KRISHNAMURTI. II faut fleurir ; voyons-nous l’importance de - TopicsExpress



          

KRISHNAMURTI. II faut fleurir ; voyons-nous l’importance de cette nécessité ? C’est de cela que nous parlons tout d’abord, aujourd’hui. Avons-nous conscience de l’importance, de la vérité, de la réalité, de la beauté de cette nécessité – du fait qu’il faut s’épanouir. Et est-ce que les relations, telles qu’elles se poursuivent maintenant entre deux êtres humains, vous aident à vous épanouir ? C’est là un des points de notre enquête. Nous avons aussi dit que nous nous aimons. Est-ce que cet amour apportera sa sève à l’épanouissement de l’esprit humain, du cœur de l’homme, de ses qualités humaines ? Comprenez-vous Ainsi, retournons à notre première question. Est-ce que nous sentons, nous qui donnons et qui recevons l’éducation ici, est-ce que nous voyons tous qu’il est de la plus haute importance, qu’il est indispensable, que chaque être humain, chacun d’entre nous, croisse et s’épanouisse – n’accédant pas simplement à la maturité physique, mais mûrissant profondément, intérieurement ? Si vous n’en êtes pas conscient, alors à quoi sert tout ce que nous faisons ? A quoi sert l’éducation ? Réussir à quelques examens et décrocher un diplôme, avec un peu de chance trouver un emploi, créer un foyer – est-ce que tout cela vous aidera, aidera chaque être humain, chacun d’entre vous à fleurir ? Si vous étiez ma fille ou mon fils, c’est là la première chose dont je vous entretiendrais. Je dirais, regarde, regarde autour de toi, tes camarades d’école, les voisins – vois ce qui se passe autour de toi, pas à travers les verres de ce que tu aimes ou n’aimes pas, mais regarde tout simplement ce qui est. Vois exactement ce qui se passe, sans déformation. Les couples mariés sont malheureux, se disputent, se heurtent sans fin, tu sais bien tout ce qui se passe. Et l’adolescent et l’adolescente ont aussi leurs problèmes. Et vois la division des gens en races, en groupes – groupes nationaux, clans religieux, chapelles scientifiques, associations d’affaires, écoles artistiques – tu suis ? Tout est scindé. Est-ce que vous voyez cela ? Si oui, la prochaine question est la suivante : qui a tout fragmenté ainsi ? Suivez-vous ? Ce sont les êtres humains qui ont fait cela. C’est la pensée qui l’a fait. La pensée qui dit : « je suis catholique », « je suis juif », « je suis arabe », « je suis musulman », « je suis chrétien ». La pensée à créé cette division. Ainsi, la pensée, de par sa nature même, de par son action même, est, on le constate, principe de division, source de morcellement. Voyez-vous que la pensée provoque obligatoirement la fragmentation, non seulement en dedans de soi, mais aussi extérieurement ? Cela vous paraît trop difficile ? Je vous demande : voyez-vous vraiment le fait que la pensée, de par sa nature et son activité, ne peut qu’engendrer le fractionnement ? Et si, comme vous le dites, vous le voyez, l’appréhendez-vous comme étant un fait, ou ne percevez-vous que l’idée. Vous suivez ? Est-ce une idée ou est-ce un fait ? Élève : C’est une idée. KRISHNAMURTI. Pourquoi en faites-vous une idée ? Je vous dis : regardez autour de vous, les guerres, la terreur, les bombes, la violence et, dans chaque maison, une perturbation constante dans les relations – la société compétitive, la société commerciale – tout cela vous apparaît-il aussi concrètement que cette table ? Ou est-ce une abstraction que l’on appelle une idée ? Et si c’est une idée, pourquoi avoir ainsi transformé ce qui est manifestement un fait ? -Élève. Peut-être la pensée est-elle limitée en raison de la structure au sein de laquelle elle fonctionne. Elle prend des choses du passé et les compare à d’autres choses. KRISHNAMURTI. Pourquoi la pensée est-elle en elle-même fragmentaire, fractionnée, limitée ? La pensée en elle-même – pas seulement ce qu’elle crée. N’est-elle pas issue du temps ? Observez-la, découvrez ! La pensée est le produit de la mémoire. Bien évidemment. Vous voyez cela. ** Elle procède de la mémoire, de l’expérience, du savoir ; et tout cela c’est le passé, n’est-ce-pas ? C’est modifié dans le présent et cela continue. Ainsi, c’est le mouvement dans le temps. Donc, parce que la pensée émane du passé et du temps, elle ne peut qu’être fragmentaire. Elle n’est pas, et ne peut jamais être, le tout. Ainsi je vous fais observer que la pensée