Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il y a dans ce pays - TopicsExpress



          

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il y a dans ce pays comme une étrange atmosphère. On s’indigne beaucoup, par exemple. On râle, aussi, très souvent. Et je ne compte plus le nombre de gens qui nuisent à leur voisin de manière parfaitement gratuite. L’élan de colère est devenu un mode de fonctionnement normal pour beaucoup, même et surtout y compris chez ceux qui se donnent des causes à défendre. On l’observe aussi dans nos séries télévisées localement produites: tout le monde y marche presque exclusivement à la colère et à l’irritation, c’est particulièrement flagrant dans nos tentatives de séries policières. On retrouve aussi cela dans nos relations au travail, qui seraient les pires du monde. Oui, tout le monde dans ce pays, ou presque, se fâche de plus en plus pour tout et n’importe quoi, les gens semblent avant tout motivés par la rage en guise de principe: on dit que la France est un pays peuplé de contestataires, mais nous sommes maintenant envahis par… le fâchisme. Tout le monde se fâche pour tout et n’importe quoi: on est fâché contre les OGMs, contre le CO2, contre les 4×4 à Paris, contre Sarkozy, contre le changement climatique ou pas, contre l’immobilisme, contre les gigamégaprofits, contre les blocages des syndicats, contre les abrutis mononeuronaux qui font des banderoles de mauvais goût, contre le bling-bling et la beaufitude au sommet de l’état, contre le crétin de devant qui n’avance pas sur la route, contre les radars automatiques, contre les prix qui grimpent et surtout à la pompe, contre les salaires qui stagnent, contre la discrimination, contre les immigrés, contre l’exclusion, contre les expulsions, contre ce candidat nullissime de la StarAc’, contre les jeunes qui dealent, etc. Misère de la politisation totale de l’existence, qui annonce le totalitarisme consensuel mou à venir de la social-démocratie: la transposition dans chaque aspect de la vie du modèle de soumission absolue aux urgences du moment sur lequel fonctionne l’état réduit nos modes de pensée à la seule irritation => réaction colérique. On ne se sent plus exister autrement que par l’attaque, et plus les stimuli semblent insoutenables, plus on se sent vivre à y réagir. Avec l’omni-présence médiatique bi-quotidienne de l’état et de sa supposée nécessaire action par le Pouvoir en guise de marteau, chaque petit problème que l’on rencontre dans sa vie finit par ressembler à un clou – et on reproduit alors le schéma: du plus insignifiant sous-chef jusqu’aux hautes sphères de décision, celui qui ne tape pas sur ses inférieurs continuellement et n’abuse pas de chaque petite parcelle d’autorité à sa disposition est vu comme un dangereux oisif, à remplacer d’urgence par quelqu’un qui prendra, lui, les (ir)responsabilités qu’il faut. C’est ce qui me fait dire que les deux années à venir seront certainement de grands crus en matière d’émeutes et de blocages divers, avec violences bien entendu.
Posted on: Sun, 15 Sep 2013 19:07:40 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015