après sa libération. Le début de réalisation de cette promesse est marqué par la conférence de Brazzaville, organisée du 30 janvier au 8 février 1944, par le comité français de la libération nationale. Une des décisions de la conférence est labolition du code de lindigénat et la mise en place d’une politique d’assimilation au niveau des colonies. Suite à cette décision, les sujets guinéens s’organisent pour participer à la vie politique et syndicale. Certains guineens dits « évolués » sont alors autorisés à voter pour leurs représentants dans un processus plus ou moins démocratique. Les premières élections de l’histoire du pays sont organisées le 21 octobre 1945 pour mettre en place une Assemblée chargée d’élaborer la Constitution de la cinquième république française. Conformément à la loi électorale d’alors, deux collèges électoraux sont constitués : un collège pour les citoyens français et un autre pour les « indigènes » soit disant « évolués ». Le total nombre d’électeurs inscrits était d’environ 18,000, dont 2000 citoyens. Ces électeurs devront choisir parmi 22 candidats en lice les deux députés qui vont siéger pour la Guinée au Palais de Bourbon. Le Français Maurice Chevance est élu par le collège des citoyens, et Yacine Diallo devient le premier député élu par les Guinéens. Le 2 juin 1946, a lieu la deuxième expérience électorale du pays pour désigner les deux représentants de la Guinée à l’Assemblée constituante. Le nombre d’électeurs inscrits s’élève à 24,000, et treize personnes se portent candidats. C’est Yassine Diallo et Jean-Baptiste Ferracci qui sortiront vainqueurs La troisième expérience électorale prend un caractère plutôt populaire. Le double collège électoral est éliminé et le droit de vote s’étend à un plus grand nombre de non-français. Les élections générales sont organisées le 10 Novembre 1946, avec près de 100,000 électeurs. Les candidats présentent quatre listes dont : (i) lUnion Socialiste et Progressiste de Guinée (Yacine Diallo et Fodé Mamoudou Touré) ; (ii) le Parti Socialiste de Guinée (Mamba Sano et Barry Diawadou) ; (iii) l’Union Démocratique Africaine (Lamine Kaba et Amara Sissoko) ; et (iv) le Rassemblement de Gauche Guinéen (Fara Millimono et Ousmane Bakélè Sankhon). Les résultats donnent gagnant Yacine Diallo (63,36 pourcent) et Mamba Sano (32.42 pourcent). Jusque la, l’attitude neutre de l’Administration confère un caractère « fairplay » aux élections. Il n’y a pas de fraude ou d’irrégularité et les résultats sont acceptés et reconnus par tous les candidats en lice. C’est le parti-pris de l’administration coloniale sème la culture de la fraude électorale en Guinée Aux forts moments de la lutte d’émancipation des Guinéens, le gouverneur colonial Roland-Pré présidait aux destinées du pays. Il avait une grande vision économique du pays et avait élaboré un plan de développement industriel qui devrait faire de la Guinée l’un des pays le plus développé de l’Afrique. L’exploitation de bauxites de Fria, le projet de minerai de fer du Simandou et le transguinéen étaient déjà en phase de préparation sous son mandat. A la faveur de la nouvelle politique d’assimilation, les députés africains à l’Assemblée Nationale française invitent tous les responsables politiques de l’Afrique occidentale française à Bamako, la capitale du Soudan français (actuel Mali), le 18 octobre 1946, pour créer le rassemblement démocratique africain (RDA). La section guinéenne du RDA, dénommée plus tard Parti Démocratique de Guinée – RDA (PDG-RDA) sera créé le 14 mai 1947 par des fonctionnaires, dont Madeira Keita, un Malien, qui deviendra son premier secrétaire général et un certain Sékou Touré, syndicaliste de son état, qui prendra plus tard la direction du parti. Contrairement