Espionnage de la NSA : les raisons de la colère française • - TopicsExpress



          

Espionnage de la NSA : les raisons de la colère française • Plus de 70 millions de communications françaises ont été interceptées par la NSA en moins dun mois. (Photo Kacper Pempel. Reuters) RÉCIT L’essentiel • Dans un article intitulé «Comment la NSA espionne la France», Le Monde, qui a eu accès à une partie des documents confidentiels d’Edward Snowden, révèle que l’Agence américaine de sécurité a intercepté plus de 70 millions de données téléphoniques des Français en un mois, fin 2012. • Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a immédiatement convoqué l’ambassadeur des Etats-Unis à Paris. Qu’apprend-on de neuf ? On savait depuis début juin et les révélations dans le Guardian, le Washington Post et le Spiegel de documents confidentiels transmis par Edward Snowden que l’Agence nationale de sécurité (NSA) américaine surveillait des communications à grande échelle et pas seulement aux Etats-Unis. Sur le même sujet • Récit Espionnage de la NSA : les raisons de la colère française Par Cordélia Bonal • NSA : des mouchards à lambassade de France à Washington • LUE veut protéger les données personnelles de ses citoyens • NSA : Hollande dit à Obama sa «profonde réprobation» • Les principales révélations dEdward Snowden Le Monde, qui a à son tour eu accès à une partie des documents confidentiels de Snowden, apporte des précisions sur la manière dont sont surveillées les communications des Français et sur l’ampleur de cette surveillance. Le journal s’est penché en particulier sur un graphique où il apparaît que, sur une période de trente jours, du 10 décembre 2012 au 8 janvier 2013, 70,3 millions d’enregistrements de données téléphoniques des Français ont été effectués par la NSA. Quelle part de ces données sont effectivement passées au crible et dans quel but exactement ? La question reste ouverte. Ce que l’on sait en revanche grâce aux documents de Snowden, c’est la méthode utilisée. «L’agence dispose de plusieurs modes de collecte», décrit le Monde. «Quand certains numéros de téléphone sont utilisés dans l’Hexagone, ils activent un signal qui déclenche automatiquement l’enregistrement de certaines conversations. Cette surveillance récupère également les SMS et leur contenu en fonction de mots-clés. Enfin, de manière systématique, la NSA conserve l’historique des connexions de chaque cible.» Qui est surveillé ? «Les documents donnent suffisamment d’explications pour penser que les cibles de la NSA concernent aussi bien des personnes suspectées de liens avec des activités terroristes que des individus visés pour leur simple appartenance au monde des affaires, de la politique ou à l’administration française», poursuit le journal. Toujours selon les documents obtenus par le Monde, la NSA s’est intéressée de près, entre le 1er et le 31 janvier 2013, aux adresses de messagerie wanadoo.fr, ancienne filiale d’Orange qui compte encore 4,5 millions d’utilisateurs, et alcatel.lucent, l’entreprise franco-américaine de télécommunications. Quelles sont les réactions ? Le gouvernement français se dit indigné et demande des comptes à Washington. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius (Photo AFP), en déplacement lundi à une réunion européenne à Luxembourg, a annoncé avoir convoqué immédiatement l’ambassadeur des Etats-Unis, Charles Rivkin. Celui-ci a été reçu dans la matinée à Paris par le directeur de cabinet. Il lui a été demandé «dans les plus brefs délais une réponse» et des assurances que l’interception de communications n’ont «plus cours». «Ce type de pratiques entre partenaires qui portent atteinte à la vie privée est totalement inacceptable», sest indigné Laurent Fabius. «Il faut s’assurer, très rapidement, qu’en tout cas, elles ne sont plus pratiquées.» Le ministre a abordé le sujet ce mardi matin avec le secrétaire d’État américain, John Kerry, qui faisait escale à Paris avant de se rendre à Londres pour une réunion des «Amis de la Syrie». Le ministre a fait savoir que la question de la protection des données personnelles sera évoquée par la France au sommet européen de jeudi et vendredi. François Hollande, «demandera à l’Union européenne d’avoir un règlement sur la question des données personnelles». Le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, s’est aussi dit lundi à Copenhague «profondément choqué» et a demandé aux Etats-Unis d’apporter «des réponses claires et justifiant les raisons pour lesquelles ces pratiques ont été utilisées et surtout en créant les conditions de la transparence pour qu’il y soit mis fin». Les révélations du Monde sont «choquantes et vont appeler des