1JEAN Introduction Alors qu’il y a guère plus d’un - TopicsExpress



          

1JEAN Introduction Alors qu’il y a guère plus d’un siècle, on parlait de la Belle Époque où tous les espoirs étaient permis, en ce début du 21e siècle c’est exactement l’inverse. Nous vivons une période de grande incertitude au point où bon nombre de gens, qu’ils soient scientifiques ou écologistes, se demandent si notre bonne vieille terre va survivre. Non seulement les crises économiques se succèdent, mais il faut maintenant y ajouter le réchauffement planétaire dû à l’effet de serre, la précarité pour un nombre croissant d’êtres humains, les inégalités qui ne font qu’augmenter, et j’en passe. Tout au long de notre histoire, il y a eu des temps forts qui ont marqué la civilisation occidentale. À la fin du 1er siècle, le monde gréco-romain manifestait une effervescence culturelle et philosophique, et le syncrétisme religieux était la nouvelle vérité. Il y avait en effet toujours de la place pour un nouveau culte ou une nouvelle secte d’origine occulte. C’était la belle époque des religions à mystères. Ce phénomène était particulièrement marqué dans la province romaine qui s’appelait l’Asie, et qui était située à l’ouest de l’Asie Mineure, la Turquie actuelle. Cette région formait un pont entre les continents européen et asiatique et on y trouvait toutes sortes d’idéologies et de croyances. On y vénérait l’empereur, mais on rendait également un culte à une quantité de faux dieux dont Artémis qui, dans la ville d’Éphèse, possédait un temple magnifique classé, non pas monument historique, mais parmi les sept merveilles du monde de l’Antiquité. Au milieu des ténèbres du paganisme et des superstitions les plus aberrantes, l’Église de Jésus-Christ était un flambeau qui projetait la lumière de la vérité. Jésus a dit à ses disciples : Vous êtes la lumière du monde. Une ville au sommet d’une colline n’échappe pas aux regards (#Matthieu 5:14). Et l’apôtre Paul exhorte les croyants à être irréprochables et purs, des enfants de Dieu sans tache au sein d’une humanité corrompue et perverse. Dans cette humanité, vous brillez comme des flambeaux dans le monde (#Philippiens 2:15). Cependant, les Églises d’Asie étaient sous pression, à l’extérieur, à cause de l’abondance d’idéologies qui lui faisaient concurrence, et à l’intérieur par la faute des faux croyants, qui se prétendaient prophètes, docteurs ou frères, qui infiltraient les assemblées chrétiennes et enseignaient des hérésies perverses. C’est à juste titre que ces faux jetons sont qualifiés d’antichrists (#1Jean 2:18-26; 4:3; 2Jean 1:7) ou de prophètes de mensonge (#1Jean 4:1, 4) par Jean, et de loups féroces, cruels et ravisseurs par Jésus et l’apôtre Paul. Ce dernier avait mis en garde les responsables de l’Église d’Éphèse en leur disant : Je le sais : quand je ne serai plus là, des loups féroces se glisseront parmi vous, et ils seront sans pitié pour le troupeau. De vos propres rangs surgiront des hommes qui emploieront un langage mensonger pour se faire des disciples (#Actes 20:29-30 ; comparez #Matthieu 7:15; 2Corinthiens 11:26; Galates 2:4). On peut constater les conséquences de cette situation menaçante quand on lit dans le livre de l’Apocalypse (chap. 2, 3) que sur les sept Églises de la province d’Asie auxquelles le Seigneur écrit, seules deux sont approuvées sans réserve (Smyrne et Philadelphie) tandis que les cinq autres se font reprocher leur attirance pour les plaisirs de ce monde ou leur acceptation de fausses doctrines (Éphèse, Pergame, Thyatire, Sardes et Laodicée). La première épître de Jean et celle aux Hébreux sont les seules du Nouveau Testament qui ne donnent explicitement aucun indice concernant l’auteur. La seconde et la troisième épître de Jean ont été écrites par quelqu’un qui prend le titre d’Ancien. Pourtant, traditionnellement, le Nouveau Testament compte trois lettres qui sont attribuées à l’apôtre Jean. De l’avis de la grande majorité des spécialistes, elles sont l’œuvre d’une seule plume. Par exemple, le thème de la vérité est développé de manière similaire dans 1Jean (9 fois) et dans 2 et 3Jean (11 fois) au moyen, en particulier, d’un lien que l’auteur fait entre la vérité et l’amour (#1Jean 3:18; 2Jean 1:1; 3Jean 1:1). Ces trois lettres s’opposent à la même erreur (#1Jean 4:2; 2Jean 1:7) et demandent aux destinataires de se