International Crisis Group - Alerte Organisation des élections au - TopicsExpress



          

International Crisis Group - Alerte Organisation des élections au Mali : un court report aurait beaucoup d’avantages à long terme Bamako/Dakar/Bruxelles, 26 juin 2013 L’accord récent entre le gouvernement et deux groupes de rebelles Touareg est une étape positive, mais les politiciens maliens devraient maintenant envisager de retarder l’élection présidentielle, dont le premier tour est pour le moment prévu pour le 28 juillet. Ceci donnerait aux autorités le temps voulu pour la préparer et s’assurer que les citoyens qui souhaiteront voter pourront le faire. Ce report devrait être court –pas plus de trois mois– avec un calendrier clairement défini pout les tâches essentielles. Se précipiter comme l’impose le calendrier actuel pourrait conduire à un vote chaotique et contesté, et à un nouveau président manquant de la légitimité absolument nécessaire pour redresser le pays. Les partenaires internationaux devraient exprimer clairement que placer la barre démocratique trop bas n’est pas une stratégie défendable, mais au contraire présente le risque d’une instabilité future que le pays supporterait difficilement. Au cours des derniers jours, le Président par interim Dioncounda Traoré a reçu des représentants des principaux partis politiques pour discuter l’Accord préliminaire que son gouvernement a signé la semaine passée à Ouagadougou avec deux principaux mouvements armés du nord, le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad et le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (MNLA et HCUA). L’accord devrait permettre à l’élection de se dérouler dans tout le pays. Il envisage un rapide redéploiement de l’administration malienne et de ses forces de sécurité à Kidal, la région la plus au nord, actuellement contrôlée par les rebelles touareg, qui ont accepté de cantonner leurs forces. On ne sait pas ce sur quoi les représentants des partis et le Président se sont entendus pendant ces consultations à Bamako, mais ils devraient maintenant envisager un court report de l’élection présidentielle. Fixer une date difficile à atteindre a aidé à progresser dans les discussions de Ouagadougou et a accéléré les étapes de préparation des élections. Mais, en dépit des remarquables efforts de l’équipe du Ministère de l’administration territoriale –responsable de l’organisation des élections– la préparation de l’élection est encore en retard sur le chronogramme. Les nouvelles cartes d’identité sont arrivées à Bamako, et leur envoi dans le pays, qui est vaste, va commencer bientôt, mais les délais sont simplement trop courts pour qu’elles soient distribuées dans toutes les régions d’ici l’élection. Les experts craignent que la majorité des 6,9 millions d’électeurs enregistrés ne reçoivent pas leurs cartes à temps. Or ils ne pourront pas voter sans carte, ce qui pourrait créer des frustrations et éventuellement des violences. Certains de ceux qui doivent recevoir une carte peuvent s’être déplacés depuis qu’ils se sont inscrits et manquer de temps pour demander que leur nom soit transféré avant que les listes électorales ne soient arrêtées. Les préfets, agents du ministère chargé de superviser les élections dans les cercles, n’ont pas encore tous regagné leurs postes dans la plupart des cités du nord, ce qui complique beaucoup les préparatifs. En outre le Mali a déjà une histoire électorale troublée : en 2002 environ un quart des bulletins a été annulé ; en 2007 près de 40 % des électeurs n’avaient pas reçu leur carte. Par conséquent, une élection fin juillet serait très probablement chaotique, beaucoup de citoyens protestant de leur impossibilité de déposer leur bulletin dans l’urne. Les résultats du vote seraient presque certainement contestés. Les principaux candidats à l’élection présidentielle croient tous aujourd’hui qu’ils peuvent gagner, même si le vote est tumultueux –en réalité certains peuvent imaginer qu’ils bénéficieraient d’une faible participation ou d’une situation où certaines régions auraient une participation significativement plus élevée que d’autres. Mais au lendemain d’un premier tour vicié, les perdants auront d’abondantes munitions pour contester les résultats. L’histoire électorale du Mali suggère qu’il y a peu de chances pour que les institutions chargées de trancher de tels litiges soient capables de le faire d’une manière qui soit acceptable pour tous. Plus précisément, un report de pas plus de trois mois donnerait aux autorités du Mali le temps de : - achever la distribution des nouvelles cartes d’identité à tous les électeurs inscrits ; - redéployer tous les agents de la tutelle administrative (préfets et sous-préfets) de façon durable et leur donner les ressources et le temps nécessaires pour rétablir la sécurité et préparer l’élection ; - augmenter le délai laissé aux déplacés de l’intérieur pour faire connaître leur localisation présente aux comités administratifs chargés d’établir la liste finale des électeurs ; - achever les listes électorales spéciales des réfugiés dans les camps des pays voisins et décourager les éventuelles pressions et menaces dirigées contre eux. Un court report donnerait aussi à la commission électorale nationale (CENI), qui a exprimé des réserves sur le calendrier, le temps nécessaire pour superviser de près le processus électoral, ce qui est son rôle d’après la loi. Il permettrait aux medias et aux organisations de la société civile de mieux surveiller la campagne électorale et les préparatifs du vote, et de jouer un rôle clé en en assurant la transparence –par une observation acceptée et portant à la fois localement sur les bureaux de vote et nationalement sur les centres de décompte– pendant la période délicate de compilation et de publication des résultats, comme la société civile du Sénégal l’a fait pendant l’élection présidentielle de 2012. Attendre la fin de la saison des pluies, qui gêne les déplacements et coïncide avec de lourdes activités agricoles, permettrait aussi de voter, dans les zones rurales, à un plus grand nombre d’électeurs. Enfin le Conseil de sécurité n’a confirmé que mardi dernier 25 juin le déploiement de la Mission de stabilisation des Nations-Unies au Mali (MINUSMA) au 1er juillet, et un bref report de l’élection donnerait à la mission assez de temps pour : - fournir aux autorités du Mali l’assistance logistique et technique appropriée et les arrangements effectifs de sécurité imposés par la Résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations Unies ; et - appuyer les autorités du Mali en anticipant les immédiates et difficiles disputes post-électorales, y compris en protégeant et accompagnant les rapports officiels des bureaux de vote ; et en décourageant, ou au moins faisant face à, toute violence post-électorale. Les racines de la récente crise au Mali sont beaucoup plus profondes que des élections bâclées. Rétablir sa démocratie, rebâtir sa politique et son armée, et réconcilier sa société exigera plus qu’une élection crédible. Mais l’élection présidentielle est une première étape vitale, et elle doit être une étape dans la bonne direction. Les politiciens du Mali et ses partenaires internationaux doivent faire tout ce qui est possible pour éviter que les problèmes du passé ne refassent surface. Insister pour conserver la date du 28 juillet c’est prendre le risque d’une élection si défectueuse techniquement, et avec un si faible taux de participation, qu’elle ne parviendrait pas à investir le nouveau président d’une légitimité suffisante et risquerait de nourrir un nouveau cycle d’instabilité. Il vaut mieux un court report pour des raisons techniques – pas plus que ce qui est strictement nécessaire, et certainement pas plus de trois mois – permettant aux autorités de tout préparer parfaitement et donnant à un plus grand nombre de Maliens la possibilité de voter.
Posted on: Sun, 30 Jun 2013 20:46:37 +0000

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