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Email: Les Maltais en Tunisie à la Veille du Protectorat Author: Andrea L. Smith (read by Jean F. Buhagiar) LÈmigration vers la Tunisie Lémigration maltaise au début du XIXe siècle était motivée par une série dépidémies, de chocs économiques,1 et des problèmes liés à la haute densité de population2 exaspérée par un notable manque de ressources naturelles.3 Un à deux milles Maltais partaient chaque année entre 1818 et 1832. (Price 1954:59). Ils choisissaient surtout les rivages de lest et du sud de la Méditerranée. Déjà dans les années 1840s, 20,000 Maltais vivaient en Algérie, en Tunisie, en Égypt, à Constantinople, en Grèce ou à Tripoli, ou approximativement 15 pour cent de la population Maltaise vivait outre-mer à cette époque (Ibid:61). Cette migration était caractérisée par un haut degré de spontanéité et de mobilité. Les migrants partaient pour une ville tunisienne, par example, se dirigeant ensuite vers lAlgérie ou lÉgypte. Il y avait aussi un taux très élevé de retours au pays: à peu près 85 pour cent des émigrants des années 1840 à 1890 sont retournées à Malte (Ibid:189). Les chiffres pour la population européenne en Tunisie pour le XIXe siècle montrent le volume de limmigration de lEurope, mais ils ne sont pas très exacts. Les témoins contemporains nous donnent des chiffres divers.4 Après avoir analysé ces sources et les registres de catholicité de Ste. Croix, M. Ganiage a estimé quau milieu de XIXe siècle, il y avait 6 à 7,000 Maltais en Tunisie, et ils comprenaient 60 pour cent de la population européenne.5 Il y avait aussi 4,000 Italiens,6 et quelque 250 Grecs pendant la période 1850–1860. Dans les villes côtières, les Maltais ont été largement majoritaires. À Sfax, par exemple, ils représentaient 77 pour cent de la population catholique entre 1841 et 1879, et on en comptait 900 en 1885 sur un total de 1200 catholique (Soumille 1993:9–13). LImage des Maltais Tirée des Récits de Voyage Limage des Maltais quon trouve dans les récits des voyageurs européens contemporains, et recyclée dans plusiers sources, est plutôt négative. Pellissier décrit une masse de Maltais qui exercent diverses industries boiteuses, la contrebande surtout (1858:51). Cette population croissante dimmigrants européens avait besoin dêtre hébergée, et cest dans la ville de Tunis où la manque de logements étaient la plus aiguës, et où le niveau de vie des Européens pauvres choquait le plus les écrivains contemporains.7 Les quartiers maltais étaient décrits comme parmi les moins bien entretenus de la ville. Dunant écrit en 1858: Ilsy trouve pour les familles douvriers pauvres des fondouks � dont les habitants sont pour la plupart maltais � Ces gens sont entrassés au nombre de cinquante ou soixante familles et leurs enfants vivent pêle-mêle, durant le jour, au milieu de femmes sales et mal peignées.8 Parce que le quartier Européen était situé au fond de la pente de la médina, il était réputé comme boueux et déplaisant pendant lhiver. À cette époque, les rues de Tunis nétaient pas encore goudronnées, et elles devenaient infranchissables. Un témoin de 1868 a décrit le quartier maltais à Tunis comme suit: la grande rue de Tunis dite des Maltais � est tenue dans un état de saleté révoltante � les immondices les plus infectes y séjournent constamment.9 Influencé par ces images assez vives, lhistorien M. Ganiage lui aussi nous donne une image sombre, décrivant les Maltais comme un prolétariat misérable (1960:28) avec un niveau dinstruction très bas. Ces sources suggérent que les gens du nord de lEurope voyageant en Tunisie ont trouvé les Maltais en Tunisie assez difficiles à comprendre ou à définir. Ils les décrivaient souvent comme une sorte de mélange, manifestant une culture mixte, et servant comme pont entre lOccident et lOrient;10 même si cela a été vrai pour certains à cette époque, notre connaissance de la vie quotidienne de cette partie de la population de la Tunisie reste limitée. Par contre (et heureusement!), les correspondances du Consul britannique en Tunisie nous fournissent des indications nouvelles, qui nous amènent au-delà de ces images stéréotypées. Ces sources font avancer notre connaissance des Maltais, et donc de lhistoire de la mosaïque tunisienne à la veille du Protectorat. Une Image Révisée des Maltais et leurs Années Dorées, 1855–1870s Linformation tirée des archives des agents consulaires britanniques