F. BURGAT EN FIDELE PORTEUR DE VALISE DES ISLAMISTES Cherif - TopicsExpress



          

F. BURGAT EN FIDELE PORTEUR DE VALISE DES ISLAMISTES Cherif FERJANI 5article envoyé au magazine REALITES pour sa livraison du 13 au 20 novembre 2013) Dans une interview accordée au journal en ligne Atlantico, François Burgat, de retour de Tunis où il a rencontré Rached Ghannouchi , déclare que « le retrait dEnnahda nest pas un échec de lIslam politique . Il y répond à ce que j’ai dit dans une interview que j’ai accordée la veille au même journal en ligne. Dans ses propos, F. Burgat s’est montré plus fidèle à ses amis dEnnahda que beaucoup dislamistes qui ont fini par réaliser les impasses de lidéologisation de lislam. Il s’est évertué à transformer leurs échecs en réussite en attribuant, comme à son habitude, à la gauche, aux laïques et autres démocrates la responsabilité de l’impasse à laquelle ses amis ont conduit le pays. Pour cela, il a passé sous silence le bilan désastreux de la politique menée par les islamistes, les assassinats politiques et les crimes dont ils sont responsables directement ou par la protection qu’ils ont accordé aux milices et aux groupes terroristes dont son ami Ghannouchi dit qu’ils sont ses « enfants qui lui rappellent [sa] jeunesse » ! Pour montrer ce que F. Burgat veut occulter à travers son plaidoyer en faveur de ses amis islamistes, il convient de rappeler certaines vérités quant aux relations qu’ils ont toujours entretenues avec la dictature déchue, d’une part, et au bilan de leur politique au pouvoir depuis deux ans, d’autre part. Certes, les islamistes tunisiens ont fait lobjet dune répression que nous étions nombreux à dénoncer malgré nos divergences avec leurs conceptions et le soutien quils avaient apporté au pouvoir lorsque la répression sabattait contre nous. Ils étaient la principale cible de la répression dans les années 1980, sous le règne finissant de Bourguiba, et dans les 20 dernières années du régime de Ben Ali. Pour justifier cette répression, le pouvoir a exploité les actions violentes quils avaient menées et qui ont frappé des victimes innocentes : les femmes vitriolées sur les plages, les attaques contre les restaurants et les cafés ouverts pendant le mois de Ramadan et les attentats quils ont fini par reconnaitre après les avoir longtemps niés. Ce que les défenseurs des islamistes comme F. Burgat occultent cest lattitude des islamistes à légard du pouvoir qui les a réprimés: Ils nont jamais complètement rompu les liens avec les cercles les plus proches de Carthage avec l’espoir de trouver un terrain dentente leur permettant dy être associés (liens avec et par le biais de Sakhr Matri, gendre de Ben Ali). Cette attitude a été maintenue jusquau bout : Ils ont commencé par juger le suicide de Bouazizi comme un acte contraire à lislam et nont changé dattitude à légard du soulèvement qui a chassé Ben Ali quaprès la chute de celui-ci. Les avocats se souviennent et rappellent constamment comment Noureddine Bhiri, l’homme fort d’Ennahda qui a gardé des liens avec le pouvoir de Ben Ali qu’il a soutenu, a refusé d’ouvrir les portes de la Maison de l’Avocat aux manifestants la veille de la chute de Ben Ali. Puis, passé le moment de surprise et dhésitation, ils ont fini par sinscrire dans le processus de transition pour en devenir le principal bénéficiaire, entre autres parce quils avaient été la principale cible de la répression durant les 20 dernières années du règne de Ben Ali, en faisant croire que la religion dont ils se réclament est une garantie de bonne conduite politique et contre la corruption qui a été fatale pour le régime de Ben Ali. Ils ont aussi bénéficié des soutiens financiers des pétro-monarchies de la Presquîle arabique qui comptaient sur eux pour étouffer linspiration démocratique de la révolution. Dès leur accès au pouvoir, avec des alliés vassalisés au sein de la Troïka, ils ont procédé à un coup d’Etat rampant qui a commencé par le refus de respecter le délai prévu par la loi électorale pour le mandat de l’Assemblée Nationale Constitutionnelle (ANC). Ce coup dEtat sest poursuivi avec l’adoption de la Loi de l’Organisation Provisoire des Pouvoirs (la petite constitution) qui a donné à l’ANC des pouvoirs non prévus par son mandat, créant ainsi une forme de gouvernement parlementaire absolu unique en son genre puisque sans aucun contre pouvoir. Avec cette loi, on est passé à un pouvoir absolu du parti hégémonique au sein de l’ANC. Les dirigeants dEnnahda sont allés jusqu’à déclarer, sans gêne, au lendemain de l’assassinat de Chokri Belaïd (le 6 février 2013), que la plus haute instance du pays était le Conseil de Consultation de leur parti qui joue le rôle du comité central des Partis-Etat dans les régimes totalitaires. En effet, cette instance dicte leur conduite à l’ANC et au gouvernement. C’est de ce nouvel absolutisme que procèdent tous les autres aspects du coup d’Etat rampant d’Ennahda : prolongation et extension des pouvoirs de l’ANC et des institutions qui en sont issues (Présidence de la République et gouvernement), limogeages des compétences et nominations partisanes à tous les niveaux de l’administration, dans les collectivités publiques et territoriales, dans les médias, les services et les entreprises, etc., dans le but de se soumettre tous les rouages de l’Etat et les commandes de tous les secteurs stratégiques nécessaires à la pérennisation du pouvoir des islamistes et à l’accaparation des ressources et des richesses du pays par les nouveaux gouvernants et leurs proches. En moins de deux ans, ils ont fait plus de mal que la dictature de Ben Ali en 23 ans. En effet, le coup d’Etat rampant d’Ennahda a conduit le pays au bord de la faillite et de l’explosion : - Sur le plan économique, l’insécurité et l’absence