Conjoncture Au-delà du brouhaha politique lundi 11 novembre - TopicsExpress



          

Conjoncture Au-delà du brouhaha politique lundi 11 novembre 2013, par JONASY Joelson Agrandir le texteDiminuer le texteVersion texte À quelques encablures de l’échéance du 20 Décembre 2013, jour J du second tour des présidentielles à Madagascar, le bateau ivre de la transition endure les derniers instants d’une mer tumultueuse constamment agitée par une insatiable tempête politique qui veut tout emporter sur son passage. Avec une brutalité telle que toutes tentatives d’y résister relèvent d’un exploit peu commun, un pari difficile à tenir au regard du contexte de crise dans lequel sombre le pays depuis bientôt 5 ans. Et pourtant, l’exploit est bien là : une équipe d’experts malgaches est à pieds d’œuvre depuis peu, pour formuler en collaboration avec le Secrétariat exécutif du Conseil national pour le développement et avec le soutien des Partenaires techniques et financiers (PTF) de Madagascar dont le PNUD, un document de stratégie intérimaire connu sous l’acronyme SNRD (Stratégie nationale pour la relance du développement). La SNRD, contre vents et marées ! Pour une fois que l’économie refuse d’être engloutie par la vague ravageuse de la chose politique, il serait légitime de marquer d’une croix blanche l’effectivité d’un tel évènement. Histoire de signifier aux politiques qu’ils ne sont pas les seuls maîtres à bord. L’initiative SNRD tient tête et promet d’aller jusqu’au bout du processus de son élaboration, indépendamment des incertitudes liées à l’actuel contexte électoral. Il est vrai que personne ne saura deviner tous les futuribles, ne fût-ce qu’à court terme. D’aucuns appréhendent un chaos postélectoral à l’ivoirienne. D’autres ne croient même pas à la tenue du second tour. Certains entrevoient le bout du tunnel de sortie de crise au lendemain des élections. Bref, aucune évidence sur la trajectoire que nous réserve l’actuelle dynamique. La seule certitude c’est que le pays s’engouffrera davantage dans une misère indescriptible si rien ne se fasse dans le plus bref délai. La SNRD relègue au second plan le politicking Le mérite de la SNRD est sans conteste celui d’apporter une touche de positivité à cette ambiance délétère marquée par l’obstination du variable « politicking » (à ne pas confondre avec « the policy » à l’Athènienne) à se dresser comme une tendance lourde -pour reprendre un terme familier aux prospectivistes- compliquant continûment tout effort tendant à faire de l’économie le principal moteur de développement d’un pays. Le russe Nicolas Berdiaev, fervent objecteur de la « laideur démocratique » proposée par les politiques et démolisseur invétéré du comportement paradoxal des marxistes qui ont transformé l’idéal social des ouvriers en lutte d’intérêts, a été le précurseur de ceux ou celles qui souhaitent vivement inverser l’ordre des choses : l’économie et le social d’abord, le politicking après. Oublier le politicking au profit de l’économie n’a jamais été facile pour Madagascar, compte tenu de l’emprise culturelle que la France, l’ancienne puissance colonisatrice, exerçait et continue à exercer sur l’intelligentsia malgache. J’avais eu l’occasion de parler dans l’un de mes tout premiers éditos de cette « francité » qui conditionne la pratique politique des malgaches, (madagascar-tribune/M...), de ce référentiel peu vertueux qui handicape sérieusement le développement de Madagascar. La SNRD, une aubaine pour le prochain exécutif La disponibilité de la SNRD dès la prise de fonction du nouveau Président ne peut être qu’une aubaine pour le nouvel exécutif de la quatrième république. En ce sens où il disposera d’un outil d’aide à la décision pour redémarrer, sans attendre, le développement du pays selon les axes prioritaires identifiés dans la stratégie retenue. Il ne lui reste qu’à enclencher le processus de déblocage des fonds prévus et mettre en œuvre tous les programmes d’actions inventoriés dans la SNRD. Il faut se rappeler que le MAP (Madagascar Action Plan), officiellement