1997 - 2002 Le 2ème mandat d’Alpha Oumar Konaré a été - TopicsExpress



          

1997 - 2002 Le 2ème mandat d’Alpha Oumar Konaré a été marqué par une période de continuité par rapport au 1er mandat avec une débauche sans précédent de la société malienne, puis s’en est suivie une bataille de leadership en vue de la succession du président dans la mesure où conformément à la Constitution malienne Alpha Oumar Konaré ne pouvait prétendre à 2 mandats consécutifs. La continuité s’inscrivait par le maintien à la tête du gouvernement, même si dans les faits c’est bien le président Alpha Oumar Konaré qui disposait de la réalité du pouvoir, et surtout c’est bien lui qui continuait de coordonner l’action du gouvernement. La continuité s’inscrit également avec le maintien d’IBK à la tête de l’ADEMA avec la bénédiction d’Alpha Oumar Konaré, même si ce dernier commençait à s’agacer des dérives de celui qui se voyait calife à la place du calife ! En effet, plus que jamais, avec IBK, l’ADEMA était devenu de fait un parti unique et il était inconcevable faire carrière politique ou même professionnelle au Mali sans être membre de l’ADEMA. Ce parti qui avait une âme militante réelle s’est transformé en fan club IBK en vue de l’échéance électorale à venir qui était perçue comme une formalité. Le contrôle de l’ADEMA étant devenu un enjeu pour gagner les prochaines élections présidentielle et législative, ce parti est devenu le symbole de toutes les dérives du 2ème mandat d’Alpha Oumar Konaré. Le siège de l’ADEMA s’est vite transformé en super ministère au service d’un clan. Un parc automobile impressionnant que j’ai pu estimer personnellement à au moins de 100 véhicules dont près de 80 véhicules 4X4 tout terrain. A l’époque, l’ensemble des membres du comité exécutif de l’ADEMA étaient ministre où directeur de grandes sociétés d’état. Comme on aime le dire au Mali, tout le monde se connait et on sait qui est qui et qui vient d’où dans ce pays. Très peu, et je dis bien très peu, de personnalités politiques de 1er plan au Mali ont été épargnées par les rumeurs d’enrichissement illicite. Au-delà de certains éléments indéniables qui mériteraient notre attention, que ça soit sur l’ampleur des biens accumulés, le train de vie des familles au Mali ou à l’étranger…le Mali est entré dans la liste des pays les plus corrompus au monde au point même d’interpeller les partenaires techniques et financiers. La corruption érigée en système de gouvernance par l’ADEMA s’est généralisée au point d’en faire un acte d’exemplarité pour la jeunesse qui attendait son tour. Cette corruption a miné la société malienne de l’intérieur et l’éducation nationale n’était pas en reste. Déjà à cette époque, la marchandisation de la société était en marche : les notes, les diplômes, les bourses pécuniaires, les bourses d’enseignement supérieur à l’étranger, les faux titres fonciers, les biens de l’état…. Avec l’ampleur de cette corruption au sein de la société malienne, tous les repères sociaux ont volé en éclat au point de remettre en cause en cause l’humanité même en son sein. Au regard de l’ampleur de l’enrichissement exponentiel, à la fois illicite et soudain, les mécanismes traditionnels de redistribution se sont estompés alors que l’état n’a pas su créer les conditions de la redistribution sociale des richesses. La libéralisation économique a également entraîné une libéralisation sans précédent des mœurs avec pour effet de développer les vices (cigarette, alcool, drogue, prostitution…) au sein de la société malienne puis une pratique plus radicale de l’islam ou de certaines pratiques traditionnelles sur fond de repli identitaire dangereux pour la cohésion et le vivre ensemble. Tel est le bilan de la gestion du pouvoir par l’ADEMA. Il est évident qu’outre Alpha Oumar Konaré, les principaux barons de l’ADEMA ont leur part de responsabilité dans ces dérives, y compris Soumaila Cissé et IBK, mais la responsabilité de ce dernier était particulièrement engagée en tant que chef du système ADEMA et 1er ministre pendant 6 ans ! C’est dans ce contexte, qu’Alpha Oumar Konaré a décidé de remercier IBK à la tête du gouvernement en 1999 avant d’organiser sa chute à la tête de l’ADEMA à l’issue d’un congrès extraordinaire en 2000. S’il faut reconnaître à IBK un parcours militant et une