DIALOGUE, CONCERTATIONS, RENCONTRE INTER-CONGOLAIS : TO BE OR NOT - TopicsExpress



          

DIALOGUE, CONCERTATIONS, RENCONTRE INTER-CONGOLAIS : TO BE OR NOT TO BE… « Lorsque vient le clair de lune et qu’il y a danse au village, ce n’est pas à n’importe qui qu’on cède le tam-tam » (Proverbe Africain) Newport (Pays de Galles, Royaume-Uni), 14 juillet 2013. L’actualité socio-politique au Congo-Kinshasa est dominée par le dialogue, les concertations ou le dialogue inter-congolais, surtout depuis que le président Joseph Kabila ait signé l’ordonnance le ou les convoquant. Le débat est actuellement sur la place publique. Un chacun y va à sa manière ; avec ses mots et selon son entendement. La radio trottoir en fait aussi son affaire. On est dans ce que le professeur et écrivain Yoka Lye Mudaba titre « les confidences du chauffeur du ministre ». Certains avancent déjà des affirmations déconcertantes et non vérifiées : le parti au pouvoir voudra allonger son propre mandat au fait qu’il n’a pas été possible de mettre en place les institutions décidées par la Constitution. Il faudrait une prolongation. La toile est pleine des prises de position et des communiqués divers. Dans un sens comme dans l’autre. Les pour et les contre s’affrontent sans ambages. Nous nous faisons aussi un modeste devoir d’y placer un mot. Car, nous pensons qu’il faudra aider les uns et les autres à se calmer les nerfs et à arrondir leurs divergences parallèles. Car, il n’y a pas mort d’hommes et il ne doit pas avoir mort d’hommes. La puce à l’oreille : l’ouvrage du professeur Evariste Boshab. Disons que rien n’est nouveau sous ce soleil là congolais. Du déjà-vu comme toujours depuis la première concertation ayant accouché l’indépendance : la Table Ronde de Bruxelles en 1960. Comme toujours, les objectifs, l’agenda, les participants, la dénomination, tout semble poser problème. A cause de deux donnes cette fois-ci : le fameux « article 220 » de la Constitution qu’on dit être hermétiquement verrouillé au point de réfuter et refuser à l’actuel président Joseph Kabila de se représenter ad vitam aeternam. Une vraie phobie où un chacun y va à sa manière : les évêques catholiques, les partis politiques et, il ne faudra pas s’en douter selon les usages, certaines chancelleries. Même l’un des Pères de cette constitution congolaise dite de Liège, professeur de son état, s’est invité aussi dans les médias. Peut-être une façon de s’exorciser de cette honte désormais douloureuse d’avoir encore recouru à Liège, cinquante ans après les indépendances, pour une constitution, surtout après celle professionnelle de Luluabourg. Il semble que souvent on soit né avant la honte, comme disent les béninois. La puce à l’oreille c’est sûrement la publication de l’ouvrage du professeur Evariste Boshab, secrétaire général du PPRD de son état, le parti au pouvoir, ouvrage controversé pour certains qui l’ont lu (avec certaines lunettes). L’inverse d’ailleurs aurait étonné. Il n’existe pas des cadeaux, des actes isolés et des actes de bonne foi en politique. Depuis le temps de Machiavel. Et surtout en politique de chez nous. D’ailleurs, les professeurs qui ne feraient pas honneurs de leurs sciences, cela ne date pas d’hier. Les mauvais souvenirs hantent certains : la Conférence Nationale Souveraine avec le professeur Ngoy Nduba. Mais, il eut aussi des personnalités scientifiques avec une probité respectable : les professeurs Marcel Lihau et Malu wa Kalenga, s’il faudra citer quelques uns. Mais, ces souvenirs qui reviennent, c’est comme si c’était hier ou tout au moins avant hier. Nous souhaiterons lire l’ouvrage pour nous faire une opinion là dessus. Soit. Puis, au sujet de cette oui ou non révision de l’article dit mort-subite de la constitution, d’autres langues se posent la question de savoir si le Congo-Kinshasa est en fait un laboratoire avant d’avant garde surtout pour certains des voisins qui lorgneraient tout aussi la via Appia congolaise : le Rwanda, le Congo-Brazzaville, l’Angola. Là aussi, le fameux problème de l’article « mort-subite » se pose ou va se poser. Malgré le silence radio. Comparaison n’étant pas raison, on parlerait du scénario à la Vladimir Poutine partout ou nulle part. Mais, on en est pas encore là. Affaire per diem. Bon ou mauvais souvenir aussi, la liste des participants ferait problème. L’affaire d’escroquerie de Denis Lessie révèle nos dessous des cartes républicaines. Incroyable ! Car, comme hier aussi, tout le monde est sur le qui vive à cause de ce qui devient indispensable dans toutes les