pendant les dernières décennies avant le Protectorat présente une image relativement nouvelle des Maltais en Tunisie. A cette époque, ils dominaient numériquement la population Européenne. ils jouissaient dune certaine liberté, établissant des colonies maltaises considérables à travers la Régence. Il y avait déjà une population large de la deuxième génération maltaise, née en Tunisie. Cest aussi une période durant laquelle les Maltais avaient un champion qui tenait la position la plus haute parmi le personnel consulaire britannique, le Consul Général Richard Wood.12 Les efforts incessants que faisait Wood pour aider les plus pauvres de ses ressortissants étaient remarquables, et son modèle était suivi par son personnel consulaire pendant son mandat à Tunis. Lassimilation des Maltais, par des observateurs Européens, à une population intermédiaire, était sûrement basée en partie sur la similarité de leur langue sémitique similaire à la langue parlée des Tunisiens. Or, cette habileté à communiquer avec la population locale leur avait octroyé de grands avantages. Ils ont pu établir des réseaux de commerce internationaux dès leur arrivée, dont le moindre nétait pas un commerce de contrebande assez actif. Il y avait de nets avantages de cette position sociale ambiguë. Les documents de cette période nous font dépasser les portraits plutôt lugubres des enfants maltais sans chaussures avec leurs mères dépeignées, et décrivent plutôt un peuple pauvre, pour la plupart, mais très travailleur et débrouillard, qui se sentait assez à laise dans son nouveau pays. Les Registres de la Cour Consulaire Britannique Honnêtes et travailleurs étaient certainement limmense majorité des Maltaise en Tunisie à cette époque, mais les archives ne fournissent que quelques détails sur cette portion dhumanité. Ceux qui étaient instruits auraient eu peu de temps libre pour écrire des mémoires ou des lettres, et ont disparu sans laisser une trace personnelle aux archives. Donc, se sont seulement ceux qui se trouvaient dans une période de malchance qui apparaîssent dans ces documents: les agriculteurs incapables de payer leurs impôts, les véritablement très pauvres qui recevaient de lassistance pour retourner à Malte, ou les victimes ou auteurs de crimes. En labsence de sources plus neutres, il est nécessaire de consulter ces documents concernant les Maltais en difficulté avec les autorités diverses. Les registres de la Cour Consulaire Britannique basée à Tunis fournissent de linformation non seulement sur les crimes commis, mais aussi dautres détails sur les individus concernés et la vie auotidienne maltaise. Un volume énumérant tous les cas amenés devant les fonctionnaires consulaires vers la fin des années 1870s a été examiné en détail de 1875 à 1877.13 Les individus convoqués étaient presque toujours des Maltais; de rares cas impliquaient des sujets britanniques de Gibraltar ou de la Grèce. Ces registres identifient aussi les métiers de délinquants, et donc fournissent une description très détaillée des métiers des Maltais à Tunis avant le Protectorat. Les Métiers de Maltais On na pas beaucoup dinformation sur les métiers que pratiquaient les Maltais dans la Régence à cette époque. Selon M. Ganiage, les Maltais à Tunis étaient connus comme étant principalement des cochers, et ceux dans les villes côtières sengageaient aussi dans la contrebande des huiles, du coton ou des armes (1959:48–9). Dans son recensement des professions trouvées sur des registres paroissiaux de Ste. Croix entre 1845 et 1864, il a observé que les métiers des Maltais étaient rarement notés. Il a trouvé seulement 67 cas, et énumère les suivants: 16 menuisiers, 5 forgerons, 11 commerçants, 4 garçons ou tenanciers de taverne, et 2 charretiers. Les casiers judiciaires nous offrent dautres détails sur les métiers pratiqués par les Maltais. Ces sources indiquent le métier de tout individu convoqué par la cour consulaire. Ces métiers étaient, pour les années 1875 à 1877: les conducteurs déquipages, 25 cas ou 17,86 pour cent; petits commerçants, 21 ou 15 pour cent; agriculteurs et journaliers, 20 ou 14,29 pour cent; vendeurs ambulants (marchands ambulants de poissons, de fruits, des collectionneurs de chiffon, et des musiciens), 18, ou 12,86 pour cent; artisans,15 17 ou 12,14 pour cent, ceux où le métrier nétrait pas indiqué, 13, et vagabonds, 4, ou 12 pour cent pour ces deux catégories; et garçons ou tenanciers de bars