Connaissez-vous Dame Fatou Badiar?"Telle est la question rituelle - TopicsExpress



          

Connaissez-vous Dame Fatou Badiar?"Telle est la question rituelle par laquelle le procureur Willam Fernandez, alias Dez, commençait les interrogatoires des accusés du procès de l’attaque du domicile du Président Alpha Condé. La réponse à cette question pouvait à elle seule sceller la suite de votre interrogatoire voire votre culpabilité. En effet, la théorie du procureur et de la commission d’enquête est que c’est au domicile de cette dame ou (à tout le moins) c’est en sa présence que le complot aurait été imaginé, préparé, financé.C’est au cours de réunions chez elle que chacun aurait vu son rôle définit avec précision. Ceci est corroboré par un dispositif de surveillance policier important. Mais tout ceci repose aussi sur le fait que par ses réseaux et ses actions, la dame était si je puis dire, un client idéal. Proche des milieux militaires et du pouvoir kaki, elle était l’épouse d’un officier supérieur (décédé depuis) et était apparemment assez influente au sein de l’armée. Ce qui lui a permis de faire fortune en fournissant notamment des denrées alimentaires à l’armée. Même feu le Chef d’Etat Major se rendait chez elle pour des visites de courtoisie (elle a révélé après qu’il voulait en fait l’épouser…mais vu qu’il n’est plus de ce monde je pense qu’elle aurait du s’abstenir de cette révélation).Dame Badiar aurait eu en quelque sorte deux sponsors, un sponsor politique en la personne de Bah Oury, ce que le procureur tente de prouver par les visites du Monsieur au domicile de la dame. La question est la suivante : vu qu’il n’était pas la seule personnalité à venir sur les lieux, pourquoi focaliser sur lui? Bah Oury, il faut le dire a lui aussi un profil idéal. Vice président de l’UFDG (opposition), théoricien politique de ce parti, connu pour être un pro de la ligne dure face au président Alpha Condé.Le deuxième sponsor, le bras armé, serait le commandant AOB de son vrai nom Alpha Oumar (Boffa) Diallo d’où son surnom AOB. Un des militaires les plus connus et craint en guinée : Instructeur des corps d’élite, béret rouge, chef de la garde rapprochée du Président Conté, connu pour ses qualités de militaires (et bien entendu avec de nombreuses légendes sur ses capacités mystiques). Depuis la mort du Président Conté, sa vie a basculé dans un chaos assez normal dans un pays fait de rancœurs et de jalousies : prison, libération, prison, mise à l’écart etc. Sa dernière libération, il la doit au président Sekouba Konaté qui avait eu une meilleure attitude envers les officiers réputés proches de Conté. N’oublions pas que Konaté lui même vient de cette matrice là mais a faillit en être écarté lors du putsch manqué dit putsch des malinké. La branche armée du putsch est d’ailleurs une reconstitution du noyau militaire autour de Konaté avec la majorité des militaires arrêtés issus du Bata (Bataillon Autonome des troupes Aéroportées) que Konaté dirigeait avant la mort de Conté."#ProcèsAOB : un procès, des vedettes"Rapidement, sur les réseaux sociaux, ce procès est devenu Procès AOB suscitant des commentaires, parfois des moqueries mais un grand intérêt de guinéens et de non guinéens.Notamment sur les avocats : deux peuvent être cités : l’inénarrable et inimitable Me Doumbouya, avocat de la partie civile qui croit fermement qu’il est là pour insulter les accusés et les prendre de haut en le accusant principalement d’être haineux envers le PR Conté. Il n’a jamais compris que son rôle était de chercher à faire ressortir des éléments de preuve dans les réponses des accusés. Il atteindra le paroxysme du ridicule en donnant, lors de sa plaidoiries, lecture d’un document qui selon lui est une commande faite par le Commandant AOB de matériels militaires incroyables : des sous marins, des navires de guerres, des hélicoptères, des lances roquettes de fabrication chinoise etc. Totalement ahurissant ! Le pire pour moi n’ayant jamais été ses élucubrations mais sa façon hautaine de traiter les accusés. On avait l’impression en le voyant d’être en face de l’intellectuel méprisant et qui attise le feu sous les passions. Et je ne parle pas de son goût immodéré pour le bling bling (son surnom était avocat bling bling!). En face, du coté de la défense difficile de faire émerger un nom parmi tous ces avocats de qualité. Je retiendrai Me Traoré pour ma part. Ses interventions ont souvent été tranchantes de tranchantes, pleines de malice et bien senties notamment quand il était en face de ces témoins qui disaient tout savoir et qui finalement proposent des sons et vidéo qu’on ne peut ni authentifier ni circonstancier. Les avocats de la