Editorial Bénites soient-elles ! Écrit par Courrier/N. Randria Jeudi, 19 Septembre 2013 Tous les candidats actuellement font grand tapage des bénédictions qu’ils ont reçues dans toutes les régions qu’ils visitent au cours de cette précampagne électorale. Notables, Tangalamena et autres Ampanjaka sont ainsi sollicités pour ce faire, et pour se faire mousser, pourquoi pas.Une telle pratique n’est pas nouvelle car nombre de candidats y avaient aussi procédé, lors des élections précédentes. Une chose qui n’a pas manqué de nous interpeler, toutefois, c’est que les mêmes notables, les mêmes Tangalamena ou les mêmes Ampanjaka font bénéficier parfois de leur faveur divers candidats, sinon tous les candidats. D’une manière générale, ces gardiens de valeurs ancestrales, ces propitiateurs, pour ne pas dire ces médiateurs entre Dieu (les Dieux ???) et les demandeurs, en l’occurrence les candidats, ont assurément « distribué » les mêmes propos, les mêmes bénédictions à chacun de ces derniers. Ils ont également dû effectuer la même intercession auprès de « Zanahary » pour chacun d’eux. A ce titre, chaque candidat est donc assuré de gagner aux élections, si tant est que, comme le dit un dicton bien malgache, « ny tsodrano zava-mahery », littéralement « une bénédiction détient de grands pouvoirs ». Mais voilà, en matière d’élection il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur. Quel aurait été alors le plus de ce dernier et qui lui a permis de remporter une élection, alors que les candidats, ou du moins les deux qui sont arrivés au second tour de cette présidentielle, ont tous été béni ? Cela ne supposerait-il pas que, à Dieu ne plaise, certains d’entre ces bénédictions n’étaient que poudre aux yeux, une mascarade sans aucune portée, ou encore que certains Ampanjaka, Tangalamena et notables ont davantage l’oreille de « Zanahary » que d’autres ?Par ailleurs, outre ce domaine spirituel où la portée de ces bénédictions dépend assurément de la foi de ceux qui s’y soumettent, la mise en œuvre des cérémonies qui l’accompagnent est une véritable aubaine pour les opportunistes. Les démarches et les marchandages auprès de candidats sont âpres pour faire valoir tel ou tel notable, celui qui est supposé être « le véritable » gardien des traditions. Les surenchères sont de mises et les dessous-de-table ne sont pas en reste. A ce titre, certains Ampanjaka et Tangalamena ont leurs propres rabatteurs car il ne faut pas non plus oublier que ces notables se sucrent également dans cette affaire. En effet, une bénédiction de leur part ne se donne pas gratuitement car, outre les offrandes données en public, aux yeux de toute l’assistance, constituées en général de boissons alcoolisées, d’une somme symbolique ainsi que de coupon de tissu, certains de ces « gardiens de la tradition » reçoivent des enveloppes dont le montant est plus que conséquent.Si une telle pratique se généralise, elle risque à la longue de discréditer les notables, les vrais, les véritables détenteurs des valeurs ancestrales à l’égard de qui la population du cru risque de ne plus avoir le respect qui lui est dû.D’autre part, les bénédictions elles-mêmes perdront également de leur essence, leur pouvoir sur la population étant donné que cette dernière ne pourra pas ignorer qu’elles peuvent être « distribuées » moyennant des contreparties sonnantes et trébuchantes.Quoi qu’il en soit, bénites soient les élections pour la population malgache, et ce, à plusieurs titres, même si elles constituent du pain bénit pour les opportunistes en tout genre. newsmada/index.php/editorial/25412-benites-soient-elles-
Posted on: Fri, 20 Sep 2013 02:57:54 +0000