et travernes, 12 ou 8,6 pour cent. Le métier le plus répandu parmi les accusés maltais était celui de conducteur, et ces statistiques confirment les observations de lépoque. Mais nest pas toujours notée la grande proportion de Maltais qui étaient des artisans. M. Ganiage avait indiqué un nombre de menuisiers et forgerons; ici, les occupations énumérées sont plus diverses, et incluent aussi des constructeurs de charrette, des tonneliers, des maçons, despeintres, et des selliers. Le nombre de petits commerçants est aussi relativement surprenant. Cette catégorie a été créée en groupant les métiers suivants: coiffeur (1), boulanger (1), boucher (2), confiseur (1), commerçants non spécifies, (7), négociants (5), tailleur (2), cordonnier (1), et meunier (2). Plusieurs Maltais travaillaient comme garçon ou proprietaires des bars et tavernes. Cette information est confirmée par dautres sources qui attestent quun grand nombre de ces établissements étaient tenus par des Maltais. Déjà en 1852, il y en avait 59 à Tunis et à la Goulette.16. Treize des délinquants navaient pas de métier identifié.Ceux-ci étaient presque tous parmis les plus jeunes contrevenants, accusés souvent de comportement tapageur par la police locale, ou pour avoir insulté autrui dans un état divresse. Dailleurs, ce chiffre inclus trois femme accusées par dautres femmes maltaises. Pensant aux descriptions plutôt dramatiques des quartiers Maltais du milieu du siècle, il est intéressant de noter le petit nombre des accusés identifiés comme chômeurs ou vagabonds. Ces données nous donnent donc limpression dune population largement employée et qui participait pour la plupart à des entrepreises bien respectables de léconomie locale. Dailleurs, il faut se rappeler que ces données concernent seulement les Maltais accusés de divers crimes. Evidement, on peut déduire que la majorité des Maltais, les non-criminels étaient encore plus intégrés dans la vie économique du pays. La Criminalité Maltaise Presque les deux-tiers des cas énumerés par le Consulat entre 1875 et 1877 concernaient diverses sortes dagression (en anglais, assault, stabbing, beating ou wounding): 90 cas sur 140. Ces chiffres nous offrent limage dune population assez violente. Par contre, il y avait seulement trois cas dhomicide. À cette époque, les Maltais coupables dhomicide du premier degré ont été condamnés à la peine de mort. Peut-être pour cette raison, les cas dhomicide à Tunis étaient rares, mais très soigneusement répertoriés par les agents consulaires. Le vol était invariablement traité sévèrement, avec une peine dun an de travail forcé et bannissement de la Régence à perpétuité. Treize personnes sur 140 ont reçu cette peine. Quatre ont été jugées coupables tandis que six lont été seulement soupçonnées. Un commerçant accusé davoir accepté du fil en coton quil savait avoir été volé a été condamné à trois mois de prison et à une amende de 1.000 piastres. Un homme accusé davoir volé des vêtements dun colocataire a reçu une peine de six mois. Cétait la pratique du Consulat Britannique dexiger que ceux qui troublaient la paix puissent fournir une caution, une somme significative dargent, pour garantir leur futur bon comportement. Ceux qui ne pouvaient pas gournir cette caution et qui étaient soupçonnés de causer davantage de troubles étaient bannis. Les Victimes et les Accusateurs En examinant les accusateurs, souvent les victimes des crimes (identifiées par leur nom), nous pouvons obtenir une meilleure explication des rapports entre les Maltais et les membres des autres ethnies vivant à Tunis à cette époque. En éliminant les cas où les victimes nétaient pas indiquées et quand cétait plutôt le gouvernement anglais qui portait plainte, on trouve 131 cas avec des accusateurs individuels identifiés. Un grand nombre de ceux-ci étaient des représentants du gouvernement tunisien: la police et dautres officiels comptaient 22 des accusateurs, soit 16,8 pour cent. Les Maltais portaient plainte contre dautres Maltais: on trouve 37 cas concernant 25 hommes et 12 femmes, ou 28 pour cent des cas au total. Mais ce qui est à noter cest le petit nombre des accusateurs des autres nationalités européennes. Seulement un Anglais, un grec, et 4 Italiens ont porté plaintes. Par contre, le nombre des accusateurs tunisiens est frappant: il sagissait de 66 personnes, ou à peu près 50 pour cent des accusateurs en général. Parmi ce groupe, il y avait un tiers