Chapitre 4 Mouhrzi, blême et souffrant parvint toutefois à - TopicsExpress



          

Chapitre 4 Mouhrzi, blême et souffrant parvint toutefois à lui décocher un sourire. « Pas brillant, hein, chef ? Pour une première sortie un peu musclée je me fais piquer mon flingue et exploser le bras par un type désarmé. - Mais pas sans défense… Ne bouge pas petit. Ton bras est salement amoché. Tu vas passer quelques semaines en convalescence. » Il sortit de son blouson un téléphone portable et composa un numéro durgence. Très vite il établit un diagnostic sommaire pour chacun des blessés. Un bras déboîté et cassé, vraisemblablement un traumatisme crânien pour son équipier, nez cassé et grosse bosse pour le jeune otage. La jeune fille, elle, était en état de choc, prostrée et le regard dans le vague. Lofficier de police ne chercha pas à len déloger. Elle avait au moins cessé de hurler. Cétait déjà ça. Il attendit la suite des événements avec patience. Le jeune garçon au nez cassé sétait éloigné et soutenait la tête dans les mains ; visiblement le choc navait pas été que physique. Camus attendit larrivée de lambulance pour venir lui parler. « Quest-ce quil voulait ce bonhomme ? Vous lui aviez piqué sa petite amie ? - Je ne sais pas, bafouilla lautre. Nous étions tranquillement en train de parler de choses et dautres quand ce cinglé a surgi et sest précipité sur moi... - Et elle, cest qui ? » Le jeune homme au nez cassé se braqua instantanément. « Pourquoi me posez-vous toutes ces questions ? Vous êtes de la police ? » « Bingo » pensa Camus, il a quelque chose à cacher. Ce nétait donc pas un incident gratuit. Ceci dit, il nen avait jamais douté. Il dévisagea lindividu, à la recherche de caractéristiques métamorphiques mais ne vit rien de spécifique. Apparemment ce nétait pas un Nephilim. Toutefois, il restait méfiant. Ces créatures disposaient de nombreuses ressources pour se dissimuler. « Cest exact, grinça-t-il, commissaire Olivier Camus, de la PJ de Dijon. » Il fallait être prudent, Camus nétait pas en mission officielle, plus grave, il avait entraîné lun de ses subordonnés avec lui. Sil brusquait lindividu, celui-ci pourrait porter plainte et le mettre dans une situation embarrassante. Il décida de ne pas pousser plus loin linterrogatoire. De toute façon, le problème immédiat était dattendre larrivée des secours : Mourhzi avait grandement besoin dun plâtre et la fille de lassistance dun psychiatre. Il jeta un oeil dans sa direction, elle nallait pas mieux : elle se balançait davant en arrière, gémissant et chantonnant. De temps à autre, elle observait le ciel puis rentrait à nouveau la tête dans les épaules. Après un bref instant dhésitation, le templier se décida enfin à lui adresser la parole. « Comment vous appelez-vous, mademoiselle ? demanda-t-il de sa voix la moins bourrue. Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous ? » Et lui décocha un regard terrifié. Sa mâchoire inférieure tremblait. Un peu décume bordait la commissure de ses lèvres. Elle bégaya des mots sans suite. « Je suis Sara. Cest Manu, ils le retiennent là-bas. Loiseau noir, le corbeau, vous lavez vu, hein? Il tournait au-dessus de vos têtes tout le temps. Il y en avait plein des corbeaux... Ils mont empêché de rentrer et lhomme en noir, il ma dit de ne pas revenir. Et maintenant, les oiseaux ont attaqué Jeremy. » « Complètement barge ! » Camus ne tirerait rien delle ; à regret, il se releva et soupira. Sa seule piste était celle de lhomme au nez cassé, « Jeremy », pour autant quil puisse croire les élucubrations de la jeune femme. La gendarmerie de la route, première sur place, interrogea brièvement Camus et de manière plus appuyée Jeremy, lequel, beaucoup moins assuré que face au commissaire en civil sembrouilla dans ses explications. Le policier