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LECTURE DE MON INTERVIEW DANS LE JOURNAL SEPTENTRION INFOS SUR LA CHINE AU CAMEROUN. BONNE LECTURE! PROTOCOLE D’INTERVIEW 1- Dr François Wassouni, vous avez travaillé sur l’œuvre chinoise au Cameroun De manière générale dans quels secteurs les chinois œuvrent-ils ? Réponse : Je tiens à introduire mes propos en relevant que je suis parmi les chercheurs africains qui se sont investis dans la recherche sur la Chinafrique depuis quelques années, sujet qui est très à la mode. Mais il convient de préciser que je m’intéresse davantage à l’influence culturelle de l’Empire du Milieu en Afrique en général, et au Cameroun en particulier. C’est ainsi que j’ai publié de nombreux travaux sur la médecine chinoise et ses influences dans notre pays, travaux de recherche qui m’ont valu des invitations pour des conférences, des cours et des colloques hors du Cameroun. Je voudrais faire surtout de mon association à des cours au Centre d’Etudes sur la Chine Moderne et Contemporaine (CECMC) à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) de Paris en France. Et actuellement, je suis impliqué avec la Fondation des Maisons des Sciences de l’Homme (FMSH) de Paris dans un vaste projet sur la Chine dénommé « Espaces culturels de la Chine en Afrique ». S’il faut revenir sur votre question, je dois dire qu’il est difficile de donner avec exactitude les différents secteurs d’activité où se retrouvent les Chinois au Cameroun aujourd’hui. Cette difficulté s’explique par le fait qu’il existe en réalité plusieurs secteurs d’activité où ils œuvrent, mais sans qu’on ne s’en rende véritablement compte. Vous savez qu’ils recrutent de nombreux jeunes camerounais qui détaillent leurs produits et collaborent avec de nombreux autres détaillants, qui s’approvisionnent auprès d’eux qui sont des grossistes. Je pense aux nombreux secteurs de commerce par exemple. S’il faut faire une tentative d’inventaire, l’on peut citer les secteurs de la santé, des infrastructures, de l’éducation avec les Instituts Confucius, le commerce multidimensionnel, l’agriculture. 2- Selon vous, la Chine est-elle un partenaire idéal pour le Cameroun ? Réponse : En ma qualité de chercheur et d’universitaire, il est difficile de répondre à cette question, étant donné que dans le domaine des relations internationales, mieux des relations entre les Etats, seuls les intérêts comptent. Ce qui est sûr, ce que le modèle de coopération qu’offre la Chine semble de plus en plus appréciée des Etats africains, surtout ses interventions remarquables dans le domaine des infrastructures. En plus, l’aide chinoise n’a pas de conditionnalités comme c’est le cas avec celle qu’offre l’Occident. La diplomatie « gagnant-gagnant » qui caractérise les rapports entre la Chine et ses partenaires africains dont le Cameroun, me semble importante à plus d’un titre. Mais il reste à savoir si chacun de son côté sait vraiment en tirer profit. C’est là toute la question. C’est seulement si l’on réussit à répondre à cette question, qu’on pourrait dire s’il s’agit d’un partenaire idéal ou pas. 3- Ces réalisations sont-elles perceptibles dans le Grand-Nord Cameroun ? Réponse : Bien sûr. L’on retrouve d’un côté les réalisations qui relèvent de la coopération bilatérale et de l’autre les investissements qui relèvent des migrants chinois, très activistes dans le domaine du business par exemple. Ils ont envahi pratiquement tout le secteur du petit commerce et la plupart des produits qui sont vendus et sont utilisés dans la vie de tous les jours sont les leurs. 4- Peut-on avoir quelques grandes réalisations ? Réponse : Le barrage hydroélectrique de Lagdo dans la région du Nord qui alimente une bonne partie du Nord-Cameroun en électricité ; l’hôpital de Guider qui est l’un des plus grands au Nord-Cameroun, a été construit par les Chinois. Là travaille une équipe médicale composée de plusieurs spécialistes ; une école primaire a été aussi construite par la Chine dans la même ville Guider, avec des infrastructures de bonne facture ; le camp de l’équipe médicale en service à l’hôpital, embellit à plus d’un titre cette ville. A l’Université de Maroua où l’on retrouve une filière chinoise, le Centre Confucius a été créé et offre des services en matière d’apprentissage de la langue et de la culture chinoise. Dans le domaine du commerce, les Chinois possèdent des boutiques dans les villes de Maroua, Garoua et même Ngaoundéré, si je ne me trompe pas. A Maroua, ils disposent même d’une usine de montage des chaussures et des valises. A tout cela, il faut ajouter aussi les cabinets de soins dans certaines villes qui ont offre des services divers aux malades. 