d’un agenda et d’échéances claires pour la fin de la transition, ont découragé les entreprises étrangères comme les entreprises du pays d’investir et de réaliser les projets dont la relance de l’économie a besoin. Tous les secteurs de l’activité économique ont régressé, du tourisme à l’industrie et aux activités artisanales, agricoles et tertiaires. Le déficit de la balance commerciale s’est accru, la dette ne fait que grimper, les réserves en devises ont fondu, l’inflation a entamé la valeur de la monnaie nationale et le pouvoir d’achat des classes populaires ; la classe moyenne s’en trouve menacée de disparition. La notation de classement de compétitivité (Davos) a fait passer le pays du 40ème au 83ème rang, les finances de l’Etat sont au bord de la faillite, la contrebande s’est développée au détriment des activités économiques productrices d’emplois et de richesses, etc. - Sur le plan social, les taux de pauvreté et de chômage, notamment celui des jeunes et dans les régions défavorisées d’où la révolution est partie, sont sans précédent ; le pays compte plus de 850.000 sans emploi. La détérioration des conditions de vie favorise le développement de la délinquance, des crimes et des différentes formes de violence. La scolarisation recule et les maladies contagieuses sont réapparues, de l’hépatite à la rage et à la tuberculose en passant par la gale et la malaria. - Sur le plan sécuritaire, la violence politique pratiquée par des groupes armés bénéficiant de la protection, de la complicité et de la complaisance d’Ennahda, est devenue un véritable danger pour la sécurité du pays et de la population ; elle n’épargne ni les partis de l’opposition et les expressions organisées de la société civile, ni les militants politiques et associatifs, ni les journalistes et les artistes, passant des agressions lors des manifestation et des menaces aux assassinats politiques et aux attentats meurtriers qui continuent à faire des victimes dans les rangs des forces de sécurité et de l’armée. L’infiltration des services du Ministère de l’Intérieur par une sécurité parallèle liée aux milices du parti d’Ennahda et aux groupes jihadistes contribue au développement d’un climat d’insécurité dangereux pour le devenir du pays. - Sur le plan politique, aucune des missions attendues du pouvoir pendant cette phase ultime de la transition n’a été réalisée : ni la rédaction de la constitution, ni la promulgation des lois électorales pour les prochaines échéances, ni la mise en place de l’instance indépendante qui devra superviser les prochaines élections. De même, la justice transitionnelle a tourné à une instrumentalisation de la justice pour blanchir ceux qui acceptent de collaborer avec les nouveaux gouvernants et faire du chantage aux récalcitrants, et pour distribuer les privilèges et les compensations aux seules victimes islamistes de la répression de la dictature déchue. Cest là où réside léchec des islamistes dEnnahda et non dans le fait quils aient fini par accepter, contraints et forcés, la dissolution du gouvernement quil dominent. Cette dissolution, qu’ils font tout pour ajourner, ne sera que la conséquence de cet échec, d’un côté, et de la pression ferme et sans précédent de la société civile, de lopposition, des députés retirés de la Constituante au lendemain de lassassinat de lun des leurs, Mohamed Brahmi, (le 25 juillet 2013), des syndicats des forces de sécurité attaquées par les groupes terroristes, etc. Cest loccultation de ces faits qui permet à F. Burgat de maquiller léchec de ses amis islamistes en réussite. Il a toujours accusé, dans le mêmes termes que ses amis islamistes, la gauche, les syndicalistes, les féministes et les laïques qui luttent pour une démocratie respectueuse des droits humains de connivence avec lOccident impérialiste et la dictature de Ben Ali et des autres dictatures qu’il présentent, comme eux, comme des pouvoirs laïques alors qu’ils instrumentalisaient la religion, comme les islamistes, pour légitimer leur pouvoir. Malgré les échecs de ses amis au pouvoir, la corruption, la violence politique qu’ils entretiennent, les assassinats qu’ils couvrent par tous les moyens, le reniement systématique de leurs engagements et promesses à l’égard des démocrates qui les avaient soutenus et qui avaient cru en leur conversion démocratique, leurs fourberies, et le cynisme dont ils ont fait preuve, F. Burgat persiste dans aveuglement et continue à les défendre et à s’acharner contre la gauche, les féministes, les syndicalistes, les démocrates et les défenseurs des droits humains qui résistent au coup d’Etat rampant de ses amis islamistes. Il entretient à dessein l’amalgame entre ce qui s’est passé en Egypte avec le coup d’Etat de Sissi (contre le coup d’Etat rampant de Morsi), et ce qui se passe en Tunisie où la résistance pacifique de la société civile et des démocrates a évité jusquici à la Tunisie de sanctionner le coup dEtat islamiste par un coup dEtat militaire ou policier comme en Egypte. Il accuse la gauche, les laïques, les syndicalistes, les démocrates et les défenseurs des droits humains de connivences avec les vestiges de la dictature alors que ce sont ses amis islamistes qui ont récupéré les milices et les éléments les plus corrompus de l’ère Ben Ali pour utiliser leurs réseaux et leur savoir-faire pour la réussite de leur entreprise criminelles que ce soit au niveau de la justice, ou au niveau de la police et dans les milieux d’affaires. En Tunisie, comme ailleurs, ce sont les islamistes, que défendent F. Burgat et d’autres spécialistes de l’islam politique fascinés par leur objet, qui cherchent l’affrontement pour éviter une sanction démocratique de leur échec.
Posted on: Thu, 14 Nov 2013 17:08:42 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015