qui était des Juifs et deux tiers des Musulmans. Il faut noter ici la différence entre ces chiffres et ceux qui ont été relevés par M. Noureddine sur la criminalité sicilienne de Sousse des années 1888–1898. Tandis que les chiffres de Sousse concernent une décennie plus tardive et une autre ville tunisienne, on voit quand même une différence de comportement assez visible. Un grand nombre des victimes de la criminalité sicilienne étaient de la nationalité italienne; 9 pour cent étaient des Tunisiens, 6 pour cent des Maltais, et 13 pour cent des Francais. Dans notre cas, celui des Maltais, par contre, seulement 28 pour cent concernait dautres Maltais, 5 pour cent dautres Européens, et plus que la moitié concernait des Tunisiens. La comparaison de ces chiffres nous montre bien que les Maltais vivaient davantage que les Siciliens de lépoque au contact de la population locale, et étaient par conséquent plus mêlés dans des rixes avec elle. La fréquence des agressions contre les Tunisiens peut être interprétée de façons diverses. Dans le cas où une bande de trois ou quatre jeunes maltais a été accusé dagression collective et en même temps divresse, on peut imaginer que cétait le résultat dune bagarre générale dans un bar ou un endroit semblable. Le cas des Tunisiens frappés à coup de chaise, par exemple, suggèrent que les victimes tunisiennes et les agresseurs maltais fréquentaient les mêmes endroits juste avant lattaque.Le grand nombre de femmes tunisiennes – musulmanes ou juives – attaquées (11) est assez surprenant. Parfois il est indiqué que ce sont des prostituées, mais souvent cest indiqué simplement que le Maltais a essayé de forcer sa porte ou lavait blessée. Quel est le pourcentage de ces cas qui étaient motivés par les différences religieuses ou ethniques des victimes, ou par des animosités ethniques? On ne le saura probablement pas. Mais de nombreux cas impliquant des Maltais accusés de blasphèmes montent au moins quelques tensions. Le chiffre élevé des Juifs attaqués (un tiers des Tunisiens), suggère un certain sentiment antisémite. Cependant, parfois la victime a décidé de ne pas porter plainte, ou il est indiqué que la dispute a été résolue amicalement. Cela suggère que soit il était assez difficile e porter plainte contre un Européen à cette époque,20 ou soit que ces incidents étaient issus de bagarres entre amis ou collègues, et nous indique par conséquent la proximité dans laquelle vivaient ces gens dethnies différentes à Tunis. Les Maltais dans la Correspondance Consulaire Une autre source pour examiner la vie quotidienne des Maltais avant le Protectorat se trouve dans les lettres écrites par les agents consulaires britanniques aux Premiers ministres tunisiens.21 Ces lettres évoquent pour la plupart les cas où les Maltais se sont addressés directement au Consul Général pour quil rectifie ce quils ont perçu comme des injustices commises à leur encontre par des fonctionnaires tunisiens ou dautres sujets du pays. Une portion significative de ces lettres concerne le commerce et des négociants. Cependant, ce qui est surprenant cest le nombre de lettres qui concernent les plus pauvres des ressortissants du Consul. Ces lettres sont ainsi doublement intéressantes: leur ton montre un haut degré de sympathie du Consul Général envers les Maltais, et elles offrent une source unique pour mieux comprendre les préoccupations des Maltais et Tunisiens de lépoque. Par cette correspondance, on apprend que des Maltais étaient aussi des bergers. Le Premier ministre tunisien informe le Consul en 1872 que des Maltais dans les environs de Sousse faisaient paître leurs moutons dans les vergers doliviers appartenant aux sujets tunisiens. Une autres fois, deux Maltais de Sfax se plaignaient dun vol de 97 moutons.22 Ils étaient aussi des agriculteurs. À plusieurs occasions, le Premier ministre se plaignait des Maltais qui navaient pas encore réglé leurs impôts sur les récoltes. En 1878, il y avait un si grand nombre de propriétaires maltais à Sousse et Monastir qui navaient pas encore payé le canoun sur leurs oliviers que la somme due se montait à 10.761 Piastres.23 Ces lettres indiquent aussi la proximité dans laquelle vivaient les Tunisiens et les Maltais. Nous apprenons ainsi quune dispute avait retenu lattention du Premier ministre lorsquun Maltais avait négligé dédifier une haie de cactus pour séparer sa propriété de celle de son voisin tunisien. 