tenir à l’enseignement qu’ils ont entendu dès le commencement (#1Jean 2:7, 24; 2Jean 1:6). C’est donc le même « Ancien » qui a écrit ces trois lettres. Comme il se présente d’une manière très sobre, c’est que son autorité devait être importante et reconnue de tous les croyants de l’époque. Cet « Ancien » s’attendait à ce que ses lecteurs obéissent à ses commandements sans poser de questions. Or, seul un apôtre, qui était connu et respecté par ceux à qui il s’adressait, pouvait avoir écrit une lettre avec une telle autorité sans dévoiler son identité réelle. On sait que Jean n’aimait pas se mettre en avant et laissait toujours à Pierre le soin de mettre sa tête sur le billot ce que ce dernier ne manquait jamais de faire. Cette pudeur qui caractérisait Jean pourrait expliquer pourquoi il n’indique pas son nom. Mais il se peut aussi que l’apôtre ne voulût pas que les autorités romaines puissent tracer la lettre jusqu’à lui au cas où elle tomberait entre leurs mains. On sait qu’il a longtemps vécu sous le règne de l’empereur Domitien qui persécutait les chrétiens. Les témoignages en faveur de la paternité de Jean pour les deux petites lettres 2Jean et 3Jean sont moins abondants que pour la première épître. Cependant, dans les dernières décennies du 2e siècle, Irénée (140-203), un Père de l’Église, ainsi que Clément d’Alexandrie citent 2Jean comme une œuvre de l’apôtre, le dernier resté vivant de ceux qui avaient personnellement participé au ministère de Jésus sur terre. Au début du 3e siècle, Origène (185-253) est le premier à dire que les trois lettres sont l’œuvre de Jean, l’apôtre qui accompagna Jésus pendant tout le temps où il sillonna les routes poussiéreuses de la Palestine, depuis le moment où un autre Jean l’a baptisé, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel (#Actes 1:21-22). Il ne fait donc guère de doute que « l’Ancien » est Jean. Dans 1Jean, l’auteur qui nomme souvent ses destinataires mes enfants ou mes amis (#1Jean 2:1, 7, 12, 18, 28; 3:2, 7), s’associe à un groupe de personnes qu’il désigne par l’emploi du pronom « nous » (#1Jean 1:1-4). Or, ces gens font partie de ceux qui furent les témoins de la vie de Jésus, ceux qui l’ont vu, entendu et même touché. C’est par leur message que les croyants, qui eux n’ont pas personnellement connu Jésus, peuvent jouir de la communion avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ comme l’écrit Jean (#1Jean 1:3). Au 2e siècle de notre ère, Irénée, que j’ai déjà mentionné, est l’un des premiers auteurs à citer directement 1 et 2Jean et à en attribuer la paternité à l’apôtre. Si je le mentionne à nouveau c’est parce que son témoignage est particulièrement important du fait qu’il était le disciple de Polycarpe (69-155 ?), lui-même disciple de l’apôtre Jean. Polycarpe fut un croyant remarquable qui mourut martyr après avoir été pendant longtemps l’évêque de la ville de Smyrne, aujourd’hui Izmir en Turquie, mais ce qui nous importe est qu’Irénée tenait directement de son maître Polycarpe et donc indirectement de Jean lui-même, que c’était bien l’apôtre Jean qui avait écrit ces trois épîtres. Clément d’Alexandrie (155-215) et Tertullien (150-222), deux contemporains d’Irénée, ont également attribué la paternité de la première épître à l’apôtre Jean. Au 3e siècle, d’autres célèbres auteurs chrétiens [Origène (185-253), Denys d’Alexandrie et Cyprien de Carthage] ont fait de même. Au 4e siècle, Eusèbe (265-340), considéré comme le Père de l’Histoire de l’Église, résume toutes ces preuves en disant : Pour ce qui est des écrits de Jean, en dehors de l’Évangile, la première de ses épîtres est aussi reconnue par nos contemporains et par les anciens comme hors de toute contestation… » (Histoire ecclésiastique, III.XXIV.17 ; cité par MacArthur, #1Jean 1:1). Le témoignage de l’Église primitive en faveur de la paternité de Jean pour la première épître est étayé par des preuves internes entre 1Jean et l’Évangile selon Jean. Il semble que l’apôtre n’aimait pas tellement les nuances et préférait diviser le monde en blanc ou en noir, ce qui apparaît dans ses écrits où il dresse une liste de contrastes marqués. Les plus saillants sont : lumière et ténèbres ; vie et mort ; amour et haine ; vérité et mensonges ; amour du Père et amour du monde ; enfants de Dieu et enfants du diable ; être dans le monde, mais pas du monde ; connaître