LIVRERTE - Version Narrative 46 - Tu sais, commença t-il d’un - TopicsExpress



          

LIVRERTE - Version Narrative 46 - Tu sais, commença t-il d’un tutoiement prime-sautier, ils ont raison les Lectoristes. Il faut que ça bouge, que ça frémisse, que ça s’émeuve, que ça s’empoigne, que ça se passionne, que l’encre bout, que les mots turbulent. Tu es le primicier, tu ne dois pas te faire le féal de Bealdeen. Tu sais pourquoi il t’a embauché ? - Je t’écoute… - Karen est ma maîtresse et ça les contrarie. Un cadre en couple avec le syndicaliste….. Alors ils ont décidé d’avoir sa peau. Tu n’es que l’emplâtre de la karenotomie. Après, ils t’exploiteront, te manipuleront puis te jetteront. Nous avons ici tout ce dont tu peux avoir besoin. Tous ceux qui sont ici recèlent en eux les attributs pour être de fringants protagonistes. Je les connais tous. On peut faire un bouquin sympa, de ceux dont le héros se substantive, dont le titre ferait la fierté des bibliothèques, une épopée de luttes, d’amour, d’amitié, de trahison… Il faut reprendre tous les ingrédients qui composent la vie des lecteurs en les portant à leur paroxysme. - Merci se contenta de répondre Hector quittant le confessionard s’étant autocomplicitifié en glissant son écorce d’encre entre les convoyeurs. Il ne faisait guère de doute que tous chez Viane pouvaient constituer de sémillants personnages puisque même s’ils n’en n’étaient qu’une arrière trame, ils l’étaient néanmoins déjà et ne demandaient qu’à croître en lisibilité. S’il avait été surpris du cordial épanchement phillipien, il avait apprit à se méfier de ces obreptices bienveillances et releva incidemment, non sans une pointe d’agacement, qu’à l’instar d’autres flagorneurs, il ne s’était pas privé, lui aussi, après l’avoir revêtu de la houppelande louangeuse, de lui dicter la conduite à tenir. Evoluant dans le centre, il eut ce sentiment désagréable, auquel il restait néanmoins imperméable, de se trouver sous les regards d’une meute prête à le suivre ou à le dévorer, à l’affût de chacun de ses mots, de chaque enjambement de virgule, de chaque contournement de point. L’auteur s’invita fortuitement dans sa substance encrière sous la forme d’une interrogation : Que pensait-il ? Ne s’agaçait-il pas de ces atermoiements ? Ne se languissait-il pas de ce qui, aux dires lectoristes, semblait être une apathie ? Il se le figura tempêtant au dessus de la feuille blanche, le menaçant de poser définitivement la plume si lui, Hector, ne savait la faire vivre. Jusqu’où allait son incoercibilité dans cet imaginaire auteurien ? Nicolas vint le faire émerger des flots de l’idéation pour le ramener sur les rives des contingences technico-productives lui faisant subséquemment prendre conscience qu’il avait rempli ses obligations professionnelles sans que son esprit n’y soit aucunement occupé, réalisant que l’ubiquité n’est pas un leurre et que l’on n’est jamais que là où notre esprit se trouve, que l’écorce siccite n’est qu’un fallacieux emballage. Il passa sa journée ainsi, à assumer ce qui devait l’être en arpentant de nivéennes pages où nul ne se trouvait encore, couvant la germination d’une efflorescence littéraire s’apprêtant à les recouvrir.
Posted on: Thu, 04 Jul 2013 18:50:17 +0000

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