24 Un troupeau de chèvres était possédé conjointement par un Maltais et un Tunisien. Cette information est ressortie car le Consul Wood a dû régler une bagarre entre ces deux.25 Un groupe de lettres pittoresques concerne les plus humbles des habitants de la Tunisie. Ces lettres montrent la confiance quéprouvaient certains Tunisiens et Maltais lorsquils contactaient les autorités locales et leur demandaient dintervenir dans des affaires que nous considèrerions aujourdhui comme très mineures. Un Tunisien à Sfax se plaignait quun sujet britannique lennuyait quand il pêchait; cette plainte était envoyée au Premier ministre.26 En revanche, un pêcheur Maltais de Sousse se plaignait du vol de son filet; cette affaire était minutieusement examinée par lagent consulaire Britannique à Sousse, doù une correspondance longue entre lui et le Consul Général, et entre celui-ci et le Premier ministre. Selon lenquête, une moitié du filet en question avait été trouvée dans la possession dun pêcheur tunisien, qui disait lavoir acheté dun pêcheur sicilien. Mais, le Tunisien ne pouvait plus se rappeler du nom du Sicilien, et laffaire était soumise au Khalifa de Monastir, qui, à son tour, la soumise au Khalifa de Sousse. Le Consul britannique poursuivait laffaire, cependant, écrivant au Premier ministre quil trouvait hautement invraisemblable que le Tunisien avait acheté le filet dun pêcheur quil ne connaît guère, et il pense plus vraisemblable que le Tunisien est soit le complice du voleur ou soit le voleur lui-même. Alors quil semble remarquable que tant de notables et autorités, y compris le Premier ministre, se soient mêlés à ce genre de problème,il est aussi surprenant que le Consul Général Britannique ait continué de les poursuivre.27 Le cas le plus frappant de ce genre est celui qui sest passé dans la région de Sousse en 1874 concernant un mulet volé. Un Maltais, Lorenzo Mifsud, a signalé que son mulet avait été volé, il y avait à peu près 18 mois, et quil était actuellement détenu par un Tunisien. Lagent consulaire britannique de Sousse a donc fait une enquête. Il écrit à Wood que le Tunisien avait présenté une pétition signée par 35 personnes disant que le mulet avait été le sien durant six ans, tandis que le Maltais ne pouvait produire que 16 témoins, la plupart des Maltais. Le Maltais a donc dit à lagent consulaire que lanimal nétait pas aussi bien connu ici quà Enfida, où il avait été élevé. Largent consulaire, après des difficultés considérables, a reçu la permision du Khalifa local denvoyer le mulet à Enfida avec une caution de 500 piastres. Le Maltais est revenu de ce voyage avec une pétition signée par un nombre immense de la population dEnfida qui avait reconnu le mulet et avait déclaré quil lui appartenait. Mais lhistoire na pas été résolue ici. En regardant les diverses opinions concernant les descriptions de son apparence, lagent consulaire écrit à son supérieur que dans le document du Tunisien, la coleur est décrite comme noir ou bordant sur le noir, alors que dans celle du Maltais il est donné comme Kharubi ou brun bordant sur noir, que je conçois comme sa vraie couleur. Cette affaire sest terminée quand lagent consulaire et le Khalifa ont reconnu que, étant impossible darriver à une claire et impartiale décision, laffaire pouvait trouver une solution seulement à Tunis, et lagent écrit que les deux plaideurs ensemble avec le mulet procèdent ce jour à cet endroit.28 Bien sûr, les agents consulaires situés dans les villes lointaines devaient affronter des plaintes des Maltais plutot espiègles. Parfois ces plaintes pouvaient être liées à lexistence que certains partageaient avec lalcool ou les vices: des Maltais sont attaqués à Monastir pour avoir joeé une musique trop forte,29 et une femme maltaise à Monastir est accusée de garder une maison désordonnée, (sic – un lieu de prostitution).30 Certains étaient courageux, trop même, daprès la version des policiers et gardiens tunisiens qui les accusaient de les avoir agressés.31 Une plainte était faite par le Bey lui-même en 1871 au sujet des Maltais qui erraient près de la plage de lîle de Gerba, menaçant les Gardes pendant la nuit.32 Ce genre de plainte nous mène à un autre sujet passionnant lié aux maltais: la contrebande. La Contrebande et les Maltais Pendant la période examinée ici, les taxes sur les produits importés dans la Régence étaient fixées à 3 pour cent tandis que celles des produits exportés atteignaient 25 