Israël: bataille électorale pour la conquête de Nazareth La - TopicsExpress



          

Israël: bataille électorale pour la conquête de Nazareth La députée Haneen Zoabi lorgne la mairie de la ville arabe la plus peuplée dIsraël, où les chrétiens forment 30 % de la population. Elle sest juré de réveiller Nazareth, gros bourg alangui au flanc dune colline de Galilée, pour en faire la «capitale des revendications palestiniennes». Mardi 22 octobre, la députée Haneen Zoabi défiera linamovible maire communiste de la ville arabe la plus peuplée dIsraël. Cette jeune femme au caractère trempé, devenue en quelques années la bête noire du Likoud et de lextrême droite, est entrée en campagne sous létiquette du parti nationaliste arabe Balad. Son objectif: dénoncer «les multiples discriminations imposées par lÉtat juif» aux 80 000 habitants de Nazareth et, plus généralement, aux 1,6 million dArabes israéliens (environ 21 % de la population). Avec ses rues trop étroites paralysées par des embouteillages incessants, sa pénurie déquipements publics et son taux de chômage deux fois supérieur à la moyenne nationale, Nazareth offre un concentré des maux que dénoncent, sans relâche, les municipalités arabes dIsraël. Saiel Kasem, propriétaire dun magasin de DVD situé dans la rue principale, résume: «Le gouvernement na pas investi un sou ici depuis une éternité, si bien que la ville tout entière date des années 1970. Comme il ny a pas de travail, les gens vont en chercher à Tel-Aviv ou Haïfa. Et pour faire nos courses, on préfère aller à Jénine, en Cisjordanie, où les taxes sont inexistantes et les produits beaucoup moins chers…» Ramiz Jaraïsi, maire chrétien de Nazareth depuis 1994, admet que la situation pourrait être plus florissante. À son crédit, il souligne certes que la ville dont Jésus porta le nom attire chaque année près de 2 millions de visiteurs, insiste sur les efforts consentis en matière daide sociale ou daccès à léducation et rappelle quil sut, à la fin des années 1990, apaiser de vives tensions entre chrétiens (30 % de la population) et musulmans (70 %). «Hélas, déplore lédile, linégalité de traitement entre Arabes et Juifs entrave depuis trop longtemps notre développement.» En surplomb du vieux Nazareth, la ville nouvelle fondée en 1956 pour contribuer au peuplement juif de la Galilée illustre ce contraste jusquà la caricature. À dix minutes tout au plus des échoppes fanées de la ville arabe, un mall abritant de grandes enseignes de prêt-à-porter marque lentrée de Nazareth Illit. De larges avenues y sont bordées despaces verts, dimmeubles modernes. «La ville juive, près de deux fois moins peuplée que Nazareth, dispose pourtant de réserves foncières quatre fois plus vastes pour construire des logements et organiser son développement», déplore Ramiz Jaraïsi, peiné de constater que sa commune perd chaque année quelque 1 200 habitants, dont un nombre croissant au profit de la voisine juive. «Jemmènerai les 80.000 habitants de Nazareth manifester sous les fenêtres de Benyamin Nétanyahou jusquà ce quil se décide à entendre leurs demandes.» La députée Haneen Zoabi «Nazareth a besoin délus qui défendent ses intérêts de façon plus énergique», rétorque Haneen Zoabi, qui reproche au maire sortant sa trop grande «docilité» et promet, si elle est élue, dengager une confrontation musclée avec le gouvernement israélien. «Quil sagisse de sécurité, déconomie ou déducation, lÉtat juif ne soccupe pas des villes arabes, semporte encore la candidate. Pour ma part, jemmènerai les 80.000 habitants de Nazareth manifester sous les fenêtres de Benyamin Nétanyahou jusquà ce quil se décide à entendre leurs demandes.» Élue au Parlement israélien en 2009, cette musulmane non pratiquante cultive un activisme et un goût de la provocation qui exaspèrent une bonne partie de la droite, au point de lui avoir valu des menaces de mort répétées. Sa participation à la flottille pour Gaza, le 31 mai 2010, puis sa violente dénonciation de lintervention militaire israélienne contre le navire Mavi Marmara, qualifiée d«acte de piraterie», lont exposée à des réactions cinglantes. Laccusant implicitement de connivence avec le Hamas, voire avec le Hezbollah libanais ou le régime syrien, certains députés lui reprochèrent de trahir Israël et obtinrent la suspension de ses privilèges parlementaires, sans toutefois parvenir à la faire radier de la Knesset. «Son image de combattante qui ne recule devant rien pour défendre les intérêts de la population arabe peut doper sa candidature face à un maire perçu comme honnête et sérieux, mais dont beaucoup pensent quil a fait son temps, estime le politologue Wadie Abu Nassar. Dun autre côté, il est possible que les habitants de Nazareth hésitent à confier leur sort à une élue qui recherche systématiquement la confrontation et pourrait attirer les foudres du gouvernement sur la ville. Lélection de dimanche paraît donc très ouverte.» Soucieuse de fédérer un électorat arabe traditionnellement très fragmenté, Haneen Zoabi sest soigneusement abstenue de faire campagne sur des bases confessionnelles. «Jentends représenter les chrétiens comme les musulmans», assure celle qui réserve ses coups les plus durs au maire juif de Nazareth Illit, Shimon Gafsou, dont elle ne manque pas une occasion de dénoncer le «racisme». «Tout comme il refuse douvrir une école musulmane dans sa ville, il sest opposé à lédification dun arbre de Noël», sinsurge la candidate, qui prévient: «Face à de telles discriminations, les Arabes ne peuvent soffrir le luxe dêtre divisés.»
Posted on: Mon, 21 Oct 2013 06:37:09 +0000

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