défense ont parfois été malmenés dans ce procès et notamment par les interventions intempestives du procureur. Dans ce procès, ceux qui ont porté le droit ce sont les avocats de la défense et dans une certaine mesure le procureur. D’une certaine façon, le procès AOB, c’est Dez contre la défense. La partie civile faisant des interventions finalement à coté de la plaque. Ensuite, il y a les témoins de ce procès. Nombreux et quasiment tous intéressants. Le plus attendu et dont l’audition a duré le plus longtemps est le Commissaire Fabou (Aboubacar) Camara, haut cadre de la police, chef des services spéciaux de la Présidence de la République.Un vrai puissant quoi! Fabou est celui qui a probablement la connaissance la plus intime de cette affaire, puisqu’il a piloté la surveillance du groupe de Fatou Badiar, a été sur le terrain la nuit de l’attaque et a procédé à l’enquête après mais aussi avant. Oui ce qui est surprenant pour nous mais que le commissaire trouve normal : c’est que des comploteurs aient continué à comploter même pendant qu’on arrêtait certains de leurs complices les plus impliqués. Dans une situation normale, est ce que ces arrestations n’auraient pas du entraîner une suspension de l’opération ? Et si finalement, c’était ce qui s’était passé ? Et si finalement, les acteurs avaient décidés de surseoir à leur opération mais qu’un groupuscule les avait forcés à mettre en œuvre l’opération afin que personne ne puisse parler de « faux complot ». Cette crainte du faux complot est apparu être la plus grande angoisse du commissaire et même du procureur. Cette théorie a été développée par certains avocats de la défense sans qu’on puisse la prouver. Un des évènements les plus commentés de ce spectacle judiciaire a été le moment où le commissaire Fabou s’est retrouvé confronté à des révélations de Mme Fatou Badiar sur l’agent qu’il aurait infiltré à son domicile. En fait, une nièce de Mme Fatou Badiar, elle-même membre des services de renseignement et prénommée Aicha. Selon le témoignage de Mme Badiar, le commissaire entretenait à l’époque une liaison avec la dite Aicha connue (par ailleurs) pour mener une vie dissolue. Cette annonce en direct à la télévision avait de quoi choquer l’ensemble de l’assemblée et surtout le président qui ne savait pas comment éteindre cet incendie qui venait de se déclencher. On avait alors une pensée pour le commissaire qui selon les moqueries sur les réseaux sociaux devaient soit payer le voyage à la Mecque à sa femme soit lui acheter une voiture soit carrément aller la chercher chez ses parents. Un moment assez gênant et assez drôle à la fois. A mon avis, le personnage clé de ce procès, c’est le président Fodé Bangoura. Un président à l’africaine.Respectueux des autres mais ferme. A ce que j’ai vu, et j’en ai vu des diffusions du procès, il n’a quasiment jamais élevé la voix. Il se faisait respecter par son regard et par le ton de sa voix qui nous a rappelé à certains d’entre nous nos vieux oncles qui ne crient jamais mais dont l’autorité est simple et facile à respectée. Le président avait cette formule pour réprimander ses interlocuteurs qui était : « cela ne se fait pas comme ça » ou « on ne parle pas comme ça » ou encore « passez sur ça ». Cette formule remplace avantageusement des formules plus agressives qui mettent en cause la personne à qui on parle. Sans la sagesse de ce président qui a tout accepté et notamment les agressions verbales du procureur, ce procès aurait mal fini. Il a réussi à conduire cette affaire à bon port et pour cela il est admirable. Merci président."Et sur le fonds, complot ou pas complot ?"Personne ne saura dire avec certitude qu’une attaque a eu lieu et personne ne saura dire avec certitude que les personnes dans les box des accusés étaient parmi les comploteurs. Ces assises ont laissé trop de doutes. Trop de témoignages contradictoires. Si le doute devait profiter aux accusés, beaucoup seraient acquittés non parce qu’on est sûr qu’ils ne sont pas coupables mais parce que le doute subsiste. Ceci notamment pour ceux pour qui le procureur a requis la peine capitale : AOB et Mme Fatou Badiar.Les accusations sont multiples et on trouvera bien quelque chose pour lequel ils sont coupables mais pas sûr que ça soit l’attaque en elle-même : association de malfaiteurs, assassinats, tentative d’assassinats contre l’autorité de l’Etat, ethnocentrisme, détention et consommation de chanvre indien, abstention délictueuse, détention illégale d’armes de guerre.Le cas qui exprime le mieux cette situation de doute, c’est le cas du Commandant AOB lui-même. AOB dit être effectivement allé à la résidence du PR ce jour là. Toutefois, il dit y être allé sous la