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Assassinat de Lumumba, Mpolo et Okito : Voici la version de la Conférence Nationale Souveraine (1992) I. CONTEXTE NATIONAL Victorieux des élections législatives, Patrice Emery Lumumba, après consultation des principaux partis et personnalités politiques de l’époque, forma le gouvernement. En date du 23 juin 1960, il obtient la confiance du Parlement, et ce bien avant l’élection par celui-ci du Chef de l’Etat Kasa-Vubu grâce à la majorité lumumbiste. En moins d’une semaine après le 30 juin 1960, soit le 4 juillet, éclate la mutinerie de la force publique. Suite à l’équation provocatrice du Général Jansens aux militaires, à savoir « après l’indépendance égale avant l’indépendance », les troubles s’attisent. Le Katanga proclame sa sécession le 11 juillet 1960 et le Sud-Kasaï son autonomie le 8 août 1960. Il y a effondrement de l’administration territoriale et militaire ainsi que manque des ressources financières. La souveraineté populaire est hypothétique. En dépit des accords de coopération signés entre le Royaume de Belgique et la jeune République, le 29 juin 1960, la crise est aggravée par l’intervention intempestive des troupes belges. Face à cette situation, le 15 juillet, le Chef de l’Etat Kasa-Vubu, garant de l’intégrité territoriale et le Premier ministre et Ministre de la Défense Nationale Lumumba signent conjointement le télégramme faisant appel aux troupes des Nations Unies à New York. En effet, les manœuvres diplomatiques belges feront que les Nations Unies hésitent d’intervenir. Ce qui poussera le Gouvernement de Patrice Lumumba à prendre ses responsabilités pour sauvegarder l’indépendance et l’unité nationale menacées. Il va tenter de réduire la sécession avec ses propres moyens, à savoir les troupes d’élite de la Force publique. Le 22 juillet, monsieur Lumumba s’envole pour les Etats-Unis d’Amérique en vue d’obtenir l’aide américaine et, faire aussi un geste en direction de l’Occident au moment où ses adversaires l’accusent de « Communiste ». Il rentre bredouille le 8 août à Léopoldville via Tunis, Rabat, Accra et Conakry. Déjà aux prises avec la crise katangaise, le Conseil des Ministres décide de mettre fin à la dissidence du Sud-Kasaï. L’ANC occupe Bakwanga sans combat le 26 août 1960 grâce à la mission de bons offices conduite par Jacques Lumbala, Secrétaire d’Etat à la Présidence, André Tshibangu en fera de même en direction de Tshikapa et Luiza. Cependant, à la suite d’un appel à la résistance lancé depuis Elisabethville par Albert Kalonji, la jeunesse Kalonjiste par un franc-tireur de Bena Makala, attaque le 28 août les soldats de l’ANC qui, en réaction tirent sur la foule. Cet accrochage provoque une clameur publique : le gouvernement central est discrédité. La crainte d’un changement de cap politique devient menaçante. Des appels de sauvetage à des pays de démocratie supérieure comme l’URSS et la Chine se multiplient de la part du gouvernement. L’Occident crie au scandale et envisage déjà la fin politique ou physique de Lumumba. A cause de multiples enjeux du Congo, toute accointance avec les pays du bloc de l’est était considérée comme casus beli pour l’Occident. Bien que libéral, Lumumba fut assimilé comme allié communiste. La raison est vite trouvée dans le chef de ses ministres dont quelques uns auraient séjourné 24 heures ou 10 jours dans ces pays. C’est le cas de messieurs Pierre Mulele, Anicet Kashamura, Antoine Gizenga, Maurice Mpolo, Albert Nguvulu Disukiro. Ils étaient tous qualifiés de la tendance dure et radicale du Gouvernement. Par contre, les Congolais de la mouvance occidentale étaient protégés et aidés à une seule condition : neutraliser et extirper les germes de nationalisme, synonyme de communisme au cœur de l’Afrique. C’est dans ce contexte qu’est né le Groupe de Binza autour du Chef d’Etat Major Général, le colonel Mobutu. Entretenu par le représentant de la CIA au Congo, monsieur Lawrence Devlin, opérant dans l’ombre et sous le parapluie des services secrets occidentaux, un groupe s’attèle à écarter les nationalistes lumumbistes du pouvoir politique. Interrogé à ce sujet par votre Commission, monsieur Justin Marie Bomboko, grand homme d’Etat et membre influent du Groupe, déclarera en substance que l’assassinat de monsieur Lumumba fait partie d’un complot de services secrets occidentaux. Nous y reviendrons. Monsieur Muissa Camus, alors Secrétaire Particulier du Chef d’Etat-Major Général, le colonel Mobutu, confirmera devant votre Commission une déclaration faite à Bruxelles sur cette question à savoir : « Les événements, qui se succédaient par la suite à une allure endiablée, prévoient nous permettre de réaliser notre plan : l’éviction de Patrice Lumumba pour sauver le Congo ». Questionné à préciser le sens qu’il accordait au pronom « nous », Monsieur Muissa Camus dira qu’il s’agit de monsieur Marlière, du colonel Mobutu et de lui-même. Aussi, comme le rapporte avec bonheur Léonard Mulopo dans son ouvrage intitulé P. Lumumba, Justice pour le héros, (1992), pp.151-152, un passage de monsieur Mario Cardoso, alors Commissaire Général à l’Education, il n’y a plus ombre sur l’existence et la mission de ce groupe politico-para-militaire. « Le Colonel Mobutu, dira-t-il, s’est fait votre porte-parole, votre interprète. Il est aujourd’hui l’homme qui nous a délivré du colonialisme communiste et de l’impérialisme marxiste-léniniste ». En date du 28 février 1961, soit deux semaines après la mort de Lumumba et de ses deux compagnons, un accord fut signé entre Léopoldville et les provinces sécessionnistes (Katanga et Sud-Kasaï). Monsieur Joseph Ileo fut désigné, sous le gouvernement de son ancien Ministre de l’Intérieur, Cyrille Adoula, Haut-Commissaire au Katanga, fait qu’il a reconnu dans sa déposition devant votre Commission. II. Des victimes 1. Patrice Emery Lumumba : - Député National - Premier ministre et Ministre de la Défense 2. Maurice Mpolo : - Député - Colonel puis Lieutenant-Général de l’ANC - Ministre de la Jeunesse et des Sports du Gouvernement Lumumba 3. Joseph Okito : - Sénateur - Vice-Président puis Président du Sénat. III. Des plaignants 1. Monsieur Christophe Gbenye : Président du MNL 2. Monsieur Louis Lumumba, Frère cadet au nom de la famille Lumumba 3. Madame Jacqueline Mpolo, fille de Maurice Mpolo au nom de la famille Mpolo 4. Mr. Denis Okito-Thoko, fils de Joseph Okito au nom de la famille Okito. 5. MM. Shungu Koy, Opombo, Ngongo Basambala, Onalowa, Ewango, Ekanda Shimbi, Wenyi Epenge, Shutsha, Mukanga Ushiki, Mukundji Sungu, Okandjaaluka, Shungu Okitapala, Wetshi Minanga, Wembo Lusamba, Emungu Kondu, Lufungula Penekembe, Okenge Stanis, tous chefs coutumiers Anamongo des Zones de Katako-Kombe, Lodja, Lomela, Lusambo, Kole, Lubefu, Kibombo, Kindu… 6. MM Okudi Olela, Bakajika Henoc, Joseph-Raoul Kabhomet, Jacques Collard Mboka, Nsoba Bakondolo, Camille Onyumbe, Joseph-Robert Kini. 7. Monsieur Léonard Mulopo Kapita, écrivain, Président du PDSCO. 