réunions de chez nous : le per diem roi. La crise est grande et profonde. Hormis l’UDPS, fidèle à elle-même et à son « chef », jusqu’à une certaine mesure, chacun voudrait participer à la mangeoire ou à la marmite sacrée. C’est une question de droit et de devoir patriotique, s’entend-on dire, ouvertement ou à demi-mot. Même la diaspora heureuse pour la première fois au moins, et on l’espère, de se faire écouter différemment par le régime actuel que par les « muntakalisation », y sera présente. Ceux qui n’ont pas souscrit au mouvement de ceux qui, dès les premiers jours, avaient décidé d’y aller, se mordraient les doigts et s’engageraient actuellement dans les coups bas pour barrer la route à ces premiers qui s’étaient inscrits dans cette lignée. On croit que les organisateurs ne succomberont pas à la tentation grande des usurpateurs et des opportunistes ! Un proverbe africain. Celui qui voyage apprend plus que celui qui va à l’université, disent les Malinké. Toutes les diasporas du monde font bénéficier leurs voyages à leurs pays d’origine, commençant par la célèbre diaspora juive. Aussi, il conviendrait de prendre les choses à partir de là où je gratte ces lignes pour partager quelques pistes : le Royaume-Uni. Disons qu’un chacun qui y est venu et y a résidé en a tiré sa propre leçon, selon son penchant et les objectifs de sa visite. Chaque pays a certes sa particularité et surtout son héritage à partager avec les autres. Nous sommes à l’heure de la mondialisation. La fibre optique qui vient de faire son entrée au Congo-Kinshasa est un symbole. Même s’il semble que, comme c’est souvent le cas, la précipitation de la révolution de la modernité ait oublié des questions logistiques de base qui ralentirait son débit à la réception. Soit. Le Congo entre, de gré ou de force, dans le concert des nations modernes ou à moderniser. C’est la fin des frontières naturelles (et celles héritées de la colonisation). Au propre comme au figuré. Le Royaume-Uni a aussi son héritage à partager ; un héritage que sa diaspora, qu’on sait aujourd’hui combattante ou militante à une certaine mesure, doit partager avec la mère patrie, le Congo. Le Royaume-Uni est une île, la Grande Ile. Il a conquit et a dirigé presque le monde entier avec son British Empire. Car, les habitants d’une île ont l’avantage d’une vision intuitive des problèmes qu’ils préparent à résoudre, à distance, évitant ainsi de dépenser trop d’énergies en les confrontant face-à-face. Terre d’asile et d’exil des libres penseurs, c’est d’ici que Karl Marx par exemple finalisa son « Capital » ; Jean Jacques Rousseau, l’homme du « Contrat social » y est venu aussi s’inspirer, Voltaire y écrit les « Lettres philosophiques » et même Montesquieu, l’homme de « L’esprit des lois» et des « Lettres persanes », a séjourné sur l’île. C’est dans ce pays, et tout au sud de Londres, que résida le père de l’évolutionnisme Charles Darwin ; c’est dans ce pays aussi que Newton découvrit sa loi de gravité ; c’est le pays de John Locke et aussi celui de Tim Berners-Lee, le célèbre inventaire de la toile World Wide Web, les trois « www ». Mais, ce pays, c’est aussi celui d’un des grands écrivains mondial William Shakespeare, l’homme de « To be or not to be : that is the question »i (Etre ou ne pas être : c’est bien ça la question). Leçons d’histoire immédiate. Et, à notre avis, c’est la question majeure de ces concertations, dialogues ou rencontre congolais : to be or not to be ; c’est-à-dire l’impératif pour tous qu’après le dialogue ne soit pas comme avant le dialogue. Sinon, comme toutes ces rencontres folklores de l’histoire du Congo, le clash ne sera pas inévitable. Les indépendances devinrent une catastrophe dès lors que les colonisateurs voulaient reprendre de la main gauche ce qu’ils avaient lâché de la main droite ; la Conférence Nationale torpillée par Mobutu occasionna la guerre de l’AFDL et tous les points de suspensions actuels dont Mobutu lui-même qui finit ses jours honteusement en exil et pleuré par quelques personnes à compter sur les bouts des doigts, après qu’il ait voulut qu’après la Conférence soit égal à avant la Conférence ; et les exemples sont nombreux. Alors que les bousculades sont inévitables pour figurer dans la liste des perdiemistes, il pourrait être salutaire pour le pays si la diaspora, surtout britannique, pourra déjà réfléchir sur son input dans ces assises. Ou, celle-ci s’y attèle déjà, il faudra plutôt souhaité que les autres participants et surtout les organisateurs soient de bonne foi et d’ouverture