aux sections RDA des pays voisins, le RDA guinéen, sous la direction de Sékou Touré, prône le nationalisme et la vision marxiste-communiste du développement. Le RDA en Guinée s’appuie sur la « lutte des classes » en opposant les masses analphabètes, les ouvriers, et les fonctionnaires de la classe moyenne aux élites intellectuelles du pays. Le pouvoir colonial s’inquiète du populisme de Sékou Touré et le considère comme un agitateur. Le gouverneur Roland Pré ira jusquà le menacer de déportation au Niger. En fin de compte, Sékou Touré est radié de la fonction publique en janvier 1951, mais continue ses activités politiques devant l’adversité de plus en plus grandissante de l’Administration coloniale. C’est de cette expérience que les Guinéens apprendront la pratique de persécution de tout ce qui s’oppose au pouvoir. Les opposants du RDA sont considérés comme des « radicaux » et accusés de tous les maux. Les moyens de l’Etat sont mis à contribution pour les persécuter dans tout le pays. Quand ils se plaignent des exactions du pouvoir, ils sont accusés de s’adonner à la « victimisation ». Les journaux favorables au RDA, tels que le « Phare de Guinée » et son successeur « Le Coup de Bambou » sont poursuivis pour diffamation et soumis au paiement de lourdes amendes chaque fois qu’ils critiquent le pouvoir. Le maire de Conakry (Resco avant la lettre) refusait d’autoriser les manifestations du RDA et avait même demandé à la société privée CFAO de refuser de louer ses locaux pour les réunions du parti. Aussi, le journal du gouvernement refuse de publier les avis de manifestations. Les intimidations répétées forcent beaucoup de fonctionnaires à s’aligner derrière le candidat du parti soutenu par le pouvoir. Une bonne partie de l’élite instinctuelle et religieuse se range derrière le pouvoir colonial. Par deux fois, Sékou Touré essaye de se porter candidat mais sa demande est rejetée pour des raisons souvent fallacieuses. Il arrive finalement à se porter candidat pour la première fois durant les élections du 17 Juin 1951, organisées pour renouveler les députés guinéens à l’Assemblée nationale française. Cette fois-ci la Guinée a trois sièges et huit listes électorales de 24 candidats non-français. Sékou Touré se présente sous la liste de l’Union des Travailleurs et Anciens Combattants avec deux autres candidats : Mamadou Djouldé Barry et Niankyoe Samoe. Les autres candidats en lice comprenaient Fodé Mamoudou Touré, Oumar Barry et Lamine N’Diaye de l’Union Guinéenne ; le député Yacine Diallo qui s’est présenté sous la liste socialiste d’Union Guinéenne avec Albert Luriette et Komby Diallo ; le député Mamba Sano, avec Maurice Montra et Farah Touré comme Indépendant ; Diawadou Barry de l’Action Démocratique et Sociale ; et Karim Bangoura de l’Action Economique et Sociale. La campagne était menée dans une atmosphère bon-enfant. Sur les 221,256 suffrages exprimés, la liste de Yacine Diallo et d’Albert Luriette l’emporte avec 67,480 votes ; la liste de Mamba Sano recolte 47,652 votes et celle de Sékou Touré 31,071 votes. Dans une scène postélectorale qui rappelle la Guinée d’aujourd’hui (62 ans plus tard), les élections sont teintées d’irrégularités et les résultats sont contestés par le candidat perdant. Sékou Touré accuse le pouvoir de manque de neutralité et de complicité dans une fraude à grande échelle. Les faits lui donnaient raison. En effet, l’administration donnait aux commandants de cercle acquis à sa cause le droit de nommer les chefs de bureau de vote et excluait systématiquement les sympathisants du RDA. Les recensements sont accélérés dans les fiefs favorables aux candidats du régime et retardés ou sabotés dans les fiefs du RDA. Au vu de ces irrégularités, Sékou Touré