[Édito] Rachat de Nokia par Microsoft, entre hasards et théorie - TopicsExpress



          

[Édito] Rachat de Nokia par Microsoft, entre hasards et théorie du complot ::: Un édito garanti sans Illuminati et Nouvel Ordre Mondial ! Lors du premier trimestre 2014, la branche téléphonie mobile de Nokia devrait appartenir à Microsoft, ceci en échange dun chèque de 5,44 milliards deuros (soit moins que pour Skype). Mais depuis cette annonce, et en réalité depuis la nouvelle de son arrivée dès le mois de septembre 2010, tous les yeux sont braqués sur Stephen Elop, le patron de Nokia. Il faut dire que de nombreux points étonnants ont de quoi rendre suspects tous les agissements de lancien président Business de Microsoft, et ce rachat par son ancien employeur. Une « crise » en 2009/2010 à tempérer ! Avec 64,6 millions de téléphones écoulés dans le monde lors du troisième trimestre 2013, Nokia est aujourdhui encore une entreprise majeure dans le secteur de la téléphonie. En réalité, seul Samsung fait mieux à ce jour. Pourtant, limage de la société finlandaise sest étiolée ces dernières années, notamment du fait de ses choix stratégiques dans le secteur des smartphones, marché phare et lucratif. Mais revenons trois ans en arrière. En 2010, les iPhone et les smartphones sous Android montent en puissance, faisant de lombre aux téléphones plus classiques. Pourtant, si lon analyse de près les données de 2010, année où Nokia a décidé de licencier son patron présent depuis quatre ans à ce poste (et trente ans au sein de lentreprise), y avait-il péril en la demeure ? Pas vraiment. Certes, les parts de marché gigantesques de Nokia étaient déjà en fort recul cette année là, avec 33,1 % du secteur des smartphones, contre 39 % en 2009 selon IDC. Le dernier trimestre 2010 était pire encore avec une part de marché de 28 %, contre 38,6 % fin 2009. Mais cest surtout oublier que Nokia a écoulé 100,3 millions de smartphones cette année (+48,2 %), dont 28,3 millions au dernier trimestre (+36,1 %). Depuis de nombreux trimestres, Apple perd des parts de marché dans le secteur des smartphones du fait de la pression imposée par Samsung. Annonce-t-on pour autant que la société américaine est en crise, quelle doit changer de direction ou même de système dexploitation ? Non, car les ventes en quantité restent importantes, et Apple perd de linfluence car sa croissance est inférieure à celle des concurrents, tout simplement. Cela ne signifie pas néanmoins que la pomme doit entamer une révolution et changer de tout au tout. Cest pourtant ce qua fait Nokia à cette époque. Bien entendu, certains noteront quen réalité, les parts de marché du constructeur ne se sont pas étiolées en 2010, mais que cela avait déjà commencé en 2009. Mais là encore, il ne sagissait que de pourcentage, non de quantité. Si effectivement Symbian perdait de sa superbe et quiOS et Android imprimaient une pression non négligeable, lavis de décès de Nokia semblait encore bien loin au regard de ses niveaux de ventes et de ses taux de croissance. Elop, un choix avant tout étonnant ! En septembre 2010, le n°1 du téléphone au monde (depuis 1998 aux dépens de Motorola) a donc annoncé quil était temps de changer de direction et de stratégoe. Stephen Elop a ainsi remplacé Olli-Pekka Kallasvuo (dit OPK) le 21 septembre précisément. Mais pourquoi ce choix de Stephen Elop ? Après tout, le Canadien navait aucune expérience réelle dans le secteur de la téléphonie mobile. Il a en effet travaillé pour des sociétés comme Lotus Development, Macromedia (sept ans), Adobe (un an), Juniper Networks (un an) et la branche Business de Microsoft (durant moins de trois ans). Qui plus est, son CV indique quil a travaillé en tant que Directeur des Systèmes dInformation au sein de la chaîne dalimentation Boston Chicken entre 1992 et 1998, année où la société a fait usage du chapitre 11 de la loi sur les faillites avant dêtre rachetée un peu plus tard par McDonalds. Rajoutons quElop a été PDG de Macromedia trois mois à peine avant... son rachat par Adobe. En bref, hormis son expérience générale, le CV de Stephen Elop navait pas de quoi faire sauter au plafond ni de quoi laisser espérer une remontée des parts de marché de la part de Nokia. Dautant plus quauparavant, les patrons du géant de la téléphonie mobile avait toujours été Finlandais. Ce choix a-t-il été poussé par Microsoft ? Le conseil dadministration de Nokia a-t-il été manipulé ? Le but était-il de faire dElop un cheval de Troie afin de réduire la valeur de Nokia et permettre à Microsoft de le racheter pour une bouchée de pain ? Beaucoup le