Discours d’orientation politique 2 octobre 1983 Peuple de - TopicsExpress



          

Discours d’orientation politique 2 octobre 1983 Peuple de Haute-Volta, Camarades militantes et militants de la révolution : Notre pays au cours de cette année 1983 a connu des moments d’une intensité particulière qui laisse encore des empreintes indélébiles dans l’esprit de bien des concitoyens. La lutte du peuple voltaïque a connu durant cette période des flux et des reflux. Notre peuple a subi l’épreuve de luttes héroïques et a enfin remporté la victoire dans la nuit devenue désormais historique du 4 août 1983. Cela fera bientôt deux mois que la révolution est en marche irréversible dans notre pays. Deux mois que le peuple combattant de Haute-Volta s’est mobilisé comme un seul homme derrière le Conseil national de la révolution (CNR) pour l’édification d’une société voltaïque nouvelle, libre, indépendante et prospère ; une société nouvelle débarrassée de l’injustice sociale, débarrassée de la domination et de l’exploitation séculaires de l’impérialisme international. A l’issue de ce bref chemin parcouru, je vous invite, avec moi, à jeter un regard rétrospectif afin de tirer les enseignements nécessaires pour déterminer correctement les tâches révolutionnaires qui se posent à l’heure actuelle et dans le prochain avenir. En nous dotant d’une claire perception de la marche des événements, nous nous fortifions davantage dans notre lutte contre l’impérialisme et les forces sociales réactionnaires. En somme : d’où sommes-nous venus ? Et où allons-nous ? Ce sont là les questions de l’heure qui exigent de nous une réponse claire et résolue, sans équivoque aucune, si nous voulons marcher hardiment vers de plus grandes et de plus éclatantes victoires. La révolution d’août est l’aboutissement de la lutte du peuple voltaïque Le triomphe de la révolution d’août n’est pas seulement le résultat du coup de force révolutionnaire imposé à l’alliance sacro-sainte réactionnaire du 17 mai 1983. Il est l’aboutissement de la lutte du peuple voltaïque sur ses ennemis de toujours. C’est une victoire sur l’impérialisme international et ses alliés nationaux. Une victoire sur les forces rétrogrades obscurantistes et ténébreuses. Une victoire sur tous les ennemis du peuple qui ont tramé complots et intrigues derrière son dos. La révolution d’août est le terme ultime de l’insurrection populaire déclenchée suite au complot impérialiste du 17 mai 1983, visant à endiguer la marée montante des forces démocratiques et révolutionnaires de ce pays. Cette insurrection a été non seulement symbolisée par l’attitude courageuse et héroïque des commandos de la ville de Pô, qui ont su opposer une résistance farouche au pouvoir pro- impérialiste et antipopulaire du médecin-commandant Jean- Baptiste Ouédraogo et du colonel Somé Yoryan, mais aussi, par le courage des forces populaires démocratiques et révolutionnaires qui, en alliance avec les soldats et les officiers patriotes, ont su organiser une résistance exemplaire. L’insurrection du 4 août 1983, la victoire de la révolution et l’avènement du Conseil national de la révolution sont donc incontestablement la consécration et l’aboutissement conséquent des luttes du peuple voltaïque contre la domination et l’exploitation néocoloniales, contre l’assujettissement de notre pays, pour l’indépendance, la liberté, la dignité et le progrès de notre peuple. En cela, les analyses simplistes et superficielles, cantonnées dans la reproduction des schémas préétablis, ne pourront rien changer à la réalité des faits. La révolution d’août a triomphé en se posant ainsi comme l’héritière et l’approfondissement du soulèvement populaire du 3 janvier 1966. Elle est la poursuite et le développement à un stade qualitatif supérieur de toutes les grandes luttes populaires qui sont allées en se multipliant ces dernières années et qui toutes, marquaient le refus systématique du peuple voltaïque et particulièrement de la classe ouvrière et des travailleurs de se laisser gouverner comme avant. Les jalons les plus marquants et les plus significatifs de ces grandes luttes populaires correspondent aux dates de décembre 1975, de mai 1979, d’octobre et novembre 1980, d’avril 1982 et de mai 1983. C’est un fait établi que le grand mouvement de résistance populaire qui a immédiatement suivi la provocation réactionnaire et pro-impérialiste du 17 mai 1983, a créé les conditions favorables à l’avènement du 4 août 1983. En effet, le complot impérialiste du 17 mai a précipité sur une grande échelle le regroupement des forces et organisations démocratiques et