Dieu ou ne pas le connaître ; avoir ou pas la vie éternelle. L’Évangile selon Jean et sa première épître ont également en commun beaucoup de mots et d’expressions qui ne se trouvent nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament. Le vocabulaire de ces deux livres présente davantage de similarités que l’Évangile selon Luc et le livre des Actes, écrits par Luc, Éphésiens et Colossiens, ou 1Timothée et Tite, des épîtres écrites par l’apôtre Paul. On retrouve le même enseignement théologique dans l’Évangile selon Jean et dans sa première épître. Dans ses deux œuvres, il mentionne l’incarnation (#1Jean 4:2; Jean 1:14), il dit que Jésus est le Fils de Dieu (#1Jean 5:5; Jean 20:31), son Fils unique (#1Jean 4:9; Jean 3:16), qu’il est éternel dès le commencement (#1Jean 1:1; Jean 1:1), la source de la vie éternelle (#1Jean 5:11; Jean 6:35) et la vie éternelle elle-même (#1Jean 5:20; Jean 11:25). Les non-croyants appartiennent au diable (#1Jean 3:8; Jean 8:44), font partie du monde en tant que système (#1Jean 4:5; Jean 15:19), et marchent dans les ténèbres (#1Jean 1:6; Jean 12:35). Il dit que le Christ a expié nos péchés (#1Jean 3:5; Jean 1:29) afin que nous puissions naître de nouveau (#1Jean 5:1; Jean 3:5-7) et recevoir la vie éternelle (#1Jean 5:11; Jean 3:15, 16) par la foi en Jésus (#1Jean 5:13; Jean 3:16) et qu’ainsi nous connaissions le Dieu véritable (#1Jean 5:20; Jean 17:3) et la vérité (#1Jean 2:21; Jean 8:32). Les croyants appartiennent donc à la vérité (#1Jean 3:19; Jean 18:37) et savent qu’ils sont enfants de Dieu (#1Jean 3:1, 2; Jean 1:12). Voilà donc toute une série de thèmes qui sont communs à l’Évangile et à la première épître de Jean. Étant donné le nombre important de parallèles entre 1Jean et l’Évangile selon Jean, il ne fait guère de doute qu’il s’agit du même auteur, l’apôtre Jean. Vers la fin du premier siècle, certaines hérésies commencent à se répandre dans les assemblées chrétiennes. Prenant conscience des graves dangers qui menacent les croyants d’Asie Mineure, la Turquie actuelle, l’apôtre a pris sa plume pour défendre ce que Jude appelle la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes à ceux qui appartiennent à Dieu (#Jude 1:3). Comme l’apôtre Paul l’avait prédit (#Actes 20:29, 30) et comme je l’ai déjà dit, des prophètes de mensonge (#1Jean 4:1, 4), influencés par les courants religieux de l’époque, s’étaient infiltrés dans les assemblées chrétiennes et pervertissaient la vérité par leur fausse doctrine. Leur enseignement hérétique représentait les prémices des systèmes cohérents qui ne verront le jour qu’au 2e siècle et qui prendront le nom de gnosticisme (du grec gnôsis : connaissance). Au premier siècle, les croyances étaient encore un amalgame désorganisé de plusieurs systèmes de pensées juifs et païens comme celui de Platon et sa quête du bien, du vrai et du beau, le stoïcisme ou encore l’épicurisme. Les épicuriens doivent leur nom à leur maître Épicure (342-270 av. J.-C.), un philosophe athénien. Il prône le contentement en tout et le partage d’une vie simple avec des amis. Ses quatre remèdes aux maux des hommes sont : il ne faut pas avoir peur des dieux ni de la mort ; le bien est facile à atteindre et on peut supprimer la douleur. Ça rappelle étrangement la civilisation occidentale du 21e siècle. Les philosophes antiques répandaient des fausses rumeurs les uns sur les autres car chacun voulant le plus grand nombre de disciples, la compétition entre eux était âpre. Ce sont des mauvaises langues qui sont à l’origine de cette idée que les épicuriens passaient leur temps en partouzes. Les stoïciens, quant à eux, étaient disciples de Zénon (335-262 av. J.-C.), originaire de la ville de Citium à Chypre. Panthéiste, il enseigne dans la ville d’Athènes où il prône une discipline de fer et une doctrine qui consiste à vivre en accord avec la nature et la raison afin d’atteindre la sagesse et le bonheur. Pour lui, la paix intérieure s’obtient par l’absence de toutes passions, ce qui minimise douleurs et souffrances. Moi, ça me fait penser au bouddhisme zen très en vogue en Occident depuis pas mal d’années. L’apôtre Paul fut confronté aux philosophes de son temps sur l’Agora, la grande place d’Athènes où se tenait un marché animé et odorant qui était aussi le centre de la vie politique et sociale de la cité, le carrefour d’informations et