J’ai fait un peu de dessin dans ma vie, et on sait que sur le visage humain les yeux sont placés verticalement au milieu. Et, en regardant mon chat, j’ai cru remarquer que ses yeux se trouvent au milieu de sa tête. J’ai alors commencé à me demander si l’Homme, en orientant la sélection du chat lors de sa domestication, n’aurait pas, inconsciemment, modifié le visage du chat pour le faire ressembler au sien. J’ai donc essayé de me faire une idée du visage qu’avait le chat avant sa domestication. J’ai commencé par comparer ses proportions avec celles de félins sauvages. Des variétés issues de lignées assez éloignées de celle du chat domestique pour qu’une interaction génétique n’ait pu avoir lieu pendant sa domestication (une lionne, un lynx et un chat bai). L’écart entre le bas de la tête et les yeux est toujours plus important que l’écart entre le haut de la tête et les yeux. Mais chez le chat domestique les yeux sont bien plus centrés. Je me suis donc dit que les humains s’étaient retrouvés plus attachés aux chats qui leur renvoyaient une image leur ressemblant. Autrement dit, une sorte d’anthropomorphisme envers les chats aurait conduit l’Homme à privilégier la reproduction des chats domestiques qui lui ressemblaient le plus. Je ne sais pas comment ce d’entre vous qui ont un chat l’ont obtenu, mais pour moi la chose se sont déroulées ainsi : Je marchais dans la rue quand j’ai vu un panneau ‘’chats à donner’’ sur un portail, je suis entré, et une vieille dame m’a présenté un gros carton contenant 5 ou 6 chaton, j’ai choisi celui que je trouvé le plus mignon, un petit chaton qui soutenait mon regard. Je ne sais pas ce que sont devenus les autres chatons, certains auront peut-être trouvés un maitre. Les autres, ceux qui sont restés dans le carton, n’ont surement jamais eu l’opportunité de se reproduire. Le model qui, pour moi, est le plus proche de celui que j’essaie de décrire avec le chat, est celui de ces papillons qui ont évolué pour, quand ils déploient leurs ailes, ressembler au visage d’un prédateur. Dans le cas de ces derniers, c’est bien que les individus les plus menaçants ont fait fuir leurs prédateurs, et ainsi les papillons ayant tendance à survivre avaient ce visage. S’opère alors une sélection qui va avoir tendance à rendre ce visage de plus en plus réaliste et menaçant. Ce que je trouve intéressant c’est qu’ici la forme de l’animal est déterminée par la façon dont il est perçu par les autres espèces. Avec le papillon le moteur de cette transformation est la crainte qu’il inspire, mais chez les félins, et nous le verrons après chez les canidés, le moteur de cette transformation serait l’empathie qu’éprouve l’Homme. J’ai choisi ce papillon car il me fait penser au chat. Avec ses pupilles dilatées comme prêt à attaquer. De plus ses couleurs ressemblent à celle du chat sauvage. Serait-ce le chat qui aurait tant joué dans son évolution? Le hibou peut-être? Ou plutôt un petit oiseau insectivore. En effet, ce papillon étant plus probablement la proie d’oiseaux insectivores, a évolué de façon à prendre l’apparence de leurs prédateurs naturels. C’est donc la perception du danger chez cet oiseau qui a fait tendre la forme de ce papillon vers une image représentant au mieux le danger pour un petit oiseau, et donc une image ressemblant à un chat et/ou un hibou. Ça serait presque l’art. Au sens où ce papillon serait devenu la parfaite représentation du sentiment de peur chez ces oiseaux. Mais avant de se reconnaître dans le chat, l’Homme se serait reconnu dans le genre canidé, et ça se voit sur la gueule des chiens. Ici, un loup, un chacal et un chien. Ils semblent tous avoir la même particularité, des yeux au milieu de la tête. Et comme pour le chat j’ai impression que l’Homme en est responsable. Que ce soit en favorisant leur reproduction lors de l’élevage, ou, avant cela, en les tuant moins que les autres, l’Homme a favorisé leur développement. Certaines de ces espèces sauvages n’ont pas pu se mélanger avec le chien domestique. Cependant, le fait que l’Homme, qui a apprivoisé le chien et qui l’aime, ait eu la possibilité de voir en ces espèces son compagnon domestique, et donc lui-même, a agi de façon très intense, favorisant certains individus nous ressemblant. Plus généralement, il me semble que l’action de l’Homme dans l’évolution des espèces n’est pas suffisamment prise en compte. Après tous, si il y a une espèce qui tue massivement, c’est bien l’Homme. Il serait donc assez logique que certaines espèces aient développées des capacités leur évitant d’être tuées par l’Homme. Un autre aspect du visage de nos animaux domestiques a attiré mon attention. La ligne imaginaire qui marque l’alignement du bord du nez, du bord de l’œil et du bord du sourcil est aussi présente d’une certaine manière chez ces animaux. Mais chez eux les sourcils sont remplacés par les oreilles. Les oreilles des chiens et des chats, qui sont articulées, leur permettent en effet de produire des expressions qui pourraient trouver leurs équivalents dans le visage humain (oreilles baissées=tristesse, oreilles dressées=curiosité…). Cet alignement est tellement poussé chez le chat que les côtés de la truffe triangulaire sont souvent alignés avec ces traits. Je n’ai pas retrouvé de traces de cet alignement chez les canidés et les félins sauvages.
Posted on: Sat, 16 Nov 2013 06:13:06 +0000