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Fleur Pellerin : « Nous devons créer les conditions pour que les jeunes maximisent leurs chances de succès » Le gouvernement prépare les prochaines Assises de lentrepreneuriat, qui se dérouleront au printemps 2014, sur le thèmes des jeunes et des PME. « Je veux que chacun puisse dire pourquoi pas moi? », assure la ministre déléguée chargée des PME, de lInnovation et de l’Économie numérique Six mois après la conclusion des Assises de lentrepreneuriat, Fleur Pellerin fait le point sur les mesures déjà lancé et les prochains chantiers du gouvernement. La ministre déléguée en charge des Petites et moyennes entreprises, de lInnovation et de lÉconomie numérique se veut résolument optimiste sur le changement de mentalité des créateurs dentreprises français. Vous étiez lundi avec le Premier ministre et une dizaine d’entrepreneurs pour faire le bilan des Assises de l’entrepreneuriat. Qu’est ce qui est ressorti de cette rencontre ? La plupart de la quinzaine de mesures annoncées par le président de la République ont été mises en œuvre ou sont en passe de l’être. La suppression de l’indicateur «040» par la Banque de France : désormais les entrepreneurs ne seront plus fichés en cas de faillite. La création du PEA PME. La sensibilisation à l’entrepreneuriat dès la sortie de sixième et la création d’un statut entrepreneur-étudiant, avec la possibilité de conserver certains bénéfices, comme la sécurité sociale étudiante lorsque l’on créé sa société après l’obtention de son diplôme. Toutes ces décisions ont été menées à bien ! Y a-t-il déjà des avancées au sujet du « visa entrepreneur » pour les étrangers qui veulent investir en France ? Cela fait partie de la réforme sur l’attribution des titres de séjour sur laquelle travaille Manuel Valls et qui interviendra dans un calendrier un peu plus tardif. L’idée est de faciliter l’attribution pour des investisseurs ou des jeunes créateurs d’entreprises. Actuellement cela reste compliqué, et si l’on veut attirer ces étrangers, il faut simplifier les démarches. La création de ce « start-up visa » se fera, je l’espère, dans le courant de l’année prochaine. Pourquoi avoir choisi le thème des jeunes et des PME pour les prochaines Assises de l’entrepreneuriat ? Durant leurs études, les jeunes qui veulent travailler dans le privé sont plus naturellement attirés par les grands groupes : nous devons donc travailler sur la façon de rendre les PME plus attractives. L’autre sujet, c’est comment faire en sorte que les jeunes s’approprient la création d’entreprise quelque soit leur origine sociale et leur niveau de diplôme. On constate encore trop souvent qu’elle reste perçue comme un parcours du combattant, avec un risque très fort, qui n’incite pas les jeunes à se lancer dans l’aventure. Il faut que l’on change cet état d’esprit. Regardons la réalité en face : aujourd’hui, tout le monde ne peut pas s’improviser créateur d’entreprise ; c’est cette promesse que nous devons rendre possible. Je pense notamment aux jeunes qui viennent des quartiers difficiles, où il n’y a pas de maîtrise des codes et une autocensure beaucoup plus forte. Je veux que chacun puisse se dire : « pourquoi pas moi ? ». Que peut-on faire concrètement pour les aider ? Beaucoup de choses ! Déjà du côté du coaching et du mentorat. C’est le projet visé par l’école de l’entrepreneuriat. Ce ne sera pas une école au sens strict, c’est-à-dire avec un seul bâtiment bien identifié, mais des initiatives multiples dans les territoires avec une plate-forme d’appui assez largement dématérialisée. L’idée c’est de donner un kit d’apprentissage, de donner des conseils pratiques pour les jeunes, qu’ils soient diplômés ou pas et où qu’ils se trouvent en France. Il faut démocratiser au maximum, que ce contenu soit très universel car il y a des choses que l’on n’apprend pas, même d’ailleurs dans les meilleures écoles de commerce. Durant la réunion avec Jean-Marc Ayrault, un entrepreneur racontait qu’il n’avait jamais appris comment recruter un collaborateur, autrement dit comment rédiger une fiche de poste, comment tenir un entretien, ou quel salaire proposer. L’idée de cette « école » est de donner des conseils sur des sujets qui sont extrêmement quotidiens pour les entrepreneurs. Il y a aussi tout un travail à faire sur l’acquisition des codes. En particulier sur le « pitch », c’est-à-dire le travail de conviction qu’ils doivent faire face aux investisseurs et aux banquiers. Ce n’est pas quelque chose d’inné, surtout quand on vient d’un milieu où l’aisance verbale ne va pas de soi. Vient ensuite la question du financement, car c’est un public qui peut avoir du mal à accéder aux crédits bancaires. Pour cette raison, nous allons créer un fond pour l’entrepreneuriat dans les quartiers au sein de la BPI. Le mouvement des « Pigeons », à l’origine des Assises de l’entrepreneuriat, s’est réveillé lors de la présentation du projet de loi de finances. Quels sont vos rapports avec lui actuellement ? Nous échangeons régulièrement avec la société civile. Les Assises ont permis de créer un canal de communication direct entre elle et nous. S’il y a eu des inquiétudes, je veux dire que la réforme des plus-values mobilière telle qu’elle a été annoncée par le président de la République sera mise en œuvre. Il y a des discussions concernant l’articulation avec d’autres dispositifs et c’est normal, mais les engagements seront tenus. Vous préparez aussi la création d’une conférence des financeurs publics. Quel sera son rôle ? Il existe énormément d’aides aux entreprises, plusieurs milliards d’euros, répartis entre plusieurs financeurs publics. Le but de cette conférence, c’est de les mettre tous autour de la table pour que