à 50 pour cent. Dailleurs, une permission spéciale était nécessaire pour les produits contingentés comme le tabac, le vin, et lalcool (Frank 1885:83). Il nest donc pas surprenant quil y ait eu un commerce actif de contrebande. Les denrés comme les huiles, les peaux et les grains étaient exportées illégalement du Sahel vers les villes côtières et ensuite par mer à Malte, ou vers lAlgérie (Ganiage 1959:58). Une contrebande active des armes et de la poudre allait dans lautre sens, de Malte ou dautres pays européens vers la Tunisie ou lAlgérie. Cetait assez facile dembarquer et de débarquer de la contrebande sur les petits bateaux de pêche (spenoreras) dans les coins éloignés de la plage. Ce nest peut-être pas une coïncidence quil y ait eu des communautés maltaises assez nombreuses tout le long de la côte tunisienne, à Mahdia, Sfax, Sousse, ou Djerba. Un commerce de contrebande des huiles était pratiqué quasi-ouvertement à Mahdia dans les années 1850s, par exemple. Les disputes entre la population chrétienne essentiellement maltaise et les fonctionnaires et notables locaux augmentaient à un tel point quune investigation collective était organisée en 1858.33 Le Cheikh local a signalé que les Maltais étaient souvent attrapés en train de décharger les tonneaux dhuile, et ont à plusieurs reprises attaqué et blessé les gardes essayant de les arrêter. Ces allégations ont été nettement réfutées par les Maltais du coin, mais le Vice-Consul britannique admet cependant que le commerce de contrebande à Mahdia était presque entièrement sous le contrôle des Maltais.34 Pendant les années 1870s, il y avait de nombreux bateaux maltais dans les ports tunisiens qui attendaient pour servir comme dépôts flottants de contrebande,35 comme a plaigné M. Wood à son personnel Certains de ces bateaux étaient sans papiers et dautres étaient inaptes à naviguer. Beaucoup possédaient, selon Wood, outre le drapeau britannique, ceux de Jerusalem, de Tunis et de Turquie, quils abordent dans divers ports et criques quils visitent selon des circonstances locales. Les Maltais et les Autres Nationalités Cette documentation nouvelle nous donne aussi des détails importants sur les relations entre les Maltais et les Tunisiens. Ils se sont fréquentés ou ont travaillé souvent ensemble, partageant des troupeaux de chevres, ou marchant dans les champs avec des camarades charretiers tunisiens après le travail.36 Ils pêchaient aux mêmes endroits. Les Maltais se sentaient si à leur aise quils se promenaient dans les régions éloignées et étaient souvent dans la médina de Tunis après la chute du jour, ou jouaient de la musique bruyante la nuit: ce nest pas là le comportement de gens très inquiets. Ces sources nous montrent quand même que les Maltais occupaient une place sociale et économique assez inérmediare pendant cette période. Lexemple classique est celle des Maltais contrebandiers, capables de servir de pont entre lOccident et Orient. Cette habileté était presque nécessaire pour réussir dans une telle carrière, car ces contrebandiers devaient participer aux réseaux déchanges avec dautres partenaires en Tunisie ainsi quà Malte (ou en Algérie). Les Tunisiens leur amenaient les huiles, les peaux et dautres denrées que les Maltais vendaient aux commerçants maltais ou européens à Malte; les marchands tunisiens étaient indispensables aussie pour leur acheter des produits de contrebande venant de lEurope comme le tabac, fournis aux Maltais par les commerçants européens. Ce statut intermédiaire semble avoir été largement favorable aux Maltais en Tunisie avant le Protectorat. À côté des relations assez solides quils avaient soit avec les prêtres catholiques soit avec leurs représentants britanniques du consulat, ils étaient aussi capables de communiquer effectivement avec la population locale, et, il nous apparaît quils sont assez bien admis par les Tunisiens. Vadala écrit en 1911 quen dépit du fait que les Maltais étaient capturés au XVIIIe siècle, aussitôt que la piraterie fut abolie, les Nord-Africains ne tardèrent pas à les considérer comme des demi-frères et à utiliser eurs services comme intermédiaires avec les peuples dEurope (1911:59). À son avis, ce rôle des Maltais comme premiers négociants en Afrique du Nord, comme pionniers, na pas été suffisamment relevé et ils temps de leur rendre cette justice .
Posted on: Tue, 22 Oct 2013 08:21:18 +0000

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