Edito Escrocs idéologiques Par A.B. Hamid La France, pays des droits de l’homme et terre d’asile, s’ankylose et se fourvoie dans des faux problèmes, évacuant du coup les véritables préoccupations de la population. Celle-ci, confrontée à une grave crise économique et sociale qui met sur le carreau des charretées entières de travailleurs réduits à la paupérisation, est invitée à suivre des débats sur l’intégration, l’émigration et l’identité. Pour cela, l’intelligentsia est rameutée pour conforter cet état d’esprit qui fait de l’exclusion son credo. Il fallut suivre l’émission «Ce soir ou jamais», d’excellente facture, d’ailleurs, pour voir se tortiller un prétendu philosophe, Alain Finkielkraut, venu distiller un discours haineux en tentant maladroitement de justifier l’expulsion de la petite collégienne et de s’en prendre à la communauté musulmane accablée de tous les maux. Heureusement qu’en face, il a trouvé des contradicteurs de poids, l’historien Pascal Blanchard et le scénariste Abdel Raouf Dafri, qui n’ont pas manqué de le remettre à sa place. A court d’arguments, Alain Finkielkraut s’est honteusement engouffré dans l’histoire de la colonisation en attaquant le FLN et «ses massacres». Et à Dafri de lui rappeler les massacres, vrais, ceux-là, de Sétif en 1945 et les crimes horribles de l’OAS. Mais au-delà de ce débat, il convient de s’interroger sur ces glissements de la pensée française vers la haine et les contrevérités au service d’une extrême droite revigorée comme elle ne l’a jamais été. Au pays de Sartre et de Jaurès, ces grands hommes qui ont tracé les sillons de l’humanisme, voilà de quoi a hérité la patrie de Jean Moulin : des énergumènes faussaires de la pensée, des escrocs idéologiques, des philosophes guerriers à l’image du comparse de Finkielkraut, Bernard Henry Lévy, un va-t-en-guerre en Libye et un sioniste notoire. En période de crise, même la pensée se «marchandise» et s’offre au plus puissant.
Posted on: Mon, 21 Oct 2013 04:41:43 +0000
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