l’on adopte une politique commune. L’idée est d’évaluer les priorités et de voir comment coordonner les aides des uns et des autres. Pour un créateur d’entreprise, savoir à quel guichet aller frapper n’est pas évident. Il faut lui simplifier la vie et lui créer un parcours pour rationaliser et rendre les aides plus efficaces. Cette conférence doit être mise en place dans les toutes prochaines semaines. Vous qui côtoyez beaucoup d’entrepreneurs, êtes-vous inquiète ou plutôt optimiste sur l’état d’esprit de la création d’entreprise ? Je suis optimiste quand je rencontre des porteurs de projet. Je suis impressionnée par les progrès réalisés depuis que j’ai moi-même terminé mes études. A mon époque, il n’y avait pas d’école de l’entrepreneuriat, tout le monde rêvait des entreprises du CAC40, peu de gens pensaient PME ou start-up. Les mentalités changent ! Je sens qu’il y a considérablement plus de jeunes qui ont envie de sauter le pas, à nous de créer les conditions pour qu’ils y parviennent plus facilement et maximiser leurs chances de succès. Quand je lis la presse, je trouve que l’on ne parle pas assez de cette jeunesse qui « en veut », alors que c’est la réalité de notre pays. Quels sont les freins à la création que vous rapportent vos interlocuteurs ? Ce sont avant tout des freins culturels. Notre système éducatif n’encourage pas encore assez la prise de risque et stigmatise trop. Pour inciter à créer, il faut que la société accepte l’échec. Il y a tout un travail à faire sur la culture de l’innovation. C’est pour cela que c’est important d’introduire des modules ad hoc dès la sixième. Il y a des freins psychologiques aussi, chez les femmes notamment. Elles ne représentent que 30 % des créateurs d’entreprises, et 10 % dans les secteurs technologiques. Et puis il y a des freins financiers, mais ils se situent davantage au stade de la croissance qu’à celle de la création. Comme l’a démontré une récente étude d’EY, c’est très facile de créer son entreprise en France, contrairement à ce que certains veulent faire croire. Ce qui est difficile, c’est de la faire passer d’un chiffre d’affaires de quelques centaines de milliers d’euros à cinq, dix, quinze millions d’euros. Jonathan Benassaya, un des créateur du site Deezer, nous disait que sa difficulté avait moins été de lancer la société que de l’internationaliser. Comment leur permettre de franchir ce cap ? Pour faire une entreprise comme Facebook ou Google en Europe, ce n’est pas facile : nous avons certes le plus grand marché du monde, mais celui-ci est découpé, fragmenté. Dans un secteur tel que le numérique, il faut penser « global » dès le moment de la création. Dans un pays comme Israël, qui mise beaucoup sur ses start-up, c’est plus naturel, car le marché est tellement étroit que l’on n’a pas d’autre choix. Et puis il y a la question du financement. Deezer s’est heurté au même problème que d’autres entreprises innovantes : à partir du moment où elles atteignent une certaine taille critique, elles rencontrent des difficultés à trouver des financements pour aller conquérir de nouveaux marchés. Quelles sont les prochaines échéances de la consultation que vous avez lancé sur le crowdfunding ? Le travail se terminera mi-novembre avec une série d’annonces à la fin de l’année. La réforme se traduira par l’adoption d’une ordonnance au début du printemps. Comment imaginez-vous l’esprit d’encadrement de ce nouveau mode de financement ? L’enjeu n’est pas d’encadrer mais de libérer, de permettre quelque chose qui est aujourd’hui impossible. Concrètement, de quoi parle-t-on ? Il y a trois choses différentes dans ce genre de financement. Le don, le prêt et l’investissement en capital. Sur le don, on ne touchera à rien, cela fonctionne très bien, il n’y aura pas de réglementation particulière. Le prêt rémunéré entre particulier, lui, est actuellement interdit. Il n’y a que les banques qui peuvent le faire. C’est là que nous introduisons l’idée de diversification pour limiter les risques des particuliers. Il faut empêcher que certaines personnes moins familières avec les produits financiers se retrouvent à mettre toutes leurs économies dans un projet qui pourrait se casser la figure. Si vous désirez prêter à un entrepreneur, vous pourrez le faire, mais jusqu’à un certain montant, qui est encore en discussion. Vous pourrez prêter autant que vous le voulez, si vous le faites à plusieurs entrepreneurs. Et linvestissement en fonds propres? Là pas de plafond, mais une simplification. Aujourd’hui, si vous voulez créer votre société de crowdfunding en capital, vous devez avoir 720 000 euros de fonds propres. Et à chaque fois que vous voulez lever des fonds au-delà de 100 000 euros, vous devez remplir un prospectus de l’AMF qui fait plus de cent pages. L’idée est de supprimer l’obligation d’avoir 720 000 euros de fonds propres pour permettre de commencer facilement votre activité et d’alléger très fortement les formalités administratives d’appel public à l’épargne. Cette réforme est une simplification, avec à la clé un secteur qui a beaucoup de potentiel. Nous voulons libérer les énergies autour de ce secteur d’activité. Dans la plupart des pays, ce mode de financement reste bloqué par la réglementation. Certains pays comme les États-Unis ont commencé à bouger, mais ils limitent l’accès aux plate-formes aux particuliers les plus riches. Ce n’est pas le choix que nous faisons. Je veux dire aux esprits chagrins que la France est en pointe sur ce dossier. Nous avons l’opportunité de créer le système le plus favorable du monde en matière de crowdfunding. Ce serait un bel atout en termes d’attractivité
Posted on: Wed, 30 Oct 2013 07:52:05 +0000

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