« C’est les détails qui font que ton histoire tiendra debout. - TopicsExpress



          

« C’est les détails qui font que ton histoire tiendra debout. Celle-là, elle se passe dans les toilettes pour hommes. Alors il faut connaître tous les détails du lieu par cœur. Tu dois savoir s’il y a des serviettes en papier ou une machine à air chaud pour s’essuyer les mains. Tu dois savoir si il y plusieurs chiottes et la hauteur des portes. Tu dois savoir s’il y a du savon sous papier ou si c’est cette poudre dégueulasse de l’école, tu te rappelles ? Tu dois savoir s’il y a de l’eau chaude, si ça pue, si c’est un de ces genres d’endroits à dégueuler où des fils de pute pourris s’amusent à étaler leur chiasse sur le rebord. Tu dois savoir les moindres détails sur les chiottes de ce bar. » Extrait de Réservoir Dog, un film de Quentin Tarantino. Un film. Un bon, je crois. Chroniques dun verre de bourbon (5) Endroit peu fameux et plutôt redoutées, les chiottes pour hommes de l’Alabama étaient le genre de lieu où de nouveaux micro-organismes pouvaient être découverts. Les séchoirs à air chaud crachaient une sorte d’air toxique qui rendait tout lavage vain si on passait par cette étape. Des trois options pour se soulager, un chiotte et deux pissotières, aucune ne permettait aux usagers de ressortir en pleine forme, le système immunitaire subissant de lourdes agressions que seul l’alcool pouvait soulager. Le savon liquide, et vide depuis longtemps, n’avait de toute façon servi qu’aux mauvaises blagues de certains habitués. (Même Plague avait fait ce genre de plaisanterie vaseuse une fois.) L’eau y était tiédasse, comme une eau pleine de vie bactérienne prête à nous donner toutes les maladies du monde en un instant. Quant à l’odeur et aux fils de pute qui étalent leur chiasse sur le rebord, pas la peine d’en parler, vous vous en doutez. Là, cher lecteur, tu te dis « Oh non… Il va pas oser ! ». C’était un mercredi pluvieux, quatre jours après avoir senti ce parfum divin dans la rue, sans avoir pu savoir si oui ou non c’était mon tendre amour disparu. Plague avait terminé de faire son ménage mensuel, prenant bien soin d’éviter les toilettes, et la dream team n’était pas encore là. J’étais donc seul, avec Plague, dans ce bar. Et j’hésitais. J’hésitais à me faire péter les dernier neurones libres de mon crâne, à m’enivrer jusqu’à la mort et sombre dans l’oubli et le déni… Mon verre de bourbon, sigue des souvenirs, à la main et pensé sur le comptoir, je ressassais ce moment où j’aurais pu tout faire. Je revoyais cette soirée, je me repassais chaque image au ralentis, cherchais les nombreuses manquantes, effacées par un bourbon de trop, et surtout, je me maudissais. C’est vrai quoi ! J’aurais pu l’attraper par la main, la tirer vers moi, lui crier un « Attend moi… Attend moi ! Attend moi !! Je t’aime !! Je t’aime !! » Comme Nougaro à la petite fille en pleurs… J’aurais pu, mais je ne l’ai pas fait. Et au lieu de la chercher, je me noyais dans la Seine de mon Bourbon, emporté par les flots d’alcool… Tout à coup, une douleur dans mon estomac, comme si j’allais… Ma tête tourne. Était-ce elle ? Étais-je malade d’amour à ce point ?! Un pas, deux pas, trois pas. C’est exactement ce qu’il m’avait fallu pour me jeter dans les toilettes de l’Alabama. J’étais tellement atteint que j’en étais venu à tomber malade pour elle. Malade d’amour. Choisissant le lavabo le moins sale, je me passai un coup d’eau sur le visage avant de retourner me désinfecter le corps et me souiller l’esprit. Je devais la retrouver coûte que coûte. « Plague… » « Hmmm.. ? » « Au sujet de l’autre soir, quand il y avait le groupe de fêtards… Tu te souviens de la jeune fille qui était là ? Celle qui est partie au milieu de la soirée. » Sa réponse… Je l’attendais. J’étais certain qu’il savait qui elle était. Un peu comme tout le monde connaissait Carmen. Sa réponse ? J’aurais préféré ne jamais l’entendre. Swan
Posted on: Sat, 26 Oct 2013 11:13:56 +0000

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