a créé tous ces problèmes humains, psychologiques et mondiaux. C’est impossible de le nier. Voyez-vous cela en tant que fait et non simplement comme une idée ? C’est tout autant un fait que votre mal de dent quand il vous tenaille. Vous ne dites pas alors « j’ai idée que j’ai mal aux dents ». Présentons la chose comme ceci. Est-ce que la pensée est amour ? Est-ce que la réflexion peut engendrer l’amour ? KRISHNAMURTI. La question que je vous pose est : l’amour peut-il être cultivé par la pensée ? Nous avons dit que la pensée est fragmentaire – qu’elle le sera toujours. Et voici la question suivante : la pensée, étant morcelée et devant donc inévitablement dans son action, dans son fonctionnement, entraîner la segmentation – cette pensée peut-elle cultiver ou faire jaillir l’amour ? Quand vous dites « non » – faites attention, car, je vais vous faire buter sur cela ! Lorsque vous dites, « non, la pensée n’est pas amour », est-ce ici aussi une idée ou est-ce une réalité ? Si c’est une réalité, quelque chose qui est comme ça… alors pour ce qui est de l’amour, il n’y a aucun mouvement de la pensée. Est-ce que nous allons trop fort ? Est-ce que vous comprenez cela, non pas ici [l’orateur fait un geste indiquant sa tête] mais profondément, intérieurement. Faites très, très attention. Si l’amour n’est pas pensée, s’il n’est pas fondé sur la pensée, alors qu’est-ce que les relations ? Si la pensée n’est pas amour, alors que faites vous des relations que vous entretenez effectivement maintenant ? Voici que vous venez vers moi et me dites que la pensée est un mouvement de division. Vous m’expliquez avec soin pourquoi elle l’est – parce qu’elle est cernée par le temps, circonscrite par la mémoire, liée par le savoir, de sorte qu’elle est très limitée. Je le vois. Ensuite – lorsque j’ai vu cela dans mes relations avec ma mère, mon épouse, mes enfants – la prochaine étape est : que dois-je faire ? Qu’est-ce qui se passe ? Quand je me rends compte que mes relations avec ma femme ou mon mari, avec une jeune fille ou un jeune homme, enfin avec qui que ce soit qui est en cause, sont un mouvement temporel, un mouvement de fragmentation, qu’est-ce qui se passe ? Si vous le voyez – alors qu’est-ce que l’amour ? L’amour, est-ce cela ? L’amour est-il fragmentation ? L’amour est-il un tableau, une image modelée par la pensée, un souvenir ? Élève. Au début, avec le sentiment d’être amoureux, on voit quelque chose de très beau, qu’on voudrait ensuite cristalliser. KRISHNAMURTI. Voyez-vous quelque chose de beau ? Vraiment ? Est-ce que vous voyez effectivement quelque chose de beau ? Lorsque vous regardez ce magnifique arbre sur la pelouse, ou une femme, ou un nuage, ou un plan d’eau, et que cela vous apparaît comme étant d’une beauté extraordinaire – est-ce que vous pouvez tout simplement demeurer avec cela – ou est-ce que vous le convertissez en une idée – une idée qui dit que c’est beau ? Qu’est-ce qui se produit au moment de l’acte de voir ? Elève. Aucun mot ne se présente à l’esprit KRISHNAMURTI. Ce qui veut dire quoi ? Pas de mot, pas de pensée. Donc la beauté est, lorsqu’il n’y a pas de mouvement de pensée. Êtes-vous d’accord avec ça ? [hochements de tête dans l’assistance] Vous voici tous unis dans un même accord ! C’est extraordinaire ! Donc quand vous voyez quelque chose de beau, il y a absence de pensée. Maintenant, est-ce que vous pouvez demeurer en ce moment et ne pas vous en écarter ? Lorsqu’’on regarde ce nuage, l’esprit ne jacasse pas, car il n’y a nulle pensée en fonctionnement. La pensée est totalement absente quand on voit quelque chose extraordinairement beau Je vous en prie, voyez-en la, vérité : quand il y a beauté, il y a une absence totale de la pensée. Ainsi, l’amour est l’absence totale de … « moi ». Compris ? Si vous avez saisi cela, vous avez bu à la fontaine de la vie. Élève. Est-ce que le sentiment inclut le fait d’avoir été absorbé ? KRISHNAMURTI. Qu’est-ce que le sentiment ? S’il n’y avait pas de pensée, auriez-vous des sentiments ? Observez cela attentivement. Regardez cela. Est-ce que la beauté est un sentiment ? Nous avons dit que la beauté est exempte de pensée. Et est-ce qu’il y a sentiment quand il n’y a pas de pensée ? Saisissez le cœur même de cela, ayez-en l’intuition pénétrante. Laissez de côté tous les détails, on pourra y venir plus tard. Voyez la vérité de cette seule