Comment fabrique-t-on des terroristes ? On ne nait pas - TopicsExpress



          

Comment fabrique-t-on des terroristes ? On ne nait pas terroriste, mais on le devient. Ce sont des décisions politiques qui fabriquent des fanatiques religieux qui dès l’occasion se présente, ils ne se gênent pas de s’accaparer le pouvoir par tous les moyens y compris la violence. Ils déstabilisent ainsi le pays, commettent des exactions et des crimes au nom des valeurs qu’on leur a inculqué par la diffusion d’une culture obscurantiste que ça soit à l’école, à la télévision ou à la mosquée. Les cas récents de la Tunisie, de la Lybie et de l’Égypte sont éloquents. La tragédie algérienne est encore plus évidente, puisque nous l’avons vécue nous-mêmes. Nous essayons de développer quelques erreurs stratégiques, certaines sont connues, d’autres moins, qui ont, à notre avis, joué un rôle dans cette dérive fondamentaliste qui s’est métamorphosée en un terrorisme armé aussi destructeur qu’intransigeant bloquant ainsi la marche du pays vers la paix, la modernité et la prospérité. 1- L’assimilation identitaire Le black-out sur l’identité berbère de l’Algérie et l’orientation forcée de cette dernière vers une sphère culturelle arabo-musulmane, pour ne pas dire arabo-islamiste, au lendemain de l’indépendance du colonialisme français est une erreur d’aiguillage que nous ne cessons de subir les conséquences. Notre pays possède plusieurs atouts gagnants entre ses mains. D’abord son histoire berbère qui a plusieurs millénaires d’existence, et qui contient des lueurs de modernité, telles que la laïcité et la liberté (le comité du village, la djemââ, est une organisation séculière ; imazighene veut dire homme libre); ensuite sa situation géographique, il est situé à quelques centaines de kilomètres de l’Europe; de plus, au lendemain de l’indépendance, il y avait une classe sociale dynamique et moderne parmi elle des Européens qui voulaient restés vivre et travailler en Algérie. Le pays aurait profité de cette proximité à l’Occident, l’unique détenteur, depuis en moins 2 siècles, de la recette gagnante du développement et de la prospérité, loin avant les autres grandes nations, notamment la Russie et la Chine. Pourquoi a-t-on bruler tous ses atouts pour aller se jeter dans les bras d’un Orient lointain, enchaînée aux dogmes religieux (Islam veut dire soumission, c’est le leitmotiv à la mode), dont la modernité et la contemporanéité lui sont étrangères, qui, en plus, s’affiche clairement contre la civilisation occidentale (la qualifiant de « dar el harb » ou « el kofr ») et se déclare hermétique à sa pensée et à ses valeurs ? Le manque de jugement de nos décideurs politiques qui se sont succédé depuis 1962 à nos jours est flagrant. D’autant plus que la locomotive de cette sphère arabo-musulmane est rouillé, hors rails, paralysée par 7 siècles d’obscurantisme. Elle n’est productrice et exportatrice que du fondamentalisme religieux. Le chef de fil de ces pays arriérés est l’Arabie Saoudite - leader de l’islam sunnite, donc celui des Algériens. Le wahhabisme, une forme violente et inhumaine de la charia, était déjà en vigueur dans ce royaume de la famille des Saoud. Son voisin qatari, une pure invention de l’empire britannique, brille ces dernières décennies aussi par le financement et la diffusion de l’intégrisme religieux, il utilise même sa chaîne de télévision satellitaire comme boîte de transmission des fatwas meurtrières et des communiqués de terroristes et de cheikhs fanatiques notoires. Ces deux pays sont considérés par certains de nos compatriotes comme un modèle de réussite spirituelle et matérielle. Or, si ce n’est leur immenses réserves de pétrole, les coopérants étrangers, le nombre insignifiant de leur population et le parapluie protecteur états-unien, ils seraient les parias de la planète, voire en guerre permanente, vu les injustices qu’ils font à leur peuple et les complots qu’ils fomentent aux autres pays « frères ». Le courant islamo-fondamentaliste égyptien fait aussi partie de la source de nos malheurs. Les décideurs politiques algériens n’ont pas trouvé bon de puiser du courant moderniste égyptien et de ses leaders, tels que Abderrahmane Al-Kawakibi, Qasim Amin ou Nawal Saâdaoui, mais plutôt de son courant salafiste, en recrutant ses deux prédicateurs vedettes Al-Ghazali et Al-Karadaoui, pour diffuser l’idéologie intégriste dans nos foyers via la télévision nationale et en noyant le marché algérien et la jeunesse par leurs manuels d’endoctrinement idéologique extrêmement toxiques. 