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- Les îles Senkaku ou Diaoyutai, en septembre 2012. REUTERS/Kyodo - Ce sont quelques îlots rocheux perdus dans l’océan Pacifique entre Taïwan et le Japon. Ces 7 km2 sont peuplés de moutons mais les experts estiment que le sous-sol environnant regorge d’hydrocarbures. Les îles Senkaku (en japonais) ou Diaoyutai (en chinois) seront-elles le prétexte d’une nouvelle guerre du Pacifique? La Chine vient d’étendre sa «zone d’identification aérienne» sur ces îles dont elle revendique la souveraineté. Ses envoyés sont venus jusqu’à la Bibliothèque nationale à Paris pour chercher des cartes qui attestent de la présence chinoise depuis 1372. Les Japonais affirment qu’elles leur appartiennent. Agrandir le plan Après la Deuxième guerre mondiale, elles ont servies de place de manœuvres pour les forces américaines qui en ont remis l’administration au Japon en 1972. Depuis un an la tension n’a cessé de monter dans la région entre Pékin et Tokyo. Pour éviter que la propriété des Senkaku ne revienne à un riche Japonais très nationaliste, le gouvernement nippon a «nationalisé» l’archipel. Les Chinois, tant les autorités communistes de Pékin que le gouvernement de Taïwan, y ont vu une «provocation». La Chine a envoyé ses frégates mouiller dans les eaux contestées, suscitant quelques incidents avec les pécheurs japonais. La proclamation d’une «zone d’indentification aérienne» est un pas supplémentaire dans le bras de fer. Aucun traité international ne régit ces zones d’identification aérienne (ADIZ) dont la définition est laissée à chaque pays. Les appareils, commerciaux ou militaires, volant dans cette zone doivent s’identifier auprès des autorités locales. Il y a une quarantaine d’années que le Japon a placé les Senkaku dans sa propre ADIZ. Au-delà des arguties juridiques, on assiste à des démonstrations de force de part et d’autre, dont la signification dépasse largement le sort de quelques îlots rocheux. Les Etats-Unis ont envoyé deux bombardiers B-52 dans la zone revendiquée par la Chine. Les Japonais et les Sud-Coréens, qui ont aussi des prétentions sur ces îles, ont fait de même. Le porte-avions George Washington avec ses bâtiments d’accompagnement fait route vers la zone. Il s’agit, dit-on au Pentagone, de manœuvres communes sino-américaines prévues de longue date. Mais la coïncidence avec les récentes décisions chinoises ne saurait être fortuite. Senkaku de 2013 = Balkans de 1913? En réponse, le Liaoning, le seul porte-avions chinois, se dirige vers les Senkaku-Diaoyutai. La Chine n’est pas une puissance maritime traditionnelle mais elle est en train de se doter d’une marine capable de se projeter dans la mer de Chine du nord et du sud, où elle entend faire respecter ses revendications territoriales. Les autorités de Pékin ont précisé que leur but était d’identifier les avions qui survoleraient la zone et qu’il n’était pas question de descendre ces appareils. Mais le risque existe d’un incident mal maitrisé qui dégénère. Déjà, à Washington, certains observateurs appartenant au camp conservateur ont fait la comparaison avec Sarajevo et l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand d’Autriche en 1914 qui a déclenché la Première guerre mondiale. C’est évidemment une exagération. Toutefois, ce qui se joue autour des Senkaku- Diaoyutai est un épisode du face-à-face global entre les Etats-Unis et la Chine dans le Pacifique. Sans chercher une parité militaire générale avec les Américains qui lui risquerait de les ruiner comme elle a ruiné l’Union soviétique, les Chinois veulent affirmer leur hégémonie en Asie. Les Etats-Unis, qui se considèrent comme une puissance du Pacifique, sont un obstacle à cette ambition. Surtout depuis que Barack Obama a fait du «pivotement» de la stratégie américaine en direction de l’Asie une priorité de sa politique étrangère. Les Chinois craignent que ce basculement, appelé aussi rééquilibrage, de la stratégie américaine vise à les endiguer, comme la politique de «containment» avait pour but d’endiguer l’Union soviétique après la Deuxième guerre mondiale. Les Américains s’en défendent mais ils ont renouvelé leur garantie de défense pour leurs alliés les plus proches – Japon et Corée du Sud, sans parler de Taïwan – et resserrer leurs relations avec d’autres pays, comme le Vietnam avec qui ils ont été en guerre pendant dans années. Cette politique est ressentie par les Chinois comme une menace pour leur propre sécurité. D’où la volonté d’étendre leur zone d’influence et de repousser les Etats-Unis. Cependant, l’attitude des différents protagonistes est pour le moins ambivalente. La Chine se plaint de l’omniprésence des Américains. Mais veut-elle, à supposer qu’elle en ait les moyens, les chasser de la mer de Chine? C’est peu probable. Elle préfère encore avoir pour interlocuteur les Etats-Unis qui garantissent la sécurité de leurs alliés plutôt que de créer un vide que le Japon ne manquerait pas de remplir, y compris en se dotant de l’arme nucléaire. Interdépendance des économies Même ambivalence du côté des autres pays de la région. Le Vietnam, les Philippines, la Corée du sud craignent d’autant plus la volonté de puissance de la Chine que celle-ci ne cache pas ses convoitises sur des territoires leur appartenant. Ils se tournent donc vers les Américains pour assurer leur protection. Mais en même temps, ils veillent à ce que leur rapprochement avec Washington ne soit pas considéré à Pékin comme un prétexte pour les menacer encore plus directement. Ils veulent d’autant plus ménager le grand voisin chinois que celui-ci est une puissance économique avec laquelle ils doivent compter pour leur propre développement. Quant aux Américains, ils sont divisés sur l’attitude à adopter à l’égard de la Chine. Si tous les spécialistes sont à peu près d’accord pour penser que le régime communiste cherche à affirmer sa puissance – l’augmentation rapide de son budget militaire en témoigne –, ils se séparent sur la réponse appropriée. Certains penchent pour la politique de fermeté comparable à celle qui a été menée vis-à-vis de Moscou au temps de la guerre froide; d’autres estiment qu’il faut au contraire chercher à intégrer Pékin dans un système de sécurité collective dans le Pacifique, tout en traçant des limites à «l’expansionnisme chinois». La situation stratégique se complique du fait de l’interdépendance économique et financière croissante entre les Etats-Unis et la Chine, qui interdit tout parallèle entre les tensions actuelles dans le Pacifique et la rivalité soviéto-américaine. En visite à Pékin, le vice-président Joe Biden doit veiller à ce que personne ne se méprenne sur les intentions de l’autre. Et éviter que l’on passe de l’intimidation à la confrontation. Daniel Vernet
Posted on: Tue, 03 Dec 2013 12:10:47 +0000

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