pensent, certains le sous-entendent fortement voire laffirment, notamment en France, aux États-Unis, et bien entendu en Finlande (ici ou encore là) où laffaire fait évidemment grand bruit tant lentreprise a une importance majeure pour son image. Rappelons tout de même quà ce jour, Nokia (dans son ensemble) vaut 28 milliards de dollars, contre plus de 37 milliards quand Stephen Elop a été mis en place et près de 150 milliards de dollars à son apogée (boursière) fin 2007. Une vente et un contrat équivoques ! La suite de lhistoire entre fin 2010 et 2013 est plus connue et ne mérite pas que nous nous penchions dessus longuement, cela a déjà été fait maintes fois. En résumé, Elop a décidé en février 2011 de sallier avec Microsoft, de choisir Windows Phone et donc dabandonner peu à peu Symbian. Les premiers modèles de Nokia étaient en outre fournis avec Windows Phone 7. Or, quelques mois à peine après leur mise en vente, Microsoft annonçait que les modèles WP7 ne seraient pas mis à jour vers la version 8 du système à cause de changements techniques très importants. Au temps pour la pérennité commerciale des premiers Lumia… Stephen Elop (à gauche), ex-Microsoft, ex-Nokia, futur Microsoft. Steve Ballmer (à droite), actuel Microsoft, sur le départ. Mais si les suspicions envers Stephen Elop étaient déjà importantes du fait de son passé et de ses choix stratégiques, la vente de la division mobile de Nokia à Microsoft a ajouté un argument de plus aux plus dubitatifs. Sans surprise, Stephen Elop va réintégrer Microsoft ; il a dailleurs quitté son poste de PDG de Nokia ainsi que son siège au sein du conseil dadministration dès lannonce du rachat. Mais nous avons surtout appris que cette vente allait lui rapporter un pactole de 18,8 millions deuros, soit environ 25 millions de dollars. Une nouvelle à la fois choquante pour la Finlande où les licenciements ont été nombreux, au point dagiter la sphère politique locale, et en même temps peu étonnante pour les adeptes de la théorie du complot de la première heure. Le problème de ce bonus géant réside dans lassociation de plusieurs faits surprenants. Tout dabord, le contrat dElop stipulait quune prime lui serait versée en cas de vente à une autre société (permettant à laction de rebondir), clause qui nétait pas présente dans le contrat du précédent PDG de Nokia. Une clause qui a surtout incité Elop à élaborer une stratégie visant à vendre Nokia, ou tout du moins une partie de la société. Autre point majeur, nous savons que ce bonus sera majoritairement pris en charge par Microsoft et non par Nokia, pourtant son employeur. De quoi encore alimenter lidée du Cheval de Troie. Mais ce nest pas tout. Suite à ces révélations de la presse finlandaise, confirmées plus tard par Nokia elle-même dans ses documents destinés aux investisseurs, la direction de la société européenne a commencé à semmêler les pinceaux, assurant dans un premier temps que le contrat dElop était similaire à son prédécesseur (ce qui est faux), ou encore en déclarant que si Microsoft navait pas payé 70 % de cette prime, Nokia aurait dû la prendre en charge à 100 %. Sachant que cette particularité a été négociée la veille de lofficialisation du rachat. Rajoutons enfin quil a été demandé à Elop de rembourser son bonus, demande déclinée par ce dernier pour la simple et bonne raison quil était en train de divorcer et que sa compagne comptait bien avoir sa part du pactole... Aujourdhui, Risto Siilasmaa, président du conseil dadministration et actuel PDG de Nokia par intérim (moyennant une toute petite prime ridicule de 500 000 euros), est dans une situation périlleuse. Le Finlandais est en effet accusé davoir réalisé de fausses déclarations au sujet du contrat de Stephen Elop, en rapport à ce que nous avons décrit ci-dessus. Les petits actionnaires de Nokia ont dailleurs très peu apprécié ces propos. Notez aussi que si tous les regards se sont tournés vers Elop quant aux relations entre Nokia et Microsoft, il faut savoir que cest en réalité Siilasmaa qui a principalement négocié la vente de sa division mobile à la firme américaine. Le fondateur et ex-président de F-Secure est aussi présent au conseil dadministration de Nokia depuis 2008. Il était donc présent lors du choix de Stephen Elop en 2010. Le 19 novembre prochain, soit dans dix jours, se tiendra une réunion extraordinaire des actionnaires. Il sera alors question de valider ou non lacquisition par Microsoft. La prime exceptionnelle versée à Stephen Elop sera aussi en jeu.
Posted on: Sat, 09 Nov 2013 13:49:29 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015