chose qui est : quand il y a beauté il n’y a pas de pensée. Lorsqu’il y a amour, il y a l’absence du « moi »… du « moi » qui caquette, bavarde, plein de problèmes, d’angoisse, de crainte. Quand il y a l’absence du « moi », il y a amour. Élève. Vous regardez un nuage, et il s’en va, et vous retombez en vous-même. KRISHNAMURTI. Avez-vous vu le petit garçon donner une poupée à la petite fille ? Elle est parfaitement heureuse, calme, elle n’est pas agitée, elle ne pleure pas. Donnez au garçon un jouet compliqué et il jouera avec pendant une heure. Il en oubliera de faire des sottises. La poupée, le jouet, deviennent importants à l’exclusion de tout autre chose. Et quand vous voyez le nuage, l’oiseau fendre le ciel, quand vous voyez cela, qu’est-ce qui se produit ? Votre bavardage cesse. Et quand vous assistez à un western, ou à tout autre film, vous le regardez. Vous ne pensez pas à tous vos problèmes, à vos soucis, à vos craintes. Vous vous laissez prendre par le film. Arrêtez la projection et vous revoilà face à vous-mêmes. Ainsi vous voyez, si on pousse cela beaucoup plus loin, les idées sont vos jouets, les idéaux sont vos jouets et ils prennent possession de vous tous. Les religions sont vos jouets. Que ces choses soient mises en question et vous vous retrouvez tels qu’en vous-mêmes vous étiez et vous êtes troublés, pris par la peur. Élève. Est-ce qu’il n’y a pas eu une seule chose qui soit en dehors de cela, en dehors du monde des jouets ? KRISHNAMURTI. Je vous l’ai montré. Je vous en prie écoutez attentivement. Nous avons dit que la pensée a créé ce monde. Les guerres, l’homme d’affaires, le politicien, l’artiste, le bandit – la société a créé tout cela. La société, ce sont nos relations les uns avec les autres – qui sont fondées sur la pensée. C’est donc à la pensée qu’on doit cet affreux gâchis. En est-il réellement ainsi ? Ou s’agit-il d’une idée ? Si vous dites que c’est une idée, alors vous ne regardez pas le fait lui-même. Alors, partons de là. La pensée, nous l’avons dit, est morcelée ; en conséquence, tout ce qu’elle fera éclatera en fragments. Voyez-vous cela comme ayant une réalité aussi concrète que ma présence ici, assis auprès de vous ? Élève. Tout cela, c’est la pensée mécanique, mais y a-t-il quelque chose par derrière, qui utilise cette pensée ? KRISHNAMURTI. Vous n’avez rien d’autre que la pensée mécanique. Lorsque cette pensée mécanique s’arrête – alors, il y a quelque chose d’autre. Mais vous ne pouvez pas dire « oui, ça c’est une pensée mécanique, alors maintenant, occupons-nous de l’autre ». II faut que la pensée s’arrête. C’est ce qui arrive, par exemple, face à la beauté, quand vous voyez une grande chaîne de montagnes aux pics enneigés. La majesté, la grandeur vous emportent. Quand ces montagnes ne sont pas là, vous retombez dans vos disputes, dans vos pensées. Je vous en prie, découvrez cela par vous-mêmes. Asseyez-vous, méditez, approfondissez. Élève. Tout ça c’est très joli, mais… KRISHNAMURTI. Tout ça c’est très joli, dites-vous, mais je dois retrouver mon oncle, ma tante, ma mère, ma grand-mère, je dois gagner de l’argent et ainsi de suite. Et c’est là le hic pour chacun d’entre nous. Alors, qu’allez-vous faire ? Quand vous vous rendez compte, quand vous voyez, effectivement, que, sauf sur les plans technique et pratique, la pensée est ce qu’il y a de plus malin, qu’elle est ce qu’il y a de plus meurtrier dans les relations, et, partant, qu’elle détruit l’amour… alors, qu’allez vous faire ? Vous devez gagner de l’argent, subvenir à vos besoins, ce qui suppose une intervention de la pensée. Sur ce plan, donc, vous l’employez. Lorsque vous devez aller chez le dentiste vous utilisez votre pensée ! Quand vous devez acheter un costume, une robe, vous comparez- ce tissu est meilleur que l’autre, et ainsi de suite – cela exige le fonctionnement de la pensée. Néanmoins, vous vous rendez compte que, dans les relations, la pensée est source de mort. C’est tout. Source de l’article original inconnu : Mis en page par Christine via un PDF pourMessages… Terre Nouvelle © 2013, Recherche et transmission par Michel / Arcturius. Partager en toute liberté en citant la source. Utilisez toujours votre discernement par rapport à ces textes. Vous avez un Libre Arbitre, alors servez-vous en!
Posted on: Sat, 26 Oct 2013 14:35:13 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015