révolutionnaires qui se sont mobilisées durant cette période en développant des initiatives et en entreprenant des actions audacieuses inconnues jusque-là. Pendant ce temps, l’alliance sacro-sainte des forces réactionnaires autour du régime moribond souffrait de son incapacité à juguler la percée des forces révolutionnaires qui, de façon de plus en plus ouverte, montaient à l’assaut du pouvoir anti-populaire et anti- démocratique. Les manifestations populaires, des 20, 21 et 22 mai ont connu un large écho national à cause essentiellement de leur grande signification politique, du fait qu’elles apportaient la preuve concrète de l’adhésion ouverte de tout un peuple et surtout de sa jeunesse, aux idéaux révolutionnaires défendus par des hommes traîtreusement abattus par la réaction. Elles ont eu une grande portée pratique, du fait qu’elles exprimaient la détermination de tout un peuple et de toute sa jeunesse qui se sont mis debout pour affronter concrètement les forces de domination et d’exploitation impérialistes. Ce fut la démonstration la plus patente de la vérité selon laquelle, quand le peuple se met debout l’impérialisme et les forces sociales qui lui sont alliées tremblent. L’histoire et le processus de conscientisation politique des masses populaires suivent un cheminement dialectique qui échappe à la logique réactionnaire. C’est pourquoi les événements du mois de mai 1983 ont grandement contribué à l’accélération du processus de clarification politique dans notre pays, atteignant ainsi un degré tel que les masses populaires dans leur ensemble ont accompli un saut qualitatif important dans la compréhension de la situation. Les événements du 17 mai ont contribué grandement à ouvrir les yeux du peuple voltaïque, et l’impérialisme dans son système d’oppression et d’exploitation leur est apparu sous un éclat brutal et cruel. Il y a des journées qui renferment en elles des enseignements d’une richesse comparable à celle d’une décennie entière. Au cours de ces journées, le peuple apprend avec une rapidité inouïe et une profondeur d’esprit telle que mille journées d’études ne sont rien à côté d’elles. Les événements du mois de mai 1983 ont permis au peuple voltaïque de mieux connaître ses ennemis. Ainsi, dorénavant, en Haute-Volta, tout le monde sait : Qui est qui ! Qui est avec qui et contre qui ! Qui fait quoi et pourquoi. Ce genre de situation qui constitue le prélude à de grands bouleversements a contribué à mettre à nu l’exacerbation des contradictions de classes de la société voltaïque. La révolution d’août arrive par conséquent comme la solution des contradictions sociales qui ne pouvaient désormais être étouffées par des solutions de compromis. L’adhésion enthousiaste des larges masses populaires à la révolution d’août est la traduction concrète de l’espoir immense que le peuple voltaïque fonde sur l’avènement du CNR pour qu’enfin puisse être réalisée la satisfaction de son aspiration profonde à la démocratie, à la liberté et à l’indépendance, au progrès véritable, à la restauration de la dignité et de la grandeur de notre patrie, que 23 années de régime néo- coloniale ont singulièrement bafouée. L’ héritage de 23 années de néo-colonisation L’avènement du CNR le 4 août 1983, et l’instauration d’un pouvoir révolutionnaire en Haute-Volta depuis cette date, ont ouvert une page glorieuse dans les annales de l’Histoire de notre peuple et de notre pays. Cependant, lourd et pesant est l’héritage que nous lèguent 23 années d’exploitation et de domination impérialistes. Dure et ardue sera notre tâche d’édification d’une société nouvelle, d’une société débarrassée de tous les maux qui maintiennent notre pays dans une situation de pauvreté et d’arriération économique et culturelle. Lorsqu’en 1960, le colonialisme français traqué de toutes parts, déconfit à Dien-Bien-Phu (Vietnam), en prise à des difficultés énormes en Algérie, fut contraint, tirant ainsi les leçons de ces défaites, d’octroyer à notre pays la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale, cela a été salué positivement par notre peuple qui n’était pas resté impassible mais développait des luttes de résistance appropriées. Cette fuite en avant de l’impérialisme colonialiste français constitua pour le peuple une victoire sur les forces d’oppression et d’exploitation étrangères. Du point de vue des masses populaires ce fut une réforme démocratique, tandis que du point de vue de l’impérialisme ce n’était qu’une mutation opérée dans ses formes de domination et d’exploitation de notre peuple. Cette mutation a abouti cependant à une redisposition des