menace d’hommes en armes qu’il ne connait pas. Ceux-ci l’ont forcé à aller à la résidence du président. Une fois sur place, comme il était seul dans sa voiture, il s’est avancé vers le garde et lui a dit « les gens qui sont derrière moi viennent vous attaquer ! » Cette partie de l’histoire n’est contestée par personne car corroborée par le garde en question. C’est la suite qui pose question : AOB dit être parti en courant (vu que les tirs ont débutés dès son annonce), être rentré dans sa voiture et a vu une grenade jetée dans sa voiture par ceux qui le retenaient. Pour le procureur, et selon le témoignage d’un autre garde, AOB serait resté là et aurait également ouvert le feu sur les gardes. Le lieutenant en question dit avoir riposté mais « les balles ne rentraient pas ! » Oui AOB est mystiquement puissant apparemment. Ça c’est sûr parce que, être touché par une grenade de si près et survivre relève d’un miracle. Bref, les deux théories sont contradictoires mais pas incompatibles à mon avis. AOB a très bien pu être amené de force là bas mais une fois qu’on lui tirait dessus il a pu riposter. Le moins qu’on puisse dire c’est que la culpabilité de AOB n’est pas limpide, nonobstant les sacrifices de bœufs qu’il aurait fait un peu partout en guinée pour faire réussir son « entreprise machiavélique » Dixit Me Doumbouya. Hélas ces sacrifices ne sont pas une preuve. Le verdict viendra dire ce qu’il en est.S’il y a eu complot, naturellement il faut qu’il ait une dimension ethnique. Et là, ce procès a surpassé les attentes : quasiment tous les accusés sont peuhls. Pour découvrir la variété (ou la non variété) des prénoms peuhls masculins il faut suivre la liste des accusés (Alpha, Mamadou, Aliou, Yero, Alimou, Alghassimou, Omar, Ousmane, Baba et bien sûr Thierno). Il n’est pas souhaitable de penser qu’ils sont là parce qu’ils sont peuhls. Moi je ne le crois pas. En tous les cas, à aucun moment du procès, ils n’ont été traités ainsi. Donc cette dimension ethnique est une façon pour certains d’attiser les tensions sur un sujets suffisamment grave et qui n’en a pas besoin.La théorie développée par certains est la possibilité d’un complot en forme de piège tendu aux opposants avec les services à la manœuvre. Cette hypothèse est plausible et accréditée par le retard des renforts et par certaines incohérences. Là aussi aucune preuve pour étayer cette théories qui parfois relève de la paranoïa ambiante sur certains sujets en guinée. "Au final, une histoire triste pour tout le monde"En effet, et comme l’a dit l’aide de camp du président Conté, « Il faut se dépêcher pour statuer car les gens (accusés) souffrent ». Cela fait deux ans que ces accusés sont détenus. Certains ont perdu des membres de leur famille. Certains ont été souffrant parfois gravement.D’autres sont morts au cours de cette détention : le colonel Issiaga Camara (neveu de l’ancien président Conté) et Abdoulaye Aidor Bah. Lors de ce procès, la souffrance des accusés a été étalée. Souffrance lié naturellement à la privation de liberté mais aussi aux conditions de détention qui sont ce qu’elles sont en Afrique. Tout est dur pour tout le monde qu’on soit en prison ou dehors. On a vu des séquences pathétiques faites de pleurs des accusés. Des hommes et des femmles d’un certains âge qui se retrouvaient véritablement au fond d’un abîme émotionnel. Pour eux tout s’est arrêté avec l’attaque de la résidence. Dur dur de savoir quoi penser réellement de cette situation.La guinée et les guinéenes sont naturellement les premiers attristés devant ce spectacle (parfois folklorique) d’un pays où les situations ont conduit à des décisions potentiellement dangereuses : ainsi un forgeron handicapé qui s’est vu affecté au camp Alpha Yaya Diallo pour y installer sa forge et y fabriquer des grades ou encore les gardes du général Sekouba qu’on a laissé à l’abandon après son départ , un procureur qui a lui-même par le passé été présenté à la télévision comme un narcotrafiquant , des jeunes gens (des accusés) qui disent être d’un service qui n’existe pas (alors même qu’ils ont un document administratif avec leur numéro matricule, des cadres de l’armée qui ne peuvent s’exprimer qu’en langue locale, un médecin (qui après 7 ans de médecine ) est caporal chef au service des santés des armés…vous avez dit scandales ? On pourrait en citer d’autres mais ce n’est pas le procès des anomalies administratives qu’il s’agit de faire. Le procès AOB est un moment de transparence qui a mis a nu beaucoup de choses. Nous espérons que chacun, pourra en tirer des leçons pour le changement de mentalité.
Posted on: Sun, 23 Jun 2013 14:58:52 +0000

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