Harcèlement à lécole: Il m’a dit: Je vais te faire vivre un - TopicsExpress



          

Harcèlement à lécole: Il m’a dit: Je vais te faire vivre un enfer 06h00 par Julien PRIGENT | Mis à jour il y a 6 heures 17 réactions Le gouvernement s’attaque au harcèlement à l’école. Grave mais trop méconnu, il peut conduire à la dépression, au suicide. Un élève charentais a vécu l’enfer durant toute sa scolarité. Il raconte. Insultés sur leur physique, leur origine, leur comportement, humiliés, frappés: des milliers d’enfants sont victimes de harcèlement à l’école. Insultés sur leur physique, leur origine, leur comportement, humiliés, frappés: des milliers d’enfants sont victimes de harcèlement à l’école.. PHOTO/ Majid Bouzzit Hugo (1) a 18 ans. ça fait douze ans qu’il vit avec la boule au ventre. Douze ans que chaque matin il prend le chemin de la classe en se demandant ce qu’il va subir. Douze ans que Hugo est harcelé à l’école par d’autres élèves. Des insultes, des menaces, des coups. C’est allé loin. Très loin. Jusqu’à la tentative de suicide. Jusqu’à des plaintes à la gendarmerie. Une action judiciaire est même ouverte. Pourquoi ? Parce que Hugo n’est pas comme les autres enfants. Intellectuellement précoce. Son QI est de 140. Il est très curieux, ouvert, hyperactif, pose des tas de questions à ses professeurs. Un comportement qui détonne. Je suis différent. Je suis un gêneur. Je dérange. Hugo, aujourd’hui en CAP, est aussi un garçon intelligent et attachant. Un garçon qui en a marre de souffrir. Il raconte son calvaire. Les chiffres 5,1% des élèves subissent un harcèlement physique sévère à très sévère. 8% des élèves subissent un harcèlement moral sévère à très sévère. 4,9% des élèves subissent un harcèlement physique et moral sévère ou très sévère. 29% des collégiens sont moqués pour leur bonne conduite en classe. 40% des élèves disent avoir été victimes d’une agression ou méchanceté en ligne. La tranche des 12-14 ans est la plus exposée. Quand ont commencé tes problèmes à l’école ? Hugo. Dès le CP. Je ne suis pas comme les autres. Je réagis différemment. Je suis un gêneur, je dérange. Je n’ai jamais eu le même centre d’intérêt que les autres élèves. J’ai changé six fois d’établissement. Mais j’ai toujours été la tête de turc de l’école. En primaire, je subissais quelques insultes, quelques brimades. mais au collège, c’est monté d’un cran. Que s’est-il passé ? J’étais un peu gamin. En sixième, dans la cour, je jouais à la moto, je chantais. Des plus grands se moquaient de moi. Le matin, ils m’attrapaient par une jambe et un bras et se servaient de moi pour essuyer les bancs pleins de crachats. J’étais tout petit, pas épais. ça n’a pas aidé. Un jour, et en y repensant ça me fait rire, ils m’ont même accroché au portemanteau dans une classe. J’avais l’air con là-haut. Comment vivais-tu cette situation ? Pas bien, évidemment. On se moquait de mon physique, de mon nez, de mes oreilles. Moi je me trouvais laid. Je les croyais, ceux qui disaient ça: s’ils le répétaient c’est que ça devait être vrai. Je n’osais regarder personne en face. je marchais toujours la tête baissée. Tu en as parlé à tes parents ? Un jour j’ai appelé ma mère. La maman. Hugo était dans les toilettes du collège. Il a dit: maman vient tout de suite ou je me plante les ciseaux dans le ventre. Comment cela s’est-il réglé ? Le papa. La direction de l’établissement a minimisé l’affaire. On a le sentiment qu’ils ont tout fait pour l’étouffer, craignant sans doute que la mauvaise réputation ne lui nuise. On a parlé de harcèlement, on nous a ri au nez. Hugo, tu es ensuite allé au lycée. Comment ça s’est passé ? ç’a empiré. J’étais un des plus petits. J’étais dans le monde des Bisounours, je me suis rendu compte que la vie, c’est difficile. Un élève, un dur, un meneur, m’a fait vivre un calvaire. D’autres l’ont imité. Ils disaient Tu poses trop de questions en cours. Le matin, j’avais la boule au ventre. Au début c’étaient des taquineries, des insultes. En classe, ils m’appelaient. je me retournais, ils m’insultaient. je