classes et couches sociales et à l’établissement de nouvelles classes. En alliance avec les forces rétrogrades de la société traditionnelle, la petite-bourgeoisie intellectuelle de l’époque, dans un mépris total des masses fondamentales qui lui avaient servi de tremplin pour son accession au pouvoir, entreprit d’organiser les fondements politiques et économiques des nouvelles formes de domination et d’exploitation impérialistes. La crainte que la lutte des masses populaires ne se radicalise et ne débouche sur une solution véritablement révolutionnaire est à la base du choix opéré par l’impérialisme qui consiste à exercer dorénavant sa mainmise sur notre pays, à perpétuer l’exploitation de notre peuple par des nationaux interposés. Des nationaux voltaïques allaient prendre le relais de la domination et de l’exploitation étrangères. Toute l’organisation de la société néo-coloniale reviendra à une simple opération de substitution dans les formes. Dans leur essence, la société néo-coloniale et la société coloniale ne diffèrent en rien. Ainsi, à l’administration coloniale on a vu se substituer une administration néo-coloniale identique sous tous les rapports à la première. A l’armée coloniale se substitue une armée néo-coloniale avec les mêmes attributs, les mêmes fonctions et le même rôle de gardien des intérêts de l’impérialisme et de ceux de ses alliés nationaux. A l’école coloniale se substitue une école néo-coloniale qui poursuit les mêmes buts d’aliénation des enfants de notre pays et de reproduction d’une société essentiellement au service des intérêts impérialistes, accessoirement au service des valets et alliés locaux de l’impérialisme. Des nationaux voltaïques entreprirent, avec l’appui et la bénédiction de l’impérialisme, d’organiser le pillage systématique de notre pays. Des miettes de ce pillage qui leur retombent, ils se transforment petit à petit en une bourgeoisie véritablement parasitaire, ne sachant plus retenir leurs appétits voraces. Mus par leurs seuls intérêts égoïstes, ils ne reculeront désormais plus devant les moyens les plus malhonnêtes, développant à grande échelle la corruption, le détournement des deniers et de la chose publics, les trafics d’influence et la spéculation immobilière, pratiquant le favoritisme et le népotisme. Ainsi s’expliquent toutes les richesses matérielles et financières qu’ils ont pu accumuler sur le dos du peuple travailleur. Et non contents de vivre sur les rentes fabuleuses qu’ils tirent de l’exploitation éhontée de leurs biens mal acquis, ils jouent des pieds et des mains pour s’accaparer des responsabilités politiques qui leur permettront d’utiliser l’appareil étatique au profit de leur exploitation et de leur gabegie. Une année entière ne se passe sans qu’ils se payent de grasses vacances à l’étranger. Leurs enfants désertent les écoles du pays pour un enseignement de prestige dans d’autres pays. A la moindre petite maladie, tous les moyens de l’État sont mobilisés pour leur assurer des soins coûteux dans les hôpitaux de luxe des pays étrangers. Tout cela se déroule sous les yeux d’un peuple voltaïque laborieux, courageux et honnête, mais qui croupit dans la misère la plus crasse. Si pour la minorité de riches la Haute-Volta constitue un paradis, pour cette majorité que constitue le peuple, elle est un enfer à peine supportable. Dans cette grande majorité, les salariés, malgré le fait qu’ils sont assurés d’un revenu régulier subissent contraintes et pièges de la société de consommation du capitalisme. Tout leur salaire se voit consommé avant même qu’il n’ait été touché. Et le cercle vicieux se poursuit sans fin, sans aucune perspective de rupture. Au sein de leurs syndicats respectifs, les salariés engagent des luttes revendicatives pour l’amélioration de leurs conditions de vie. L’ampleur de ces luttes contraint quelquefois les pouvoirs néo-coloniaux en place à lâcher du lest. Mais ils ne donnent d’une main que pour récupérer aussitôt de l’autre. Ainsi on annonce, avec grand tapage, une augmentation de 10 pour cent des salaires pour immédiatement prendre des mesures d’imposition qui annulent les effets bénéfiques attendus de la première mesure. Les travailleurs après 5, 6, 7 mois finissent toujours par se rendre compte de la supercherie et se mobilisent pour de nouvelles luttes. Sept mois, c’est plus qu’il ne faut aux réactionnaires au pouvoir pour reprendre du souffle et élaborer d’autres stratagèmes. Dans cette lutte sans fin, le travailleur s’en sort toujours perdant.
Posted on: Wed, 04 Dec 2013 17:30:07 +0000

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