A la Balsa, une tragédie élisabéthaine revisitée par Anne Thuot. J’ai enduré vos discours et j’ai l’oreille en feu s’est construit dans la durée, au gré de flash flows successifs, depuis une première étape montrée en mars 2012, au Festival XS du National. The Revenger’s Tragedy, texte original dont est parti le projet, daté de 1606, est attribué, selon les époques, à Cyril Tourneur ou Thomas Middleton, et existe sous des versions différentes. Une matière ample et mouvante, riche et multiple dont s’est emparée Anne Thuot pour en livrer une représentation scénique qui passerait par une réécriture libre. Signée Caroline Lamarche et construite avec la metteure en scène et les comédiens, cette pièce neuve autant que très ancienne oscille sans arrêt entre complexité et simplification, au risque de ne jamais trouver dans l’intervalle la juste mesure. On serait tenté de lire là un tic - presque un toc - éventuellement irritant, souvent amusant. Détours et volte-face Marie Bos, Alice Hubball, Francesco Italiano, Sara Sampelayo et Hervé Piron embrassent les registres juxtaposés de ce qui se présente, d’abord, comme un exposé. Plantant le décor (l’Italie, le long deuil de Vendice dont la fiancée a été violée par le Duc puis s’est empoisonnée, sa fureur, ses machinations de vengeur…), ils passent - voire bondissent, rampent, caracolent - du récit au jeu et inversement, du premier au douzième degré avec des détours et des volte-face. Surtitrée en néerlandais, la partition s’offre des incursions, comme autant de friandises, en italien ou en anglais, jusqu’à s’autodécrire : a gastronomical indigestion, followed by a purge. La dérision ici se faufile dans chaque interstice de la tragédie, comme une impossibilité à s’y résoudre sans la détourner, la décaler, l’embobiner. Sauf à laisser paraître en filigrane les tragédies de l’histoire, en osant de soudains et fugaces échos. Sauf à questionner - de l’absurde des idées reçues à l’implacable cruauté des faits - ce que par le viol, malgré lui, on dit ou tait. M.Ba. Bruxelles, Balsamine, jusqu’au 16 novembre, à 20h30. Durée : 1h20. De 6 à 14 €. Samedi 9, de 17 à 19h, Atelier Balsa avec Anne Thuot. Infos & rés. : 02.735.64.68, balsamine.be Aussi le 21 novembre au Kunstcentrum de Mechelen, et du 27 au 29 à l’Eden de Charleroi.
Posted on: Fri, 08 Nov 2013 11:05:06 +0000
Trending Topics
Recently Viewed Topics
© 2015