loyauté certaine à Alpha Oumar Konaré qui au demeurant n’était pas désintéressée, on peut légitimement s’étonner que celui qui prétendait incarner l’autorité absolue pendant 6 ans ait pu être déposé aussi facilement. Soumaila Cissé et Soumeylou Boubeye Maiga, avec la bénédiction d’Alpha Oumar Konaré, faisaient partie des artisans de l’organisation du congrès extraordinaire de l’ADEMA ayant mis IBK en minorité. IBK aurait pu animer une opposition interne au sein de l’ADEMA, mais il a préféré entretenir habilement le mythe de la trahison et de la victimisation en prétendant que son sort était lié à son opposition à la volonté d’Alpha Oumar Konaré de réformer la Constitution pour faire un 3ème mandat, oubliant au passage les conditions de son élection à la tête de l’ADEMA en 1994, entraînant la démission de feu Mohamed Lamine Traoré, militant connu et reconnu de tous les maliens, personnalité historique du mouvement démocratique malien et membre fondateur de l’ADEMA. C’est ainsi qu’IBK créa le RPM avec une frange de l’ADEMA. Quant à l’ADEMA, elle n’a pas pour autant régler la question de leadership en vue de l’élection présidentielle à venir. Alors que les rivalités s’intensifiaient, celui qui représentait le moindre mal à l’encontre des véritables forces en présence au sein de l’ADEMA a hérité de la présidence du parti ; il s’agit de Dioncounda Traoré. Peu après, Soumaila Cissé a remporté l’élection primaire interne de l’ADEMA en devenant le candidat officiel du parti. A l’issue de cette élection primaire, il y a eu 10 candidats dissidents issus de l’ADEMA en plus de la candidature d’IBK aux couleurs du RPM. Ainsi, IBK et Soumaila Cissé étaient déjà tous les 2 candidats et challengers à l’élection présidentielle de 2002, et tous les 2 étaient des candidats d’un parti membre de l’Internationale Socialiste. Entre temps, l’ancien président Amadou Toumani Touré dit ATT, qui en plus de s’être illustré dans la transition démocratique exemplaire du Mali qui lui a valu d’être élevé au grade de Général d’armée, s’était également très impliqué dans la lutte contre le verre de guinée sur toute l’étendue du territoire malien avec un réel succès. Disposant d’une réelle popularité à Bamako et à l’extérieur du Mali, notamment au sein de la communauté internationale qui n’hésitera pas à le solliciter dans la résolution des conflits en Afrique, de nombreux observateurs comprenaient qu’il s’agissait en fait d’une véritable campagne électorale à l’intérieur du pays en vue de briguer l’investiture suprême par les urnes. Fort de cette popularité, il ne restait plus à ATT qu’à régler la question de son statut militaire qui l’empêchait de se présenter à l’élection présidentielle. En prenant sa retraite anticipée de l’armée, sa candidature ne faisait plus aucun doute. Après IBK, Mandé Sidibé également issu de l’ADEMA a été 1er ministre. Faisant partie des candidats à l’élection présidentielle de 2002, il sera remplacé par Modibo Keita (à ne pas confondre avec le 1er président du Mali). L’histoire prête à Alpha Oumar Konaré, président du Mali en exercice, des intentions de réforme constitutionnelle, notamment dans l’euphorie de l’organisation de la CAN, mais il n’en fut rien même si la tentation est toujours grande en Afrique. On lui a prêté l’intention de redonner un nouvel élan à la démocratie malienne à travers l’avenant d’un nouveau mandat d’ATT qui ferait office de transition afin de remettre de remettre les différentes forces politiques à égalité de chance devant la suprématie dangereuse de l’ADEMA. Certains ont même évoqué l’éventualité d’un retour après le mandat d’ATT dans la mesure où il serait encore en âge d’y prétendre, la Constitution malienne ne l’exclut pas formellement même si l’esprit y est. Un jour on saura qu’elles étaient les motivations réelles d’Alpha Oumar Konaré, mais ce qui est certain, c’est qu’Alpha Oumar Konaré était à l’origine de l’éviction d’IBK, il était également à l’origine des candidatures dissidentes au sein de l’ADEMA pour fragiliser la candidature de Soumaila Cissé au profit de celle d’ATT. A titre personnel, à cette époque j’étais plutôt séduit par l’éventualité d’une nouvelle transition au regard des dérives du système ADEMA.
Posted on: Tue, 20 Aug 2013 14:03:19 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015