5- Comment la population locale a accueilli l’œuvre chinoise et même les Chinois ? Réponse : A ce niveau, je répondrais avec prudence. Il fallait au préalable faire des enquêtes auprès des populations du Nord-Cameroun, avec un échantillon assez représentatif pour recueillir les avis des uns et des autres, avant d’avancer quoi que ce soit à ce sujet. Si je m’en tiens à un certain nombre de débats et de causeries auxquels j’ai souvent assisté dans la rue, dans les débits de boisson et même souvent avec des collègues, l’œuvre et la présence chinoise sont diversement appréciées. Les jugements émis semblent en général tenir compte des autres partenaires de développement, la France notamment. Si l’on se situe dans cette lancée, les avis des uns et des autres tendent à bien accueillir la présence chinoise qui aurait, selon beaucoup, démocratisé l’accès aux produits divers, même si quelquefois ce sont des produits de qualité moindre. Selon ces avis, ce qui est bien, ce que même le plus pauvre peut en acquérir, avec le peu d’argent qu’il dispose. « Les Chinois nous ont ouvert la voie de la modernité », entend-t-on souvent les gens dire. 6- Comment cohabitent la population et les Chinois que ce soit à Ngaoundéré, Garoua et Maroua ? Réponse : En termes de cohabitation, il faut avouer à ce niveau là que les choses ne sont faciles. En général, les Chinois ne sont pas trop ouverts au Camerounais. Il existe une nette distance, et même ceux qu’ils emploient sont distants d’eux. C’est l’un des reproches qu’on n’a cessé de faire à l’endroit de ces asiatiques qui semblent très repliés sur eux-mêmes, peut-être qu’ils ont leurs raisons, question de méfiance peut-être. Vous ignorez que l’image des Camerounais est très écorchée au niveau international avec la feymania, la corruption, entre autres. Aussi, le problème de communication bloque à plus d’un titre la bonne collaboration et la cohabitation. Mais cette distance n’entache en rien ce que les Chinois sont venus faire au Cameroun, puisque leurs produits ne cessent de circuler et d’être achetés. 7- Quel est le regard de la population face aux produits Chinois ? Réponse : Au Cameroun, on a pris l’habitude de parler de « chinoiseries » pour désigner les produits chinois, une appellation qui est désormais entrée dans le vocabulaire de tous les jours. Mais cela ne signifie nullement que les produits chinois sont mal perçus, bien au contraire. J’ai dis plus haut qu’on reconnait aux Chinois le mérite d’avoir ouvert la voie aux Camerounais même les plus pauvres, d’acquérir à moindre frais certains produits qui ne leur étaient pas facilement accessibles. Même s’il se pose un problème de qualité et de durabilité de ces produits, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils rendent énormément service aux populations dans les fins fonds des villages, où certains articles qui semblaient être destinés à une catégorie particulière ne le sont plus. 8- Dans la situation économique camerounaise actuelle, a-t-on raison de banaliser, de minimiser les produits venant de l’Empire du milieu ? Réponse : Pourquoi les minimiser ? Nous sommes à l’ère de la mondialisation qui, du point de vue des produits, nous fais plutôt du bien. Seulement qu’il faut être prudent, très prudent même. Ces produits qui envahissement de plus en plus nos marchés menacent sérieusement l’entreprenariat local et national. Les produits chinois et en provenance des autres pays émergents tels que la Corée, Taïwan, la Turquie, Hong-Kong et autres, menacent nos produits locaux, d’où les dangers qu’ils revêtent pour l’économie camerounaise. Ils nous rendent de plus en plus dépendants de l’extérieur. 9- Quel avenir pour ce partenariat, mieux cette cohabitation entre Chinois et Camerounais ? (en termes de brassage surtout) Réponse : Je suis historien et mon métier ne me permet pas de prédire l’avenir, puisque l’historien n’étant pas un mage. Sur la base des données du passé et du présent, je voudrais me permettre de dire qu’en termes de brassage véritable, il ne faut pas s’attendre à grand-chose, d’autant plus que les Chinois sont toujours restés très fermés. Ils ne collaborent véritablement pas avec les Camerounais qui les taxent souvent de racistes. Seulement, leur activisme et dynamisme multidimensionnel pourrait peut-être inspirer les nôtres qui ne sont toujours pas trop experts et souvent moins sérieux en matière des affaires. La présence chinoise pourrait ainsi constituer une source d’inspiration pour le renforcement de l’entreprenariat. Les businessmen de notre pays qui, très souvent, ne sont pas très aguerris, pourraient en tirer des leçons utiles. A bon entendeur salut ! Propos recueillis par Prosper Louabalbé
Posted on: Tue, 03 Sep 2013 11:35:41 +0000

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