La Maison de lAraignée de Paul Bowles. Troisième roman de Paul Bowles, écrit à Tanger et à Ceylan (où lécrivain possédait une maison) dans les années 50 et publié à New York en 1955. Cest en 1947 que lécrivain sétablit définitivement au Maroc, rejoint par son épouse Jane Auer en 1949. Lindépendance du Maroc intervint en 1956. Les faits relatés dans le livre se passent en 1954 et lauteur témoigne de cette période délicate et turbulente et du début de linsurrection marocaine contre la domination française. Fez est le cadre du récit, ville demeurée médiévale, où plusieurs personnes vivront les événements avec leur propre regard et leur propre sensibilité. Au centre Amar, jeune marocain issu dune famille traditionnaliste dont les aventures laméneront à fréquenter des intellectuels et des étudiants nationalistes mais aussi un couple daméricains. Trouvant une protection auprès de lhomme, il sera choqué par le comportement trop libre de la femme pas assez soumise suivant sa propre règle de vie. Ce livre est en quelque sorte lhistoire de léveil politique dun garçon jeune et simple, de sa prise de conscience dévénements qui vont bouleverser son pays et où il devra faire sa place. Récit fluide, sorte dépopée qui évoque une page de lhistoire marocaine, il se lit sans que lintérêt ne diminue jusquà la conclusion. Le jugement, cependant, est plus ambigu quil ny paraît ! Pendant plus de deux décennies, javais attendu avec impatience la fin de la puissance coloniale de la France au Maroc. Ingénument, je me figurais quaprès lindépendance lancienne manière de vivre allait reprendre et que le pays redeviendrait à peu de choses près ce quil avait été avant la présence des Français. La haine évidente de la population envers tout ce qui venait dEurope semblait garantir un tel résultat. Mais il mavait échappé que si le Maroc se maintenait dans un état quasi médiéval, cétait dû à la volonté des Français eux-mêmes et non à celle des Marocains. Les nationalistes ne souhaitaient pas éliminer de leur pays toute trace de civilisation européenne et le restaurer à son état précolonial. Au contraire, leur but était de le rendre encore plus européen. Quand la France fut devenue incapable de se maintenir au volant du char de lEtat, elle lavait abandonné en pleine route, le moteur allumé. Les Marocains étaient montés à bord, et ils avaient repris dans la même direction, avec une vitesse encore acrrue. Jétais mêlé malgré moi à cette controverse, mais il métait impossible dadopter lun ou lautre des deux points de vue opposés.
Posted on: Mon, 11 Nov 2013 18:52:10 +0000
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