d’esprit. C’est d’ailleurs ce que l’on croit, dès le moment où le principe même de ces assises est accepté et légalisé. Ce pays, le Royaume-Uni, comme dit, semble offrir une expertise (à prendre ou à laisser, certes) ; une expertise à tropicaliser sûrement. Ce pays a ses particularités qui peuvent aujourd’hui aider le Congo-Kinshasa aussi à sortir de son cercle vicieux pour se lancer vers une révolution de la modernité « vraie-vraie », comme le disent les Camerounais. C’est possible. Surtout que les concertations ou dialogue vont se tenir après le grand fiasco honteux des élections passées. Ne mâchons pas les mots. Pour nous rendre service. Même le retour du prélat est loin d’inspirer confiance. C’est un monsieur du pouvoir, chuchote-t-on. Mais, lui, dit-on, a déjà goûté au pouvoir et surtout à l’argent. Ses Pères évêques ne le soutiennent même pas. On est déboussolé. Mais, ça c’est une autre histoire aussi. La diaspora a une expertise à partager ; ou mieux, la diaspora doit avoir une expertise à faire bénéficier à la mère patrie. A condition que les organisateurs évitent de tomber dans les pièges des autres rencontres de jadis : la clientélisme et surtout le « djaleloisme » hérité du défunt parti et qui a conduit ce MPR parti-Etat à la tombe (alors qu’il se chantait que ce parti-là était éternel). Certes, il est tout aussi utopique de penser les messieurs au pouvoir ne pas lutter, becs et ongles, pour conserver le pouvoir et ses avantages ; et aussi illusoire de penser tout aussi à l’opposition de ne pas souhaiter des les leur ôter pour qu’elles s’y mettent ! Mais, l’expertise provenant du Royaume-Uni pourrait aider les uns et les autres à trouver une médiane entre les deux camps et les deux champs d’action. Et, c’est possible. Les particularités du Royaume-Uni. Le Royaume-Uni a ses particularités. D’abord, c’est un pays où les citoyens, sujets de sa Majesté, n’ont pas des cartes d’identité. Mais où la base des données des populations est mise à jour continuellement et où surtout la police de sa Majesté, ne se promène pas avec les armes, est l’une des plus efficaces au monde. Alors que la levée des boucliers semble s’être déjà engagée sur l’opportunité, la nature, l’agenda de ce dialogue et de ces concertations, il faudra ajouter que le Royaume-Uni semble être un pays au dialogue politique permanent. Car, l’un des problèmes majeurs congolais est sa gestion politique. Elle fait problème. Elle n’attire pas les investisseurs et les businessmen. Au royaume de Sa Majesté, l’une des philosophies politiques qui fait sa fierté et l’efficace de son système, qui pourrait aussi faire la bonne affaire du Congo, est le « balance of power » (l’équilibre des puissances). Grosso mode, cela revient au fait que le pays est dirigé par le gouvernement issu du parti sorti majoritaire aux élections législatives générales. Le leader de ce parti est nommé Premier Ministre par Sa Majesté la Reine. Mais, tout en ayant sa majorité, le pouvoir doit tenir compte aussi de l’opposition au parlement, une opposition qui participe aussi à la gestion du pays surtout par des débats et des propositions des lois. Aussi, puisque ce pays n’a pas de constitution, les députés ont le devoir de veiller, presqu’au jour le jour, à la bonne marche du pays par des lois à voter et à débattre au parlement. La chambre basse du parlement, le House of Commons, est ainsi appelé l’ « Engine Room », la salle de machine. Mais, aussi, chose importante, le ou les partis d’oppositions, pendant le moment où ils ne sont pas au pouvoir, forment un cabinet gouvernemental dans l’ombre, « The Shadow Government », avec un Premier ministre, le leader du ou des partis d’opposition, et ses ministres qui s’exercent ainsi, tout en étant dans l’opposition, à l’exercice du pouvoir futur. Et, chose intéressante, pour certaines questions d’intérêt national, il n’est pas impossible pour le parti au pouvoir de recouvrir à l’expertise de l’opposition. Et, pour l’opposition aussi, il n’est pas impossible que celle-ci félicite ou soutienne un projet ou une action gouvernementale lorsque ceux-ci vont dans le sens de l’intérêt supérieur de la nation. Dévolution et décentralisation. On sait la décentralisation constitutionnelle stagner depuis les dernières élections. Personne ne semble trouver la solution magique à la chose. Les démons de la balkanisation et de la régionalisation circulent dans l’ombre. L’expérience historique des provincettes est sur tous les esprits. En cette matière, l’expertise britannique pourrait venir à la rescousse du