explications précises des autorités américaines dans les heures qui viennent», a aussi jugé le ministre de l’Intérieur Manuel Valls sur Europe 1. «Avec les nouvelles technologies de la communication, il faut évidemment des règles, cela concerne tous les pays», a souligné le ministre. «Si un pays ami, un pays allié espionne la France ou espionne d’autres pays européens, c’est tout à fait inacceptable.» Le gouvernement mexicain, également concerné à en croire des révélations ce dimanche dans le Spiegel, demande aussi des explications à Washington. Selon le journal, qui se fonde également sur les documents de Snowden, les services de renseignement américains ont espionné les courriels de l’ex-président Felipe Calderon et les communications du gouvernement mexicain pendant des années. Que répondent les Etats-Unis ? Ils assument. Washington récupère des données de même nature que «tous les pays», a fait savoir la Maison Blanche lundi dans la journée. Un peu plus tard, François Hollande sest entretenu avec Barack Obama au téléphone. «Le président (Obama) a dit clairement que les Etats-Unis avaient commencé à passer en revue la façon dont nous récupérons des données du renseignement, pour que nous puissions parvenir à un équilibre entre les préoccupations de sécurité légitimes de nos concitoyens et alliés, et la protection de la vie privée qui inquiète tout le monde», selon un communiqué de la présidence américaine. «Les deux présidents sont d’accord sur le fait que nous devrions continuer à discuter de ces questions via les canaux diplomatiques à l’avenir.» Autrement dit, il nest pas question pour les Américains darrêter la surveillance et encore moins de létaler sur la place publique. Depuis le début de l’affaire Snowden, la Maison blanche s’emploie à rassurer les citoyens américains sur lutilisation de leurs données mais ne s’est guère donné la peine de réellement répondre aux autres pays visés par la surveillance de la NSA, hormis la mise en place d’un groupe de travail États-Unis-Union européenne sur le sujet, qui s’est réuni deux fois depuis juillet. Le discours des Etats-Unis est simple : le programme de surveillance de la NSA se justifie par la lutte contre le terrorisme, et en outre tout le monde le fait. C’est encore ce qu’a écrit ce dimanche la sénatrice Dianne Feinstein, présidente de la commission du renseignement du Sénat américain chargé de préparer un projet de loi pour encadrer la surveillance des données téléphoniques, dans une tribune publiée par USA Today. Pour la sénatrice démocrate, le programme de collecte de données téléphoniques de la NSA «n’est pas de la surveillance».«Le programme ne collecte pas le contenu des communications, il n’enregistre pas non plus de noms ou de lieux. La NSA ne collecte que les informations présentes sur une facture de téléphone : numéros appelés et reçus, heure et durée de l’appel.» Ces informations servent, explique-t-elle, à «identifier les connections entre des terroristes connus et suspectés» et cest pourquoi elles doivent de son point de vue continuer à être collectées. Que devient Edward Snowden ? L’ancien consultant de la NSA est toujours en Russie, où il est réfugié depuis le mois de juin. Il a obtenu l’asile pour un an. Après trois mois de silence, il s’est exprimé jeudi dernier dans un entretien au New York Times mené en ligne via des communications cryptées. Il assure n’avoir emporté aucun document classifié avec lui en Russie et répète avoir agi dans l’intérêt du plus grand nombre: «Tant qu’il y a un soutien large au sein de la population, on peut dire que même le programme le plus invasif et le moins moral a une certaine part de légitimité. Mais les programmes qui sont menés en secret, hors de la vue du public, n’ont pas cette légitimité et c’est un problème.» Washington réclame toujours l’extradition d’Edward Snowden vers les Etats-Unis, où il a été inculpé d’espionnage. Et Glenn Greenwald ? Le journaliste américain qui a servi d’intermédiaire aux révélations de Snowden a directement travaillé avec le Monde pour ces nouvelles révélations. Il cosigne d’ailleurs l’article publié ce lundi. La semaine dernière, le journaliste, qui vit au Brésil, a annoncé qu’il quittait le Guardian pour créer «un nouveau média généraliste d’envergure», qui traitera de sport, spectacles, culture, magazines. Les principaux bureaux de la nouvelle structure seront implantés à New York, Washington et San Francisco. Le projet sera financé par le fondateur philanthrope du site de commerce en ligne eBay, Pierre Omidyar, selon un proche du dossier cité par le Washington Post.
Posted on: Wed, 23 Oct 2013 06:40:48 +0000

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