de discussions. Le texte dit : Quelques philosophes, des épicuriens et des stoïciens, engageaient aussi des débats avec lui. Les uns disaient : Qu’est-ce que cette pie bavarde peut bien vouloir dire ? D’autres disaient : On dirait qu’il prêche des divinités étrangères. En effet, Paul annonçait la Bonne Nouvelle de « Jésus » et de la « résurrection » (#Actes 17:18). Que ce soient les stoïciens ou les épicuriens, à l’origine, leur quête était purement intellectuelle mais avait toujours pour but la maîtrise du corps par l’esprit. Justement, le gnosticisme et ses précurseurs hérétiques du premier siècle enseignaient que la matière est mauvaise et l’esprit est bon. Il s’ensuit que les adeptes de ce courant de pensée s’opposaient à la doctrine chrétienne. Ils ne réfutaient pas l’aspect divin du Christ, parce qu’ils ne le comprenaient pas vraiment. Par contre, ils rejetaient son humanité ; ils niaient que Jésus soit le Christ (#1Jean 2:22), c’est-à-dire que l’homme qu’on appelait Jésus était le Fils de Dieu (#1Jean 2:23; 4:3, 15; 2Jean 1:7). Le refus de l’incarnation de Dieu en homme prit deux formes : un certain Cérinthe, contemporain de l’apôtre Jean et qui vivait lui aussi à Éphèse, enseignait que Jésus n’était qu’un homme et que le Christ divin descendit sur lui à son baptême et le quitta avant la crucifixion. Jean semble s’adresser directement à lui quand il écrit : Celui qui est venu par l’eau et par le sang, c’est bien Jésus-Christ : il n’est pas passé seulement par l’eau du baptême, mais outre le baptême, il est passé par la mort en versant son sang. Et c’est l’Esprit qui lui rend témoignage, car l’Esprit est la vérité. Ainsi il y a trois témoins : l’Esprit, l’eau et le sang ; et les trois sont d’accord (#1Jean 5:6-8). Une autre hérésie de la fin du premier siècle était répandue par ceux qu’on appelait Docétistes (grec dokeô : sembler, apparaître), ils disaient que le corps de Jésus n’était pas réel et physique, mais en avait seulement l’apparence. Ce sera, au 2e siècle, la principale hérésie que l’Église aura à combattre. Pour bien contrecarrer la croyance des Docétistes, parlant de Jésus, Jean déclare fermement : Nous l’avons entendu, nous l’avons vu de nos propres yeux, nous l’avons contemplé et nos mains l’ont touché (#1Jean 1:1 ; comparez #Jean 1:14). Si Jésus n’était pas vraiment à la fois 100 % homme et 100 % Dieu, quand il est mort, il n’aurait pas pu être un sacrifice de substitution agréé par Dieu pour expier les péchés de l’humanité. Il fallait qu’il soit homme pour prendre ma place et Dieu pour que son offrande ait une valeur infinie. À cause des hérésies qu’il combattait, dans sa première épître, l’apôtre Jean a souligné le caractère central de la divinité de Jésus (#1Jean 5:20) ainsi que sa pleine humanité (#1Jean 2:22-23; 4:15). Qui ne confesse pas cette vérité appartient au monde de l’Antichrist (#1Jean 2:18; 4:3; 2Jean 1:7). Comme les hérétiques divorçaient le corps de l’esprit, ils enseignaient que les actions commises par le corps n’avaient aucun effet sur l’esprit et donc aucune importance, ce qui fait qu’ils avaient une attitude très laxiste en ce qui concerne la morale et le péché, allant jusqu’à dénier ce dernier. Mais l’apôtre Jean s’insurge contre cette doctrine quand il déclare : Si nous prétendons n’être coupables d’aucun péché, nous vivons dans l’illusion, et la vérité n’habite pas en nous. Si nous prétendons ne pas être pécheurs, nous faisons de Dieu un menteur et sa Parole n’est pas en nous (#1Jean 1:8, 10 ; comparez #1Jean 2:4-6). Ce que l’on croit a une incidence sur la façon dont on vit mais aussi sur la relation avec les autres. Étant donné que les hérétiques se considéraient comme l’élite et les seuls détenteurs de la connaissance, ils étaient arrogants et haineux. Or une telle attitude se rencontre chez ceux qui ne connaissent pas Dieu. Jean écrit à leur encontre quand il dit : Celui qui prétend être dans la lumière tout en détestant son frère, est encore dans les ténèbres (#1Jean 2:9 ; comparez #1Jean 3:10, 3:14-15; 4:8, 4:20-21). Aujourd’hui, on entend plus parler de gnosticisme et pourtant cette croyance n’a jamais entièrement disparu ; elle passe de mode, change de nom puis revient au galop. On retrouve par exemple le concept de la maîtrise du corps par l’esprit dans la Science chrétienne fondée au 19e siècle par Mary Baker Eddy (1821-1910). Pour