Interview de Ségolène Royal dans Libération Royal: «Faire - TopicsExpress



          

Interview de Ségolène Royal dans Libération Royal: «Faire consommer autrement avant de punir par les taxes» Pour Ségolène Royal, ni la reprise ni la transition écologique ne doivent passer par l’impôt : PAR LILIAN ALEMAGNA Cette rentrée débute sur la question fiscale. Diriez-vous, comme Pierre Moscovici, qu’il y a un «ras-le-bol» sur le sujet ? Il ne faudrait pas augmenter les impôts car nous connaissons un début de reprise - fragile - de la croissance. Ce serait un signal très négatif venant décourager l’esprit d’entreprise ou les perspectives de salariés désireux d’obtenir des augmentations de salaire. Une hausse des prélèvements aurait un effet mécanique sur le pouvoir d’achat mais aussi des effets psychologiques néfastes. Je peux me permettre d’affirmer cela car, à la tête de ma région, je n’ai pas augmenté les impôts depuis neuf ans et chaque dépense nouvelle est financée par une économie. Est-ce une faute de ce gouvernement d’annoncer la création d’une contribution climat-énergie ? L’écologie, c’est d’abord de l’innovation : comment produire sans détruire. Et elle ne doit pas être traitée sous l’angle punitif par des impôts. Je trouve étrange cette annonce sans la présentation d’un dispositif précis. On a tous les inconvénients ! Si c’est une baisse d’impôts pour encourager les comportements et la consommation de produits non polluants, là oui. Exemple : nous pourrions baisser la TVA sur les voitures électriques. Pour réussir la transition énergétique, il faut offrir la liberté de choix au consommateur. Bien sûr qu’il faut appliquer le principe du pollueur-payeur. Mais si c’est sur des particuliers qui n’ont pas de liberté de choix, c’est contre-productif. On ne peut pas pénaliser les classes moyennes et populaires qui n’auraient par exemple pas les moyens d’isoler leur logement. Les politiques publiques doivent suivre et mettre en place les moyens de consommer autrement avant de punir par l’impôt. Vos amis socialistes n’ont toujours pas fait leur aggiornamento écolo ? Mais ce ne sont pas les socialistes qui demandent une taxe. C’est Europe Ecologie-les Verts. Je le vois dans ma région. Ce sont eux qui à chaque débat budgétaire ont demandé l’augmentation des impôts que j’ai refusée. Sur ce point, ils ont tendance à rester sur des positions trop dogmatiques, me semble-t-il. Pour financer la réforme des retraites, deux pistes ont été évoquées : l’allongement de la durée de cotisation et une hausse de la CSG… L’allongement de la durée de cotisation me paraît préférable à un prélèvement supplémentaire. Travaillons aussi à réduire les inégalités femmes-hommes dans le montant des pensions et prenons des mesures pour les métiers les plus pénibles. Toute la gauche a intérêt à préserver notre système par répartition. C’est un vrai clivage droite-gauche. Si on ne fait pas d’effort, on laissera notre service public se déliter au profit des assurances privées. Comment jugez-vous l’opposition entre Manuel Valls et Christiane Taubira sur la réforme pénale ? Ces dissensions et polémiques servent exclusivement la droite et l’extrême droite. Cela jette un doute sur la crédibilité de la gauche en matière de sécurité et de justice. C’est très dangereux. J’ai connu ça lors de ma campagne présidentielle, en 2007, quand j’ai défendu l’«ordre juste». Notre camp n’était pas homogène et nous avons prêté le flanc aux critiques. La Justice et l’Intérieur sont les deux faces d’une même action pour la sécurité. Plus largement, le gouvernement doit être dans une action collective. Les ministres se doivent de respecter le temps du débat, des arbitrages puis de la décision, qui doit être précise et claire. La prise de parole publique ne doit pas être anxiogène et la parole publique doit apporter des solutions, pas des dissensions. Quelles priorités pour l’an II du quinquennat ? J’en vois quatre. Appuyer d’abord le retour de la confiance. Faire monter en puissance ce frémissement de croissance pour créer de nouveaux emplois. Dans cet objectif, la BPI a déjà aidé 50 000 entreprises et va accélérer. Il nous faut aussi développer vite et fort la social-écologie et faire travailler en synergie les différents niveaux de collectivités. La gauche n’a jamais eu autant de moyens d’action, il faut déclencher un mouvement très puissant de mise en commun. Démultiplier nos efforts car il y a encore malheureusement trop de déperdition d’énergie.
Posted on: Tue, 27 Aug 2013 09:41:16 +0000

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