HISTOIRE DEThierno Mountaga Daha Tall Ibn Cheikhou Oumar Foutiyou - TopicsExpress



          

HISTOIRE DEThierno Mountaga Daha Tall Ibn Cheikhou Oumar Foutiyou Tall : Le marabout qui humilia Senghor PAR VIVE OUROSSOGUI La ville de Louga a célébré, l’avant-dernier week-end, la 49ème édition de la Ziarra de Thierno Mountaga Daha Tall. Mais cette édition est surtout celle du souvenir du grand homme de Dieu que fut Thierno Mountaga Daha Tall. (Correspondance) - Connu pour son courage et sa foi inébranlable en Dieu, Thierno Mountaga Daha Tall a surtout marqué la mémoire de ses compatriotes par son refus légendaire de recevoir l’ancien président de la République du Sénégal Léopold Sédar Senghor mais surtout par l’exhumation de son corps des cimetières des «Abattoirs» à Dakar à son Mausolée construit à Louga où il repose actuellement. Cet évènement vécu en direct par les Sénégalais, en général, et les lougatois, en particulier, a prouvé à la face du monde la grande érudition du saint homme. Cet homme qui, de sa tombe, a demandé à être exhumé avant d’être enterré à Louga sans que sa dépouille ne soit en rien altérée après 28 ans sous terre. Né en 1876 au Mali, le fils d’Aïcha Coulibaly et de Cheikh Daha Tall, lui-même fils de Cheikh Oumar Foutiyou Tall, a commencé ses humanités auprès de sa mère, elle-même érudite de l’islam. Celle-ci lui apprit à «ne jamais s’incliner devant aucune puissance, exceptée celle de la Vérité, de la religion et de la tradition», selon le témoignage qu’en ont fait ses proches. N’ayant pas eu la chance de vivre avec son père parce que quand le saint homme Cheikhou Oumar Tall mourut, lui Mountaga Daha Tall n’avait que six ans - il est pris en charge par son oncle paternel Aguibou Cheikhou Oumar qui se chargea de son éducation. Très proche de son oncle dont il fut le secrétaire, Thierno Mountaga Daha Tall jouait parfaitement son rôle à lui confié par Thierno Aguibou qui, lui-même a vécu à Nioro puis à Dinguiraye avant d’être intronisé Amir à Bandiagara. Vers les années 1899, alors que Bandiagara vit une crise sociale sans précédent, le jeune Mountaga Daha Tall se montra un fervent combattant contre la présence des colons. Ces derniers avaient donc constaté en lui une aversion et une rancune tenaces. Ils décidèrent de s’en prendre à lui pour d’abord l’arrêter et leur tentative sera vite stoppée par les populations qui avaient, pour lui, beaucoup d’affection. C’est ainsi que son oncle Aguibou envoya un émissaire chez le colonel Arsenal Faul qui, à son tour, ordonna à son capitaine d’abandonner sa tentative d’arrêter Mountaga Daha Tall. Exil Pour autant, les colons décidèrent de l’exiler. Ainsi, il se rendit à Kankan où il fit la connaissance d’Alpha Oumar, fils d’Alpha Mahmoud. De Kankan où il reçut beaucoup de secrets, il se dirigea vers la ville de Ségou, toujours au Mali avant de rallier Bamako. Mais, dans la capitale malienne aussi, ses convictions religieuses amèneront les colons à vouloir l’empêcher de continuer son chemin de propagande pour l’Islam. Ils s’en prirent à lui, au point de l’amener à rejoindre le Fouta en 1901. Il s’installa dans le village de Sadel, sur le fleuve Sénégal, puis à Bokidiawé auprès de Thierno Mody Bocar Diallo. Finalement, il atteignit la ville de Halwar, sa ville d’origine où il s’installera avec sa famille. Il réhabilitera le Mausolée de Cheikh Saidou Ciré, père d’El hadj Oumar Foutiyou Tall et se retrouva avec son cousin Thierno Saidou Nourou Tall. Du Fouta, il atteignit la ville de Tambacounda où il fit installer son commerce. Mais là aussi, le colon sentit en lui un danger à cause de ses prêches. A son absence, les autorités coloniales de cette époque prirent en otage sa famille qu’elles exileront à Kaolack. Mis au courant de la présence de la famille de Thierno Mountaga Daha Tall, Feu Abdoulaye Niass et Cheikh Abdoul Hamid Kane s’en informèrent auprès des Saints hommes de Tivaouane et de Touba, El hadj Malick Sy et Cheikh Ahmadou Bamba. Ces derniers se rendirent d’urgence à Kaolock et tinrent une réunion avant d’adresser une lettre au gouverneur pour lui rappeler ceci : «Cet homme que vous traquez est le fils de notre grand guide Cheikhou Oumar Foutiyou Tall. Il véhicule notre dignité, il ne faut jamais