Alpha Condé s’est résolu enfin à franchir le Rubicon. Pour - TopicsExpress



          

Alpha Condé s’est résolu enfin à franchir le Rubicon. Pour une décision courageuse, c’en est une à tout point de vue. Coup de Trafalgar ou coup politiquement fumant ? Le guinéen lambda s’interroge ! Le moins qu’il sait, c’est qu’en prenant maintenant cette décision, l’une des plus importantes de son quinquennat, alors que clopin-clopant, un simulacre de dialogue en réalité un jeu de dupe commençait à s’instaurer entre son gouvernement et la frange la plus significative de son opposition, il est à croire que le locataire du palais Sékoutoureya en fin limier politique, il n’y a pas l’ombre d’un doute, avait bien mesuré la portée d’un tel acte. C’est un euphémisme que de dire qu’elle marque cette décision un virage décisif dans l’innommable crise politique dans laquelle tout un pays est emberlificoté depuis plus de deux ans. Elle tonne cette décision comme un pavé lourd dans le marécage politique guinéen et sonne le glas d’une longue période d’atermoiements. C’est également le chant de signe du grotesque semblant de dialogue qui était en voie de démarrer. Point n’est besoin pour Saidjinit de vouloir venir sauver une situation fichtrement filandreuse et totalement compromise. Rien à faire, les fils du dialogue sont littéralement rompus et il y a peu à parier qu’ils peuvent être recousus même par le plus stratège négociateur médiateur international. C’est un coup de grâce porté à ce qu’on appelle la confiance, l’ingrédient qui a toujours manqué à la cuisine politique guinéenne. En deux ans et demi d’exercice du pouvoir, c’est la première fois qu’Alpha Condé se résout à convoquer le corps électoral. Par trois fois dont deux sous le président de la CENI le plus vomi par l’opposition, Lousény Camara, Alpha Condé s’est gardé de signer le fameux décret. Etait-ce par crainte de s’attirer les foudres et de son opposition et des partenaires techniques et financiers ou par souci d’organiser un scrutin transparent, crédible, consensuel et surtout inclusif ? Quoi qu’il en fût, le pays aura mis deux ans et demi à chercher son chemin de Damas dans le labyrinthe d’une guerre de tranchée pour le moins ubuesque et abracadabrante. Fallait-il demeurer dans cette voie à issue incertaine ? Apparemment lassé de se farcir les caprices d’une opposition teigneuse et frondeuse, exaspéré et au bout de sa patience, et voyant sa mandature rognée, plombée et hypothéquée, Alpha Condé semble finalement décidé à marcher sur les brisées d’autres chefs d’Etat de la sous-région, aller à des élections aussi cruciales que les législatives sans l’opposition, avec pour risque ou possibilité d’avoir à sa solde un parlement quasi-monocolore. En son temps, le président Wade du Sénégal l’a fait à son premier mandat avec au bout une assemblée constituée à 95 pour cent de députés du PDS, le président Ouattara de la Côte d’ivoire a organisé les législatives sans le principal parti d’opposition le FPI, il s’apprête à aller à des élections régionales et locales sans la frange de son opposition substantielle. Faut-il y voir un passage en force ? Oui, mais un passage en force guidé par un impératif de calendrier astreignant et contraignant et des enjeux financiers colossaux. En le faisant, Alpha Condé s’est-il préparé à affronter les conséquences de ce choix ? Apparemment oui. Il sait qu’en plus de ne pas participer à ces élections prévues désormais pour se tenir le 30 juin, son opposition a juré sur le palpitant de tout faire pour empêcher leur tenue. Est-elle à même de le faire ? Apparemment oui. Les troubles et affrontements qui suivirent la dernière marche qu’elle organisa à Conakry ont laissé un tel souvenir lugubre et si fragilisé le tissu social que nombre de guinéens croient dur comme fer en ses capacités de nuisance. Il faut très vite s’attendre à voir le mercure politique monter d’un cran, avec le nouvel agenda d’une série de manifestations sur la voie publique décliné par cette opposition. Seront-elles autorisées ou va-t-on opéré un nouveau tour de vis de fermeté en les interdisant ? Les jours à venir nous édifierons. De cette manière, l’opposition pourra-t-elle faire capituler à nouveau un pouvoir qui semble avoir brûlé ses vaisseaux ? Faut-il craindre un seuil plus élevé de la foire d’empoigne dans laquelle s’affrontent partisans de l’opposition et ceux de la mouvance présidentielle ? Rien n’est moins sûr ! Le vin est tiré, il faut le boire, vogue la galère ! C’est officiel, les guinéens se rendront aux urnes le 30 juin prochain pour élire leurs représentants à la future assemblée nationale. Ainsi en a décidé le président Alpha Condé en signant le décret de convocation du corps électoral aux élections législatives à cette date. Une décision, son sens et ses retombées.
Posted on: Sat, 22 Jun 2013 23:37:56 +0000

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