Chroniques Africaines (part dix) À première vue, je ne vois toujours pas Lomé. J’ai l’impression d’être immobilisé, enchainé par la tournure des évènements… qui ne surviennent pas. Il est 21 h et des cacaouete, et je n’ai à me mettre sous la dent, que le sourire acceuillant du petit Ernest qui, à son tour, n’a que l’attente à m’offrir en guise de bienvenue. Soudainement, «Out of Africa», ce mec, dans la vingtaine, un peu insistant, l’air nargueur, qui se plante devant moi ! Le mec – Hey Yovo ! Le Togo te passe le bonjour ! On dit quoi ? Moi – (Levant un sourcil) ?!? On dit rien ?? Le mec – Ça va Yovo ? Moi - Ouiiii (en laissant trainer le i ) ! J’ai demandé quelque chose ? Le mec – C’est pas ça hein ? Moi - ?!? Je peux t’aider ? Le mec – C’est moi qui va t’aider Yovo ! Soyez le bienvenu ! Moi c’est Joshua le roi de Lomé ! Moi – (Nuage…) Bon c’est beau là, c’est pas nécessaire ! Le mec – Hey Yovo… Tu me files un bâtonnet ? Je lui donne une cigarette espérant l’éclipser… Le mec – Alors, il fait comment chez vous à Paris ? Moi – Je ne sais pas, je ne viens pas de Paris ! Le mec – Belgique ? Moi – Non plus ! Le mec – Alors c’est où ? Moi – C’est loin ! Le mec – Tchiii… Oui je connais c’est l’Europe ! Du coup, l’inutile et l’incongruité de la conversation m’irrite salement ! Déjà que je n’ai pas le goût de converser, j’en ai encore moins le goût avec le voyou du coin. Sa posture défiante souligne non pas son manque d’intelligence, mais la pauvreté de ses connaissances… Probablement endoctriné à se rebeller, «de la mauvaise façon», aux reste de la colonisation… que je ne représente pas… soit dit en passant ! Mais que puis-je ? Pris dans l’attente comme je suis ? Si ce n’est que de mettre mon pied moi aussi par terre, ne serait-ce que pour affirmer cette ligne internationale à ne pas franchir. Tiens, j’avais oublié comment c’est piouche de se faire toujours prendre pour un français en Afrique de l’Ouest ! Moi – (Débarquant de mes caisses) Non c’est pas l’Europe ! Le mec – Ah bon ? (Probablement troublé qu’il existe quelque chose d’autre que l’Europe, l’Afrique et la Chine… et visiblement je ne suis pas chinois !). Bon… Moi je t’ai dit que je suis ici chez moi au Togo ! Il faut maintenant me dire d’où tu viens ! Constatant le jeu de coq (dont je rêve en passant tellement j’ai faim), le petit Ernest tente une médiation… Ernest – Aka Kwé Ngousou Yo ta pou Yovo fi Pu Ngouré sbisié (Notez que toute ressemblance avec le dialecte véritable ne serait ici que pure coincidence) ! Le mec – Tchiii… Ahh Bo sou… (silence marqué) Pa ma ti to toutou fi Gna bisié (l’air arrogant)… Moi – Qu’est ce qui dit ? Ernest – (Visiblement gêné) ! Bon… Je crois qu’il faut pas trop porter attention ! Le mec – (Mettant le bras autour des mes épaules comme pour me prouver que son parfum est aussi délicat que le mien après la cohue) Yovo !! Maintenant, on dit quoi ? Il faut donner cadeau d’arrivée à moi ! C’est coutume dans mon pays… CENSURÉ (8 seconde plus tard) Moi – (dans la direction du mec qui retourne dans son royaume) Osssstie de mangeux de m…. ! Ernest ! Ernest – Oui Monsieur André Laz Moi – C’est Karim… et lâche le monsieur tu veux ! Bon tu veux que j’aille la chercher la fourgonette ? Parce que Gendarme ou pas là, cré moi que ça va se régler st’affaire là ! Ernest – Oui oui ! Elle arrive là ! Et au moment où j’allais dire que ça suffit les «elle arrive», la voilà toute pimpante et sablonneuse, d’une couleur depuis longtemps ensevelie, qui se pointe le bout du par choc, presque fière de s’être fait désirer, espérant même me faire oublier que la clim l’a depuis longtemps quitté ! À suivre…
Posted on: Fri, 09 Aug 2013 21:50:57 +0000
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