les croyants fidèles, le corps est important parce que ce sont les seules mains, jambes et langues que le Seigneur possède sur terre. ntroduction Mes parents m’ont appelé Jacques et quand j’étais enfant, j’avais dans ma chambre un petit tableau dépeignant l’apôtre Jacques en train de tirer à lui un filet rempli de poissons. Sous la gravure étaient écrites les nombreuses qualités de cet homme. Je suppose que par un phénomène d’osmose elles auraient dû se transmettre à moi, mais ça n’a pas vraiment marché. L’apôtre Jacques était le grand frère de Jean ; nous le savons parce que chaque fois que les deux noms apparaissent ensemble, c’est presque toujours Jacques qui est nommé en premier. Ces deux hommes étaient les fils d’un certain Zébédée, pêcheur de son état sur le lac de Galilée. Ses affaires marchaient plutôt bien puisqu’il possédait sa propre barque et des ouvriers (#Marc 1:20). Jean avait pour mère Salomé (#Marc 15:40; Matthieu 27:56), une femme disciple, qui d’après Matthieu, contribuait financièrement au ministère de Jésus (#Matthieu 27:55, 56). Jean fut tout d’abord disciple de Jean-Baptiste mais lorsque ce dernier a désigné Jésus comme le Messie, Jean et André l’ont immédiatement laissé pour suivre Jésus (#Jean 1:35-40). Mais après être resté avec le Seigneur quelque temps, Jean est retourné à la pêcherie de son père. Plus tard, il est devenu un disciple permanent de Jésus (#Matthieu 4:18-22) et a reçu le titre d’apôtre (#Matthieu 10:2). Avec Jacques son frère, et Pierre, Jean faisait partie du cercle intime des douze apôtres (#Matthieu 17:1; Marc 5:37; 13:3; 14:33). Après l’ascension de Jésus, il est devenu l’un des chefs de l’Église de Jérusalem (#Actes 1:13; 3:1-11; 4:13-21; 8:14; Galates 2:9). En dépit de sa réputation d’apôtre de l’amour, Jean avait un tempérament vif, ce qui est confirmé par Jésus qui a donné à Jean et Jacques le nom de fils du tonnerre (#Marc 3:17), nom auquel les deux frères se sont montrés à la hauteur. En effet, indignés parce qu’un village de Samarie refusait de recevoir Jésus et les disciples, et surestimant leur pouvoir apostolique, ils avaient demandé à Jésus : Seigneur, veux-tu que nous commandions à la foudre de tomber du ciel sur ces gens-là, pour les réduire en cendres ? (#Luc 9:54). Et Luc rapporte un incident où Jean a manifesté cette même attitude de supériorité, voire même une arrogance, quand il a dit au Seigneur : Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait les démons en ton nom, et nous lui avons dit de ne plus le faire, parce qu’il ne te suit pas avec nous (#Luc 9:49). Bien qu’il se soit adouci avec le temps, Jean n’a pas perdu le feu de sa passion. Clément d’Alexandrie relate la manière audacieuse dont un jour il pénétra dans le camp d’une bande de voleurs et conduisit leur chef à la repentance et à la foi en Jésus (cité par MacArthur ; 1Jean, Introduction). Comme Jean ne s’est jamais engagé dans un concours de popularité et n’essayait pas d’être élu apôtre de l’année, dans sa première épître, il n’hésite pas à traiter de menteurs, d’imposteurs ou d’antichrists certains groupes de personnes. Polycarpe, son disciple, rapporte que Jean, le disciple du Seigneur, étant allé aux bains à Éphèse, aperçut à l’intérieur Cérinthe, l’un des précurseurs du gnosticisme ; il bondit alors hors des thermes sans s’être baigné, en s’écriant : « Sauvons-nous, de peur que les thermes ne s’écroulent, car à l’intérieur se trouve Cérinthe, l’ennemi de la vérité ! » (Irénée, Contre les hérésies, III.3.4). Selon Polycarpe et Irénée, c’est à Éphèse, capitale de la province de l’Asie, que Jean s’était retiré à l’époque de la guerre des Juifs contre Rome (66-70). Vers la fin du premier siècle, sous le règne de l’empereur Domitien (81-96) qui persécuta les chrétiens, Jean fut déporté sur l’île de Patmos où il reçut la révélation de l’Apocalypse. Après l’assassinat de Domitien qui était un véritable tyran, Jean est retourné à Éphèse où il mourut autour de l’an 100 (sous le règne de Trojan ; 98-117). Un peu plus de cinq siècles plus tard, l’empereur byzantin Justinien (482-565) fit construire la basilique Saint-Jean sur l’emplacement de sa tombe. Éphèse devint romaine en 133 av. J.