adopté en Novembre 2006, a été initié depuis le mois de Mars 2005. Autant dire que l’accouchement d’un document de stratégie de développement de cet acabit nécessite un long processus d’élaboration. Divers ateliers de consultations doivent être organisés aux fins d’une appropriation par toutes les parties prenantes du développement. S’agissant de la SNRD, toutes les régions de Madagascar auront l’occasion de faire valoir leurs aspirations pendant des consultations régionales. Des débats techniques doivent être menés à travers des ateliers pour permettre aux consultants recrutés de donner leurs expertises sur des dossiers épineux. La SNRD raccourcirait le long processus de la mobilisation des ressources À noter que l’obtention d’un financement étranger pour les programmes de développement des pays moins avancés comme Madagascar est un combat de longue haleine. Il faut plusieurs mois d’attente pour que ces pays puissent disposer des financements externes. Le temps pour leurs techniciens de ficeler les dossiers de financement, d’obtenir un rendez-vous pour présenter aux bailleurs ciblés les dossiers de financement et le temps qu’il faut pour obtenir l’approbation des bailleurs. Contrairement aux pays développés qui décrochent des financements à coup de téléphone auprès des fonds de pension et autres fonds souverains, Madagascar a besoin de traverser un long chemin de calvaire, avant de pouvoir espérer un financement pour ses programmes de développement. Un dialogue à long terme via des discussions techniques, entre le pays demandeur et le bailleur, doit précéder toute demande de financement. A partir du moment où le programme à financer est identifié, une équipe du bailleur s’attèle à son évaluation, en vue de vérifier la viabilité technique, économique, sociale, organisationnelle et financière du programme en question. C’est seulement à ce stage que le pays demandeur puisse entrevoir le début de l’élaboration d’un plan de financement à laquelle participe forcément l’emprunteur. Sans omettre qu’avant que le projet soit soumis au Conseil de la Banque (Pour le cas de la Banque Mondiale) pour accord, il est impératif que, auparavant, le gouvernement en place procède à la validation des conditions voulues par l’emprunteur. Ayant entre les mains une SNRD préalablement acceptée et validée par des PTF (Partenaires Techniques et Financiers), les nouveaux dirigeants ne peuvent que se réjouir de pouvoir raccourcir ce long processus lié à la mobilisation des ressources. En définitive, ce bref plaidoyer en faveur de la SNRD ambitionne d’exhorter la convergence de toutes les composantes de la société malgache vers le front de la guerre de l’économie où le principal ennemi n’est autre que la pauvreté. Pour autant, il n’est pas question de se démobiliser par rapport au présent processus électoral, ni de pousser les uns et les autres au renoncement de leurs obligations citoyennes. Toutefois, l’adhésion de tous à la SNRD est une précieuse contribution au processus de sa formulation en vue d’une réelle sortie de crise. Ne croyons pas avoir pu nous débarrasser de toutes nos illusions de fin de crise dès l’installation du nouveau Président. Comme l’a si bien dit le romancier Claude Roy : « Lorsque l’on a perdu toutes ses illusions, il reste encore à perdre l’illusion suprême qui est de croire sans illusion. » La crise ne prend pas fin au lendemain du retour à l’ordre constitutionnel. Encore faudrait-il que le nouveau Patron plébiscité par les urnes et la nouvelle équipe qui l’accompagne puissent, sans perdre du temps, mettre en œuvre les programmes de développement tant attendus. La SNRD est là, à juste titre, pour les aider à amortir le choc de la crise par la mise sur les rails, dare-dare, les projets de développement recommandés par ce document de référence, le seul d’ailleurs qui puisse répondre présent à l’aube de la quatrième République, le MAP étant caduc depuis fin 2012. JONASY Joelson
Posted on: Mon, 11 Nov 2013 16:00:59 +0000

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