Egypte : laïcité 1, démocratie 0 El Watan le 01.09.13 | - TopicsExpress



          

Egypte : laïcité 1, démocratie 0 El Watan le 01.09.13 | 10h00 Le piratage de la laïcité par la raison d’Etat est plus dangereux que l’absence de la laïcité elle-même dans des sociétés arabes, souvent multi-ethniques et/ou multiconfessionnelles. La captation de la laïcité, par les revendications communautaires, envenime l’exercice démocratique, qui finit par bloquer la démocratie elle-même, en l’absence de grand débat qui implique tout le monde, suivi d’un large consensus national. La laïcité, bien que garante des droits des citoyens et leur égalité devant les lois de la nation, risque de se convertir en un mécanisme de défense au service des revendications communautaristes légitimes, mais bien souvent restreintes, spéculatives et anxieuses. La laïcité se trouve alors opposée à la démocratie si celle-ci débouche vers un choix que ces communautés jugent menaçant à leur mode de vie, de culte ou à leur conception de la citoyenneté, le tout dans un contexte international qui, plus que jamais, leur est favorable. La confrontation entre laïcité et islam politique, communément appelé islamisme, dépasse les enjeux idéologiques pour se positionner sur le terrain du belliqueux, au point de compromettre dangereusement le vivre en commun et l’avenir du pays. Chacun voudrait effacer l’autre politiquement, voire physiquement. Pour l’islamiste, le laïc est une sorte de démon, d’athée qui veut chasser Dieu de son domaine et dont il faudra se débarrasser, il refuse tout débat sur le concept même de laïcité et sa place dans l’islam en tant que forme de gouvernance équitable et donc juste, qui se met à égale distance entre toutes les confessions et idéologies, évite la prééminence d’une religion sur les autres, assure et protège leur exercice dans la sphère qui leur est propre, c’est-à-dire privée, de plus l’islam sunnite ne reconnaît aucune autorité ou institution qui le gère, à l’instar de l’Eglise catholique, et encore moins une gouvernance politique. L’islamiste n’arrive pas à admettre qu’un croyant puisse être laïc et que l’un n’exclue pas l’autre. Le laïc arabe, lui, voit dans l’islamisme un danger, un obscurantisme qui provoque l’immobilité sociale. Une évolution inquiétante de «la laïcité arabica» se radicalisant au point d’étendre son refus à l’islam lui-même. Dans cette diabolisation mutuelle, chacun cherche un point d’appui pour faire basculer l’autre dans le précipice. Les laïcs, souvent de culture occidentale, se présentent en tant qu’élite minoritaire, éclairée, à qui incombe une responsabilité historique envers le peuple, cherchent dans le communautaire ethnique ou religieux un soutien, convoitent le militaire qui cesse d’être perçu comme un despotisme, à l’instar du religieux, mais plutôt comme un rempart à même de protéger la nation du péril théocratique et en Occident un allié, car l’islamophobie intra-muros, ça fait vendre en Occident. Les islamistes, quant à eux, ce sont les masses qui les intéressent le plus, le bon peuple écrasé par le pouvoir qui a des préjugés sur la laïcité et qui voit dans l’islam la solution, car c’est ainsi qu’on lui a vendu l’islamisme, qui veut jusqu’à preuve du contraire, asseoir un pouvoir mondain (terrestre), en ventant les mérites d’un pouvoir divin (céleste). Les islamistes déclarent être partisans d’un Etat civil, moderne et démocratique qui n’exclut personne et croient à l’alternance au pouvoir, le modèle Erdogan semble les inspirer. Si nous mettons nos craintes de côté et analysons calmement cette situation, n’est-ce pas une évolution positive à moindre coût, un déverrouillage d’esprits inattendu et une évolution dans leur conception de l’Etat, qu’on est en train d’expérimenter ? Ils ne veulent, en somme, que moraliser l’Etat et reconnaître la portée islamique de la nation, tout comme la judéo-chrétienneté est admise en Occident comme valeur identitaire fondamentale. Ne doivent-ils pas avoir leur chance, eux aussi, à mettre en œuvre cette conception ? En plus, les musulmans, qui n’étaient pas des tarés, en faisant une lecture intelligente et rationnelle de leurs textes, donnèrent au monde une leçon de tolérance, de vivre en commun, que même la démocratie moderne peine encore à consolider, mais aussi de bonne gouvernance, exprimée dans la gestion efficace des cités. De nouvelles structures et services, que le monde ne connaissait pas, virent le jour, hôpitaux, pharmacies, bains publics, réseaux d’assainissement et de conduite de l’eau urbaine, d’évacuation des eaux usées, système d’irrigation agricole de la période hispano-musulmane que le monde gréco-latin ne connaissait pas encore, l’éclairage public, salles de service pour les voyageurs en période ottomane. Il y avait même des salles de soins pour leurs animaux et bien sûr, les jardins publics devenus éléments constitutifs des villes de l’âge d’or islamique, etc. .../...
Posted on: Sun, 01 Sep 2013 10:53:55 +0000

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