décide d’introduire un recours devant l’institution surprême habilitée à valider le scrutin. En ces temps, cette institution était l’Assemblée Nationale française. Sékou Touré prépare un dossier estimant qu’il a été triché et qu’on l’a dépossédé de 30,000 votes (ce qui est de loin supérieur aux 17,000 votes qui le séparaient de Mamba Sano, qualifié deuxième député). Avec le soutien financier du Parti Communiste français, Sékou Touré charge le co-fondateur du RDA guinéen, Madeira Keita, d’aller en personne à Paris pour porter ses griefs devant l’Assemblée Nationale française et solliciter l’annulation pure et simple du scrutin pour cause de fraude et d’irrégularités. L’émissaire est muni des preuves tangibles de la fraude et la complicité de l’administration. L’Assemblé Nationale française examine le dossier et organise un vote pour se prononcer sur la validité des résultats. Sékou Touré avait peu d’alliés à part le Parti Communiste français. Le résultat du vote était 237 députés français pour la validation des résultats et 45 contre. A la grande déception de Sékou Touré, les résultats des élections sont validés malgré les irrégularités constatées. Il est obligé de consommer la défaite et de continuer son combat d’opposant. En 1953, il mène la grève syndicale de 71 jours qui le rend plus populaire. Le 2 août 1953, la mort du député de l’Assemblée territoriale de Beyla, Paul Tétau donne à Sékou Touré une ouverture pour un poste électif. Il se porte alors candidat et gagne le siège. En 1954, il sera élu à l’un des trois postes de Secrétaire général de la CGT et gagne en popularité. La grande ouverture se matérialise quand le premier député guinéen à l’Assemblée Nationale française, Yassine Diallo, décède le 14 avril 1954 des suites d’une embolie sans avoir fini son mandat. C’est une seconde mort que Sékou exploitera pour obtenir le siège prestigieux de député de la Guinée à l’Assemblée Nationale française. Le 27 juin 1954, des élections partielles sont organisées en vue de remplacer Yassine Diallo. Sékou Touré se présente sous le parti PDG-RDA. Il est en lice avec cinq autres candidats dont : Ibrahima Barry dit « Barry III » (Section Française de l’Internationale Ouvrière) ; Fodé Cissé (Liste d’Intérêts collectifs de Guinée) ; Chaikou Baldé (Indépendant) ; Komby Diallo (Anciens Combattants ; Jean-Pierre Fara Boukoundou Touré (Indépendants dAction Economique et Sociale). Sékou avait le soutien des travailleurs syndiqués et la masse illettrée. Ses principaux challengers étaient Diawadou Barry, considéré comme le candidat du pouvoir et de « Barry III » le candidat des réformateurs. Sur les 254.722 suffrages exprimés, Diawadou Barry récolte 149,497 voix et Sékou Touré 85.808 voix. Il crie encore à la fraude électorale en faveur du candidat du pouvoir. Cette fois-ci c’est le gouverneur Jean-Paul Parisot qui fait le sale boulot de la fraude. Il donne des consignes à toute l’administration pour barrer la route à Sékou Touré. Les moyens de l’Etat sont mis à contribution pour s’assurer que les résultats correspondent aux vœux du gouverneur. Les fonctionnaires bénéficieront d’un congé et du soutien logistique de l’Etat pour battre campagne pour les candidats du pouvoir dans leur région d’origine. Par endroits, les chefs de canton supervisaient le décompte pour s’assurer que le candidat préféré du pouvoir obtienne le nombre de vote requis. Excédés par les abus du pouvoir et le recours à la fraude, les militants de lopposition n’attendent pas le mot d’ordre de leur parti pour exprimer leur désarroi. Au lendemain de la proclamation des résultats, la violence éclate à Conakry et dans tout le pays. Les femmes du Kaloum réclament la victoire de leur « Sily Sèkhou » et menacent la violence. Sékou