8. La Société Civile du Haut-Zaïre. IV. Des témoins Cinquante cinq personnes devaient être entendues par votre Commission. a) Des personnes entendues 1. Monsieur Joseph Ileo, Sénateur, ancien Premier ministre 2. Monsieur Justin Marie Bomboko, Ministre des Affaires Etrangères Gouvernement Lumumba, Ileo et Président Collège Commissaires Généraux 3. Monsieur Ndele Albert, Vice-Président Collège Commissaires Généraux 4. Monsieur Victor Nendaka, Administrateur en Chef Sûreté Nationale 5. Monsieur Joseph Matuba, Administrateur en Chef-Adjoint Sûreté Nationale 6. Monsieur Mario Cardoso, Commissaire Général à l’Education 7. Monsieur Jean-Baptiste Kibwe, Vice-Président du Katanga et Ministre des Finances 8. Monsieur Gabriel Kitenge, Secrétaire d’Etat à la Présidence et Ministre des Travaux Publics du Katanga 9. Monsieur Louis Lumumba, Ministre Provincial, Frère cadet de Patrice Lumumba 10. Monsieur Denis Okito Tokho, fils aîné de Joseph Okito 11. Madame Mpolo, sœur de Maurice Mpolo 12. Monsieur Antoine Gizenga, Vice-Premier ministre gouvernement Lumumba 13. Monsieur Anicet Kashamura, Ministre Information Gouvernement Lumumba 14. Monsieur Christophe Gbenye, Ministre Intérieur Gouvernement Lumumba 15. Monsieur Thomas Kanza, Ministre Délégué aux Nations Unies 16. Monsieur Cléophas Kamitatu, Président provincial à Léopoldville 17. Monsieur Albert Kalonji, Député National, Président de l’Etat du Sud-Kasaï 18. Monsieur Bernardin Mungul Diaka, Chef de cabinet/Défense Lumumba 19. Valentin Lubuma, Chef de Cabinet Education Pierre Mulele 20. Monsieur Matthias Kemishanga, Député National MNC-L, Mweka Kasaï 21. Monsieur Robert Yanga, membre du MNC-L, Ministre Justice de la Province Equateur 22. Marcel Lihau, Commissaire Général à la Justice 23. Monsieur Augustin Mabika Kalamba, Commissaire Général à la Fonction Publique 24. Monsieur Etienne Tshisekedi, Commissaire Général-Adjoint à la Justice 25. Monsieur Jonas Mukamba, Commissaire Général Adjoint à l’Intérieur 26. Monsieur Christophe Yowane Lokele, alors Lieutenant ANC, Colonel en retraite 27. Monsieur Bernard Kabata Kay, Lieutenant en retraite 28. Monsieur Bumba Moasso, alors Lieutenant, Général en retraite 29. Monsieur Nkie, Lieutenant-Commandant 1ère Compagnie Gendarmerie 30. Monsieur Léon Bula, agent de la Sûreté Nationale 31. Monsieur Alexandre Kinkela, Directeur Sûreté Nationale, Immigration 32. Monsieur Jacques Ngaa Ilanga, Administrateur du Territoire à Mushie. 33. Monsieur Michel Luhandjola, Capitaine Otraco, ITB « Molaert » 34. Monsieur Casimir Miniaki, capitaile Otraco, ITB 35. Monsieur Jacques Puati, Capitaine-Commandant 2è Groupement, aide de Camp du Chef d’Etat-Major, le Colonel Mobutu 36. Monsieur Camus Muissa Bongaliombo, Secrétaire Particulier du Colonel Mobutu 37. Monsieur Marcel Lengema Dulia, Secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil 38. Monsieur Banza Mukalay, Vice-Président du MPR 39. Monsieur le Président-Délégué Général de la Banque Zaïroise du Commerce Extérieur, ancienne Socobanque 40. Monsieur Jean Tshombe Diteng, fils de Moïse. 41. Madame veuve Mpongo et son fils André Mathieu Makumba, orphelin Mpongo. Des personnes n’ayant pas répondu à l’invitation ni déposé 42. Monsieur Joseph-Désiré Mobutu, alors Chef d’Etat-Major, Colonel 43. Monsieur José Nussaumer, Commissaire Général à l’Intérieur 44. Monsieur Albert Delvaux, Ministre résident à Bruxelles, Gouvernement Lumumba (décédé) 45. Monsieur Ferdinand Kazadi, Commissaire Général à la Défense (décédé) 46. Monsieur Jean-Maurice Kalume, Agent de la Sûreté Nationale 47. Monsieur Joseph Ngalula, Premier Ministre de l’Etat du Sud-Kasaï 48. Monsieur Albert Mpage 49. Monsieur Joseph Mbeka 50. Monsieur Lebughe 51. Monsieur Bo-Boliko Lokonga André 52. Monsieur Takizal Luyan, tous Commissaires Généraux de 1960 encore en vie 53. Monsieur Ngimba, agent de la Sûreté nationale 54. Monsieur Godefroid Munongo, Ministre de l’Intérieur de l’Etat du Katanga (décédé) 55. Monsieur Jacques Omonombe. V. Des faits incriminés A. Du point de départ De nombreux ouvrages et témoignages