le toucher.» Et cette missive, c’est El hadji Malick Sy qui se chargea de la porter aux autorités coloniales. Convaincu de la détermination de Thierno Mountaga Daha Tall à combattre les colons, Seydi El hadji Malick Sy conseilla ainsi au petit-fils de Cheikhou Oumar Foutiyou de s’installer dans un village, loin des villes urbaines pour éviter de rencontrer les Français. Ainsi, Thierno Mountaga Daha Tall choisit de s’installer, sur recommandation d’El Hadji Malick Sy, à Nguidjilone. De là, il se dirigea vers le Ndiambour, d’abord dans le village de Nguer Malal où il resta pendant huit ans, avant de s’éterniser dans le village de Ngouye Mbeut. Trente ans durant, il y vécut et y enseigna l’Islam et la Sunna du prophète Mouhamed (Psl). Mais, face à des disciples de plus en plus nombreux et qui venaient le rejoindre à Gouye Mbeut, Thierno Mountaga, encore sur recommandation de Seydi Ababcar Sy, fils d’El Hadji Malick Sy, quitta Gouye Mbeut pour s’établir définitivement à Louga. C’était en 1944. De ses qualités, on peut retenir que Thierno Mountaga Daha Tall n’a jamais rien accepté des autorités coloniales. «Il était connu comme un homme de Dieu, pieux, dévot, généreux et aimait les pauvres. Il était digne et fier et ne s’est jamais soumis aux colons ni par la parole, ni par l’acte. Il n’accepta d’eux aucun honneur ni aucune distinction. Les colons voulurent lui donner les médailles d’honneur, chose qu’il refusa catégoriquement et les médiateurs et dignitaires de cette époque furent témoins», lit-on dans un document de présentation. Thierno Mountaga Daha Tall mourut en 1957 à l’âge de 81 ans à l’hôpital Principal de Dakar après avoir donné ses dernières recommandations à son jeune frère, Thierno Seydou Nourou Tall. Le miracle de l’exhumation Le corps de Thierno Mountaga Taha Tall a été transféré dans la ville de Louga le 2 janvier 1985. Soit 28 ans après son enterrement à Dakar. Cela est du aux soucis de ses enfants de respecter ses derniers vœux. Les vœux du Saint homme étaient axés sur deux recommandations. La première, c’est d’être enterré à Louga à sa mort. La deuxième était de dire à ses fils de ne jamais diverger avec leur oncle, Thierno Seydou Nourou Tall. Mais, à sa mort, devant le vœu de Thierno Seydou Nourou de voir son frère enterré à Dakar, les enfants de Thierno Mountaga étaient ainsi pris entre deux recommandations de leur défunt père : fallait-il enterrer le saint homme à Dakar pour satisfaire le désir de Thierno Seydou Nourou Tall et du coup accomplir le premier vœu de Thierno Mountaga ou fallait-il s’opposer au désir de Thierno Seydou Nourou et accomplir la recommandation du père. Devant un tel dilemme, les enfants acceptèrent de répondre aux exigences de leur oncle. Ainsi, Thierno Mountaga Tall fut enterré à Dakar. Mais, quelques temps, «c’est Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh qui vit à plusieurs reprises en rêve Cheikhou Mountaga Daha Tall qui lui demandait d’exhorter ses enfants à transférer son corps à Louga. Et à chaque fois, Cheikh Abdoul Aziz Sy racontait son rêve à tous les enfants de Thierno Mountaga Daha Tall. A la troisième fois, ce fut Cheikh Abdou Aziz qui équipa sa voiture et se dirigea vers Louga, avec son cortège, composé de Cheikh Ndiaye Mabi et de Saidy Saly Dramé», explique Cheikh Mouhamed Lamine Athie dans son ouvrage intitulé Vérités sur la vie et l’œuvre de Thierno Mountaga Daha Tall. Ainsi, Serigne Abdou entreprit de rencontrer Cheikhou Oumar Mountaga Daha et son frère Cheikhou Habibou Mountaga Daha pour exécuter la dernière volonté de Thierno Mountaga Daha Tall. Ainsi, le 2 janvier 1985, le corps du saint homme est exhumé sans qu’aucune altération n’ait été relevée sur la dépouille après 28 ans sous terre. Ce qui a ému plus d’un et qui prouve la sainteté de cet homme dont l’histoire retiendra ses grandes qualités d’homme de conviction et de courage. Aux dignitaires politiques venus lui présenter Senghor, il dira à ce dernier : «C’est toi Senghor ?» Et ce dernier de répondre : «Oui cher marabout.» Et Thierno Mountaga de lui asséner : «C’est toi qui désobéis Mouhamed notre Prophète ? Pouah, tu ne vaux rien !»
Posted on: Wed, 26 Jun 2013 21:04:23 +0000

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