Congo. Car, dans ce pays, on vit un genre de décentralisation particulier : la dévolution. C’est-à-dire le Royaume-Uni est en fait une confédération de quatre Etats, ayant des pouvoirs et responsabilités limités selon les cas : L’Ecosse, le Pays de Galles, l’Irlande du Nord et certes l’Angleterre. La réussite de ce système proviendrait peut-être du fait qu’il a fallu d’abord précéder ces décentralisations d’un appuis logistique conséquent et surtout d’une expertise non épidermique. La société civile. C’est déjà intéressant que la diaspora prendra part à ces assises comme membre de la société civile. Car, dans ce pays aussi, comme sûrement dans nombreux pays, dans cette tâche noble et vitale de la bonne gestion de la cité, qui va de paire avec la volonté machiavélique des hommes au pouvoir de se battre pour conquérir le pouvoir et surtout pour le conserver, les politiques se font entourer d’experts et analystes qui se constituent soit en « Qwangos » (quasi-autonomous non-governmental organisation) soit en « Think Tanks » ou groupe de lobby. Ils sont les politiciens dans l’ombre ; ils sont consultés et sont parfois des veilleurs éternels de la nation. Une variable historique. Certes, il serait illusoire de penser que le Congo-Kinshasa actuel peut opérer un tel saut qualitatif, mais, c’est possible. Ce pays passe aujourd’hui par où sont passé nombreux autres pays : le Ghana, le Nigeria, le Benin aujourd’hui, pour ne prendre que ces exemples. Cela surtout lorsque les hommes du régime au pouvoir se sont décidés de se livrer à un autre combat : celui d’entrer dans l’histoire de leurs pays et du monde par la grande porte de devant, évitant ainsi d’y sortir par la pette porte de derrière comme Mobutu, pour ne prendre qu’un exemple qui doit nous enseigner. Pour la diaspora qui n’a que longtemps décriée le fait de s’être mise à l’écart de la gestion (et non pas de l’opinion), c’en est une occasion pour que la vingtaine des délégués puisse, avec humilité et patriotisme, avec abnégation et savoir-faire, partager avec les autres et avec le pays tout entier, le fruit des années vécues chez autrui, surtout lorsque dans ces pays, son expertise fut et est souvent utilisée par les pouvoirs et les politiques. L’exemple de la diaspora congolaise d’Afrique du Sud de qui dépend, à une certaine mesure le système de santé de ce pays-là mérite méditation. Car, une diaspora participative ne revient jamais bredouille. Elle apporte information, formation, mais aussi network et parfois idées novatrices à partager, dans une vraie philosophie de « balance of power », avec les hommes au pouvoir qui ont cette noble tâche de gérer la chose publique ; un pays ne pouvant jamais resté sans chef de l’Etat, sans ministres, sans sénateurs, sans parlementaires. Une chose est vraie et importante : ce pays-là, la République Démocratique du Congo, possède et produit à manger et à boire pour tous. Et cela, d’une façon suffisante avec le surplus intarissable possible à partager avec étranger. Ce pays-là, le nôtre, a de l’espace de vie et de survie pour tous. Question seulement à bien le canaliser. Ces consultations ou dialogue sont une occasion rêvée et souhaitée qui peuvent relancer le pays du bon côté. Deux dangers à éviter : l’esprit du per diem (inévitable) qui suscitera des opportunistes et le clientélisme et aussi le grand danger d’y aller avec le désir de conquérir ou de conserver le pouvoir. Ceux qui y iront avec l’idée de le conquérir mordicus, de gré ou de force, risquent de revenir bredouilles ; ceux qui y vont pour le conserver, contre vents et marrées, risquent de le voir passer entre leurs mains. Tout comme hier avec la Conférence Nationale Souveraine convoquée après des consultations populaires pour permettre le pays de s’engager dans une voie nouvelle, surtout avec le fameux vent de l’est, la chute du Mur de Berlin, on ne pécherait pas en pensant que le dialogue ou les concertations actuelles s’inscrivaient aussi dans la même lignée : après la chute des inamovibles et les actuels printemps arabes, comment faire à ce que notre pays amorcent sa révolution de la modernité sans heurts, sans lueurs et sans leurres ? Une chose est vraie, cette rencontre pourra opérer des miracles si les personnes qui y vont, qui y seront déléguées ou choisies y vont avec un impératif majeur : « to be or not to be : that is the question ». Norbert MBU-MPUTU Journaliste, écrivain et chercheur en Anthropologie et en Sociologie
Posted on: Thu, 18 Jul 2013 10:07:26 +0000

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