Ils sont là jours et nuits, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, - TopicsExpress



          

Ils sont là jours et nuits, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, se relayant à bord de véhicules parfois usés jusqu’à la corde de ne jamais sentir leurs moteurs refroidir. Ils n’ont pas de gilets tactiques avec acronymes glorieux dans le dos, ni d’écussons guerriers à leur manche arborant tigres, cobras ou rapaces. Ils n’intéressent pas les chasseurs d’images martiales et de scoops. Et quand ils meurent, tombés en faisant leur devoir, pas d’hommage aux journaux télévisés de 20h00. Ils sont l’ombre de la police, ceux que l’on ne voit quasiment jamais dans les reportages-gyrophares, les sans-grades de la sécurité même s’ils portent des galons. Les mal-aimés, même parfois de leurs propres collègues ; ils sont ceux qui font les tâches jugées ingrates, mais combien nécessaires. Oubliés des primes statistiques et de performance, des « une » des journaux, des préoccupations du Ministère et des discours toujours martiaux. « Les brigades de roulement » comme on les nomme : d’un roulement perpétuel de femmes et d’hommes en alerte. Ils sont là, veilleurs infatigables, toujours prêts à répondre. On a effacé il y a longtemps l’inscription « Police secours » de leurs fourgons, de leurs patrouilleuses, sans doute peut-être parce que cela rappelait trop ce rôle-là aussi aux gens : celui d’une institution qu’il est plus facile d’insulter quand on oublie qu’elle vous secoure. A ceux qui les haïssent, mais qui les requièrent quand même humblement quand la violence de la vie les rattrape, ils portent aussi assistance. « Un équipage Police-secours » dit-on aussi. Comme ceux des bateaux qui affrontent les furies marines pour en tirer les naufragés. Tombent les instructions d’un opérateur-radio qui reçoit les appels 17 dans toutes les villes de France, et qui résonnent, métalliques, dans un haut-parleur, et ils partent sans attendre à l’aide des victimes. Ils doivent aussi quelquefois se battre. Pour nous. Qui connaît leurs missions ? Du différend familial au tapage nocturne. De la fugue enfantine au poivrot titubant de malheur, d’amour ou d’usure. De la chair qui hurle dans la tôle froissée au cadavre qui suinte à travers votre plafond –son plancher – dans la voisine indifférence des empilements urbains. Parfois même ils sont les premiers exposés aux fusillades. Être prêts. Toujours. A toutes les situations. Ils distraient les enfants qui pleurent, apeurés des cris de leurs parents qui se déchirent, ils rassurent les victimes en sang, vident leurs tripes parfois de scènes que pas un humain ne souhaiterait voir, rient aussi quand ils évitent le pire. Et pleurent ensemble quand il est trop tard. Ils connaissent mieux la société, ses dérives, ses rejetés, ses ordures, que la majorité des sociologues médiatiques plongés dans des tableaux, des analyses. Ils croisent aussi la folie des hommes. La vraie, la sauvage, celle que l’on n’a pas voulu, ou pu, neutraliser avant. « Gardiens de la paix » : Ce sont eux qui donnent la véritable noblesse à cette si belle appellation. Notre paix. Celle de tous les citoyens, sans distinction. Pour notre paix à tous, le samedi 12 octobre, à Lorient, le policier Thierry Dhios, 49 ans, est mort. Poignardé à la tête par un forcené deux jours plus tôt. Pense à lui, habitant de France, et aussi à sa femme et ses deux enfants. C’est pour toi, pour ta sécurité, pour la paix de ta vie dans ce pays, qu’il a donné la sienne et que sa famille est dans la douleur. Comme beaucoup, trop, d’autres femmes et hommes en uniformes bleus tombés avant lui, souvent dans une quasi-indifférence générale. Leur rendre hommage à travers son sacrifice est la moindre des reconnaissances que nous leur devons.
Posted on: Fri, 08 Nov 2013 11:49:44 +0000

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