-C. C’était la principale ville de l’ouest de l’Asie Mineure, la Turquie actuelle, ainsi qu’un centre commercial, culturel et religieux important. Seconde seulement à Rome, cette cité valait le détour pour son climat agréable et sa culture cosmopolite ; d’ailleurs, c’est à Éphèse que les hauts dignitaires de l’empire aimaient venir goûter quelques repos. L’Église d’Éphèse avait été fondée par l’apôtre Paul. Dès sa venue, il avait prêché pendant trois mois dans la synagogue. Après s’être fait virer suite à son témoignage pour Jésus-Christ, il enseigna pendant deux ans dans une école qui appartenait à un certain Tyrannus (#Actes 19:9-12). Suite à un incident causé par des exorcistes juifs, un réveil spirituel éclata dans la ville, mais c’est aussi à ce moment-là que les artisans d’Éphèse prirent conscience de l’impact qu’avaient les chrétiens sur leur ville et leur profession. Les fabricants de statuettes et d’idoles comprirent que la Bonne Nouvelle de Jésus constituait une menace pour le culte de la déesse Diane aussi appelée Artémis et surtout pour leur gagne-pain. Ils dressèrent les autorités contre Paul et toute la ville en fut bouleversée. Mais une Église était née dans la ville d’Éphèse et c’est ainsi que la Bonne Nouvelle se répandit éventuellement dans la province d’Asie et que furent fondées les assemblées de Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, et Laodicée, qui avec Éphèse sont mentionnées dans le livre de l’Apocalypse (chap. 2-3). L’Église d’Éphèse fut fidèle au Seigneur ; mais au fil des années, les premiers croyants partirent pour être avec le Seigneur et c’étaient leurs enfants et petits-enfants qui remplissaient les pieux. À la fin du premier siècle, l’enthousiasme et la fraîcheur des premiers jours de la foi en Jésus-Christ s’étaient flétris au point où au travers de Jean, le Seigneur a dit à l’église d’Éphèse : J’ai un reproche à te faire : Tu as abandonné l’amour que tu avais au début (#Apocalypse 2:4). On peut être sûr que l’apôtre était conscient de ce relâchement spirituel et en a tenu compte quand il a rédigé sa première épître. Pour ce qui est de la date de rédaction des trois épîtres de Jean, la tradition la fixe entre les années 85 et 95 de notre ère. On sait que l’apôtre était alors un homme âgé, beaucoup plus que la majorité de ses lecteurs qu’il appelle au moins neuf fois mes petits enfants (#1Jean 2:1 ; etc.). Bien qu’on ne sache pas grand-chose des destinataires de ces lettres, on peut quand même dire qu’ils étaient pour la plupart des non-Juifs parce qu’à l’exception de la mention de Caïn (#1Jean 3:12), Jean ne fait pas référence à l’Ancien Testament si ce n’est peut-être la mise en garde donnée en conclusion contre l’idolâtrie (#1Jean 5:21). Cependant, cette exhortation peut tout aussi bien s’appliquer à des non-Juifs, car dans les milieux païens d’où ils étaient issus, les fausses divinités étaient légion et aucun croyant n’est à l’abri de retomber dans de vieux travers. La raison première de cette lettre pastorale écrite par Jean est le danger que posait l’apparition d’hérétiques dans les Églises chrétiennes. Les croyants étaient troublés par ceux qui avaient quitté leurs assemblées et qui enseignaient une soi-disant nouvelle vérité. Alors, l’apôtre écrit pour leur rappeler que ce sont ceux qui ont placé leur confiance dans le Fils de Dieu qui ont la vie éternelle (#1Jean 5:13). Mais comment être sûr de croire au vrai Fils de Dieu et comment savoir si l’on a vraiment la foi ? Jean donne trois tests fondamentaux qui répondent à ces questions, qui permettent à tout un chacun de se situer par rapport à Dieu, et donc de savoir qui a la vraie foi dans le vrai Fils de Dieu pour avoir la vraie vie. Ces trois tests tournent autour de trois thèmes : premièrement, le péché et l’obéissance (#1Jean 1:5-2:2; 2:29-3:10; 5:16-20) ; deuxièmement, l’amour et la haine (#1Jean 2:3-11; 3:11-24; 4:7-21) ; et enfin, l’erreur et la vérité (#1Jean 2:12-28; 4:1-6; 5:1-15). Selon qu’on les réussit ou pas, on est de Dieu ou pas, on le connaît ou pas, on est né de lui ou pas, on a la vie ou on est mort, on marche dans les ténèbres ou dans la lumière, on est enfant de Dieu ou enfant du diable. Ces trois thèmes apparaissent trois fois dans l’épître. La première lettre de Jean a été appelée le sanctum sanctorum, c’est-à-dire, le saint des saints du Nouveau Testament. Il fait traverser au croyant le pas de la porte du royaume des cieux et l’emmène dans le sein du Père où il est en communion avec lui. Alors que les épîtres