recueillis auprès des acteurs politiques invités par votre Commission, la tragédie de Lumumba, Mpolo et Okito commence le 5 septembre 1960, date de la révocation du Premier ministre Patrice Emery Lumumba et de six Ministres par le Président Joseph Kasa-Vubu. En effet, témoigne Monsieur Cléophas Kamitatu, alors Président provincial de Léopoldville, il s’agira précisément du début d’exécution d’un plan de neutralisation du cartel nationaliste. Après l’accession de notre pays à l’indépendance, dira-t-il, le Président Kasa-Vubu et le Premier Ministre Lumumba travaillaient en harmonie. Ils avaient même effectué une tournée ensemble à Elisabethville. Je pense que les Belges étaient contre cette harmonie. C’est pourquoi ils avaient créé cette tension de division. Mon ami Diomi qui était du MNC subissait des pressions pour qu’il quitte Lumumba afin de rejoindre l’Abako. De l’autre côté, les Américains faisaient pression sur le Président Kasa-Vubu pour qu’il se détache de Lumumba. Moi, j’ai téléphoné à Lumumba pour lui en faire part. A son tour, il a contacté le Président Kasa-Vubu. J’ai cru qu’ils avaient pris des précautions contre ces manœuvres. J’étais surpris d’entendre à la radio vers le 5 septembre 1960, la révocation de Lumumba et le même jour aussi celle de Kasa-Vubu par Lumumba. A mon retour de Mongata, j’ai rendu visite à Lumumba à sa résidence, Lumumba a téléphoné à Mobutu en lui disant que lui qui le considérait comme son fils, comment pouvait-il l’abandonner ? Et ce dernier de répondre qu’il était militaire et qu’il ne pouvait faire que le devoir d’officier. Il est entendu ici que monsieur Mpolo Maurice était commissionné Commandant en Chef de l’ANC et Lieutenant-Général lorsque le Général Lundula était encore à Jadothville. Interrogé sur cette question, Monsieur Justin-Marie Bomboko, un des ministres cosignataires de la révocation de Lumumba, répondra que cela serait lié à une erreur d’appréciation par le Gouvernement de la mutinerie des militaires à Thysville et à Léo en date du 4 juillet 1960. Au cours du Conseil des Ministres tenu à cet effet, deux thèses furent débattues : celle de monsieur Antoine Gizenga selon laquelle la révolte fut une provocation des Belges et qu’à ce titre il fallait révoquer le Général Jansens et procéder immédiatement au remplacement des officiers belges par des gradés congolais. La deuxième, celle qui était mienne, consistait à considérer cette révolte comme relevant d’une indiscipline des soldats, une mutinerie, et qu’il fallait sévir. Toutefois, les mutins devront adresser un mémorandum au Gouvernement pour des solutions appropriées. Mis en minorité, c’est la première qui prévalut. Malheureusement par la suite, trois événements mirent en péril la jeune République. 1°) Le 11 juillet 1960, le Katanga proclame sa sécession comme Etat indépendant. Tentative qui, du reste, date d’avant le 30 juin 1960. 2°) L’Ambassadeur belge à Léo suscite la création de l’Etat autonome du Sud-Kasaï. Le 8 août 1960 : c’était chose faite. Les représailles de l’Armée Nationale Congolaise « ANC » sous le commandement des colonels Tshatshi et Yowane à Bakwanga accélèreront la prise de conscience de l’urgence de sauver un peuple en danger d’extermination. 3°) Le désaccord entre le Chef de l’Etat et le Premier Ministre sur la fin de cette expédition punitive à Bakwanga et l’envoi du 3è Régiment de Stanleyville sous l’instigation de monsieur Antoine Gizenga pour continuer l’opération. Afin d’éviter le danger de mise en tutelle du pays par les Nations Unies, il y eut nécessité de contresigner ce décret.
Posted on: Wed, 17 Jul 2013 09:23:43 +0000

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