Je vois souvent des images anti-capitalistiques qui - TopicsExpress



          

Je vois souvent des images anti-capitalistiques qui m’apparaissent un peu naïves. Je suis définitivement un gars de gauche, mais il faut comprendre que ça n’implique pas un anti capitalisme per se, qu’il y’a, il me semble, une confusion, liée aux abus de langage, qui s’est installée. Premièrement, même à gauche on doit gérer. Deuxièmement, le problème est de croire aux lois autorégulatrices du marché (la fameuse main magique d’Adam Smith). Par exemple, le pétrole qu’on brule pour faire avancer nos automobiles est du pétrole qu’on pourrait utiliser pour faire du plastique et qui ne nous obligerait pas à aller chercher le pétrole à des endroits de plus en plus dangereux en risque de dégâts environnementaux; mais ça, le marché ne le comprend pas et seulement quand il sera trop tard et rendu trop couteux, car trop rare, le pétrole aura-t-il enfin sa juste valeur aux yeux du marché. Certes, il y’existe des alternatives au plastique aussi, pas seulement aux sources d’énergie des moteurs automobiles, mais là n’est pas mon point; le marché encourage une vente en dessous de sa valeur réelle parce qu’il ne conçoit pas demain (une partie de l’explication de pourquoi on consomme tellement maintenant: on vit au-dessus de nos moyens, car on ne paye pas assez cher). Le marché ne prévoit pas et ne pense pas au futur, la main magique dit que tout s’équilibrera, mais le fait est qu’on vit une crise de ressources de plus en plus évidente et la compétition des bas prix ne fait qu’empirer la course (non, le drame n’est pas de payer cher pour son réservoir de gaz de douchebag, le drame c’est que bientôt il n’y en aura plus!) et c’est à l’élite politique de faire ces prévisions ou, idéalement, aux véritables démocraties de comprendre que l’intérêt de tous surpasse le profit de l’un; qu’il y’a moyen de faire une gestion autre qu’un laisser-aller chaotique qu’on souhaite fonctionnera magiquement. Troisièmement, le noeud du problème du déséquilibre des richesses en terme de comment l’argent se distribue, ne vient pas tant de la compétition capitalistique que de la spéculation boursière, comme le voulait faire comprendre au monde le mouvement initial d’Occupy Wall Street; en obéissant qu’à une logique de remise des profits aux actionnaires, nous avons perdu les leaders charismatiques avec un sens éthique qui, malgré les immenses et ridicules profits de leurs compagnies, pouvaient en effet être philanthropes et donner et investir dans leur société, conscient de l’interrelation de leur entreprise et de la société dans laquelle elle évolue. Non, plutôt, nous avons maintenant des CEO qui répondent aux actionnaires inconscients des véritables enjeux des entreprises, puisque plutôt occupés à faire le plus de transactions possible de leurs actions afin de maximiser leurs profits immédiats; le problème n’est pas le profit, le problème est qu’ils ne pensent qu’à ça. Ces deux dernières analyses sont des tendances, il y’a encore du pétrole et encore des philanthropes, mais la mondialisation des transactions boursières a rendu les processus tellement impersonnels que ne peuvent que trop difficilement s’éveiller les coeurs de ces requins de la bourse qui ne voient plus les conséquences néfastes de leurs spéculations, de même que tout le monde rêve de prendre l’avion dans un monde où les gazes à effets de serre menacent notre survie: le marché pourrait s’autoréguler si les gens changeaient leur vision de la consommation, mais je le répète, le problème est que le marché ne pense pas à la gestion des ressources, il ne fait qu’offrir à meilleur prix ce qui est maintenant disponible, et demain s’arrangera: ce sont nos enfants qui payeront le prix et la majorité d’entre nous encourageons ce système à cause de notre tendance à vouloir une gratification immédiate. Où est la confusion vous me direz? Votre micro-brasserie préférée, votre pain du meilleur boulanger, en bref, tous les artisans, sont de véritables capitalistes dans leur façon de se financer; vous êtes peut-être contre les forces aveugles du marché, dominant les politiciens comme des putains, mais pas contre le capitalisme, si vous encouragez ces gens-là… C’est une confusion qui permet peut-être l’exutoire de vos frustrations, avec un gros mot méchant «le Capitalisme» mais n’attaque pas le problème, un peu comme Occupy est vite devenu n’importe quoi parce que la majorité des gens descendants dans la rue ne comprenaient finalement rien au système qu’ils dénonçaient, et c’est pourquoi il continue de briller: demander qu’on aille les mains mises sur nos ressources collectives naturelles, exigez des gouvernements et de vos élus que ce ne soit ni une centaine d’actionnaires, ni un marché aveugle qui décident de notre avenir planétaire. Ciblons la problématique comme il faut et cessons les slogans vident qui ne font que fermer le dialogue et changeons vraiment l’état des choses: notre ignorance est leur plus grande arme et tant que nous ne verrons pas la menace pour ce qu’elle est et préférerons exprimer nos frustrations confuses en un lot de slogans sans direction, la disparité des richesses continuera et la surexploitation de nos ressources collectives nous tuera.
Posted on: Sat, 29 Jun 2013 06:29:17 +0000

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