de Paul sont avant tout pastorales, la première épître de Jean nous introduit dans l’intimité du Père et parle de la famille de Dieu. Tous ses membres ont accès à une position où ils sont comblés des bénédictions de l’Esprit dans le monde céleste qui, toutes, sont en Christ, écrit l’apôtre Paul (#Ephésiens 1:3). Ce privilège est accordé à tous ceux qui placent leur confiance en Jésus. Leur foi les introduit dans la famille de Dieu où ils ont un lien affectif avec le Père et les uns avec les autres. Cette relation peut être interrompue par le péché mais, écrit l’apôtre Jean : Si nous reconnaissons nos péchés, Dieu est fidèle et juste et, par conséquent, il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout le mal que nous avons commis (#1Jean 1:9). Verset 1 Je commence à lire le chapitre premier de l’épître de Jean. Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie (#1Jean 1:1 ; JÉR). Jean ne commence pas sa lettre par une introduction en bonne et due forme, mais démarre sur les chapeaux de roues. Le Verbe traduit le mot grec « logos » qui a donné logique en français. D’autres versions ont « message » ou « parole ». Quand Jean appelle Jésus le logos de Dieu, il veut dire qu’il est l’expression pleine et entière de la divinité et il porte en lui le message de la vie (comparez #Actes 5:20; Philippiens 2:16). Jésus est la personnification de la Vie dans son sens absolu et le plus fort. Jean écrit nous, à la première personne du pluriel. La bible du Semeur dit : Nous vous annonçons le message de celui qui est la vie. Nous vous annonçons ce qui était dès le commencement : nous l’avons entendu, nous l’avons vu de nos propres yeux, nous l’avons contemplé et nos mains l’ont touché (#1Jean 1:1). Ce nous qui est sans cesse répété, englobe tous les apôtres qui ont personnellement connu Jésus et marché avec lui pendant trois ans ; Jean les associe à cette lettre. L’expression commencement apparaît aussi dans la Genèse où la première phrase est : Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre (#Genèse 1:1). C’est une référence aux six jours de la création. Au 19e siècle, la science situait les débuts du monde à moins de 100 millions d’années (Lord Kelvin en 1866). Au 20e siècle, les scientifiques ont décidé que le taux de désintégration des matériaux radioactifs a toujours été le même et s’en sont servi pour estimer l’âge de la terre entre 4 et 5 milliards d’années ; c’est ce que j’ai appris à l’école. De toute façon, la Genèse n’a pas pour but de fixer la date de la création mais d’informer les êtres humains que Dieu a tout créé. Tant que quelqu’un n’accepte pas ce postulat, il n’est pas prêt à continuer la lecture des Écritures parce qu’elles s’appuient sur cette fondation. Quant à la création de l’homme, si on utilise la chronologie de la Genèse, elle remonte à moins de huit mille ans. Le mot commencement apparaît aussi dans le premier verset de l’Évangile selon Jean où il est dit : Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu (#Jean 1:1-2 ; JER). Ensuite, Jean décrit la création du monde et parlant de Jésus, il dit : Tout a été créé par lui ; rien de ce qui a été créé n’a été créé sans lui (#Jean 1:3). On peut remonter aussi loin avant que l’univers soit, Jésus est toujours présent car il est l’Ancien des jours (#Daniel 7:9, 13, 22 ; LSG). De cet éternel infini, Jésus est venu pour devenir homme. Jean écrit : Le Verbe s’est fait chair (#Jean 1:14 ; JER). Ici, dans l’épître, Jean dit : Nous vous annonçons ce qui était dès le commencement, il parle du moment où la Bonne Nouvelle de Jésus a commencé à être annoncée par les apôtres (#1Jean 2:7, 24; 3:11). Ce message qui concerne la rédemption et le salut de l’homme n’a pas changé depuis la Pentecôte. La Bonne Nouvelle est la même aujourd’hui qu’elle était au commencement. Elle annonce la nécessité de se repentir, de placer sa foi en Jésus et assure le pécheur qu’il est pardonné par grâce et réconcilié avec Dieu. La connaissance du Christ n’est pas secrète et réservée à une élite intellectuelle. Jean était un pêcheur sans instruction et il a connu l’homme Jésus qui arpentait les chemins de Palestine. Si dès la première phrase, Jean insiste sur le témoignage des sens : l’ouïe, la vue, l’observation attentive et le toucher, c’est d’une part, pour dire qu’il annonce la vérité, ce qu’il a vécu et il sait de quoi il