Il est souvent difficile, pour nous autonomistes, pour nous - TopicsExpress



          

Il est souvent difficile, pour nous autonomistes, pour nous anarchistes ou communistes conséquents, dexprimer notre hantise du citoyen. Cette belle figure politique, on la célèbre tant parmi une certaine gauche honorable quil devient impossible de la critiquer. On devient alors un « radical » - une sorte de lugubre penseur qui aurait perdu tout repère face au réel. Pour QS au Québec, pour le Parti de gauche en France, pour tous les parlementaires gauchistes, la stratégie de la décennie, cest en effet linitiative citoyenne. Cest même, disait Mélenchon au dernières élections, la «révolution citoyenne » : autrement dit la révolution dans la légalité, dans le parlementarisme, et finalement dans le capitalisme. Cest la révolution qui veut « changer les choses », mais qui ne veut surtout pas transformer la vie et le quotidien. Cest la révolution qui veut toujours consommer. Qui veut toujours sa ptite propriété. Et ses policiers pour la défendre. Comme citoyen, on veut certes faire la révolution, mais on veut toujours conserver nos bons restos avec leur tables dhôtes à 25 piasses; et par là même, on veut toujours sauvegarder nos ptites vies bourgeoises et nos salaires de prof ou de jeunes professionnels à 50 000 dollars par année. Comme citoyen, on aime critiquer le grand capitalisme dans ses outrances les plus grossières, mais on aime aussi sans se lavouer - et sans même lavouer aux autres - le capitalisme pour lui-même. On aime ses divertissements, son régime de vie, sa mode vestimentaire reproductible, ses statuts et ses hiérarchies qui nous favorisent, ses raffinements qui nous distinguent. On aime ses hypothèques et ses paiements de char. Et surtout, surtout, on aime pas ces « radicaux » qui viennent mettre à mal cette forme de vie capitaliste quon épouse avec tant de générosité. Si bien que le citoyen le plus méprisable, celui qui empeste la gauche parlementaire, on le reconnaît toujours à sa propension, presque naturelle, à se faire flic : à appeler au flicage. Pour sauver sa ptite de vie de merde, son bon resto avec ses tables dhôtes à 25 piasses, il va toujours faire appel à la police, à la police des citoyens. Il va toujours faire appel à lordre homogène contre les éléments hétérogènes qui le gênent dans les mouvements de sa ptite vie bourgeoise. Ainsi nos citoyens dHochelag qui, rassemblés dans lantre du milieu communautaire - le Chic Resto Pop, ont aujourdhui appelé, par lentremise de leur député, à la répression politique, à la résolution du conflit par le flicage : « Mme Poirier estime que pour quun pareil exercice de réflexion soit réellement profitable, il faut quune enquête policière soit menée en parallèle pour épingler le ou les responsables du vandalisme. ». Le voilà, donc, le problème du citoyen, le voilà dans sa nudité la plus révélatrice : cest quil est toujours un flic en puissance - un défenseur de la paix autoritaire, de la misérable paix capitaliste. Cest quau nom de sa ptite « peur » bourgeoise, de « linclusion » et du simulacre vivre ensemble - où « chacun peut trouver sa place » sous lempire du capital, il appellera sans cesse au déploiement des milices policières pour conjurer les troubles de la colère. De telle sorte quune fois la société policée - quune fois sa peur évanouie dans le réconfort de la présence policière, il puisse, dans le raffinement de son restaurant distingué, étaler les remords les plus insignifiants de sa mauvaise conscience en bavardant, une soirée durant, sur la misère qui accable le monde. - Beauvoir Papineau lapresse.ca/actualites/montreal/201312/01/01-4716498-plusieurs-voix-denoncent-le-vandalisme-dans-hochelaga-maisonneuve.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_BO2_quebec_canada_178_accueil_POS1
Posted on: Mon, 02 Dec 2013 15:20:27 +0000

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