tendit loreille mais napprit pas grand chose de plus si ce nest que la jeune Sara se trouvait être, plus ou moins sa belle-sœur. Il hésita sur la conduite à tenir. Il avait besoin de renseignements supplémentaires : ce nétait pas un spécialiste des zombies et il sinterrogeait sur létrange folie qui avait animé la jeune Sara. Mais son instinct lui criait de suivre Jeremy. Il décida dappeler quelquun dautre. « Lançon ? Cest Camus. Jaurais besoin que tu fasses une recherche pour moi, concernant un certain Jeremy Marchand résidant à Paris. Regarde sil nest pas fiché chez nous... -Heu chef ? Nous avons un problème ; la morgue nous a appelé ce matin : le macchabée, il a disparu ! » À cette déclaration, succéda un long silence gêné. Le commissaire imaginait très bien Lançon, indécis, le combiné contre loreille se balançant nerveusement dun pied sur lautre, ses lunettes décailles posées sur le bout de son nez et transpirant à grosses gouttes. « Comment cela, disparu ? On la enlevé, pendant la nuit? La voix de Lançon se fit plus hésitant encore : - Le gardien prétend quil sest relevé tout seul et quil est parti en emportant des fringues sales. - Merde ! » Ça devenait complètement dingue ! Camus se sentait cerné par les morts vivants et il navait jamais été préparé à cela... Il se mit à réfléchir à toute vitesse : certes sa connaissance des inconnus supérieurs était imparfaite mais il sentait bien que les créatures auxquelles il était confronté nétaient pas nouvelles tant le mythe du zombie était présent dans limaginaire collectif. Il y avait derrière tout cela une créature magique, il en était absolument certain, mais elle sortait de lordinaire. Il était temps de contacter des gens plus qualifiés que lui. « Chef ? » Cétait Mourhzi. Le commissaire sapprocha de lui : « Quest-ce quil y a ? - Cétait quoi, ce type ? Un extraterrestre ? Un zombie ? Un adepte hypnotisé dune secte? Vous navez pas eu lair surpris, je me trompe ? Vous savez ce que cest, nest-ce pas ? Le Templier hésita. Il ne savait pas ce quil devait répondre, conscient des risques encourus par le jeune inspecteur. Finalement il se décida. Il en avait déjà vu pas mal. Et il avait des tripes, ce petit. - Disons, lieutenant, que jai accès à un certain nombre dinformations de plus que vous. - Alors dites-moi de quoi il sagit, implora-t-il, jai le droit de savoir, me semble-t-il ; est-ce que je peux, moi aussi... Il linterrompit, modérant don enthousiasme. - Doucement, jeune homme, ce nest pas si simple mais... » Il continua, presque entre ses dents «Mais, après tout, pourquoi pas ? Les temps changent, il y a peut-être plus de gens prêts à croire que nous ne limaginons. » Il regarda Mourhzi avec une froideur que celui-ci ne lui connaissait pas. Il y avait dans son regard comme un éclat dacier, de la haine peut-être ou bien quelque chose qui sapprochait bien plus de fanatisme. Le jeune homme compris à cet instant quil venait de mettre les pieds dans un univers nouveau et dont il ne pourrait plus se dépêtrer. « Je ne vous décevrai pas, murmura-t-il, même si... » Il désigna son bras en écharpe en souriant tristement. Camus haussa les épaules : « Des blessures, mon jeune ami, vous en aurez dautres, soyez-en assuré ! » Larrivée de lambulance mit fin à la conversation. Les médecins du S.M.U.R. emmenèrent Mourhzi et Sara après avoir administré à cette dernière une forte dose de tranquillisants. Camus décrocha à nouveau son téléphone. Ligne sécurisée. Une boîte vocale lui répondit. Il pianota quelques chiffres sur le clavier puis raccrocha. On le recontacterait plus tard. En attendant, il ne quitterait pas le jeune Jeremy des yeux. Comme son ombre, il allait le suivre comme son ombre.
Posted on: Sun, 10 Nov 2013 07:43:01 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015