parle, et d’autre part, Jean décoche ses premières flèches contre les hérésies qu’il voulait combattre. Les antichrists, comme il les appelle, apportaient de nouvelles idées et non pas celles qui étaient dès le commencement, qui dataient du début de la prédication des apôtres. Dès les premières lignes de l’épître, Jean se présente donc comme un témoin oculaire de la manifestation de celui qui est la vie et réfute d’entrée les arguments de ceux qui niaient l’humanité de Jésus. Le message de l’apôtre est solidement établi sur une réalité historique : la personne du Christ que beaucoup de gens ont vue, entendue et touchée. Jean dit qu’il a entendu et vu le Seigneur. Le temps de ces deux verbes (parfait) indique une action dans le passé qui a une incidence sur le présent. Jean a vu le Seigneur à l’œuvre ; il a entendu les paraboles de Jésus, ses sermons, les instructions qu’il donnait aux apôtres en privé, et ce qu’il répondait à ses ennemis et à ceux qui venaient à lui chercher de l’aide. Il n’a pas reçu la vision d’une image fantomatique et il ne parle pas d’opinions et de ouï-dire, car pendant trois ans il a vécu avec l’homme divin en chair et en os. En tant que témoins oculaires intimes et constants du ministère terrestre de Jésus, les disciples ont reçu la preuve formelle qu’il était Dieu fait homme (#Jean 14:8-11). Dans son Évangile, Jean écrit : Celui qui est (le logos) la Parole est devenu homme et il a vécu parmi nous. Nous avons contemplé sa gloire, la gloire du Fils unique envoyé par son Père : plénitude de grâce et de vérité ! (#Jean 1:14). Ici dans l’épître, Jean dit qu’il a contemplé le Seigneur, le verbe utilisé décrit une observation attentive, un regard prolongé et scrutateur. Au début de son Évangile, Jean écrit : Dans le désert, Moïse a élevé sur un poteau le serpent de bronze. De la même manière, le Fils de l’homme doit, lui aussi, être élevé pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui aient la vie éternelle (#Jean 3:14-15). Pendant la marche au désert et selon une habitude bien rodée, les Israélites se sont révoltés contre Dieu et Moïse (#Nombres 21). Alors, l’Éternel a fait venir des serpents venimeux qui ont mordu les rebelles et ils en mourraient. Finalement, le peuple s’est repenti et Moïse a confectionné l’image d’un serpent en alliage de cuivre qu’il a monté sur une perche et tous ceux qui avaient été mordus et qui la regardaient attentivement, étaient miraculeusement guéris. Jean établit un lien entre ce serpent et le Christ, disant que dorénavant nous devons regarder à Jésus par la foi afin d’obtenir le salut. Ensuite il faut continuer à garder les yeux sur le Seigneur afin de croître dans la connaissance de Dieu. C’est le but des épîtres du Nouveau Testament. Quand Jean dit à ses lecteurs qu’il a touché de ses mains la Parole de vie, le mot grec traduit par « touché » (epsélaphésan ; infinitif : psêlaphaô) signifie tâter, tâtonner (comme un aveugle). Après sa résurrection, Jésus a utilisé ce mot. Un jour, il est soudainement apparu au milieu de ses disciples qui furent terrorisés. Pour les rassurer, il leur a dit : Regardez mes mains et mes pieds, et reconnaissez que c’est bien moi. Touchez-moi et regardez ! Car un esprit n’a ni chair ni os. Or, vous voyez bien que j’en ai (#Luc 24:39 ; comparez #Jean 20:27). Sur ces entrefaites arrive Thomas qui déclare : Si je ne vois pas la marque des clous dans ses mains, si je ne mets pas mon doigt à la place des clous, et si je ne mets pas la main dans son côté, je ne croirai pas (#Jean 20:25). Huit jours plus tard, [ … ]Jésus [ … ] dit à Thomas : Place ton doigt ici, vois mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté. Ne sois donc pas incrédule, mais crois (#Jean 20:26-27). Les apôtres ont accompagné Jésus pendant trois ans, ils l’ont touché, ils l’ont vu, ils l’ont observé et entendu parler, un privilège que nous n’avons pas eu. Cependant, nous pouvons quand même voir le Seigneur avec les yeux de la foi. Jésus a dit : Heureux ceux qui croient sans avoir vu (#Jean 20:29). Et l’apôtre Pierre écrit : Jésus, vous ne l’avez pas vu, et pourtant vous l’aimez ; mais en plaçant votre confiance en lui sans le voir encore, [ … ] vous obtenez votre salut qui est le but de votre foi (#1Pierre 1:8-9). DDA YIDIR
Posted on: Fri, 25 Oct 2013 14:29:56 +0000

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