2- Refus des « Lumières » Le concept des « Lumières » est ainsi choisi pour combattre les « ténèbres » et « l’obscurantisme » dans lesquels l’Occident était enfoncé. Ce courant philosophique, né au 18e siècle, a aidé l’Europe à se débarrasser des résidus moyenâgeux et l’a aidé à réussir l’examen de passage vers la modernité. Parmi ses idées, nous citons la critique de la religion, le choix de la raison contre l’esprit magique et la rationalité contre la superstition. Ainsi par exemple une comète devient un corps solide mouvant dans le ciel (explication scientifique basée sur l’observation et l’étude des phénomènes célestes, vision moderne du monde). Elle n’est plus considérée comme un présage d’une calamité ou une pierre tirée par des anges contre Satan qui veut retourner au paradis duquel il a été expulsé (explication religieuse basée sur la superstition et la foi sans aucun regard empirique, vision ancienne du monde). Ce mouvement philosophique, dont on lui impute les origines des révolutions américaines et françaises qui ont permis l’émergence des principes de liberté, d’égalité et de fraternité, considère la tolérance religieuse comme une vertu primordiale parmi les peuples. En fait, c’est la pensée des Lumières qu’il fallait diffuser parmi les citoyens pour les émanciper et les vacciner contre les idées obscurantistes qui nous assaillent du Proche-Orient. Or, c’est le contraire qui s’est passé. L’État a préféré, par ignorance ou par calcule politique machiavélique, de diffuser l’obscurantisme religieux au lieu des idées des Lumières dont la philosophie et la science sont la pierre angulaire. 3- Diffusion de l’obscurantisme Cette politique a mené le pays à un désert culturel, voire à un Goulag d’aliénés par des dogmes stériles, voire violents, sources de troubles et d’injustices. Le pays tout entier ne cesse pas de se culpabiliser et ne parle que d’ablution, de mixité, de foulard, de barbe, de hallal et de haram. L’effort de la nation se perd donc dans de futiles rituels dictés par des imams aux services d’un État contrôlant et antidémocratique, le tout auréolé systématiquement par un hypothétique paradis pour les dociles, mais surtout par un enfer certain pour les récalcitrants. À l’exception de quelques recherches et découvertes qui rentrent dans des compagnes dévotes de prosélytisme tous azimut, appelé communément le concordisme, le discours scientifique n’a pas de place parmi la population, bien au contraire elle le fuit le soupçonnant de bidaâ, d’égarement ou de piètres spéculations humaines devant la toute-puissance divine. Ainsi beaucoup de citoyens ignorent ou rejettent les explications scientifiques évidentes des phénomènes naturels et affichent des courbettes d’acquiescement sans aucun raisonnement à des explications religieuses saugrenues, datant du 7e siècle. Les irruptions volcaniques crachant leurs magmas, par exemple, sont considérés comme un signe de l’enfer, un avertissement ou « un châtiment divin » pour une population qui a « dévié du droit chemin », alors que sa vraie explication, scientifique évidemment, qui devrait être connue en principe même par des enfants de l’école élémentaire, le décrit comme un phénomène géologique et une activité routinière du globe terrestre qui n’a rien à voir avec une puissance surnaturelle qui le téléguide du ciel. En plus, les volcans existent ou existaient dans toutes les planètes telluriques pourtant elles n’ont pas connu de présence humaine sur leur sol. Les stars du fondamentalisme religieux employées par la télévision algérienne durant les années 1980 et 1990, cités plus haut, que sont El-Ghazal et El-Karadaoui, voient, comme comme tout salafiste, en le retour aux idéaux de la religion musulmane le seul moyen pour sortir de la décadence et du sous-développement. Or, on a vu leurs « apôtres » en Algérie et en Syrie. Par leur violence et leur fanatisme, ils incarnent plutôt l’enfer de l’humanité et la cause de la disparition de cette dernière. Ce mouvement dévot oublie que ce qui a fait l’âge d’or de la civilisation musulmane par le passé, ce ne sont pas les sempiternels rituels, le conformisme religieux et le repli sur soi, mais plutôt la stabilité de ses États, un commerce florissant et une ouverture sur la science, la technologie et la philosophie grecques, perses et indous. Or, de nos jours, nos librairies sont inondées par des livres, qui ne sont surtout pas au sommet de la pensée critique, mais plutôt porteurs d’un certain moralisme piétiste décadent recouvrant tous les domaines de la vie de l’individu émanant des prêches incendiés de ces deux prédicateurs et de plusieurs de leurs compères. Par contre, les livres des intellectuels de haut calibre, comme Mohamed Arkoune ou Abdallâh Laroui qui appellent à une rupture avec le salafisme religieux réactionnaire et à épouser le rationalisme et la pensée progressiste des Lumières, sont méconnus de nos citoyens à l’exception d’une élite restreinte. Le scientifique est ainsi détrôné dans la hiérarchie des valeurs au bénéfice d’un prédicateur, d’un imam ou d’un charlatan de la « roqya ».
Posted on: Sun, 20 Oct 2013 21:13:59 +0000

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