Touré qui était à l’intérieur accourt à Conakry, et est reçu par une masse en délire de 30,000 personnes aux chants de « Sily a gagné ! On nous a volés le scrutin ». Les mois suivants, la violence post électorale atteindra un niveau de cruauté digne du pogrom rwandais, toutes proportions gardées. Des voitures sont brûlées et des maisons saccagées à Conakry. Des attaques sont organisées contre les fonctionnaires de l’administration. Les anti-RDA de Conakry, dont les partisans de Diawadou Barry et d’autres notabilités de Conakry comme El Hadj Alkaly Ibrahima Soumah, sont considérés comme les facilitateurs de la fraude et violentés par les éléments de Momo Jo. L’Almamy David Sylla, chef de Canton de Labaya, fut accusé d’avoir falsifié les résultats du vote de Tondon en faveur des partis anti-RDA. Le 9 février 1955, alors que Sylla se rendait à Bembaya pour percevoir les taxes locales, il a failli être lynché. En réponse, le pouvoir de Conakry dépêche un escadron militaire qui charge sur la foule et les disperse avec le gaz lacrymogène. Le nombre de blessés graves s’élève à 37 personnes dont la moitié était des femmes. C’est dans cette circonstance que la femme de Thierno Camara, chef du parti RDA de Tondon, sera assassinée par le chef de canton David Sylla. La femme dont le nom était M’Balia Camara, responsable du comité des femmes du RDA de Tondon, sera l’héroïne du PDG-RDA et sa mort galvanisera le parti. Sékou Touré intervient pour calmer ses militants. Il lance un appel au calme et entreprend une tournée à l’intérieur du pays pour encourager ses partisans à renoncer à la violence. Il soutient que le RDA est le « Parti de la Paix » et exhorte les citoyens à ne pas répondre aux attaques. Il dira : « S’ils vous insultent, ne répondez pas. S’ils vous attaquent, ne répondez pas. Prenez un témoin et aller porter plainte à la police ». Encouragé par cette réplique responsable de Sékou Touré, le nouveau chef du gouvernement français, Mendes France dépêche son ministre de la France d’Outre Mer en octobre 1954 pour calmer la situation. Il révoque le gouverneur fraudeur Jean-Claude Parisot et le remplace par Charles-Henri Bonfils qui va initier une détente envers le RDA et faire de Sékou Touré « un interlocuteur valable » aux yeux de la France. C’est à la faveur de ce coup de théâtre que Sékou Touré entamera son ascension politique. A la suite d’une dissolution de l’Assemblée Nationale française le 1er décembre 1956, de nouvelles élections sont organisées en Guinée pour pourvoir les trois sièges attribués au pays. Quatre listes et six candidats sont en lice. Ces candidats sont : Sékou Touré, Saifoulaye Diallo et Louis Lansana Béavogui du PDG-RDA ; Diawadou Barry, Mamba Sano, et Koumandian Keita du Bloc Africain de Guinée ; Barry III, Chaikou Baldé et El Hadj Kane de la Démocratie Socialiste de Guinée ; Jean Pierre Farah Bokoundo Touré et François Guilavogui de la liste Forestière Indépendante dAction Economique et Sociale. A l’issue d’une campagne axée sur la division des classes, 561,943 Guinéens exercent leur droit de vote. Le résultat du scrutin donne 346.716 voix (61 pourcent) à la liste du RDA (Sékou Touré et Saifoulaye Diallo) ; 146,543 voix (26%) au BAG (Diawadou Barry). Le DSG n’aura que 55.385 voix et lUnion Forestière 13.303 voix. A partir de ce vote Sékou Touré devient député de la Guinée à l’Assemblée Nationale française et dirigera plus tard le gouvernement de la Loi-cadre qui offre le tremplin pour son accession à la magistrature suprême de la Guinée indépendante. À suivre… Léquipe de rédaction de Guinéenews A propos de lauteur ⁄ Guineenews La Guinée par les Guinéens.
Posted on: Wed, 30 Oct 2013 10:19:25 +0000

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