FESTIVAL INTERNATIONAL JEAN ROUCH Maison des Cultures du - TopicsExpress



          

FESTIVAL INTERNATIONAL JEAN ROUCH Maison des Cultures du Monde 101, Boulevard Raspail, PARIS Mercredi 13 novembre - 17h30 DELLARTE DELLA GUERRA (DE LART DE LA GUERRE) Film éminemment politique où l’aventure individuelle de chaque corps filmé est inséparable de l’expérience collective que ces corps ont partagé à la fois sur le terrain des luttes et dans l’espace réflexif au lendemain des combats. Milan 2009 : une grève sur fond d’expropriation, une grue, quatre hommes, un rapport de force, le temps qui passe, huit jours, victoire, fin. Cela pourrait n’être qu’un fait-, une séquence spectaculaire dans une crise sociale et un conflit d’intérêts, en un mot une occasion de reportage, une affaire de journaliste. Il n’en est rien. C’est un vrai film qui se déploie selon trois espaces, que je préfère appeler trois zones : l’une est dans les airs, au sommet d’une grue, noyau quasiment invisible de la résistance de quatre hommes. La seconde est au sol, bien visible dans l’espace public, celui du terrain des luttes confrontées à un pouvoir invisible. La troisième zone, non loin des deux autres, est un champ de ruines produit par la spéculation immobilière. Cette zone de démolition est celle qui donne sa visibilité à la pensée elle-même. Cette troisième zone est dans un autre temps où, après leur victoire, les occupants de la grue parlent et réfléchissent à la forme et au sens de leur combat. Ce dispositif dialectique permet de composer la relation historique qui à la fois relie et sépare les filmeurs et les acteurs filmés : une génération ou plus les sépare : les grévistes pourraient être les pères des deux cinéastes, ils ont connu l’Italie du PCI et de la démocratie chrétienne, ils gardent intact le lexique de la lutte des classes et des stratégies syndicales. Les jeunes cinéastes les suivent et les écoutent parce qu’au-delà des circonstances dépassées de la grève, ils recueillent une incommensurable énergie politique que l’Italie de Berlusconi ne cesse de confisquer. Cette énergie est toujours là, elle est la vérité d’un héritage, elle est celle du film hors de tout militantisme. De l’art de la guerre n’est porté que par le désir d’hériter du courage et ce champ de ruines est là pour dire qu’en gagnant une bataille, personne n’a gagné la guerre. La guerre est toujours là et il ne faut pas arrêter de se battre. La question posée par ce film est donc bien celle-ci : quel est l’art de la guerre aujourd’hui ? Avec quels mots dirons-nous notre désaccord et notre révolte, avec quelle tactique et selon quelle stratégie mènerons-nous nos luttes ? Et par voie de conséquence : si le geste cinématographique est un geste d’art, peut-il être un art de la guerre ? La caméra peut en effet devenir une arme, non pas une arme pour tuer mais une arme pour nous donner de la force et des idées face aux injustices et aux abus intolérables de tous les pouvoirs. On retrouve là une interrogation et une exigence transmises depuis des décennies par Godard : filmer est un art de combat. Marie José Mondzain Novembre 2013 Anûû-rû âboro / Festival International du Cinéma des Peuples Prix spécial du Jury Olivier Pollet Felice DAgostino Caterina Gueli Momoko Seto Ânûû-rû Âboro Ânûû-rû Âboro Cinemadocumentario.it CinemaItaliano.info Premio Marcellino de Baggis
Posted on: Mon, 11 Nov 2013 17:13:20 +0000

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