« Apparemment impossible, le pardon est nécessaire dès qu’on - TopicsExpress



          

« Apparemment impossible, le pardon est nécessaire dès qu’on est appelé à vivre ensemble. Même si le pardon semble une injustice puisqu’il laisse la faute impunie, il a cependant la magie d’arrêter l’engrenage de la violence. Mais il est aussi nécessaire pour continuer à vivre tout simplement. » (DESMOND TUTU, évêque anglican sud-africain, Prix Nobel de la Paix). SANS PARDON « Ce qui est vrai pour les individus est vrai pour les familles Et ce qui est vrai pour les familles l’est aussi pour les villes et les Etats. Sans pardon, il n’y a pas de liberté. Sans pardon, il n’ya pas de rénovation. Sans pardon, il n’ya pas de guérison ». Tiré de « il n’ya pas d’avenir sans pardon » de DESMOND TUTU,(Albin Michel, Paris). LE BOURREAU ET LE PARDON Ainsi, il est impossible de pardonner à quelqu’un, même s’il n’ya pas eu de réconciliation au préalable ou si l’autre n’a pas répondu ou a refusé de le faire. Le pardon peut prendre des visages différents et s’exprimer avec maintes nuances et demander des années avant de se manifester complètement. Mais le temps, en bon conseiller, en donnera l’occasion un jour. Comment apprécier, par exemple, le pardon demandé par certains chefs d’Etats, par des dictatures ou seigneurs de guerre ? L’Afrique a vu et voit des despotes et chefs d’Etats demander pardon pour des crimes de sang et les humiliations subies par leurs peuples. Ou décréter des amnisties. Un pardon doit être sincère et ne doit pas cacher, entre autres, le calcul que les victimes finiront par oublier. « Je demande pardon aux camerounais », c’est ce qu’avait annoncé le président de la Guinée Equatoriale, le général Teodoro Obiang Nguema, en mars 2004, après les exactions et les expulsions commises sur les émigrés, principalement des camerounais, venus en grand nombre chercher fortune après la découverte des fabuleux gisements de pétrole dans son pays. Le roi Mohamed VI du Maroc a gracié près de 9000 prisonniers et accordé des remises de peines à 24000 détenus, à l’occasion de la naissance de son second enfant, la princesse Lalla Khadidja. Blaise Campoaré, président du Burkina-Faso, a demandé pardon pour l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, tué le 13 décembre 1998, ainsi que pour toutes les brimades auxquelles se sont adonnées les forces de police. Fin février 2001 : au cours d’une grande manifestation organisée à Butembo par les Bienheureux constructeurs de paix, Jean-Pierre Bemba s’est levé et a fait une chose que les chefs de guerre n’ont pas l’habitude de faire : devant 200000 personnes il demanda pardon pour les crimes commis par ses militaires. Des crimes qu’une équipe des Nations Unies confirmera lors d’une enquête dont les résultats furent publiés en janvier 2003. Des atrocités, des cas de viols collectifs, de pillage etc., notamment contre les pygmées. Leopard Sédar Senghor disait que le pardon constitue l’expression la plus noble de notre humanisme, car il procède d’une grande force morale et s’apparente –et l’est effectivement –à une exigence religieuse. Savoir pardonner relève d’un grand altruisme : c’est aimer son prochain comme soi-même ; c’est refuser de voir seulement les défauts de l’autre. Parlant de Nelson Mendela qui a pardonné à ses geôliers, un ancien ministre du Togo, Saibou Samarou a dit « Regardez le président Nelson Mandela : un homme exemplaire, un mythe, un héros, une légende vivante, un farouche combattant de l’espoir, de la liberté, confronté à la tyrannie. Après 27 ans de bagne, il sort de prison sans volonté de vengeance et amène son peuple sur le chemin de la réconciliation, du pardon, accordé même à ses geôliers. Voilà la grandeur d’esprit. Le Président Mandela a eu un grand impact dans le processus du pardon, de la réconciliation. Il a par exemple invité chez lui, pour le thé, le magistrat blanc qui l’avait condamné à pertuité au bagne de Robben Island et il a invité à déjeuner les veuves des fondateurs de l’apartheid ». IL EST DONC POSSIBLE N’est pas aussi moins honorable le pardon accordé à un ensemble de gens, à une communauté, à un peuple. Tel celui du parlement philippin quand, en juin 2006, il a aboli la peine de mort, graciant 1200 condamnés. Le chef de l’Etat d’alors, Corazon Aquino, justifia le sens de ce pardon massif : « Nous croyons qu’à tous ceux qui se sont trompés doit être donnée la possibilité de se repentir, de changer de vie, d’attitudes et de demander pardon pour leurs actions ». La plupart du temps, imposée d’une manière délibérée, la souffrance trouve des motifs d’excuse : ses exécutants ont peut –être été élevés dans des préjugés et dans la haine…peut-être sont-ils mal informés…peut-être pensent-ils qu’ils font ce qui est juste à leurs yeux pour se défendre ou défendre une institution ou une valeur… peut être sont-ils carrément fous…Souvent ce sont les intérêts politiques qui prévalent sur ceux du droit. La justice argentine a récemment annulé les grâces accordées par l’ex-président Carlos Menem aux chefs de la dictature militaire qui avaient dirigé le pays de 1976 à 1983 : un geste de clémence, mais profondément injuste vis-à-vis des milliers de victimes de la dictature. L’indemnisation des victimes devrait aussi entrer dans un vrai processus de réparation du mal accompli. Demander pardon est une chose, dédommager en est une autre. Bien peu le font. Au Burkina Faso a été crée un Fonds d’indemnisation des personnes victimes de la violence politique : elles ont été 476 à se partager la somme d’environ 4 milliards de CFA. Au Tchad, le gouvernement, après avoir déclaré qu’il allait démettre de leurs fonctions gouvernementales tous les complices de l’ancien dictateur Hissène Habré, à promis une indemnisation pour les victimes, ainsi que l’érection d’un monument en leur mémoire! Le pardon n’est pas une un acte à congédier par une simple invitation à oublier les injustices et les souffrances endurées. Loin de là, car il n’est nullement un déni de la faute. Par le pardon, ce qu’on essaie surtout de faire, c’est d’extirper de l’esprit du blessé les sentiments habituels de vengeance et de haine. En quelque sorte, une manière élégante de prendre la revanche du mal par le bien, une façon de placer le « malfaiteur » d’hier seul à seul avec sa conscience. Plus court, c’est le meilleur langage pour dire que l’amour et la vie sont plus puissants que la haine et la mort. Patrick-R. Monzemu Moleli L. Pour combler le gouffre de la violence, « Pas de vérité sans réconciliation, pas de réconciliation sans vérité ». Roland ALI
Posted on: Sat, 07 Sep 2013 21:36:48 +0000

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