ne me retournais pas, ils m’insultaient. On jetait mon cartable au moment d’entrer en cours. Je ne répondais pas. Jamais. Alors ils s’en sont pris à moi physiquement. C’est-à-dire ? Des gifles, des coups dans le vestiaire avant les cours de sport. À la cantine, je ne pouvais pas manger un repas entier. On m’en volait toujours une partie. Avant les grandes vacances mon harceleur m’a dit: si t’es là à la rentrée, je vais te faire vivre un enfer. Souvent il disait: Si je te croise en ville, je te ferai la peau. J’avais peur. Dans la cour j’étais toujours seul. Et le week-end, je ne sortais pas de chez moi. Un jour, ç’a été le coup de trop, j’ai réagi. Comment ? J’ai frappé un gars qui me poussait à bout. Une bonne droite dans le visage. j’ai été convoqué par la CPE. Elle m’a dit: tu te rends compte de ce que tu as fait ? J’ai répondu: Oui, j’ai réglé mes comptes et j’aurais dû le faire plus tôt. Je me suis senti tellement mieux. J’ai été viré trois jours. Je sais que ce n’est pas la solution. Mais le lycée ne faisait rien. Mes harceleurs n’ont jamais été punis. Aujourd’hui, ça va mieux ? J’ai réussi mes examens et j’ai quitté ce lycée. Là je vous parle, mais j’en ai marre de ressasser. je regarde vers l’avenir. Je suis fier de ce que je suis. (1) Le prénom a été modifié. Une campagne pour sortir du silence Le gouvernement vient de lancer une nouvelle campagne contre le harcèlement scolaire. Le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, relance la campagne Agir contre le harcèlement à l’école mise en place en 2012 pour combattre ce phénomène via internet et la télévision. Il peut s’appuyer désormais sur la nouvelle délégation ministérielle chargée de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire qu’il a créée pour briser le silence et trouver des solutions. La campagne gouvernementale comporte un volet de lutte contre le cyberharcèlement, qui peut prendre la forme d’insultes, moqueries, mais aussi propagation de rumeurs, piratage de comptes et usurpation d’identité digitale, publication de photos ou de vidéos de la victime en mauvaise posture. Numéro d’appel national de service d’aide aux victimes: 08.08.80.70.10. C’est une souffrance terrible mais trop méconnue. Ce sont des mots qui blessent, des menaces, des coups. Chaque jour, dans la cour de leur école, de leur collège ou au lycée, des milliers d’enfants sont victimes de harcèlement de la part d’autres élèves, comme le montrent ces témoignages recueillis en Charente. Yasmina (1), 14 ans, ne peut pas retenir ses larmes quand elle en parle. Dans la cour de son petit collège rural, un jour, un élève lui a chanté Il court, il court, Ben Laden. Puis ç’a été: Quand Marine Le Pen sera élue, ton père il retournera dans son pays. Ensuite, elle a essuyé des crachats. Sébastien (1), 11 ans, s’est remis à faire pipi au lit, à être victime de terreurs nocturnes: un élève le terrorisait, le frappait. Il a mis quatre ans à l’avouer à ses parents. Kévin (1), lui est un peu fort. En classe, on lui jette des boulettes de papier. Il y est écrit T’es qu’un gros lard. Cet élève de 6e est timide, ne répond jamais. Cela a agacé deux de ses harceleurs qui lui ont un jour coincé la tête entre une porte et le mur. Il a fini aux urgences. Kévin souffre. Il est boulimique, mange en cachette, suit un traitement contre l’anxiété. Ce sont des réalités. Ce n’est pas fantasmé, reconnaît Arnaud Jodier, psychologue clinicien à Angoulême. Et les réseaux sociaux peuvent rendre le harcèlement encore plus pénible. Se retrouver insulté sur internet, c’est un viol psychique, la fin de l’intimité. Pour sortir du harcèlement il recommande de ne surtout pas rester isolé. Ne pas se laisser envahir par la honte. Et en parler. À ses parents, ses enseignants, aux copains de classe, qui sont des sentinelles, peuvent être des relais de la parole. (1) Les prénoms ont été modifiés. TAGS Vie Scolaire, Angoulême, Vie des Collèges, Réseaux Sociaux, Web
Posted on: Wed, 27 Nov 2013 13:50:38 +0000

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